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p. 15 ; n. 196, p. 168, 169, etc. Un aulrc exemple, qu’ils donnent, est celui où un infidèle, n’ayant pas encore l’habilus fidei, est arrivé par les motifs de crédibilité à croire les articles de la foi catholique, mais quelque obstacle du côté de la volonté l’empêche de vouloir universellement et sincèrement se soumettre à la foi ; son acte de foi ne serait pas surnaturel. Gentilis edoclus fidem, nolens esse christianus, eum hoc posset credere lolam fidem esse veram, ut Ecclesia tend : constat… quod talis nulla supernaturali gratin adjiilus crederel. Cajetan, In / » " II", q. cix, a. 4 ; dans l'édition léonine de S. Thomas, Rome, 1892, t. vii, p. 298. Cf. Salmanticenses, De gratia, disp. III, n. 43, 44, dans Opéra, Paris, 1878, t. ix, p. 350 ; De fuie, disp. I, n. 201, t. xi, p. 93.

Au milieu de ces opinions, notre auteur est parfaitement dans son droit de blâmer cette théorie « qu’un acte distinct de foi acquise précède toujours temporellement l’acte de foi infuse, » Recherches, 1913, p. 12 ; de blâmer « le dédoublement de la foi vivante en un acte de raison et un acte surnaturel, » p. 30, ou le proCédé qui consiste à « appliquer sur l’acte naturel la dorure du surnaturel, » p. 35, d’autant plus qu’il serait absurde de considérer un acte naturel qui fût ensuite » élevé » , l'élévation ne pouvant tomber que sur une faculté pour lui faire produire un acte essentiellement différent de l’acte naturel, et c’est ainsi que les théologiens cités entendent les choses. Libre à lui de rejeter les conclusions de Cajetan ou des Salmanticenses, de Lugo ou de Kilber, que nous venons de citer. Mais a-t-il la même liberté de rejeter l’existence de tout jugement de crédibilité antérieur à l’acte de foi surnaturel, et de concentrer » tous les jugements de crédibilité dans cet acte ? Ce n’est plus la même question : quoi qu’on pense de la < foi naturelle » , il faut bien admettre, comme nous l’avons montré, à cause de la succession des actes dans l’esprit humain, et des preuVea différentes de chaque préambule de la foi, il faut bien admettre des jugements de crédibilité portant sur tel ou tel préambule isolément, qui ne permettent pas de faire encore aucun acte de foi à la parole de Dieu, ni naturel, ni surnaturel, et qui précèdent l’infusion de la vertu de foi. En supprimant cette préparation de l’acte de /ni par des jugements de crédibilité distincts et successifs, M. Rousselot a contre lui toutes les écoles réunies, thomistes, scotistes, théologiens de la Compagnie de Jésus et tous les autres ; tous depuis des siècles ont admis ces jugements de crédibilité préalables. Un tel accord entre des écoles si facilement divisées est déjà bien remarquable au point de vue purement humain ; mais de plus, un consentement si unanime et si durable a sa valeur au point de vue théologique de la tradition ; n’est-il pas téméraire de l’en écarter pour introduire du nouveau ? Ne laissons donc pas ici la <i notion de foi naturelle » et son histoire nous donner le change. Il s’agit, avant tout, des

nents de crédibilité avant la foi, et il faut les admettre ; si, a les admel lie. on devait arriver logiquement à reconnaître aussi la foi naturelle » , tant mieux pour elle ; unis <<iii conséquence logique n’est pas prouvée, et la foi nature Ile reste une question contro et s. i ondaire, qu’il ne. faut pas substituer à la question décidéi et prin< ipale.

Pour montrer que saint l homas n’a admis ni l’exis tl ru ni l.i possibilité d’une foi naturelle. ce qui est

ible après tout et demanderait une très longue dis< ussion dont nous n’avons pas le loisir, l’auteur cite différents b (tes de lui. Rechen hes, 1913, p. 16-21. Nous ne retiendrons que les deux premiers, parce qu’ils

tOUChent a nie autre question déjà traitée tout a

l’heure, voir col. 240, beaucoup plus Importante que de la foi naturelle. Car on voudrait nous prouver aussi pai ces texb i que la doctrine de saint Tho mas « requiert rigoureusement la grâce (entendez la grâce de Yhabitus fidei, ou du moins une grâce actuelle équivalente qui élève la faculté) soit pour croire, soit pour voir qu’il faut croire. » Loc. cit., p. 25. Pour croire, oui ; pour voir qu’il faut croire, en comprenant là-dedans tous les jugements de crédibilité, tant spéculatifs que pratiques, et chez les infidèles qui se convertissent à la foi aussi bien que chez les fidèles, non, et les textes allégués ne le disent pas. Le premier conclut que, « puisque l’homme, dans son assentiment aux articles de foi, est élevé au-dessus de sa nature, il faut que cela lui vienne d’un principe surnaturel. » Suin. theol, IIa-IIæ , q. vi, a. 1. Il s’agit là de l’assentiment de foi théologale, et non pas des jugements de crédibilité. De même pour le second texte : in fide qua in Dcum credimus… est aliquid quod inclinai ad assensum, el hoc est lumen quoddam, quod est habitus fidei, etc. In Boctium, De Trinitatc, q. ni, a. 1, ad 4° iii, édit. Vives, t. xxviii, p. 508 ; du reste, ce second texte sera expliqué plus bas. Voir la foi vertu surnaturelle, sa certitude particulière. Comme M. Rousselot confond dans un seul acte les jugements préalables sur le fait de la révélation, de l'Église, etc., avec l’acte de foi lui-même, il applique naturellement dans sa pensée, à la perception de la crédibilité, ce que saint Thomas dit de l’assentiment de foi. Mais il ne prouve pas que

! saint Thomas ait fait la même confusion que lui et nous avons le droit, nous, de distinguer, avec tous les théologiens disciples de saint Thomas, ces actes très distincts, et, quand le saint docteur parle de 1' « assentiment de foi, » de ne pas entendre autre chose. En face de ces deux textes qui ont une certaine apparence en sa faveur, M. Rousselot en cite un autre que nous regardons comme très clairement en notre faveur, car il s’agit des démons qui, sans avoir l’habilus fidei ni

I aucune grâce élevant leur faculté, ont la crédibilité suffisante des révélations divines, par exemple, sur leur sort futur, Sum. theol., II « II 1, q. v, a. 2 ; le grand principe métaphysique sur la nécessité d’une « faculté surnaturelle » pour connaître la révélation ne vaut, donc pas ; autrement il devrait s’appliquer partout, même aux démons. L’auteur reconnaît loyalement que ce texte « peut sembler constituer une sérieuse objection à l’interprétation » qu’il propose de la doctrine de saint Thomas. Loc. cit., p. 22. Les efforts qu’il fait pour se concilier ce texte ne semblent pas heureux ; eu fin de compte, il se contente d’afhrmer simplement son principe métaphysique, p. 23, note.' !.

Ainsi, tout au plus pourrait-on dire que la pensé de saint Thomas reste un peu obscure, peut-être hésitante. D’ailleurs, dans ses aperçus souvent très brefs sur un sujet très compliqué, il n’a pas distingué aussi nettement qu’on l’a fait après lui le rôle de la dans la perception première de la crédibilité, et le rôle de la grâce dans la foi ; l’espèce de grâce différente qui peut intervenir pour l’un ou l’autre de ces buts : la nécessité de la grâce plus rigoureuse pour l’un que pour l’autre. Il passe, parfois de l’un à l’autre sans avertir. Ces considérations, a elles seules, suffiraient a nous dispenser d’entrer dans une fastidieuse discus sion de textes, l.t M. Rousselot ne dit-il pas, de son côté, que la théorie du rôle que jouent dans la foi la grâce et les dispositions du Sujet (lie/ saint Thomas lui-même, malgré des points d’attache nombreux. symétriques et très remarquables, est encore trop peu

développée. tel nous sommes d’accord. La différent

vient ensuite, quand il s’agit de développer les brèves Indications du docteur angélique. Quelle méthode suivre ? M. RoUMelot pense que, pour obtenir un

dans i.. 1 1 le de l’acte de foi, il faut puiseï

aux sources de la philosopha praumal iste. nous

lavons vu..lai essayé d’utiliser, ajoute i II en 191. certaines notions pré< leuses que la philosophie mo-