Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.djvu/288

Cette page n’a pas encore été corrigée
561
562
FORME DU CORPS HUMAIN


mi-matériel, entre l’âme et le corps, ni même une âme inférieure particulière ; ce n’est qu’une puissance de l’âme. Voir Bouillier, op. cit., p. 191. Glisson, Traclatus de natura subslantiæ energica, Londres, 1672, tout en admettant, comme Cudworth, l’existence d’un principe vital dans l’homme, le fait dépendre de l’âme et reste donc, comme lui, sur ce point, dans les limites de l’orthodoxie. Mais le principe cartésien de l’identité de l’âme et de la pensée étant au fond de tous les systèmes de cette époque, il fallait en venir nettement à distinguer le principe vital de l’âme. Ce sera la forme moderne de l’ancienne encur de la multiplicité des âmes dans le composé humain. Euffon, De la nature des animaux, dans Œuvres choisies, Paris, 1872, t. i, p. 461, n’hésite pas à parler du principe animal et du principe spirituel ; Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature, Paris, 1815, 1. Y. va jusqu’à distinguer cinq âmes différentes ; mais c’était là une pure rêverie ; le duodynamisme établi par Buffon allait trouver des défenseurs aux xviir et xixe siècles dans thez et l’école de Montpellier, voir Barthez, Nouveaux éléments de la science de l’homme, Montpellier, 1778 ; Lordat, Exposition de la doctrine médicale de liarlhe :, Montpellier, 1816 ; Desèze, Recherches physiologiques et philosophiques sur la sensibilité ou la vie animale, Paris, 1780 ; dans Maine de Biran, Essais d’anthropologie, part. I, Vie animale, dans Œuvres inédiles, publiées par Ernest Xavillc, Paris, 1859, t. m. p. 379 ; Mémoire sur la décomposition de la pentes rapports du physique et du moral, voir Œuvres philosophiques, édit. Victor Cousin, Paris, 1811 ; dans Jouffroy, Mémoire sur la légitimité de la distinction de la psychologie ei de la physiologie, dans les Nouveaux mélanges philosophiques, Paris, 1812 ; dans Ahrens, Cours de psychologie, Paris, 1836 ; dans de Magalhæns, Faits de Vesprit humain, trad. du portugais par Chansselle ; dans Henri Martin, Philosophie spiritualiste de la nature, t. ii, p. 177 : dans A. Lemoine, Le vilalisme ri l’animisme de Slahl, Paris, 1865 : par Barthélémy Saint-Hilaire, Introduction à la traduction du Traité de T âme d’Arislote, Paris, 1846 ; dans Saisset, Mélanges d’histoire, de critique et de morale, Paris, 1859, art. Giordano Bruno ; dans Cousin. Histoire de la philosophie morale au xviir siècle, publiée par Vnchcrot, IVe leçon, Paris. 1841, etc. Cette doctrine, appelée vilalisme par opposition a la doctrine de l’animisme ou de l’aine, principe de la vie. sera étudiée et réfutée à l’art. Yii w. (Principe). Mais, en ce qui concerne son opposition i.i doctrini catholique promulguée à Constantinople il a Vienne, on pouvait encore, en l’absence d<— documents authentiques, hésiter a se prononcer J

rit. Tolet, Comm. in Aristotelis libros de anima. Lyon, 1602, p. 21, tout en confessant le péril d’une pareille doctrine, n’ose pas condamner comme liment fausse l’interprétation des décisions de un mus simplement exclusii de la pluralité nables ; il se contente de dire : tanwn non lutam il certain canonis inlerpretalionem ;

tins, sur I Thés., v. 23, In OmiUS l>. l’auli epi’, 1853, t. n. p. 594, n’ose encore pas

ononcer théologiquement contre la trichotomie.

2. l.e doute a été tranché par Pie tX, dans deux

documents concernant le doctrines professées en

AUcmagni par Giinthcr <t par le principal disciple

iltzer. On saii quelle était la doctrine

le son école relativement au coin ;

ic de GOnthcr, éparse dans

. voir Kleutgen, l.a philosopha tique défendue, trad. fram. Paris, I87n, c. i, n.

I, distingue réc’lle mmi. l’âme, Snic, de l’esprit, ’.’ntanl du corps ; l’esprit

principe pensant ; ou encore, selon d’autres for mules, esprit et âme. seraient deux principes distincts, l’un raisonnable, l’autre sensible, ayant chacun ses pensées, ses vouloirs, sa conscience et faisant ainsi de l’homme la synthèse du monde de la matière et du monde de l’esprit. Voir principalement Clemens, Die spéculative Théologie Gùnlher’s und die Kirchenlehre, Cologne, 1853, p. 46 sq. ; Merten, Grundriss der Metaphysik, p.. Il sq. ; Baltzer, Neuc theologische Briefc, Breslau, 1853, et Knoodt, Gùniher und Clemens, 3 vol., Bonn, 1853, 1854, ces deux derniers mis à l’index par décret du 12 décembre 1859.

Dans une première lettre au cardinal de Geisscl, archevêque de Cologne, 15 juin 1857, au sujet de la condamnation par l’Index, en date du 8 janvier 1857, des écrits de Gûnther, Pie IX intercale le passage suivant, relatif au principe vital distinct de l’âme :

Noscimus iisdem libris Nous savons que ces li lædi catholicam senten— vrcs portent atteinte au

tiam ac doctrinam de ho— sentiment et à la doctrine

mine, qui corpore et anima catholiques, louchant la na ila absolvatur ut anima turc de l’homme, laquelle

eaque ralionalis sit vera per se compose d’un corps et

se alquc immediata corpo— d’une âme mais d’une âme

ris forma. Denzinger-Bann— raisonnable, qui est par

wart, n. 1655. elle-même la forme véritable et immédiate du corps.

En soi, le mot immediata, nouveau dans la terminologie ecclésiastique, n’ajoute rien à la doctrine promulguée â Vienne. Par rapport à Gûnther cependant, ce mot marquait expressément le point erroné de sa doctrine, qui établissait entre l’âme intellective (Geisl) et le corps un véritable principe vital intermédiaire (Seele).

3. Les gunthériens, dit Hefele, Histoire des conciles, trad. Delarc, Paris, 1873, t. ix, p. 425, se virent alors dans l’obligation d’expliquer les paroles du concile de Vienne de telle sorte qu’elles ne fussent pas en contradiction avec le système de leur maltreet, en suivant la trace du D r Trebisch, le D r Baltzer de Breslau déclara que cette expression forma corporis devait s’entendre en ce sens qu’en s’unissant au corps l’esprit n’était pas le principe de la vie, mais seulement la forme de la vie du corps ; c’est-à-dire qu’on ne. pouvait pas se représenter le corps humain comme vivant, s’il n’était joint à l’esprit. Le professeur Knoodt de Bonn répéta pour le fond cette théorie dans son Gûnther mut Clemens, p. 38-50, en ajoutant que le concile de Vienne, s’était, il est vrai, servi des termes techniques de l’école alors en vigueur, mais qu’il n’avait pas certainement voulu approuver sur tous les points la doctrine de cette école. Saint Thomas d’Aquin parlait de l’âme en tant que forma corporis. de telle façon que la différence réelle et radicale existant entre le corps et l’âme était quelque peu affaiblie ; mais le concile ne dit nulle part qu’il approuve aussi cette doctrine de saint Thomas. Kn effet, on ne saurait dire que L’âme est d’une manière immédiate, mais seulement d’une manière médiate. U— principe qui donne au corps sa tonne et sa vie, et le concile de Vienne étail d’autant moins disposé a le dire qu’il maintient tics fermement la doctrine de l’Église, laquelle soutient que l’esprit et le. corps de l’homme sont deux substances essentiellement différentes l’une’le l’autre. Les choses étant ainsi, continue le D r Knoodt, ce n’est évidemment pas l’âme, mais bien la substance du corps qui est le principe immédiat donnant au corps sa foi nie et sa Vie, et l’âme n’est que d’une manière médiate le principe de la vie du COrpS, et cela pOUI les deUS raisons

suivantes : a) parce (pu— le corps ne peut arriver a l’ead lence et continuer ensuite â grandir que par suite

de son union avec l’âme ; /j) parce quc, des qu’il a Conscience de lui-même, l’esprit pénétre dans toutes les fonctions physique ! I’les, p.45, 48, 49.