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FORME — FORME DU COUPS HUMAIN


acceptions devant recevoir, dans les articles spéciaux les concernant, les explications nécessaires.

1. Forme et matière ont été analogiquement appliquées aux éléments constitutifs des sacrements. Cette façon de parler, introduite par Guillaume d’Auxerre († 1223), perfectionnée par saint Thomas et son école, a été consacrée officiellement dans l’Église par le décret pro Armenis publié au concile de Florence : Hsec omnici sacramentel tribus perficiuntur, videlicet rébus lanquam maleria, verbis lanquam forma, etc. Denzinger-Bannwart, n. 695. Les choses sont, en effet, des signes moins parfaits qnc les paroles. Pour l’étude de cette théorie, voir Sacrement, et pour chacun des sacrements, Baptême, t. ii, col. 253, 567 ; Confirmation, t. iii, col. 1072, 1073 : Eucharistik, t. v, col. 1281, 1283, 1313, 1316, 1366, 1368 ; Extrême onction, t. v, col. 1982, 1987, 1990, 2010, 201(1 ; Mariage ; Absolution, i. i, col. 138-255.

2. Retenant toujours l’idée de perfection qu’il Inclut, lf mot forme s’applique aussi, en théologie, à la grâce sanctifiante et à la charité, considérées dans leur rapport avec les vertus surnaturelles. La grâce, prineipe premier d’où découlent, comme telles, les vertus infuses, y compris la charité ; la charité, elle-même, perfection immédiate des mêmes vertus, qu’elle commande et auxquelles elle confère d’être proportionnées, dans leurs actes, à la fin surnaturelle de l’homme, sont dites, à ces titres, formes des vertus. S. Thomas, Sum. theol, Ia-IIæ , q. ex, a. 4, ad 2° m ; In IV Sent., 1. II, dist. XXVI, q. i, a. 4, ad 5°— ; De

veritate, q. xiv, a. 5, ad ti ; Billot, De sacramentis.

t. ii, q. lxxxiv, § 1. La vertu de prudence, qui dirige les autres vertus morales infuses, mérite également, à ce titre, d’être appelée leur forme. Cf. S. Thomas, In IV Sent., 1. III, dist. XXVIï, q. ii, a. 2, q. ii, ad 1’"". Nous n’avons ici ni à expliquer ni à justifier ce rapport de la ut ace et des vertus entre elles ; il suflil île signaler la terminologie dont se sert l’école.

. Ces deux applications principales nous amènent

aprendre la signification des termes formalum ou informatum, formé, et informe, informe. Dans les sacrements, la matière formée est celle qui se trouve actuellement perfectionnée par la forme : Aqua, dit saint Thomas, … secundum quod considcratur sub forma l’crborum est quasi materia jam informata. In IV Sent., I. IV, dist. III, exposilio lextus, à la lin. (..II.— expression, qui accentue encore l’analogie de l’hylémorphisme sacramentaire et du système aris iiii. se trouve fort rarement employée. Plus fréquente i si l’application îles ternies « formé il « informe aux vertus considérées dans leur rapport avec la grâce. Parce que nécessairement unies a la

. la charité et les vertus morales infuses ne

peuvent jamais être informes ; elles sont entières ou

t pis. Voir S. Thomas, In IV Sent.,

I. III, dist. XXVII, q. ii, a. 1, q. iv ; Gonet, Clypeus

Iheotogiæ thomisticæ, tr. IV, dlsp. v. a. 2, s, i. Par

outre, la foi et l’espérance peuvent exister séparenu ni « le la charité, dans l’âme pé< h n dif alors qu’elles demeurent à l’état informe. Voir Foi, col. 74 ; i. col. 608. l’oies à la charité, elles iii< nt foi. espérance formées. Si inblablenienf. la ition parfaite elle-même, en tant que disposition dernlén ; > la Justification, est dite encore informe, qm— l’âme ne se meut pas encore d’elle-même

mue par la maie opérante. Mais en que la contrition parfaite manifeste la

[coopérante] déjà présenti <i agissante en l’âme, elle Il te formée. <.f. Billot, <>/’. cit., th. mil, corol. 2.

quoique « elle nouvelle applli.,

discutable et m m rencontre jamais chez li

ns théologiens, voir Billot, Dr sacramentis, 4e édit.,

Li, p. 120, note.onappelli tacrement formile sacr< me ni

rnr.T. Dl tiihii. CATHOL.

qui, valide et fructueux à la fois, produit la grâce dans l’âme ; sacrement informe, celui qui, malgré sa validité incontestable, rencontre un obstacle dans les dispositions insuffisantes ou mauvaises du sujet, et ne produit pas la grâce. C’est cette terminologie que l’on retrouve, par exemple, dans la discussion théologique sur le sacrement de pénitence, à la fois valide et informe. Ci. Jean de Saint-Thomas. Cursus philosophicus thomisticus, Paris, 1883, t. ii, q. xi, a. 8 ; Billot, op. cit., t. ii, th. xvi. Pareille terminologie est, disions-nous, discutable, parce qu’en aucun cas la grâce ne peut être considérée comme la perfection du sacrement pris en lui-même. L’analogie avec la forme acte ou perfection de la matière fait donc défaut : il s’agit bien plutôt ici de cause efficiente et d’effet.

Tous les manuels de philosophie scolastique, à la question de la cause formelle ; Thomas-Lexicon, Paderborn, 1X95, art. Forma ; Franck, Dictionnaire philosophique, art. Forme, Zigliara, De mente concilii Viennensis, in definiendo </o</mate unionis animée tannante cum corpore deqne unitate formée substanlialis in homine, Home, 1878, part. I, c. ni, p. 20-23 ; Liberatore, Du composé humain, trad. franc-, Lyon, 1865, c. viii, a. 1. 5.

A. Michel.

2. FORME DU CORPS HUMAIN.

I. Définition du concile de Vienne. II. Sens et imitée de cette définition. III. Fondements de cette dé finition dans l’Écriture et la tradition. IV. Deux conclusions dogmatiques. V. Opinions. VI. Corollaire : le siège de l’âme dans le corps.

I. DÉFINITION DU CONCILE DE VIENNE. Le COn cile œcuménique de Vienne porta, le 6 mai 1312, la définition et la condamnation suivante au sujet îles erreurs du franciscain Pierre Jean Olivi :

Confltemur unigenitum Dei l’ilinin… partes noslnc nature simili imitas, ex quibus ipse in se verns 1 >eus existens ûeret verus homo, humanum videlicet corpus passibile et animam intellectioam seu ralionalem ipsiun corpus oere pur se el essentialtter informantem assumpsissc ex tempore in virginal ! thalamo ad unitatem sua— hypostasis et personse… Porro doctri nam onmem seu pusilionem

temere asserentem, aul er ienlriii in iluhium, quod

substanlia animée ralionalis seu Intellectivee uere oc per se humant corporis non sii forma, relut erroneam ac veritaU cathollces inlmicam fldei… reprobamus ; deflnienles. .. quod quisquis deinceps asserere, defendere seu tenere pertinaciter proesumpserit, quod anima ralionalis seu (ntellecltva non sii forma corporis humanl per se et essentialtter, lanquam hæreticus sit censeniius Denzinger-Bannmrt, Enchtrtdlon, n. 180481.

Nous confessons que le Fils unique de Dieu… a pris

dans le temps et dans le sein

virginal [de Marie], pour les élever à L’unité de son hypostase et desa personne,

les parties de notre nature [humaine], unies ensemble.

et par lesquelles, lui, existant en soi vrai Dieu, est devenu vrai homme, à savoir, le corps passible el

l’âme InteUective ou rationnelle informant vraiment pur elle-même et essentiellement le Corps même… En conséquence, nous réprouvons toute doctrine, toute opinion affirmant témérairement, ou révoquant en doute, que /" substance de rame rationnelle ou inielleclive n’esl pus vraiment par elle-même lu forme du

Corps humain ; | nous la réprouvons ] comme erronée

i ! ennemie île la vérité île

la foi cal holique nous définissons. .. que quiconque osera désormais affirmer, il’fendi ou tenir a ce ol>stinatlon que l’âme rationnelle ou tnlellecltve n’est pas lu /orme du corps humain, pur elle même 1 1 essentiellement, doit êire considéré comme hérétique.

(.itie définition a depuis été rappelée plusieurs fois, le 15 décembre 1513, au v concile de i atran, voir Dcnzinger Bannwart, n. 7 : ’. l : le 1 5 Juin 1x57, par

Pie IX. dans Une lettre aillessée a l’ai clle eqlle de

Cologne, relativement aux erreurs de Gûnther.

I)en/in :  ; i r l’.annwart. 11. 1665. Pic l ajoute un mot

VI.

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