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humant la fumée de l’holocauste, y prenant plaisir. Gen., viii, 21. Parfois, on voit Dieu monter dans la flamme du sacrifice et disparaître avec la langue de feu qui s’élève de l’autel. Jud., xiii, 15 sq. C’est peut-être parce que Dieu apparaissait comme un feu dévorant et un Dieu de foudre, qu’on craignait de mourir si l’on venait à le voir ou à s’approcher de lui. Exod., iii, G ; xix, 12 ; xxiv, 2 ; Jud., vii, 22 ; xiii, 22. Sa lumière est si vive qu’on n’osait pas regarder sa face, Exod., xxxiii, 20-23 ; Is., vi, 2 ; III Reg., xix, 13 ; et que ceux qui, comme Moïse, avaient vu seulement une partie de sa gloire, en gardaient un reflet qui éblouissait les autres mortels. Exod., xxxiv, 29, 35. C’est surtout à l’époque sinaïtique que se multiplie ce genre d’apparitions, toutes qualifiées de gloire de Dieu. Le Dieu du Sinaï est un Dieu de foudre. Les théophanies se font dans l’orage au milieu des vives et fulgurantes clartés de l’éclair. La première fois qu’il apparaît à Moïse, c’est sous la forme d’un feu. Exod., iii, 1 sq. Quand Moïse voulut le voir, Dieu la prit, le plaça dans un trou de rocher, où il le fit tenir debout, le couvrit de sa large main ouverte et passa ; il retira alors sa main, si bien que Moïse le vit par derrière. Exod., xxxiii, 18-23. D’autre fois, la gloire de Dieu produisait l’éblouissement de l’azur. Un joui-Moïse, Aaron et les principaux d’Israël gravirent la montagne et virent Dieu. Sous ses pieds, c’était comme un dallage de saphir, comme l’éclat du ciel même. Exod., xxiv, 1, 2. 9-11, Dans la marche des Israélites à travers le désert, .lahvé accompagne son peuple sous la forme d’une colonne, sombre pendant le jour, comme la colonne de fumée des caravanes, lumineuse pendant la nuit, comme les falots enflammés qui servent de signe de ralliement aux tribus qui voyagent de nuit dans ces immensités. Exod., xiii, 21 ; cf. xxxiii, 9. A plusieurs reprises, durant ce voyage, la gloire de Dieu apparut pour réprimer les murmures du peuple et punir ses rébellions. Exod., xvi, 7-10 ; Num., xiv, 10 ; xvi, 19-42. Après la construction du tabernacle, Jahvé, ou plutôt sa gloire, siège sur l’arche, entre les ailes des deux chérubins, formant socle et lui servant de trône. I Reg., iv, 4 ; II Reg., vi, 2 ; Ps. lxxix, 2 ; xcviii, 1. Au temps des juges, Jahvé se révèle de préférence par une sorte de double qu’on appelle le male’âk Jahvé, sans doute l’ange chargé de porter ses ordres. Souvent il est difficile de savoir si ce male’âk se distingue de Jahvé lui-même. Voir vision de Manuel. Jud., xiii. Le male’âk Jahvé, en tous cas, était alors l’agent divin, toutes les fois que Dieu entrait en rapport avec l’homme. Ce mode de révélation n’était pas tout à fait nouveau et s’élait produit, mais plus rarement peut-être, au temps des patriarches. Gen., xxii, 15-18. A partir de la construction du temple par Salomon, Jahvé est dit demeurer dans le debir, assis entre les ailes des anciens chérubins de l’arche : là siégeait, dans une ombre mystérieuse, la gloire de Jahvé ; une nuée permanente remplissait le sanctuaire et rappelait ceDe du tabernacle. Lev., xvi, 2. Jahvé résidait là ; aucun œil humain ne le voyait. Plus tard, il ne fut permis qu’au grand-prêtre d’entrer dans le debir, une fois l’an. Les prophètes, dans le récit de leurs visions, décrivent la gloire de Dieu, telle qu’elle leur est apparue, avec un appareil d’images à peu près le même : lumière éclatante, gerbes de flammes, chars de feu, nuées, orages, éclairs. Isaïe et Ézéchiel surtout fournissent ces descriptions : qu’on relise, par exemple, la vision inaugurale d’Isaïe, vi, ?, , et celle de l’annonce du jugement, ii, 10-21. Une mise en scène analogue se retrouve dans la première vision d’Lzéchiel, i, 28 ; iii, 23. La gloire de Dieu s’y présente, sur les bords du fleuve Chobar, avec l’éclat de l’arc-en-ciel. Le prophète la vit ensuite se diriger vers le temple sous forme de nuée, viii, 4 ; x, 4, 18. Plus tard, il en reparle à propos des plans de restauration du nouveau temple : la gloire de Dieu s’avance du levant et elle entre par la porte orientale pour remplir tout l’édifice de sa splendeur, xliii, 45. Aggée fait à peu près la même prédiction, ii, 8. De là, chez les juifs, les expressions classiques : le temple de la gloire, Dan., iii, 53 ; la gloire du temple. Esther, xiv, 9. Un des derniers chapitres d’Isaïe, îx, 1, 2, prédit enfin que la gloire de Dieu se lèvera sur Jérusalem restaurée. Le livre des Psaumes et l’Ecclésiastique comptent aussi parmi les livres de l’Ancien Testament où l’expression gloire de Dieu se retrouve le plus grand nombre de fois, mais, la plupart du temps, avec le sens dérivé, par exemple, quand ils exhortent toutes les créatures à louer Dieu, à l’honorer, à le remercier, Ps. xxviii, 2, 9 ; lxvii, 35 ; lxx, 8 ; xcv, 3, 8 ; ciii, 31, etc. ; quand ils parlent de la gloire des saints, reflet et participation de celle de Dieu, Ps. xx, 6 ; lxxxiii, 12 ; cxlix, 5 ; Eccl., xlv, 2, 8 ; li, 23 ; ou quand ils montrent, dans les perfections des créatures, un effet et une image de lagloiremêmedeDieu.Ps. viii, 6 ; xviii, 1, 2 ; cvii, 6.

Dans la théologie juive poslexilienne.


On sait qu’à partir de l’exil, la notion de Dieu revêtit, dans les targums et, plus tard, dans l’enseignement oral des rabbins, un caractère plus prononcé de transcen dance et de spiritualisation. Dieu n’a plus les formes et les passions humaines. A Alexandrie d’abord, en Palestine ensuite, on aime à se représenter en Dieu un être transcendant, vivant au-dessus du monde, agissant du haut du ciel, inaccessible à l’œil humain. Chez Philon, ce mouvement aboutit à son point extrême et vient remplacer, par d’ingénieux sens allégoriques, ce que les anthropomorphismes et les théophanies avaient de choquant pour des esprits grecs, habitués au spiritualisme de Platon ou d’Aristote. La version des Septante porte elle-même des traces évidentes et nombreuses de ce soin à faire disparaître ou à atténuer le plus possible, dans le texte sacré, les théophanies et les images anthropomorphiques. La même préoccupation se fait jour dans les targums d’Onkelos et de Jonathan. Un des procédés auquel on eut recours, pour adoucir ce que les apparitions sensibles et les révélations de Jahvé avaient de trop matériel, fut de transformer en sortes d’hypostases, plus ou moins distinctes de Dieu, certains de ses al tributs qu’on détachait du Dieu inaccessible pour remplir, auprès des hommes, certaines missions. On personnifia ainsi, tour à tour, la Sagesse, la Parole, l’Esprit, la Demeure, enfin, la Gloire et la Splendeur de Dieu. Eux seuls étaient censés être entrés en contact direct avec le monde extérieur. Parmi tous ces représentants de la divinité, la gloire de Dieu fut un de ceux dont le rôle eut le plus d’action : c’est, en effet, un de ceux dont le nom revenait le plus souvent dans les théophanies. Seulement, les targumistes se mirent à l’appeler d’un nouveau nom ; ils créèrent, à cet effet, une expression araméenne : la gloire de Dieu, ou plutôt sa présence, fut désignée par le mot Sekînâh, tiré du verbe sâkan, habiter, sans doute en raison des nombreux textes de l’Ancien Testament, qui faisaient résider la gloire de Jahvé dans le temple, et qui, dans l’hébreu, repèrent chaque fois le mol Sâkan. Cf. Exod., xxv, 8 ; xxix, 45 ; Num., v, 3 ; Ps. lxxiv, 2, etc. Cependant on ne susbtitua pas purement et simplement le mot sekînâh au mol kâbôd ; ce dernier, à part une exception, Zæh., il, 9, servit encore à désigner l’éclat de la présence divine. Les targumistes, en effet, se mirent à distinguer ht majesté de Dieu d’avec la lumière éblouissante qui l’accompagne ; la première s’appela sekînâh ; la seconde retint le nom primitif de kâbôd. Cf. Buxtorf, Lexicon chald. talmud., au mot Sekînâh. Les targums abondent en interprétations de ce genre. Ainsi, à propos du passage si connu, Is., lx, 2, là où l’hébreu lit : le