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tant qu’il n’a pas la certitude morale des préambules), observe Castropalao, ont, à mon avis, la même valeur, soit qu’il s’agisse de l’article de la mort ou d’un autre temps ; aussi bien, aucun des docteurs que j’ai déjà cités, excepté Sanchez, n’a fait cette distinction, mais ils ont affirmé d’une manière générale que l’infidèle n’est pas tenu de croire les mystères de la foi, tant qu’il n’est pas convaincu de leur crédibilité. » Loc. cit. Castropalao est approuvé en cela par Adam Burghaber, Cenluriae selectorum casuum conscienlise, Fribourgen-Brisgau, 1665, centurie i, n. 60, p. 102. Cardenas s’exprime ainsi : « Si ce moribond, avec le secours de la grâce, n’est pas encore parvenu à la certitude, il est tenu de prier Dieu, pour qu’il éclaire son intelligence et le fasse parvenir à la certitude de la vérité ; et Dieu le lui accordera sans aucun doute, puisque cet homme fait tout ce qu’il peut faire à l’article de la mort, et que Dieu, qui veut sauver tous les hommes, ne refuse jamais sa grâce à celui qui use le mieux qu’il peut des secours qu’il a déjà. » Op. cit. dissert, sur la prop. 21 condamnée par Innocent XI, n. 103, p. 274. Enfin, Lacroix cite ces paroles de Cardenas et les approuve, loc. cil.

Mgr Berardi n’est donc pas exact en disant : « Tous les théologiens sont d’accord que, même à défaut de certitude, (cet infidèle) doit embrasser la religion catholique au moins à l’article de la mort : c’est la doctrine de Sanchez et des autres théologiens. » Praxis confessariorum. 4e édit., Fænza, 1903, t. i, n. 23, 24, p. 16. Cet auteur sent lui-même, du reste, l’impossibilité qu’il y a d’imposer à quelqu’un un assentiment ferme à des dogmes qu’il ne connaît pas avec certitude comme révélés. Aussi a-t-il recours à un expédient qui serait fort commode, s’il était admissible : il n’exige de cet infidèle, en fait d' « acte de foi » , qu’une pieuse volonté de croire à la religion catholique s’il la savait certainement révélée. Loc. cit., n. 25. Mais par là il s'écarte de la question, qui ne roule pas sur cette nolonté de croire, laquelle, surtout pour l’infidèle dont nous parlons, ne fait aucune difficulté, puisqu’il est en marche vers la foi ; mais qui roule sur 1' « acte de foi » tel que l'Église l’entend, consistant essentiellement dans un assentiment intellectuel et très ferme à la vérité révélée. Voir col. 82. En supposant que la volonté de croire peut suppléer, pour le salut, à cet assentiment intellectuel, en d’autres termes, que l’acte de foi proprement dit n’est pas absolument nécessaire en lui-même, mais seulement in volo, Mgr Berardi contredit la doctrine commune des théologiens qu’il invoquait tout à l’heure. Voir, à la fin de cet article, nécessité de la foi. Enfin, il cite à tort pour sa théorie le cardinal de Lugo, qui nie expressément qu’un adulte puisse être sauvé par le seul vœu de la foi, sans l’acte de foi proprement dit. De fide, <lisl. XI I, n. 5, 11, dans Dtsputationes scholast, et morales, Paris, 1891, t. i, ]). 485, 189. Mar Berardi cite Lugo dans un autre endroit OÙ il ne traite pas de la nécessité de la foi pour le salut des infidèles, ce qui est la question, mais d’un Mitre point bien plus douteux, la nécessité de la foi pour le mérite dans chaque nie méritoire du juste. Et dans la phrase qu’il cite : apud Patres roliintntirn credendi cum ipsa fide compulari, op. cit., n. 23, p. 195, LugO ne veut pas dire que d’après les l’eres la volonté de croire peut remplacer l’acte <l<' foi lui-même pour le salut, mais simplement que la volonté de croire est comptée par li Pères comme faisant un avec l’acte < ! < foi lui-mime, comme lui appartenant. Mais de ce que l’on peut considérer celle volonté préalable comme le commencement de l’acte de toi. il ne s’ensuit pas que ce commencement puisse remplacer i' omme

coud il ion de lalut ; en tout cas, Lugo ne le « lit pas, et plus haut il a dit le contraire.

La certitude, sis éléments, sis espèces ; l'évidence.

— La très difficile question de la certitude et de l'évidence est tellement liée à celle de la foi, elle est si incomplètement traitée, en général, par nos manuels de philosophie, faute d’avoir consulté les remarquables discussions qu’en ont faites les théologiens en traitant de la foi, que nous ne pouvons nous dispenser, avant d’aller plus loin, d'établir ici quelques principes dont nous avons et nous aurons ailleurs le plus grand besoin dans nos explications théologiques.

1. Éléments essentiels de la certitude.

Nous en distinguons deux : la fermeté et l’infaillibilité. — a) Fermeté. — Nous avons déjà explique ce concept avec tous les théologiens : le jugement ferme s’oppose soit au simple doute, où l’esprit reste en suspens, soit à l’opinion, où l’affirmation est mêlée de doute ou de crainte. Voir col. 88 sq. — b) Infaillibilité. — - Plusieurs auteurs, dans leur : - définitions de la certitude, laissent penser que tout est dans le premier élément, la fermeté, que saint Thomas appelle aussi « détermination de l’intelligence dans un sens, d’un seul côté, » determinatio ad unum. Cela est vrai, si l’on prend le mot « certitude » assez largement, assez vaguement, pour qu’il puisse renfermer la certitude légitime et la certitude illégitime ; la certitude des sages et celle des fanatiques également déterminées ad unum ; la certitude qui perfectionne l’esprit et celle qui le déforme, n'étant qu’un entêtement produit par la passion ou par un coup imprudent de la volonté. Voir Croyance, t. iii, col. 2378, 2379. Mais, au sens propre et philosophique, le mot « certitude » ne se prend qu’en bonne part, il désigne une perfection de la connaissance. Or, il n’y a aucune perfection de la connaissance à adhérer à une proposition, si c’est une erreur ; plus vous y adhérez fortement, plus vous vous éloignez du but de la connaissance, qui est la vérité. La vraie certitude doit donc renfermer deux éléments : elle ne doit pas seulement déterminer l’intelligence ad unum, mais encore ad verum. Schceben, Dogmatique, trad. franc., 1877, t. i, p. 536. En d’autres termes, elle doit exclure de notre affirmation, non pas seulement la crainte de l’erreur, mais le danger même d’errer, ce qui n’est pas la même chose : l’autruche, en se cachant la tête pour ne pas voir le péril qui la menace, si elle supprime la crainte du danger, ne supprime pas le danger. La vraie certitude doit donc rendre impossible le doute, ou crainte d’errer, et l’erreur : le premier élément est appelé par plusieurs théologiens indulnlabilitas, le doute étant impossible au moins à l’instant où l’on est certain, car un doute imprudent n’est pas rendu impossible à jamais ; le second est appelé infaïlibilitas ; ainsi dans Kilber, De fuie, n. 198, Migne, Theologix cursus, t. vi, col. 570 ; Mazzella, De virtutibus infusis, 6e édit., prop. xxiii, p. 3ns ; le cardinal Billot, De virtutibus infusis, thés, xviii, p. 319. Dans l'école scotistc, nous trouvons la même notion de la certitude avec ses deux éléments : Certitudo cognitionts nilul aliud est quam flrmitas et infaïlibilitas ipsius assensus. Frassen, De gratin, dist. III, a..'i, q. ni, Scotus açademicus, nouv. édit., Rome, I901, t.vni, p. 370. On pourrait objecter que saint Thomas semble ne reconnaître qu’un élément à la certitude proprement dite : Certitudo nilul iiliml est quam determinatio intelleclus ad unum. In IV Sent., 1. III. dist. XX III. q. m. a. 2, sol. 3 a ; certitudo proprie dicitur flrmitas adhseslonis virtutis cognoscilivs ml suum cognoscibile, dist. XXVI, q. ii, a. !. Mais quand le salnl docteur parle dune

chose en passant, il n’en donne pas loujours la défini

imn complète ; parfois il s’arrête a un seul élément, parce qu’il suffit au but présent qu’il poursuit. Ail leurs, il laisse entendre que V infaillibilité appartient .i la certitude. Snm. thmi.. ie. q, iii, ., . 2, ad

IPII', ([. XVIII, a. I. Aussi de lidcles ilisnples de

samt Thomas, que nous avons cités, ne craignent pas