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FLORENCE (CONCILE DE)


se poursuivit le 8 décembre dans la XVe session. Comme l’avait prévu, dès le début, Marc d’Éphèse, on bataillait au fond d’une impasse sans issue, les uns, les latins, affirmant qu’une addition au symbole était permise et ne pouvait pas ne pas l’être ; les autres, les grecs, maintenant qu’en aucun cas, pour le plus grand bien de l’Église, même pour combattre une hérésie, il n’était permis d’ajouter quoi que ce soit au credo, fût-ce la vérité la plus universellement acceptée. Déjà beaucoup de grecs, voyant l’inutilité de tout effort sérieux, parlaient ostensiblement de retourner à Constantinople. Ils étaient très probablement poussés par Marc d’Éphèse. Mais l’empereur, lui, n’entendait pas les choses de la sorte. Il voulait aboutir à un résultat quelconque et c’est pourquoi il se décida à faire droit à la demande et des latins et des unionistes et à laisser discuter la première question vraiment importante, celle de la procession du Saint-Esprit, celle par laquelle on aurait dû tout de suite débuter.

Mais, au moment où l’on pouvait espérer que les choses allaient prendre une meilleure tournure, de nouvelles difficultés surgirent. D’une part, la peste sévissait à Ferrare ; de l’autre, le pape ne pouvait plus payer les frais du concile. Les biens pontificaux étaient la proie de bandes d’aventuriers conduits pal Niccolo Piccinino qui venaient rôder jusque sous les murs de Ferrare. Les grecs réclamaient cinq mois d’arriéré pour leur pension. Tout allait au plus mal. C’est alors que les Florentins firent à Eugène IV de magnifiques propositions pour qu’il transportât le concile dans leur ville. C’était bien aussi le désir du pape qui aimait Florence ; mais les grecs s’y opposaient. Ils ne se souciaient point d’être retenus longtemps en Italie et d’aller habiter une ville aussi, éloignée de la mer. Seulement ils étaient dans la misère. Aussi, quand Eugène IV leur eut dit que, grâce à Florence, ils pourraient toucher, l’union votée, 12000 écus d’or et tout de suite leur arriéré, ils se laissèrent faire. Le 2 janvier 1439, ils acceptèrent, après de longues discussions. d’accéder à la volonté du pape et de l’empereur, à condition qu’on leur donnerait de l’argent et que les négociât ions ne dureraient pas plus de quatre mois. C’est ce qui fut promis. Dans la xvi c et dernière session qui eut lieu à Ferrare, le 10 janvier 1439, l’archevêque de Grado pour les latins, Dorothée de Mitylène pour lesgrccs lurent chacun en leur langue le décret de translation ; on paya les grecs et on envoya de fortes sommes — 19 000 florins — à Constantinople. Puis le concile de Ferrare fut déclaré clos. Ce premier et considérable effort avait été sans aucun résultat.

II. Florence (26 février 1 139-26 avril 1442). — Le condle de Florence se divise tout, naturellement en deux grandes périodes. La première s’étend de l’ouverture du concile à la proclamation de l’union et au es, du 26 février 1439 au 26 août de la même année ; la seconde va jusqu’au moment où [ peu ! rentrer à Rome et y transporter le concile, c’est-à-dire jusqu’en 1442.

1 Le canule de Florence du 20 février nu 26 août ne IV, après avoir gagné les grecs a l’idéi de la translation du concili à Florence et, avec ni de la république, payé la pension.les Pères, quitta solennellement Ferrare le 16 janvier. Quelques Plus tard, Jean Dishypathos, le 22 janvier, arles logements réservés

pap< ni son entrée dans la ville, le -’— janvier, bientôt suivi du patriarche, le 13 février. 1’’« ! » reur, le 16 I ne fois de plus, niais tou en vain. Eugène l annonça aux princes d’Occident le transfert du concile el

idi ni el évoques.

H semble qu’a Florence les grecs arrivèrent

I HÉOI. CATHOL.

de meilleures dispositions qu’ils n’étaient arrivés à Ferrare. Au fond cependant, la situation était toujours la même. Seulement chacun se rendait compte qu’il était impossible de reculer, impossible même de repartir sans les secours du pape. Il n’y avait dès lors qu’une solution pratique, en finir au plus vite, signer tout ce que l’on voudrait et retourner chez soi. Après quoi, on aurait tout loisir pour renier sa signature en recouvrant la liberté. Ce fut, par ailleurs, une profonde désillusion pour l’empereur, cheville ouvrière de toute cette politique religieuse, de voir qu’aucun souverain ne voulait venir au concile. Il avait compté intéresser l’Occident à sa détresse, obtenir un appui et, en fait, au lieu de discuter une affaire d’État, il se trouvait uniquement en présence de prêtres occupés à discuter affaire de théologie. C’est cette situation de l’empereur et du clergé grec qui explique d’une part la rapidité avec laquelle on se mit à l’œuvre pour trouver un terrain d’entente, et de l’autre l’influence croissante des unionistes au sein des délibérations. Désormais l’autorité de Marc d’Éphèse va décliner jusqu’au jour où l’empereur lui interdira la parole ; désormais aussi, par un coup d’autorité, l’empereur suspend le droit de vote de quelques-uns des plus irréductibles antiunionistes jusqu’au moment où il faudra signer l’acte d’union. Alors, de nouveau, l’empereur interviendra pour obliger ce même parti à signer. Du reste, comme nous le verrons, on adopta à Florence, aines quelques séances publiques, une nouvelle méthode de discussion infiniment plus expéditive : celle des commissions. Plus de longs discours et d’interminables controverses, dans ces réunions privées chez l’empereur et le pape. Des délégués, savamment choisis parmi les plus favorables à l’union, font un travail précis, discutent entre eux, étudient, puis rapportent et votent.

La i re session du concile de Florence, la xvii° du concile général, eut lieu dès le 26 février dans le palais du pape. Quatre-vingts personnes y furent convoquées. Le cardinal Cesarini prononça le discours d’ouverture, après quoi, on décida que les séances publiques auraient lieu trois fois par semaine et dureraient en tous cas trois heures. Les autres jours, les commissions travailleraient. Enfin, l’empereur déclara qu’il fallait aborder tout de suite la question dogmatique et qu’on devait laisser de côté, en public, l’irritante et insoluble question de l’addition du Filioquc. Ceci décidé, et c’était un premier pas défait, les grecs nommèrent une commission composée d’Antoine d’Héraclée, Grégoire Mammas, Isidore de Russie, Marc d’Éphèse, Dosifhéc de Moncmbasie. Bessarion et Dorothée de Mitylène, pour préparer l’union sur la question du Saint-Esprit. La composition de cette commission était déjà un indice de la tournure qu’allaient prendre les débats. Il n’y avait qu’un irréductible opposant d’élu. Marc d’Éphèse, el deux évoques antiunionistes, Antoine et Dosithée.

La xviii p session se tint en présence du pape, le 2 mars, et tout de suite on aborda la question dOIJ matique de la procession du Saint-Esprit. Les deux (râleurs désignés furent Marc d’Éphèse et Jean de Raguse, provincial des dominicains de Lombardit

On sait quel était le fond de ce second déliât. Four les latins, le Saint —Fspnl procède du l’en’et du 1 ils ;

pour les grecs, il ne procède que du Père. Voir t. v, col. 762. Pendant trois mo dire jusqu’au début

de juin, cette quesl ion fut la seule discutée, d’abord dans les sept séances publiques qui Se tinrent JUSqu’au 2 mars (s vin* iv" sessions, tenues les 2. 5, 7, M. I t. 21 mars) ; puis dans les commissions qn

Burent place aux séances publiques à partir du 30 niais. jusqu’au h juin, date on, solennellement, les adhérèrent a la formule d’union sur cejpremler i

VI. — a