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FLORENCE (CONCILE DE ;


de leur Église à l’Église latine était la seule condition d’une entente durable et féconde. Et c’est pourquoi, dans les classes élevées, il existait, à cette date, chez les grecs, tout un courant favorable à un rapprochement. Si pour les empereurs c’était pure affaire politique, si, incontestablement, beaucoup, dans l’Église et dans l’État, étaient franchement hostiles à tout projet d’union avec les latins, et, au fond de leur cœur, n’étaient pas loin de préférer le « turban à la tiare, » il y avait cependant des esprits élevés, des patriotes sincères qui trouvaient assez insignifiantes les raisons qui séparaient les deux Églises et souverainement fortes les raisons qui militaient en faveur de l’union. Jusque dans les couvents de l’Athos, on comptait des partisans déterminés de cette orientation nouvelle qui applaudissaient aux efforts tentés pour sauver par cette politique l’empire et sa civilisation. En 1433, les négociations qui traînaient depuis 1417 furent activement reprises et ne contribuèrent pas peu à jeter au sein du concile de Bâle la désunion la plus complète. Chacun se mil à envoyer et à recevoir des ambassadeurs : les Pères, le pape et l’empereur. Isidore de Kiev arriva à Bâle en juillet 1434, tandis qu’Eugène IV expédiait à Constantinople Christophe Garatoni. Très habilement, le souverain pontife offrit de tenir le concile à Sainte-Sophie même et demanda qu’on invitât à ces solennelles assises l’empereur de Trébizonde. Cette ambassade, admirablement reçue, fit sur l’empereur une excellente impression et revint à Florence où le pape avait été forcé par les événements romains de se réfugier, accompagnée de Georges et d’Emmanuel Dishypatos.

Les pourparlers auraient sans doute abouti sans les Pères de Bâle qui, à aucun prix, ne voulaient de Constantinople comme lieu de réunion et intriguaient en faveur de Bâle, d’Avignon ou d’une ville quelconque de Savoie comme siège du futur concile. Sur cette question, les intérêts d’Eugène IV et de Jean Paléologue étaient identiques. Ni l’un ni l’autre ne voulaient de ces pays excentriques. Ils réclamaient au moins une ville maritime et en Italie. Pendant ce temps, à Bâle, au cours des xxiv c et xxve sessions, des luttes ardentes se livraient sur la question de savoir où aurait lieu le concile des grecs. La majorité tint ferme et maintint ses décisions antérieures ; mais une minorité, bientôt soutenue et approuvée par le pape, se détacha et se rallia au désir exprimé par Eugène IV et par Jean. Ces luttes, naturellement, ne firent que rapprocher de plus en plus le pape et l’empereur. Finalement Ferrare fut la ville désignée par Eugène IV et acceptée par les grecs. C’est alors que, devant les menaces du concile qui osa citer ù sa barre le souverain pontife, celui-ci, se sentant de plus en plus fort, assuré d’une minorité à Bâle et de l’appui bienveillant du marquis de Ferrare, publia le 18 septembre L437 la bulle Doctoris gentium dans laquelle il mettait en gaule le concile contre ses audacieuses doctrines et menaçait de transférer l’assemblée a Ferrare. Ce n’était là, du reste, de la part du pape. qu’une mesure de déférence et une manifestation platonique à l’égard du concile, car déjà l’accord était hit.i cii. date entri Eugène IV et l’empereur, el lei navires pontificaux faisaient voile vers Byzance depuis li’mois de juillet I 137 pour aller cherchi i li

. leur apportant en même temps des soldats, de l’argent et di inces posit

De qui la bulle du 18 septembre fut connue à

liai", les fureurs contre Eugène IV redoublèrent

rellement. La bulle fut déclarée nulle, i |e pape

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déni plUSil On des leurs, et des plus

bandonner. Cesarini, Nicolas de l

tinrent, dés le 1° octobre I 137, d’as sister au concile et, peu après, le 20 décembre, quittèrent la ville. Pendant ce temps, après avoir signé avec les ambassadeurs du pape un traité réglant tous les points du voyage et du séjour en Europe, les grecs s’embarquèrent au mois de novembre pour Venise. C’est alors que, le 1 er janvier 1438, Eugène IV prononça définitivement la translation du concile à Ferrare et désigna comme jour d’ouverture le 8 janvier, par la bulle Pridem ex juslis.

Personnages présents.

Lorsque, le 1 er janvier

1438, le pape lança les lettres de convocation pour le concile de Ferrare, il était à Bologne. Dès le lendemain, 2 janvier, il envoya à Ferrare Nicolas Albergati, évêque de Bologne, cardinal de Sainte-Croix de Jérusalem, comme légat, pour y ouvrir et présider le synode en attendant sa venue et celle des grecs. Lui-même, du reste, ne tarda pas à arriver. Le 24 janvier, il était à Ferrare et tout de suite se mit à l’œuvre pour préparer les séances. Bientôt, de divers points, surtout d’Italie — car la France et l’Allemagne s’abstinrent — évêques, abbés, moines, prêtres et laïcs affluèrent. Le 9 janvier, le cardinal Cesarini partit de Bâle et peu de temps après fit, à son tour, son entrée au concile, venant directement de Bâle d’où il apportait, avec les nouvelles les plus déplorables sur les Pères révoltés, l’appui de sa haute autorité scientifique et morale. Enfin, le 8 février, les grecs mettaient pieds à Venise et bientôt, après la solennelle réception du doge, se dirigèrent sur Ferrare où l’empereur arriva le 4 mars et le patriarche le 7.

Jamais le monde n’avait vu pareille et plus magnifique assemblée dans une ville d’Occident. Il faut avoir contemplé les merveilleuses fresques de Benozzo Gozzoli au palais Ricardi à Florence pour se rendre compte de l’impression que firent sur les contemporains ces assises de la chrétienté latine et grecque. Les latins étaient représent es par le pape Eugène IV, entouré d’une foule d’évêques, de prêtres et de laïcs parmi lesquels il en était de célèbres et qui prirent une part active au concile. C’était tout d’abord le cardinal Julien Cesarini dont la situation était hors de pair à cause de son passé, de son savoir et des situations qu’il avait occupées. Agé seulement de quarante-neuf ans environ, il était cardinal depuis 1426. Tour à tour, en attendant qu’il allât mourir à Varna, le 10 novembre Mil. il avait été envoyé par Martin V prêcher la croisade en Pologne, en Hongrie et en Bohême, puis par Eugène IV comme légat en Aile magne pour lutter contre les bussites. Après le douloureux et retentissant échec des troupes pontificales à la bataille de Taus, il s’en était allé présider le concile de Bâle et avait fait les plus nobles efforts pour amener entre le souverain pontife et les Pères un rapprochement nécessaire. De toutes ses forces, avec toute sa science et tout son cœur, il avait travaillé à éviter le schisme quand il fut obligé de quitter Bâle pour Ferrare. Là comme a Florence il fut constamment à la peine et ne ménagea ni son temps, ni sa science, ni son argent pour faire œuvre utile, pacifique et féconde

A srs côtés, Albergati, cardinal de Sainte-Croix, n’avait guère une situation inoindre. Ce chartreux était déjà un vieillard de soixante-trois ans dont le passé n’était pas sans gloire et dont la sainteté était

si réputée qu’il fut béatifié, il avait autrefois rempli plusieurs missions diplomatiques en France, en Angleterre, en Italie et, en 1433, av. ni été nommé légat président du concile de Baie, Quand Eugène iv L’choisit comme président du concile, il venait de remporter un Importanl triomphe diplomatique en

réconciliant (.h.nl.. VII et le duc de Bourgogne. Von Dictionnaire d’histoire et de géographie ecdistastlques,

I i. col 1 198 I’autres cardinaux latins ne luirent