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FLOREN’CE (CONCILE DE)


allait aux latins. Cependant personne ne pouvait entrevoir comment on arriverait à mettre un terme à ces fastidieuses polémiques, quand, dans la xxme session, le 17 mars, tandis que chacun ressassait les mêmes textes et les mêmes interprétations, et s’accusait réciproquement de ne pas répondre aux objections scripturaires et patristiques, Jean de Raguse fit, une fois de plus, la déclaration que l’Église romaine ne reconnaissait qu’un seul principe et qu’une seule cause de la procession du Saint-Esprit, le Père, et non deux causes, comme l’affirmaient les grecs. Il n’y a dans la divinité qu’un principe, qu’une cause, le Père. Celui-ci produit de lui éternellement le Fils et le Saint-Esprit. Ainsi le Fils reçoit du Père deux choses, son être et son pouvoir de produire le Saint-Esprit et producil Spiritum non ex se ipso, sed ex illi/, a quo et ipse suum esse habel. Les partisans de l’union, voyant que bon nombre de grecs approuvaient cette déclaration, s’en emparèrent pour arriver à faire l’accord sur ce principe admis de tous et obtenir de l’empereur que les séances publiques fussent suspendues. Pour confirmer la déclaration orale de Jean de Raguse, les unionistes invoquèrent un texte très heureux, une lettre de saint Maxime disant à propos des latins : …Per quos demonstrarunt sese nequaquam asserere Filium esse causam Spirilus ; unam quippe norunt causam Filii ac Spirilus Patrem, illius quidem secundum generationem, liujus autem secundum processionem : sed significare quod per ipsum etiam procédât eaque ralione ostenderc vjusdem essentiæ nulla cum varietale communioncm. Sur ces affirmations, les grecs décidèrent de faire l’union et l’empereur demanda la suspense des sessions publiques. Mais Jean de Raguse, assez peu généreusement, et les latins, assez maladroitement, réclamèrent une nouvelle réunion pour réfuter les arguments avancés par Marc d’Éphèse. Il fallut y consentir. Les 21 et 24 mars, Jean de Raguse recommença ses discours, apportant une foule de textes grecs et latins. Mais il fut seul à parler. L’empereur avait interdit à Marc d’Éphèse de paraître aux réunions et d’y prendre la parole. L’archevêque prétendit, lui, qu’il ne put y assister, étant malade. En tout le résultat était le même. Le latin seul parla, ce qui fit dire plaisamment a Isidore de Kiev : « S’il n’y a qu’un combattant, naturellement il restera vainqueur. » Ces discours de Jean de Raguse furent les derniers prononcés. De concert avec l’empereur, le pipe suspendit les séances publiques et avec elles de Mare d’Éphèse était terminé.

L’union pouvait donc se. faire sur un point : sur V unité de principe. Ceci, du reste, n’empêcha pas plus tard Marc d’Éphèse (récrire que les latins atlribuaienl l’existence du Saint-Esprit à deux principes. Cet homme intelligent, cultivé, éloquent, était malheureusement peu loyal Si les résultats du concile ne furent pas ceux que de part et d’autre rm escomptait, li faute en fut pour beaucoup a son intransigeance s.i mauvaise foi.

i et première réunion privée qui suivit la session publique du 24 mars eut lieu le 30 chez le patriarche, ’h présence de tous les dignitaires grecs. La décision upprimer li ces générales fui communiquée

i chacun, ainsi que l’ordre de l’empereur et du pape

Unir. II fallait, à Pâques (el l’on était au lundi saint), ou avoir trouvé un terrain d’entente définitif

lOUdre le concile. C’est alors que p. H mi les grecs se manifestèrent dans toute le ut

leux courants contraires qui les dirigeaient. Lis uns, une minorité, ne voulaient.< aucun pus l’union ; . la majorité, la di Iraient pour des motifs déni M ; im.i Ephé i

d « Monembasie, de huit rion

Isidore, Grégoire. Pour la première fois, les adversaires de l’union parlèrent de capitulation et cherchèrent à créer à ce sujet de l’agitation ; mais il était trop tard. L’empereur veillait et enfin allait nettement imposer sa volonté. Bessarion fit remarquer dans cette réunion, en réponse à Marc d’Éphèse qui traitait les latins d’hérétiques, qu’à ce taux tout le monde l’était, puisque Pères grecs et Pères latins enseignaient la même doctrine. Quant aux écrits falsifiés, c’était un argument trop commode. « Si le doute est poussé jusque-là, dit Bessarion, qu’est-ce qui subsistera ? Qu’est-ce qui restera dans les livres en dehors du papier blanc ? » C’était l’évidence même.

Les jours qui suivirent furent employés à de nouvelles démarches et à préparer la discussion qui devait avoir lieu le samedi suivant pour en finir avec la question du Filioquc, trouver une formule acceptable et commencer les négociations qui devaient amener l’union. Malheureusement, le patriarche Joseph tomba si gravement malade qu’on dut renoncer à cette réunion et administrer le vieillard. Certains irréductibles auraient voulu profiter de la circonstance pour arrêter tous les pourparlers et partir ; mais l’empereur ne l’entendait pas de la sorte. Il fallut rester et reprendre les réunions. Le 10 avril, les grecs envoyèrent au pape une délégation pour lui demander de fixer lui-même les moyens qu’il estimait propres à amener l’union. Quatre propositions leur furent rapportées ; il fallait : 1° que les grecs disent s’ils étaient d’accord avec les latins sur la procession du Père par le Fils ou, s’ils avaient des doutes, qu’ils les formulassent ; 2° qu’ils apportent des textes d’Écriture sainte infirmant la croyance latine ; 3° qu’ils démontrent par l’Écriture que leur enseignement est meilleur que l’autre ; 4° dans le cas où ces propositions ne seraient pas acceptées, il restait un dernier moyen, se réunir en assemblée générale, déclarer sous serment et ouvertement ce que chacun croit et adopter ce que la majorité des grecs aura approuvé. Ces propositions embarrassèrent singulièrement les grecs. On les discuta néanmoins. L’empereur aurait voulu qu’on choisît tout d’abord une proposition pour la présenter ; mais là non plus on ne put s’entendre. Les grecs donnèrent aux questions du pape des réponses évasives, sauf sur le dernier point qu’ils rejetèrent nettement comme une » nouveauté » et les négociations reprirent entre l’empereur et Eugène IV. C’est dans une de ces réunions privées, tenue le 13 avril et qui se continua le lendemain, que Bessarion prononça son fameux discours sur l’union, discours qu’il traduisit plus tard en latin, qui porte le titre de discours dogmatique, ]’. <i., t. clxi, col. 543 sq. et que l’auteur a divisé en dix chapitres. Après avoir montré les bienfaits et les beautés de l’union. Bessarion cherche à prouver qu’au sujet de la procession du Saint-Espril lesPères grecs et latins sont d’accord et enseignent la même vérité, quoique avec plus ou moins de clarté. Il faut donc non pas séparer les auteurs qui. du reste, ne peuvent se contredire sur une vérité dogmatique, mais les éclairer les uns par les autres, les rapprocher et les concilier, car une chose est hors de doute, c’est qu’aucun Père grec n’a jamais dit que le Saint-Esprit ne procède pas du Fils, (lai effet, pour que la thèse de Marc d’Éphèse fût vraiineiltsolide.il

aurait dû apporte ! des textes indiscutables montrant

que l’Église grecque avait formellement enseigné que

le Saint-Esprtt ne procède que du l’ère et avait refus,

toute coopération directe ; ui Fils, au lieu de se borne I

a épilogue ! sur dis textes pouvant s’entendre dans

l’un et l’autre sens.) Au fond de toute Cette contro Verse, il J avait en réalité surtout un malentendu venant di — I fltpiH ions dont s’él aient sel is les I (’est pourquoi Hcssarion s’efforça de démontrer, au