Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.djvu/282

Cette page n’a pas encore été corrigée

549

FORME DU CORPS HUMAIN

550

2° Le tort d’Olivi, au point de vue doctrinal, car il est bien entendu que nous ne discutons pas la valeur philosophique de son système, fut de séparer la partie intellective de l’âme rationnelle. Encore une fois la pluralité des formes dans le composé humain ne fut pas ce qui inquiéta ses juges ; la théorie dangereuse pour la foi résidait en ce qu’Olivi accordait l’information à l’âme rationnelle, en la refusant à une partie ntielle de cette âme : anima rationalis vere est forma corporis, quamvis ejus pars intellecliva corporis non sil forma ; ou encore : anima rationalis sic est forma corporis, quod lamen non est per OMNES parles suæ cssenliæ. Duplessis d’Argentré, op. cit., p. 232, 228. En donnant ainsi le rôle principal à la partie sensitive, en exagérant l’indépendance de l’intellective à l’égard du corps, il risquait de détruire l’unité de nature dans l’homme et de faire de celui-ci plus un animal qu’une intelligence, alors qu’il est les deux dans une seule nature. L’explication donnée par Olivi de l’union substantielle de la partie intellective réalisée grâce à l’union formelle de la partie sensitive ne serait admissible que pour fonder l’unité de personne dans la pluralité de natures, mais elle est incapable de restauter l’unité de nature, qu’en réalité elle détruit ou tout au moins compromet sérieusement.

/ ; I. SI S DE LA DÉl 18ITIOH COIli ILIAIRB. — En conséquence, les Pères du concile de Vienne se trouvaient en présence d’une doctrine tendant à nier l’unité de la nature humaine. Or cette unité était une vérité déjà définie à propos de la nature humaine dans le Christ, voir plus loi ii : il importait donc de rappeler cette unité. Le mot de forme » , qu’on attribuait déjà couramment à l’âme pour désigner le rôle de cette dernière dans son union substantielle avec le corps, fut adopté par les Pères du concile ; mais ils n’entendirent pas définir du même coup le concept de la forme substantielle de saint Thomas ou même de Duns Scot. Ce n’est pas le mode d’union, qu’ils voulaient expliquer, c’était simplement le fait de l’union qu’ils voulaient rétablir. En conséquence, ils définissent que la substance de l’âme raisonnable ou intellective— et quand ils ne pai lent pas de la substance, subslanlia anima : rutionalii seu irUelleclioæ, ils disent essenlialiler, ce qui revient au même — est vraiment, par elle-même, la forme du corps.

1 olivi avait distingué cidre âme rationnelle et

tentieŒ Intellective ; le concile n’adopte pas

ci tte opposition : l’âme ne peut se concevoir sans son

iice intellective, el accorder à l’âme ce qu’on refuse

a une pat fie de son essence, c’est cré< r une équivoque

fâcheuse. Pour dissiper cette équivoque, la définition par trois fois anima rationalis SEl inliilectiva. concile rappelle ensuite le fait de l’union de l’âme et du corps dans l’unité de nature ; c’est pourquoi il appelli l’âme intellective forme du corps, c’estps neoit de son union avec l’âme tout ce qui en fait le corps de l’homme, c’est-à-dire un corps qui vit humainement, qui sent et vibre nullement, qui collabore à penser et à raisonner humainement l’ont ce qui donne BU corps sa condition humaine, cela au moins et tout cela lui vient de tilllet, La foi et r anthropologie, M. dans <que.s, 1912, t. ii, p. 508, La tonne, en effet, est, avons-nous dit, voir Forme, col l’élément spécifique de la nature même des êtres. Intellective est par elle-même forme du lieu que spirituelle et Indépendante de la matence, elle i it apte a informer le i spiritualité ; elle n’i

fonction de foi me par l’intermédiaire d’une p., e, mais pai elle nu III’.

l L’âmi Intellective sera forme du corp Utilement, par sa tubtlanee même, ^a nature réclamant « l’union au corps comme le terme d’une tendance native et inéluctable, comme la condition fondamentale et normale de son être. » H. Quilliet, loc. cit., p. 509.

5° Le. terme immédiate, ajouté par Pie IX aux déclarations du concile de Vienne, est dirigé plus spécialement contre l’erreur de Giinther, dont il sera question plus loin, mais n’ajoute rien au sens de la définition du concile de Vienne.

IV. PORTÉS m : LA DÉFINITION CONCILIAIRE. —. Il ne

faut donc pas exagérer la portée de cette définition. Le concile devienne n’envisageait que le fait de l’union de l’âme et du corps dans une seule nature. Sans doute, en appliquant à l’âme le terme de forme, dans le sens généralement accepté par les théologiens duxine et du xive siècle, il a précisé le rapport, depuis longtemps admis de tous, de l’âme au corps ; l’âme est l’élément spécifique et perfectif, le corps, l’élément perfectible ; mais il s’est interdit de préconiser un système philosophique de préférence à un autre ; il s’est même abstenu d’employer le terme forme « substantielle » , qui eût pu paraître emprunté au système péripatéticien. Il est donc faux d’affirmer que cette définition, « qui nous garantit la certitude scientifique de la théorie de la matière et de la forme des corps en général, nous garantit également la certitude scientifique de la théorie de la matière et de la forme dans les diverses espèces de natures. » La philosophie du concile de Vienne, par Un ancien directeur de grand séminaire, Paris, 1889, p. 39. Nous ne nions pas que tel système s’accorde plus logiquement avec la définition, nous nions simplement que le concile ait entendu imposer un système de préférence à un autre.

D’ailleurs, Pie IX lui-même a déclaré que toute liberté restait aux savants chrétiens d’adopter le système philosophique qui leur plairait. Ayant félicité publiquement, par un bref en date du 23 juillet 1874. le D r Travaglini d’avoir fondé une académie philosophico-médicale, où le système thomiste de la matière et de la forme était enseigné, le pape s’expliqua dans une lettre, adressée en son nom, le 5 juin 1877, par Mgr Czacki à Mgr Hautcœur, recteur de l’université catholique de Lille, sur la portée de ces félicitations, et, en général, des décisions de l’Église relatives à l’union de l’âme et du corps. Ce document a ici sa place marquée, au moins dans ses deux affirmations essentielles ; on le trouvera intégralement reproduit dans la Repue des sciences ecclésiastiques, 1877, t. II. p. 85, et dans Zigliara, op. cit., p. 191 sq. Le bref au D r Travaglini a été également reproduit par Zigliara, op. cit., p. 190.

Voici les déclarations pontificales :

I. Graviter abutl litteris a Sanctitate Sua die % julii 187I ad doctorem Travaglini datls, quibus opns ab eo susceptum cornmendatur, eoa omnea qui exinde contendunt, San Ct ilaleni Suam VOluisse per

eam conunendatlonem un probare » j stemata queedam philosophlca 1. Il opposite,

quod île materia prima cl

substantiel) forma oorpo ruin idem doctor ejusque soeii ndoplarunt ; si quidem lia-c alla syslemala. non seeus atque illiid. non

modo pluribua catholicls doctlsque iris probatur,

sed et iain ni ha> IpM 1 ri » ’principe cathollcl orbil ni prteclpuli Atherueli ponti pia iunt.

i. ils abusent gravement

îles lettres adressées, le >..

juillet 1874, par Sa Sainteté au docteur Tra> agllnl pour louer l’œuvre entreprise par lui. lous eeu qui

prétendent en conclure que par cet éloge, Sa Sainteté désapprouve certains s>s lenies philosophiques Opposés a eeim que ce docteur el

ses associés oui adoplé sur la matière première et la forme substantielle des COips : car lion moins que ce dernier ces autres Systèmes sont approuv es par phisieiu s sa ants cal holiqUeS et nu me ils snnl son is dans les

principaux Instituts pontl01 aux de ce ! te n Ule capitale

du monde catholique.