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FLACIUS ILLYRICUS — FLAGELLANTS


est pourtant bien obligé de reconnaître qu’elle offre des obscurités, puisqu’il en signale minutieusement plus de cinquante raisons ; d’où la nécessité cle quelques règles d’interprétation. Parmi ces régies, il en ci’inne quelques-unes d’excellentes ; d’autres sont moins sures : et puis il y a le vice radical du libre examen qui laisse la porte ouverte à toutes les opinions. Il approuve l’interprétation allégorique, quand l’interprétation purement littérale est inacceptable. Mais faute d’une autorité qui soit à même de décider en dernier ressort, c’est livrer le sens de l’Écriture aux caprices de quiconque l’examine et poser un vrai principe d’anarchie intellectuelle et religieuse.

G° Œuvres historiques. — A plusieurs reprises, dans la plupart des ouvrages déjà indiqués, Flacius a fait appel à l’histoire ; il y fait encore appel dans le De translalione imperii romani ad Germanos, Bâle, 1566, pour prouver que la translation de l’empire romain aux Allemands n’a pas été faite par les papes, mais surtout dans les fameuses Centuries. Cet ouvrage, qui devait exercer tant d’influence chez les protestants et devenir le répertoire favori de toutes les polémiques contre l’Église catholique, fut entrepris dans le but de révéler au monde chrétien les origines, les progrès, les complots impies de l’Antéchrist de Rome, de donner les preuves manifestes de tous les forfaits et trafics honteux de l’Église, de montrer qu’aux débuts du christianisme ce n’était pas la doctrine papiste qui avait été enseignée, mais bien la doctrine évangélique. Flacius l’avait divisé en trois périodes : l’Antéchrist caché, l’Antéchri st public, l’Antéchrist dévoilé ; mais il le publia siècle par siècle, d’où le nom de Centuries. Le titre très long est : Ecclesiastica historia… secundum singulas Cenlurias… per aliquot studiosos et pios viros in urbe Magdeburgica. Pas de nom d’auteur ; mais chaque centurie est précédée d’une épître dédicatoire à quelque illustre personnage, duc, prince ou roi, au bas de laquelle se lisent les noms de Flacius Illyricus, Wigand, Judex et Faber pour les quatre premières centuries, ceux de Flacius, Wigand et Judex pour les cinq suivantes, ceux de Flacius, Wigand et Corvinus pour les autres, et ceux de Wigand, Corvinus et Holthuter pour la treizième. Les quatre premières furent composées àMagdebourg ; la cinquième partim in urbe Magdeburgica, partira in Academia lenensi, comme porte le sous-titre ; mais la sixième est dite in exsilio per auctores contexta ; et toutes les autres, à partir de la septième, in ducatu Mcgalopolensium, in civitale Wismaria, dans le duché de Mecklembourg, à Wismar. Mais toutes ont été imprimées à Bâle, de 1559 à 1574.

Cet ouvrage fut essentiellement une œuvre départi où la vérité historique n’est pas respectée, où les accusations les plus injustes et les plus ignobles sont portées contre les papes, notamment Grégoire VII et Alexandre III, où les fables les plus grossières sont enregistrées telles que celle de la papesse Jeanne sur laquelle on revient jusqu’à trois fois. Cent., ix p. 333, 337, 501. S’il put réjouir les protestants, il ne déconcerta pas les catholiques qui relevèrent le gant aussitôt. Un chanoine d’Augsbourg, mort en 1563, Conrad Brun, fut le premier à faire paraître un Liber adversus centurias magdeburgenses, Dillingen, 1561 ; un autre chanoine, Einsengrein de Spire († 1570), voulut répliquer par Cenlenarii xvi continentes descriplionem rerum mirabilium in orthodoxa et apostolica Ecclesia geslarum, adversus novam historiam ecclesiasticam, quam Matthias Flacius Illyricus et ejus collegee Magdeburgici contra vcrumDei cullum… nu per ediderunt ; mais il n’eut le temps que de publier le Cenlenarius i, Ingolstadt, 1566, et le Ccnlenarius ii, Munich, 1568. A son tour Canisius résolut de rétablir la vérité méconnue et travestie dans son Commenta riorum de verbi Dei corruptelis liber primus, in quo de sanctissimi præcursoris Domini Joannis Buptislæ historia evangelica, cum adversus alios hujus temporis seclarios, lum contra novos ecclesiasticæ historiée consarcinalorcs sive Cenluriciloes pcrlractatur, Dillingen, 1572 ; et dans son Commentariorum de verbi Dei corruptelis secundus liber, de Maria Virgule incomparabili et Dei génitrice særosancta, Ingolstadt, 1579 ; un troisième liber, resté manuscrit et conservé aux archives de la province d’Allemagne, traite De Jcsu Christi mundi redemptore et De Petro apostolorum principe. "Voir t. ii, col. 1526, 1527. Mais ce fut à la prière de saint Philippe de Xéri, son supérieur, que Baronius assuma la tâche laborieuse d’écrire l’histoire de l’Église, année par année ; il y consacra trente ans de sa vie et la poussa jusqu’à l’an 1198 ; ses Annales, Rome, 1588-1607, restent, malgré leurs défauts et de l’avis même de certains protestants, tels que Casaubon, une œuvre bien supérieure à celle de Flacius. Quis nescil, écrivait Casaubon, Proleg. ad exercit. ad Baronii Annales, en parlant de Baronius, ut omnibus sua diligenlia palmam precripuerit ?

Sur les accusations provoquées par l’entreprise de Flacius, et qui partirent tout d’abord de Wittenberg, comme nous l’avons déjà dit, voir Salig, Vollstandige Historié der Augsburgischen Confession und derselben zugelhanen Kirchen, Halle, 1730-1735, t. iii, p. 279, 387 ; Preger, Mat. Flacius Illyricus und seine Zcit, Erlangen, 1859-1861, t. ii, p. 431 sq. ; Xurnberger, Die Bonifatius Lileratur der Magdeburger Cenlurialoren, Hanovre, 1885, t. xi, p. 29 sq. ; Niemôller, Mat. Flacius und der Flacianische Geist in den âlteren proleslantischen Kirchenhislorien, dans Zeitschrijt fui hatholisehe Théologie, Inspruck, 1888, t. xii, p. 75-115 ; Janssen, L’Allemagne et la Reforme, trad. franc., Paris, 1887-1899, t. v, p. 349-350.

Menius, Veranlwortlung auf Mallhei Flacii Illyrici gifflige und unwalu-hafflige Verlcumdung und Làsferunj, WUtenb :  ; rg. 1558 ; Ulenberg, Vilee hxresiarcharum Lutheri, Melanchtonis, Majoris, Illgrici, Osiandri aliorumque complectenles ortum, progressum et incrementa, Cologne, 1622 ; Ellies du Pin, Bibliothèque des auteurs séparés de la communion de l’Église romaine du m* et xviie siècle, Paris, 1718, t. n. p. 477-489 ; Ritter, Math. Flacius Illyricus Lcben und Tod, 2e édit., Francfort— sur-le-Mein, 1725 ; Twesten, Math. Flacius Illyricus, Berlin, 1844 ; Dollinger, Die Reformations ihre innere Enlwicklung und ilire Wirkungen im Un/ange des luterischen Bekenntnisses, Ratisbonne, 1846-1848 ; trad. franc., Paris, 1848-1850, t. H, p. 224 sq. ; t. iii, p. 437 sq. ; Preger, Math. Flacius Illyricus and seine Zeil, Erlangen, 18591861 ; Janssen, L’Allemagne et la Réforme, Paris, 1887-1899, t. iii, v, passim ; Kirchenlexikon, t. iv, col. 1527-1532 ; la Realencyclopàdie fiir proteslantische Théologie signale comme sources les manuscrits de Wollenbuttel, Munich, Vienne et Francfort, les t. vin et ix du Corpus reformalorum, Halle 1841, 1842, et Geschichle des Proteslanlismus in Osterreich^ t. XVII, XIX.

G. Bareille.

    1. FLAGELLANTS##


FLAGELLANTS, sectaires qui, du xiiie au xv c siècle, exagérèrent la mortification corporelle en lui attribuant une vertu souveraine, et tombèrent dansplusieurs erreurs de doctrine.

1° La flagellation avait été inscrite par la loi mosaïque, Deut., xxv, 3, au nombre des châtimentscorporels, avec défense toutefois de donner plus dcquarante coups de verge ou de fouet. Elle l’était aussi dans la loi romaine, mais sans limitation dans le nombre des coups. Le Sauveur la subit la nuit de sa passion ; saint Paul reçut cinq fois les trente-neuf coups de verge ; de nombreux martyrs furent flagellésavant d’être mis à mort. Sous une forme plus adoucie, ce genre de pénalité fut introduit dans la vie monastique pour punir certaines transgressions de la règle. Puis, l’esprit de pénitence aidant, dans un but de mortification, pour réprimer les assauts de la chair