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FOI


dire d’autrui. Un homme qui. avant de croire, contrôlerait tous les dires et qui ne dirait jamais oui sans avoir l'évidence du témoignage, un tel homme serait insupportable. Comme nous donnons notre confiance, nous voulons aussi qu’on nous la donne… Sans doute, il faut faire très large la part… de ce contrôle rapide et tacite d’un témoignage, qui précède en bien des cas notre adhésion. Mais un observateur attentif ne saurait nier, semble-t-il, que la plupart des hommes ne fassent à chaque instant de ces actes de foi sur le seul dire d’un autre, » p. 31, 32 (41, 42). Conclusion sur l’influence de la volonté dans la foi divine : « Ce n’est pas pour suppléer la faiblesse des motifs, que la volonté est nécessaire. C’est au contraire parce que les motifs intellectuels sont suffisants que la volonté intervient pour commander à l’esprit non pas l’acte de science (ou de foi scientifique), mais un acte d’ordre tout différent, appuyé onlologiquement sur des bases scientifiques inébranlables, mais ne s’appuyant pas logiquement sur ces bases… L’adhésion sur la parole d’un autre, l’adhésion que nous avons appelée de simple autorité, exige essentiellement l’intervention de la volonté. L’esprit, en effet, n’est déterminé de lui-même à dire oui que par l'évidence de la vérité. Or notre foi, par hypothèse, fait abstraction de toute évidence pour s’en rapporter uniquement à la parole du témoin, au point d'être impossible, je ne dis pas si j’ai ou l'évidence du vrai ou l'évidence du témoignage, mais si cette évidence s’impose avec une clarté telle qu’il me soit impossible d’en faire abstraction. » Op. cit., 2° édit., part. II, c. iv, p. 128-130. Le P. Pesch se rapproche de ce système dans sa 3e édit., Preetecliones…, 1910, I. viii, n. 144 sq., p. 04, 65.

Critique du système. — a) Il donne certainement à la volonté libre une influence spéciale dans la foi, qui n’est pas dans la science : influence d’ailleurs très directe et qui n’a rien d’accidentel, et avec laquelle on concilie l’evidentia atlestantis dans les cas exceptionnels où elle a lieu. — b) C’est, du reste, une louable préoccupation que celle de la foi simple » . On a raison de dire qu’elle nous est demandée par les Pères, d’après l’esprit de l'Évangile. Voir Bainvel, op. cit.. part I, c. v, p. 54-56 : 2e édit.. p. 64-67. Seulement. relie foi simple » reste une idée un peu vague, on la prend dans des sens divers. Il y a d’abord une « foi simple » ainsi appelée parce qu’elle se contente de la voie extrinsèque du témoignage, et ne demande pas de preuves intrinsèques, de la chose affirmée, ni même d’explications du pourquoi et du ruminent. M. Bainvel y fait allusion parfois : « La soumission qui honore le maître ou le savant, c’est celle du disciple qui s’en remet tout entier à sa parole…, ipsedixil… De la vient aussi le mérite et la difficulté de la foi. Car pour se rendre ainsi sur la seule parole d’autrui, cette parole fût-elle celle de Dieu, il faut, comme a dit un de nos évêques…, il faut « pic la raison renonce à cette délicate volupté de pénétrer son objet, de se l’expliquer. > / '. cit., p. 59. 60 ; 2e édit, p. 00. Il y a une autre i foi simple qui appartient en propre à ce système, et qui consisterait, non pas a n’avoir pas de motifs de crédil>ilii<' eu de preuves du fait de la révélation avant la foi (ce serait le fldéisme le plus absolu, voir col. 17") sq.), niais du moins a faire abstraction i de ces preuves au moment de l’acte de foi. pour appuyei celui-ci sur le seul témoignage de Dieu, « eu/ a l’exclusion des preuves de i, véracité divine et des preuves « pie Dieu a parlé. Or, si nous examinons quelle est I. foi simple que demandent les Pères, nous verrons que c’esl la première, et nullement la seconde. La foi

simple îles l’eus, ('est (elle qui mik.iicc a pénétiei

objet, » qui se contente du témoignage de Dieu

sans lui demander de démonstration philosophique el

intrinsèque rt< - qu’il affirme ; qui applique

au Maître divin l’ipse dixit des disciples de Pythagore : voilà celle que louent Clément d’Alexandrie, saint Jean Chrysostome, Théodoret. Voir col. 110. La foi simple des Pères, c’est celle qui ne demande pas avec curiosité le pourquoi et le comment des mystères : voilà celle que louent saint Athanase, ou saint Cyrille d’Alexandrie, etc. Voir col. 115. Mais en même temps qu’ils louent cette foi, les Pères nous rappellent expressément, pour la justifier, les motifs de crédibilité, les miracles du Christ. En même temps qu’il reproche aux manichéens de remplacer la foi par la science, leur disant que le Christ n’enseignait pas les sciences, mais conduisait les âmes par la foi, fuie stullos ducebal (voilà bien la foi simple), saint Augustin rappelle toutefois que le Christ « par des miracles s’est concilié l’autorité, par l’autorité a mérité la foi. » Voir col. 113. Croyant Dieu sur parole, sans lui demander ni les preuves intrinsèques, ni le comment ni le pourquoi, fermant ainsi les yeux sur le mystère et ses difficultés, en ce sens, la foi est aveugle. Mais il n’est jamais venu à la pensée des Pères qu’elle doive encore fermer les yeux sur les preuves de la véracité divine et du témoignage divin, ce qui donnerait la complète cécité que rejette le concile du Vatican : fulei assensus nequaquam est motus animi eœcus, c. iii, Denzinger, n. 1701. Il ne leur est jamais venu en pensée que le fidèle, pour croire, doive « faire abstraction » de ces motifs de crédibilité, nécessaires pour appliquer à notre esprit la révélation divine, et. qui font par conséquent bon ménage avec elle ; qu’il ne doive pas o s’y appuyer logiquement. » Jamais les Pères n’ont enseigné cette i abstraction » , cette crainte et cette fuite des motifs de crédibilité, comme si ceux-là pouvaient nuire à la foi qui les exige. Avec l'Écriture, ils louent Abraham de « n’avoir pas considéré o les difficultés intrinsèques de la chose révélée, de n’avoir pas demandé des raisons et des explications, ainsi saint Ainbroise, voir col. 112 : mais ils ne le louent pas d’avoir mis de côté, au moment de croire, les considérations qui lui molliraient que c'était vraiment Dieu qui lui parlait, et non pas, par exemple, le démon se transformant en ange de lumière. La raison même nous fait distinguer en deux groupes fort différents les motifs qui peuvent aider à admettre le dire d’un témoin. Il y en a qui s’opposent à ce témoignage, qui en sont indépendants. Vous m’atteste/, avoir vu tel fail, je ne suis pas convaincu ; je cherche un autre témoin, indépendant de vous et de votre récit, il me confirme le fail, et je crois. .l’ai peut-être usé de mon droit en VOUS confrontant avec un autre et en contrôlant ainsi votre récit ; ce qui est certain, c’est que mon assentiment final n’est pas un honneur quc je vous fais. Un savant mathématicien me dit qu’on démontre tel théorème ; j’attends, pour le croire, d’avoir vu moi-même la

démonstration : je ne lui fais pas honneur. Si nous traitions Dieu ainsi, nous lui ferions injure ; el nous ne pourrions jamais croire les mystères qu’il nous révèle, n’ayant rien pour contrôler son dire là dessus, ni

témoin indépendant de lui, ni démonstration intrinsèque du mystère. Mais il y a un autre groupe de motifs auxiliaires, qui n’ont pas ces inconvénients, qui ne s’opposent pas au témoignage, qui au contraire font orps mue lui. comme des signes nécessaires pour le faire connaître et l’appliquer. VOUS ni'éciive/ pour

m’attester un fait : votre écriture bien connue, votre i nature, l’expérience de voire véracité sont pour moi

des motifs d’admettre la chose que vous me dites. Mais ce ne sont pas la des mol ifs qui ^'opposent à votre

témoignage : au contraire, ils le servent ; Us ne lui sont

pal coordonné*, mais subordonnés. Les considérer ne

dlminue pas l’honneur quon rend au témoin. Surtout

dans la foi divine, la considération de ces motifs de

crédibilité ci nécessaire a l’honneur de Dieu même