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nolilia revelationis, et que l’on cherche dans quelles conditions le premier tient debout (stal), est compatible avec le second. Et comme nous savons par ailleurs qu’un jugement sur le fait de la révélation doit nécessairement précéder l’acte de foi, nous voyons que le point dont il s’agit ici, c’est de savoir si ce jugement, pour donner lieu à la foi, peut être seulement probable, peut être mêlé de doute, de crainte (formido). Le pontife, par sa condamnation, prononce que ce jugement préalable doit être plus que probable, donc doit être certain. Cf. Laurent Pisani, O. P., Gedeonis gladius propositioncs a SS. D. N. Innoccnlio XI damnalas angelici doctoris ope penilus profligans, Palcrme, 1683, p. 117, 118 ; Jean de Cardenas, S. J., Crisis théologien… ex régula morum posila a SS. D. N. Innocenlio XI, etc., 5e édit., Venise, 1700, p. 258 sq. ; Viva, S. J., Damnalse thèses ab Alexandro VII, Innocenlio XI, etc., 10<= édit., Padoue, 1723, p. 230 sq. Mais, demandera-t-on, qu’ajoute dans la proposition le second membre de phrase, imo cum formidine, etc.? — Réponse. — Il précise les mots notifia probabilis. Les théologiens ont parfois rangé, dans la « connaissance probable » , un jugement dont les motifs estimés selon leur valeur probante par un connaisseur, ne dépassent pas la probabilité, lors même que nul doute ne se produit actuellement dans l’esprit de celui qui juge sous l’influence de ces motifs, comme il arrive aux esprits peu exigeants en fait de preuves. Il y a alors du doute en puissance, à l'état potentiel, mais non pas en acte. Par ces mots imo cum formidine, l’auteur de la proposition a voulu affirmer que non seulement alors, mais même s’il y a doute actuel dans ce jugement sur le fait de la révélation, on peut encore faire l’acte de foi sur cet objet douteusement révélé. C’est là qu’est le point nettement condamnable : aussi nous souscrivons volontiers à cette interprétation modérée de la condamnation, que pour la mériter il faut affirmer à la fois les deux membres de la proposition, parce qu’elle est complexe et copulative ; les deux membres, ne tendant qu'à une seule allirmation précise, sont inséparables, et le second fait corps avec le premier dans la condamnation. Ce serait donc exagérer la sévérité de la condamnation que de la faire tomber aussi sur ces très nombreux théologiens qui, traitant du jugement préalable sur la révélation tel qu’il se passe chez les enfants et les ignorants, ont admis (nous le verrons) qu’il peut reposer sur des preuves seulement probables aux yeux d’un connaisseur, pourvu qu’alors chez ces ignorants la conviction du fait de la révélation soit ferme, ce qui arrive facilement, soit parce qu’ils sont naturellement peu difficiles en fait de preuves, soit à cause de suppléances surnaturelles. Voir Crédibilité, t. iii, col. 2233. <.f. Cardenas, loc. cit., n. 33-38, p. 263, 204. D’autrepart, sous prétexte de proposition copulative, il serait illégitime de réduire ce document ecclésiastique à dire ceci seulement, que l’acte de foi lui-même (quoi qu’il en soit des jugements préalables) doit être ferme, et ne peut renfermer aucun doute sur son objet et son motif. Une pareille interprétation n’est pas fondée : nous avons montré par l’analyse du premier membre que dans cette proposition il n’est pas question de MTOir si l’acte de foi est lui-même un jugement probable ri douteux, mais s’il est compatible avec un lient préalable qui ne constaterait le fait de la lation qu’avec probabilité et doute. Et il faut tenir compte de cei le analyse du premier membre pour bien entendre le second : autrement, pourquoi le premier aurait-il été inséré flans la condamnation ? Du , cette interprétation fait faire a l'Église une condamnation très inutile : aucun théologien, aucun héréUque même, n’attaquall alors la fermeté de l’acte de foi, pris indépendamment des jugements qui le con DICT. llF Tlll o|. r ATII.

ditionnent ; Innocent XI, dans ce décret, se proposait de condamner les erreurs réellement existantes de quelques théologiens laxistes ; et s’il avait voulu simplement affirmer en lui-même le dogme bien connu de la fermeté de la foi, il pouvait le dire beaucoup plus simplement qu’en condamnant cette proposition 21 e. Enfin, les théologiens ont tous rapporté cette condamnation, quand elle a paru, à la question des jugements préalables ; et aucun n’a, depuis, osé défendre que ces jugements puissent être seulement probables ou douteux (du moins si l’on tient à l'écart la question particulière de ces jugements chez les simples). Mazzella s’appuie sur ce dernier fait et remarque que « l’observation de la loi est un excellent interprète de la loi elle-même. "De virtutibus infusis, Rome, 1879, n. 810, p. 421, 422 ; 6e édit., Naples, 1909, n. 742, p. 376.

Quant à la 19e des propositions condamnées par Innocent XI : Volunlas non potest efficere, etc., elle ne regarde pas l’action de la volonté sur les jugements qui précèdent la foi, mais sur l’acte de foi lui-même, comme il y est dit clairement : aussi est-elle en dehors de la question présente et sera-t-elle expliquée plus tard.

b) Pie X a condamné, sous forme de décret du SaintOffice, la proposition suivante, 25e parmi les erreurs des modernistes :

Assensus fidei ultimo L’assentiment de foi se

innititur in congerie probafonde en définitive sur un

bilitatum. Décret Lamentaamas de probabilités. bflt, Denzinger, n. 2025.

Les modernistes supposent que les preuves philosophiques les plus fortes pour l’existence de Dieu^et ses perfections, etles motifs de crédibilité les plus forts pour la divinité de la religion chrétienne et catholique, soit pris séparément, soit pris dans leur ensemble, ne peuvent fournir un argument certain, même à l’intelligence qui les pénètre le mieux. En effet, ils méprisent tout ce que peuvent fournir la philosophie scolastique et l’apologétique traditionnelle ; et quant à leur nouvelle apologétique fondée exclusivement sur l’immanence, s’ils lui reconnaissent une pleine valeur subjective pour satisfaire l’individu qui l’emploie, ils n’y cherchent pas des preuves rationnelles, communicableo à d’autres esprits et capables de donner à d’autres la certitude. Aussi l’encyclique Pascendi leur reprcche-t-elle de détruire, par leur agnosticisme et leur subjectivisme, soit la « théologie naturelle » ou théodicée, qui fournit à la foi chrétienne certains préambules comme nous l’avons vii, soit aussi « les motifs de crédibilité » qui prouvent le fait de la révélation. Denzinger, n. 2072. De là, chez eux, mépris de 1' « assentiment de foi » lui-même, c’est-à-dire de la foi intellectuelle à des dogmes ; ils se réfugient dans la foi-sentiment, qui n’a pas besoin de toutes ces preuves préalables dont nous parlons. Contre eux, l'Église prend la défense de l’assentiment de foi tel qu’elle l’entend, et des préambules ou vérités philosophiques et historiques sur lesquels il s’appuie. Ces vérités ne sont pas de simples probabilités >. elles peuvent apparaître avec une vraie certitude au moyen des preuves de notre philosophie et de notre apologétique ; les fondements de la fol peuvent être démontrés par la raison et, du moins cbez ceux qui comprennent ces démonstrations, produire les jugements fermes que la foi présuppose. Ce document ecclésiastique confirme donc la thèse commune que nous défendons.

a. Explication fausse de cette condamnation ; Newmon est-il vite ?— Ainsi, la brève condamnation de cette proposition 25 parmi lis autres erreurs des

modernistes a été ensuite clairement expliquée par

VI. - :