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jamais nécessaire à la persévérance dans la foi ; mais s’il était fait d’une manière catégorique et non pas hypothétique, ou même si l’hypothèse d’un tel conflit était considérée comme possible, ce serait du scepticisme nuisible à la foi elle-même, puisque les raisons de croire et les motifs de crédibilité dont elle a besoin s’appuient objectivement sur ces premiers principes. Ces principes de la raison nous sont même nécessaires pour saisir le vrai sens d’un mystère, comme la Trinité. Voir Franzelin, De Dco trino, 3e édit., Rome, 1881, thés, xx, p. 329, 330. — c) Non seulement cette résolution de nier les premiers principes plutôt que la foi n’est pas prouvée nécessaire, mais pour tel ou tel sujet à qui on la proposerait même comme une hypothèse impossible, elle serait funeste, et ce serait tenter bien des fidèles contre la foi, que de leur demander au nom de la foi un acte qui leur paraîtrait rebutant et sans but. En théologie morale, on est d’accord qu’il suffît de demander au pénitent, en restant dans le vague et l’abstrait, qu’il soit prêt à tout soufïrir, à tout sacrifier, plutôt que de retomber dans le péché mortel, qu’il soit résolu à le fuir plus que tout autre mal, et formules semblables ; on admet que Dieu veut bien se contenter d’une aussi vague disposition, et qu’il serait dangereux d’en vouloir faire saisir au vif le contenu, d’entrer dans le détail : Êtes-vous prêt à accepter la mort de votre enfant, telle tortuie épouvantable, etc., plutôt que d’offenser Dieu ? » Quamvis talis debeal esse conlrili dispositio, ri it saint Thomas, non lamen de lus lenlundus est. In IV Sent., 1. IV, dist. XVI 1, q. ii, a. 3, sol. 1% ad 4° m. C’est-à-dire, bien que le pénitent doive être disposé à tout soutïrir plutôt que de pécher mortellement, par conséquent même ces douleurs s’il le fallait, il n’est pas à propos de lui présenter ces exemples concrets et qui surexcitent l’imagination : car ce serait peut-être le tenter et lui donner occasion de rétracter le ferme propos général qu’il avait, et qui suffisait. Voilà un acte religieux où il ne faut pas trop « réaliser » , comme dit Newman, et où l’idée abstraite, trop dédaignée aujourd’hui de plusieurs dans la religion, rend beaucoup de services. Cf. S. Bonaventure, In IV Sent., 1. IV, dist. XVI, a. 2, q. i, dans Opéra. Quaracchi, 1889, t. iv, p. 388, où il appelle cette manière d’interroger le pénitent periculuni et slullitia ; S. Alphonse, Theol. moral is, De pœnilentia, n. 433, dans Opéra, Rome, 1909, t. III, p. 431. Or, notre cas de la foi, et a ni semblable a celui-là, doit recevoir la même solution. Et même " fortiori : car après tout, il n’est pas impossible qu’un pénitent soit réellement appelé par la providence a accepter tel sacrifice qui le fait frémir : tandis qu’il est absolument impossible que pour garder la foi on soit jamais mis en demeure de nier un premier principe île la raison, ou une vérité mathématique. La r< olution obligatoire de rejeter tout ce qui peut être en (nii/lil avec la révélation ne s'étend donc point a des conflits chimériques, et nous pouvons conclure avec Scheeben : La fermeté souveraine de la certitude de foi n’exige pas qu’on tienne toute autre certitude pour chancelante, qu’il faille la révoquer en doute, ou être i<mI.i jacriflei.i la foi la certitude rationnelle la plus évidente. Dogmatique, § 16, trad. franc., 1X77, t. i.

p. ' ;

2' opinion. Non seulement elle nie que les fidèles

it obligés a cette résolution particulière et con . mais elle la condamne comme absurde dans ions

h cas et son-, quelque forme, même hypothétique,

qu’elle puisse prendre. Ainsi LugO ne « lit pas seulement

qu’une telle préférence n’est pas exigée des fidèles, m. lis il ajoute : Ce sciait une disposition suite il i lu ne i Ique ; el Il la compare > celle d’un dévot qui pou*i i imoui de Mien |usqu’a être disposé a imn Dieu, si |. n impossible cela loi falsall plaisir. » Dt

sputat. seliolaslicæ, Paris, 1891, t. i, De fide, disp. VII, n. 53, p. 357, 358. Il est suivi par ses disciples, qui appellent cette résolution, même sous forme hypothétique, « un acte imprudent, » Haunold, Theol. spéculative/, Ingolstadt, 1670, 1. III, n. 282, p. 386, une disposition qui n’est « ni nécessaire ni utile. » Kilber, De fide, n. 205, dans Migne, Theologiæ cursus, t. vi.col. 576, 577. Critique. — Cette opinion, en tant qu’elle réfute la première, est parfaitement fondée. Mais, à sa réfutation elle ajoute une exagération. — a) D’abord, la comparaison de Lugo ne semble pas juste. Le dévot qui, pour mieux aimer Dieu, se dirait prêt à le haïr si par impossible cela lui plaisait, ferait un acte absurde, mais pourquoi ? Parce que, la disposition à la haine détruisant directement l’amour, on aurait alors un acte d’amour qui, à force de raffinement, se détruirait luimême, el l’homme en serait conscient. On ne voit pas, dans notre cas, que la tendance énergique à sacrifier à la foi jusqu'à l'évidence la plus irrésistible, si par impossible il y avait conflit, se détruise directement elle-même, et que l’homme doive cire conscient d’une telle destruction quand il fait cet acte. />) Saint

Augustin ne craint pas d’exprimer une semblable disposition d'âme, quand, parlant de la certitude souveraine qu’il a des vérités de la foi. il dit qu’il douterait plutôt de sa propre existence : Facilius dubitarem vivere me. Confess., 1. VII, c. x, P. I… 1. xxxii, ml. 742. Lugo tâche d’expliquer ce texte et de le concilier avec son opinion ; mais son exégèse plus subtile que naturelle est bien réfutée par Ripalda. De fuie, disp. XI, n. 64, dans Opéra, Paris, 1873, t. vii, p. 211. Saint Paul lui-même, pour réagir contre l’inconstance des Galates, les invite à une telle disposition d'âme que, si un ange du ciel venait leur prêcher le contraire de la foi reçue de l’apôtre, ils voudraient rejeter sa doc truie et l’anathématiser, i, 8. « Ce n’est pas, observe Vincent de Lérins, que les anges bienheureux qui sont dans le ciel puissent jamais errer ou pécher ; mais l’apôtre veut dire : « lui supposant nu-nu que l’impo s sible arrive, an a thème à quiconque essaierait de changer la foi transmise et reçue. » Commonitorium, I. c. viii, P. L., t. L, col. 649. — c) Ces vieux coud il ion nels qui partent d’une hypothèse chimérique n’ont rien en eux-mêmes d’absurde ni d’imprudent, et, connue le remarque Ripalda, « ils servent même aux théologiens pour expliquer la force et l’efficacité des actes de la volonté, ("est ainsi que nous exprimons

l’efficacité de la contrition par ce vœu conditionnel.

tombant en réalité sur un objet impossible, d’effacer un passé mauvais, de faire qu’il n’ait pas existe, de faire que le passé ne soit pas le passé, i Loc. cit., n. 66. Et ce n’est pas là une subtilité d'école, puisque la nature même pousse tous les hommes à concevoir et à exprimer ainsi leur repentir : a.le voudrais ne l’avoir pas fait. Oh ! si c'était ; i reluire !, . Hypothèse chiini rique : vous ne pouvez ni retourner en arrière pour recommencer dans le même cadre de circnnstnin choix malheureux que VOUS déplore/ à présent, ni

arracher ce feuillet de l’histoire de votre vie : la taute

d’un instant restera éternellement vraie. Et pourtant

ci i acte de repentir, qui tend vainement a anéanti] le

passé, est 1res lit île dans l’ordre surnaturel pour purifier l'âme des conséquences de ce passe 1 et de ce qu’on

appelle I' « étal de péché, le péché habituel ; et c’est un acte satie et raisonnable, comme l’explique s ; iinl Thomas : Volunlas condilionata… esse potest de (mposttbilibus : '/un etiam sapiens vellel quod impossibile est, si possibile foret, in i Sent., I. IV. dist. XVII, q. n. a. i, soi. 1 1, ; ni :  ; </) Enfin, > cet acte, qui exprime

sous (orme hypothétique un souverain attachement ; i

i.i foi, on ne peut reproche) une tciid.iiio.m Qdéiiræ

.ni Scepticisme qui doute de léi.lence inclue. « Ce

qui ne devrait se faire que dans une h] pothéie Impôt-