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donnons un simple assentiment, rendu par ce seul mot : credo. » Loc. cit., p. 205. b) C’est le seul moyen de résoudre le problème de l’analyse, et de remonter, comme objet formel, in ipsam solam increatam Dei auclorilatem ; par là aussi on montre bien comment la foi est une vertu théologale. Loc. cit. c) « C’est le seul moyen de sauvegarder ce que tous veulent et doivent sauvegarder, c’est-à-dire que l’assentiment aux choses révélées soit appretiatioe super omnia firmus… En effet, ce qui est digne de fonder une adhésion super omnia, c’est seulement la divine autorité en elle-même, ce n’est pas votre connaissance, l’évidence crue vous avez peut-être de la véracité du témoignage. » Loc. cit., p. 298. Or, l’objet formel est précisément ce qui est digne de fonder l’adhésion telle qu’elle est ; l’objet formel est donc la divine autorité prise en elle-même, et non pas la connaissance que nous en avons ; la chose, et non pas les énoncés, les « prémisses » . Si avec Suarez et Lugo vous regardez comme objet formel ces prémisses qui n’ont pas la certitude souveraine de la foi divine et ne peuvent la fonder, vous ne pourrez obtenir une suprême certitude dans l’assentiment île foi que par ée coup déraisonnable de volonté, auquel Mazzella a recours, n. 819, p. 420. Le cardinal Billot, sans nommer.Mazzella. rejette cet imperium voluntaiis ainsi compris : « Un commandement de la volonté, dit-il, qui fait adhérer l’intelligence au delà de ce que mérite la raison objective (l’cbjet formel) dans laquelle se résout l’adhésion, est un commandement déraisonnable et aveugle, qu’il faut donc rejeter de la foi théologale. Loc. cit.. p. 208 ; cf. p. 293. Tolo cœlo aberrant quicumque concipiunt actum fldei quasi in co, partialiter sallem, esset pro ratione. voluntas. Loc. cit.. p. 200. I. dernier système, au contraire, en mettant l’objet formel non pas dans une connaissance indigne et incapable de fonder une adhésion souveraine, mais dans la divine autorité elle-même, parfaitement digne de la fonder, ne demande pas à la volonté, pour obtenir cette adhésion souveraine au mystère révélé, de forcer l’intelligence à dépasser le mérite de l’objet formel. irgument fourni par le cardinal paraît excellent. Le P. Pesch enseigne ce même système, quand il dit que « la volonté commande à l’intelligence d’adhérer aux choses révélées aussi fermement que le mérite l’autorité divine prise en elle-même, ipsa aucloritas divina in se, » Prselectiones, 1010. t. viii, n. 323, p. 146 ; quand il dit avec. Schiffini que l’objet formel n’est affirmé dans l’acte de foi qu’acfu cxercilo ; avec le cardinal lîillnt. que si la foi est un assentiment très ferme, ce n’est pas à cause de notre connaissance subjective et de notre affirmation de l’objet formel, meun de nos actes ne peut être la raison suffisante d’un assentiment super omnia ; > avec les Satinant i, que notre connaissance du motif formel n’est pour l’assentiment spécifique de foi qu’une application et uni condition préalable. Loc cit., n. 329, ! ’I 18, l 19. il se sépare encore plus spécialement de Mazzella et du 2- système, quand il ne veut pas que foi " l’autorité de Dieu et le fait de la révélation apparaissent à l’espril immédiatement, per a, n. 332. p. 150 ; qu’il n’a jamais entendu qu’on doive faire abstraction des molifs de crédibilité. Loc. cit.. en note.

Mgr Van Noort adopte le même système, qu’il résume en quatre points avec sa précision habituelle : « 1. L’autorité de Dieu qui révèle, en tant qu’objet formel de la foi. ne nous est connue que par les motifs édibilité, et non par un autre mode.
2. L’acte rie f"i ni I pas un assentiment vil luellemenl double, affirmant d’abord l’objet formel, ensuite Pobjel matériel, Il n’y a donc plus lien de poser cette question (avec Suarez et tant u’autres) : Comment l’autorité de Dieu est elle c.iniiur ci affirmée dans l’acte même de foi’? (puisqu’elle ne l’est pas).
3 (et principalement). Le motif de la foi est l’autorité de Dieu (connue de nous avant la foi), et non pas notre connaissance de cette autoritc. Or l’autorité de Dieu, de quelque manière qu’elle nous soit connue, mérite un assentiment super omnia.
4. Donc cette question : Par quel moyen avez-vous connu l’autorité de Dieu qui révèle ? — ne porte plus sur le motif propre de la foi elle-même, mais sur une pure condition préalable, sur la cause applicatrice du motif : donc elle sort de la question de l’analyse, qui ne porte que sur l’acte même de foi (et son objet formel). » Tractatus de fontibus revelationis neenon de flde divina, Amsterdam, 1011, n. 207, p. 211. Arrêtons là notre revue des théologiens contemporains qui suivent cette opinion, pour ne pas trop allonger cet article.

Critique du Systeme. —

a) Il se recommande par sa simplicité, par sa conformité avec l’expérience de ce qui se passe chez les fidèles, par le caractère raisonnable qu’il donne à l’acte de foi, tout en maintenant le caractère surnaturel, enfin par la solution satisfaisante qu’il donne au problème de l’analyse de la foi, et à la question du super omnia. Nous avons vu ces divers avantages dévclo-ipés par les auteurs cités.

b) On a beaucoup critiqué ce point caractéristique du système, que la f( i n’affirme pas son objet formel, mais seulement U’présuppose connu. Antoine Pérez objectait déjà l’analogie des autres vertus théologales : « De même que Dieu est l’objet premier et souverainement aimé par la charité, l’objet premier et souverainement espéré par l’espérance, ainsi il doit être l’objet premier et souverainement cru par la foi théologale, en sorte que tous les autres objets dépendent de Dieu en tant que cru. en tant qu’objet de foi… De plus, si la première chose que l’on croit dans l’arte de foi est tantôt ceci, tantôt cela (à cause de la variété de l’objet matériel), il n’y a plus de raison pour que la vertu de foi soit une. » In II » ™ et III’"' I). Thonvr tracta/us sex, Lyon, lf160, De virtutibus theol.. <lisp. IL c. i. n. 1. 5, p. 107. Mais ces raisons ne prouvent pas ce que voudrait Pérez, que tout acte de foi devrait croire, et croire en premier lieu, l’cbjet formel quo, Vauclorilas Dei révélant is. Pour que « Dieu soit l’objet premier que l’on croie, pour que tous les autres objets dépendent de lui en tant que cru, » il suffit que Dieu soit l’objet matériel principal de la vertu de foi. l’objet d’attribution, objectum formate quod : et il l’est. Voir col. 377370. Or l’objet d’attribution, dans une science, est connu sans doute par beaucoup d’actes de cette science, mais il n’a pas besoin n’être connu et rappelé dans tous ; celui qui étudie les branches secondaires de la médecine, la physique médicale, la chimie médicale, la bactériologie médicale.’etc. n’a pas besoin de penser à chaque instant à l’objet d’attribution, qui est la guérison des maladies, "ni de l’affirmer en premier lien dans chacune de ses affirmations ; ce n’est pas ainsi que l’objet d’attribution montre sa primauté, et qu’il donne l’unité a toute la science. Sa primauté consiste eu ce que rien n’a été introduit dans le domaine de celle science que par rapport à lui : de là aussi l’unitc de l’ensemble. Il en est de même du vaste ensemble de la révélation, telle que Dieu l’a donnée : Dieu a VOUlu se révéler d’abord, comme objet principal, et n’a révélé d’autres objets que par rapport à lui-même et pour se faire mieux connaître. Voir col. 378. 370. C’est a une révélation ainsi hiérarchisée que Dieu a dirigé et ordonin la vertu de foi infuse, c’est île la qu’elle lire son unité, et non pas de ce que, dans chacun de ses actes, elle all’u nierait avant tmit autre objet son objet formel, qu<> ou quod. Nous concédons pourtant qu’elle tire aussi son unité de ce qu’elle a un I lll cl même motif spécifique dans tous ses actes. Nous concédons qu’une vertu théologale ne peut se ps