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FORMK DU CORPS HUMAIN

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4. Pie IX détruisit ce subterfuge dans une seconde lettre en date du 30 avril 1860, adressée à l’évéque de Breslau, dont voici, sur le présent sujet, le passage important :

Compertum nobis est in eo (scripto) doctrinam eam<lem quae in Guntheri libris traditur et ante horum proscriptionem a Baltzero quoquepropugnabatur. retincri, nihilque aliud agi, nisi ut hœc doctrina demonstretur et verbo Dei scriplo ac tradito conformis, nec ulla ratione contraria esse iis.quse SS. concilia nominatim concilium œcumenicum VI II et Viennense sub Clémente V slatuerunt.aut ipsi noslitteris ad dilectum filium nostrum cardinalem presbyterum de Gcissel, archiepiscopumColonienscm die xvijunii MDCCCLVII datis judicavimus, dicentes hominem corpore et anima ila absolut, ut anima eaqac rationalis sit ncra per se atque immédiate corporis forma. Al vcro nos non modo his vcrbis catholicam de homine doctrinam declaravimus, scd etiam hanc ipsam catholicam doctrina Guntheri lrcdipronuntiavimus. Ad quod si Baltzer animum advertisset.intellexisset sane doctrinam de homine, quam in suo scripto profitetur, tanquam ecclesiasticis dogmatibus consentaneam defendere, idem esse atque nosmet incusare, quod in Guntheriana doctrina judicanda erraverimus. Nolatum præterea est Baltzerum, in illo suo libello, cum omnem controversiam ad hoc revocasset : Sit ne corpori vitce principium proprium ab anima rationali reipsa discretum ? eo temeritatis progressum esse, ut oppositam sententiam etappellaret hæreticam et pro tali habendam esse multis verbis argueret. Quod quidem non possumus non vchementer improbare, considérantes hanc sententiam quæ unum in homine ponit vitee principium, animam scilicet rationalem, a qua corpus et moturn et vitam omnem et sensum accipiat, in Dei Ecclesia esse communissimam atque doctoribus pierisque et probatissimis quidem maxime cum Ecclesise dogmate ita videri conjunctam, ut hujus sit légitima, sola, liera interpretatio, nec proinde sine errore in fide possit negari.

Dans cet opuscule se rencontre un enseignement identique à celui que l’on trouve dans les livres de Giinther, et que soutenait, avant leur condamnation, Baltzer lui-même. Il travaille donc à démontrer que cette doctrine est conforme à la parole écrite de Dieu et à la tradition, nullement contraire aux décrets des saints conciles, nommément du VIIIe concile œcuménique et de celui de Vienne sous Clément V, ni à ce que nous avons statué nous-méme par nos lettres adressées le 15 juin 1857 à notre cher fils, le cardinal prêtre de Geissel, archevêque de Cologne. Nous y avons dit que l’homme est composé d’un corps et d’une âme, que cette àme est par elle-même et immédiatement la forme du corps. Non seulement nous avons énoncé en ces termes la doctrine catholique sur l’homme, mais nous avons affirmé que cette même doctrine catholique était violée par la doctrine de Giinther. Plus attentif, Baltzer eût certainement compris qu’en soutenant la doctrine qu’il professe sur l’homme dans son écrit, comme conforme à la doctrine de l’Église, il nous accuse d’erreur dans le jugement porté par nous sur la doctrine de Giinther. Remarquons en outre que Baltzer, dans son écrit, après avoir ramené la controverse à ce point : I.e principe de la vie inhérent au corps est-il réellement différent de l’âme raisonnable ? a eu la témérité de qualifier d’hérétique l’opinion négative et de vouloir prouver longuement qu’on devait la considérer comme telle. Ce que nous ne pouvons que hautement improuver, quand nous considérons que cette doctrine qui, dans l’homme, place un seul principe de vie, je veu.r dire l’âme raisonnable de laquelle le corps reçoit à la fois et le mouvement et toute vie cl la sensibilité, est la plus communément admise dans V Église de Dieu. Car elle est enseignée par des docteurs nombreux et surtout des plus suivis. « qui elle semble si intimement liée au dogme de l’Église qu’elle en est la légitime, la seule, la véritable interprétation, et qu’on ne peut la rejeter sans errer dans la foi.

La dernière partie de l’affirmation pontificale est à retenir : elle précise en effet : 1° la légitime interprétation du dogme de l’unité substantielle du composé

humain dont l’âme est la forme ; 2° la note théologique qu’il convient d’appliquer à la doctrine de Giinther, expliquée par Baltzer et Knoodt, erreur dans la foi ; non pas hérésie, puisque l’Église n’a pas encore authentiquement proposé l’identité de l’âme et du principe vital, mais erreur, parce que, des définitions authentiques concernant la nature humaine. on déduit légitimement et nécessairement cette identité.

5. A l’appui de cette double condamnation nous pouvons encore apporter quatre documents qui, s’ils n’ont pas l’autorité des réponses pontificales, manifestent cependant la pensée du magistère ordinaire de l’Église.

a) Le premier est un décret du concile provincial de Vienne (Autriche), tenu en 1858 : Sgnodus hœc… l>rofiletur hominem constare ex anima ralionali… et ex corpore, quod per animam rationalem animatur et ex ejus consorlio, ut vivat, habel. Rcprobal omnem doctrinam 1res in homine substantias, nempe spiritum, corpus et animam, quse ville corporalis principium sil, slatuenlem. Insuper rejicit asserla eorum, qui, protestantes se duas tantum in homine substantias agnoscere, ipsi præler spiritum animam adscribunl, quam unam eamdemque cum corpore su bstantiam dicanl, aul corpus, quod substantiam psychicam per se vivenlem esse prætendant : neque enim duplex in homine cogilandi appetendique subjectum staluere Hcet, neque salva fide et sana ratione astrui potest, unam eamdemque substantiam corpus simul et cogilandi appelendique subjectum esse. Tit. i, c. xiv, Collectio lacensis, t. v, col. 145.

b) Un décret du concile provincial de Cologne de 1860 porte : dubium esse nequite conciliorum mente anima ralionali a Deo creaia ipsa omnes… vilæ nostrae operaliones fleri. Collectio lacensis, t. v, col. 293.

c) Voici ensuite le projet de définition qui devait, au concile du Vatican, être sanctionnée et intercalée au c. xiv de la constitution De doctrina calholica :

Docemus et declaramus naturam hominis ex rationali anima atque ex corpore compositam conslitui unam, eo quod anima rationalis vere, ac per se seu immédiate et essentialiter, est forma corporis humani ; denuo statuentes…ut quisquis hanc veritatem pertinaciter negare’pra-sumpserit, tanquam hæretieus sit censendus. Collectio lacensis, t. vii, col. 516. Cf. col. 545.

Nous enseignons et déclarons que la nature de l’homme, composée de l’âme raisonnable et du corps, est constituée dans son unité par ce fait que Uâme rationnelle est véritablement et par elle-même ou immédiatement et essentiellement la forme du corps humain. Quiconque niera avec pertinacité cette vérité devra être considéré comme un hérétique.

C’était la formule de Vienne (en Dauphiné) expliquée par l’adjonction du mot immédiate, lequel, on le sait, vise directement les doctrines gunthériennes.

d) Rosmini, sous une autre forme, avait proposé l’erreur de Giinther. Deux de ses propositions, où l’âme sensitive semble distinguée de l’âme raisonnable, ont été condamnées par le Saint-Office, 14 décembre 1887. Prop. 21, 22, Denzinger-Bannwart, n. 1911, 1912.

Est-il nécessaire d’ajouter que la condamnation de la doctrine affirmant l’existence, dans le composé humain, d’un principe vital distinct de l’âme, n’atteint pas les doctrines scientifiques attribuant au corps humain des formes secondaires, principes particuliers d’énergie vitale, mais évoluant sous l’influence de l’âme elle-même ? il ne s’agit plus ici, en effet, ni d’âmes, ni même de formes substantielles. Il est inutile également de dire qu’elle laisse subsister tout entier le problème de l’animation du corps humain. Voir Animation, t. i, col. 1305 sq.

II. VULTIPLICATIOX DES AMES l’RAISON DE LA MUL-TIPLICATION DES CORPS, — Le dogme de l’unité : sub-