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FONDAMENTALE OU GÉNÉRALE (THÉOLOGIE*

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de théologie, certains auteurs lui reconnaissent un double aspect : c’est même la note spécifique que lui accorde le P. Stummer, O. M. C, Theologia fundamentalis est scienlia quæ fundamenla fidei ex principiis naturalibus et supernaturali bus demonslral. Additur : ex principiis naturalibus et supernalwalibus, quibus verbis différentiel specifica in definilione nostra exprimitur. Manuale theologiee fundamenlalis, Inspruck, 1907, p. 12, 13. Vis-à-vis de catholiques ou d’hérétiques qui admettent des principes révélés communs de discussion, la théologie fondamentale pourra donc être, par sa méthode et par son objet, théologie au sens propre du mot. Vis-à-vis des incrédules, elle ne sera qu’une démonstration rationnelle et non une théologie. Pour couper court à toute équivoque, .1. Didiot, loc. cit., voulait qu’on appelât la théologie fondamentale, conçue dans le sens d’une apologétique la dogmatique préliminaire ou introductioe. Pourquoi ne pas reconnaître simplement la légitimité des deux aspects et admettre deux conceptions très distinctes, l’une d’une apologétique, science autonome, l’autre d’une théologie, spécifiquement telle, dos fondements de la roi ?

3° Légitimité de l’identification de la théologie fondamentale et de F apologétique, sous réserve de certaines restrictions. — On peut accepter l’identification de la théologie fondamentale et de l’apologétique et envisager son but et son objet comme on l’a fait à l’art. Apologétique. Il faut néanmoins rappeler deux résilierons nécessaires, concernant, l’une, l’objet formel, l’autre, l’objet matériel d’une telle théologie fondamentale. 1. Par rapport à son objet formel, la théologie fondamentale qui s’identifie avec l’apologétique ne doit pas prétendre à autre chose qu’à la démonstration rationnelle de la crédibilité. Voulant disposer l’incrédule à admettre les ventés surnaturelles, elle ne peut supposer en aucune façon l’existence de ces vérités et elle doit toujours éviter, sous peine de contradiction, de chercher en elles un point de départ ou d’appui pour sa démonstration. Les seuls principes de la philosophie, utilisant les données scientifiques et historiques, lui serviront de base ; les prémisses de ses raisonnements seront toujours d’ordre strictement rationnel et ainsi elle ira naturellement, avec les seules himici es de l’intelligence humaine, des principes directeurs de cette intelligence à la crédibilité de l’objet de foi. De cette façon, elle restera totalement en dehors des véiités surnaturelles auxquelles s’origine la théologie proprement dite ; de cette dernière, elle sera, certes, un fondement, mais fondement tout extrinsèque, puisqu’elle s’arrêtera sur le seuil même du sanctuaire de la foi : entre la crédibilité démontrée et la foi possédée Intervient, en effet, dans l’intelligence humaine, un acte psychologique, libre et surnaturel, l’acte de foi. Cf. Zigliara, Propsedeulica ad s. (heologiam, Rome, 1884, proœmium, n. 3 ; Gardeil, Le d’inné rioilé et la théologie, p. 1 98.

Qu’il soit possible d’envisager ainsi l’apologétique comme science autonome, indépendante de la théo dans son principe, sa méthode et son objet formel ; que cette conception soit même nécessaire, c’est ce qui ressort di — condamnations portées par l’Église tre le fldéisme. Voii col. 188 sq. La raison lui m. une i elle pas en mesure de démontrer, par ses seules lumières, la vérité du fait de la révélation’.' Concile du Vatican, ses, rn, c. ii, ru, Denzlnger-Bannwart, n. 17M.’» , 1790 ; Serment anti moderniste, n. 2146. Cf. Didiot, op i il. p. 595 sq.

2. Par rapport à son objet matériel, il doit être bien

ridu que la théologie fondamentale, Identifiée avec

l’apologétique rationnelle, n’est pas toute la théologie

m peut a bon droit appeler fondamentale. L’apolo*

lu démonstration de la i rédlbilité

de la révélation, mais elle n’en tire aucune déduction

— ce serait déjà faire de la théologie — et surtout elle ne trace pas à la théologie spéciale les règles selon lesquelles est possible le développement vrai et certain des principes surnaturels révélés. Voir plus loin, col. 518-519.

II. La théologie fondamentale proprement dite. — Certains théologiens, toutefois, n’acceptent pas une telle solution : « La conception de l’apologétique comme théologie fondamentale, comme propédeutique ou introduction à la théologie, dit le P. Gardeil, mutile l’idée authentique de la science théologique ; elle rapetisse cette science d’origine surnaturelle au niveau des sciences purement humaines ; elle la rend, par suite, incapable d’exercer cette souveraineté scientifique de métaphysique surnaturelle, île science absolument suprême, qui n’est jugée par aucune science humaine et qui, de la citadelle des certitudes divines auxquelles elle est associée, les juge et les contrôle toutes. » Op. cit., p. 206. Cf. S. Thomas, Sum. theol., [ » , q. i, a. 6, ad 2° m ; a. 8.

Est-il donc possible, même en faveur de cette partie de la théologie fondamentale qui s’identifie, dans son objet, avec l’apologétique, et que nous appellerons avec le P. Gardeil la théologie apologétique, de restaurer une conception spécifiquement théologique ? Nous n’hésitons pas à répondre par l’affirmative, à la condition toutefois, à notre avis, que, lui conservant le même objet matériel, on lui assigne l’objet formel et la méthode propres à la véritable théologie.

Objet formel.

La conclusion théologique, avons-nous

dit plus haut, voir col. 515, est l’objet formel de la théologie. Nous n’avons pas à déterminer ici ce qu’est, au regard de la révélation, la conclusion ainsi déduite, ni à distinguer les conclusions théologiques improprement dites (vérités formellement révélées d’une manière implicite) des conclusions théologiques proprement dites (vérités virtuellement révélées). Toutes, en tant que déductions de principes révélés, appartiennent à la théologie ; le développement dogmatique, avant de voir ses conclusions consacrées par le magistère infaillible, a été un développement théologique. Appliquons ce principe a l’objet de la théologie apologétique : cet objet, avons-nous dit, est la crédibilité des véiités révélées. Cette crédibilité, envisagée du côté de l’intelligence humaine, est un objet de démonstration scientifique. Mais il faut considérer que, par rapport aux vérités révélées, /a crédibilité est formellement une propriété tics principes surnaturels : elle leur appartient Intrinsèquement et, par l’analyse île ces prme ipes su ; n iturels, dij.i poss ; ûts par la f ::i la théologie la peut mettre en pleine lumière. Du coup, l’objet formel d’une étude de la crédibilité ainsi envisagée se trouve modifié : il s’agit bien ici du lien qui rattache la crédibilité à la révélation, et ce lien, à la suite du travail théologique dont il est l’objet, pourra paraître

enfin si Intime que la crédibilité elle-même deviendra

vérité définie, autlicntiqucnient proposée par l’Église. Voir les définitions relatives à la crédibilité de la révélation, dans le concile du Vatican et le serment anlimodernlste, toc. cit.

Envisagée sous cet aspect, la crédibilité apparaîtra

a tous comme appartenant a l’objet formel de la théo loi ! ’proprement dite. Et le théologien, développant

tout le contenu du concept de la crédibilité, pourra exposer, en théologien, tOUtei les thèses que suppose ce Concept : possibilité de la connaissance surnaturelle, possibilité de la révélation, du miracle, de la prophétie,

détermination des signes auxquels se reconnaît la

vraie révélation, pleines de l’intervention effective de ces signes a l’appui de la révélation chrétienne. Mais il

les développera, avons-nous dit, en théologien, qui n’a

point pour but direct de convaincre un incrédule —