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GLANVILLE -- GLAS


terre, et la citation est exacte. En 1286, l’université de Paris fixait les prix de location de certains manuels ; un de ceux-ci est le De proprietatibus rcrum. Il serait facile de multiplier les preuves, mais à quoi bon ? On a de la peine à s’expliquer l’erreur de Wadding, car à la date de 1231 il mentionne dans ses Annales ce frère Barthélémy Anglais, qui arrivait comme lecteur à Magdebourg, où il était envoyé par Jean Parcnti, ministre général. Est-ce avant ou après son leclorat en Allemagne que Barthélémy expliqua toute la Bible à Paris, tolum Biblium cwsorie Parisius legil, comme écrit le même Salimbene ? Nous croyons que ce fut à son retour, car au bout de quelques années il dut revenir dans la province de France à laquelle il appartenait, ainsi que nous l’apprend l’auteur des Conformités : qui librum edidit De proprietatibus rerum de provincia Francise fuit. Pierre Bidolfî de Tossignano l’appelle Burgundus sive Anglicus et Sbaraglia a relevé cette appellation de Bwgundia, sur un manuscrit aujourd’hui disparu de la bibliothèque du sacré couvent d’Assise ; toutefois il fait remarquer que ce n'était qu’une addition postérieure. Léopold Delisle a voulu qu’il fût français, mais sans apporter de preuves suffisantes, car Barthélémy ne fut pas le seul Anglais entré chez les mineurs à Paris. Barthélémy d’Angleterre écrivit donc un Opus, dit aussi traclatus, snmma, de proprietatibus rerum ; et cet ouvrage, remarquait judicieusement Salimbene, était divisé en dix-neuf livres, quem ctiam tractation in XIX libellas divisil. Notre auteur est donc par le fait le premier grand encyclopédiste du moyen âge, car il parcourt en entier le domaine scientifique de son temps. « Dieu, les anges ; l'âme raisonnable ; la substance corporelle ; le corps humain et ses parties ; les différents âges de la vie ; les maladies et les poisons ; le monde et les corps célestes ; le temps et ses divisions : 1a matière et la l’orme ; l’air ; les oiseaux ; leurs genres et leurs espèces ; l’eau, son utilité et ses habitants ; la terre et ses parties ; la géographie des différentes provinces : les pierres et les métaux ; les herbes et les plantes ; les animaux ; les accidents : couleur, goût, etc., tels sont les titres des dix-neuf livres de cette encyclopédie Comme on le voit, c’est surtout la physiographie qui en fait le fond ; les questions géographiques y sont traitées de main de maître, et sur ce point, on peut aujourd’hui encore consulter avantageusement le De proprietatibus rerum » (Felder). Il ne faut donc pas s'étonner de la grande dillusion que l'œuvre de Barthélémy eut au moyen àge : on en trouve des exemplaires dans presque toutes les grandes bibliothèques, et la Nationale de Paris en possède à elle seule dix-huit exemplaires. Elle fut aussi un des premiers ouvrages que l’on imprima et les éditions incunables sont trop nombreuses pour être mentionnées ; la première semble être celle de Cologne, vers 1473 ; viennent ensuite celles de Lyon. 1480 et 1482, de Strasbourg, 1485, etc. De bonne heure le De proprietatibus rerum fut traduit en diverses langues : frère Jehan Corbichon, de l’ordre de saint Augustin, l’avait « translaté de latin en françois l’an de grâce Mil CCCLXXII parle commandement de très puissant et noble prince Charles le Quint. » Philippe le Hardi. duc de Bourgogne, payait quatre cents écus d’or un exemplaire de celle traduction, aujourd’hui à la bibliollièque de Bruxelles. J.e propriétaire des choses fut imprimé à Lyon dès 1482 et réimprimé plusieurs fois. Citons encore la traduction flamande, Boeck van dru proprieteyten dtr dingken, Harlem, 1485 ; la traduction espagnole, El libro de las propriedades de las cosas, transladado par jraij Yiccnte de Burgos, Toulouse, 1494 ; une traduction anglaise par Jean Trevisa, imprimée a Londres avant la fin du xe siècle. Le livre De rcrum accidentibus, que quelques bibliographes ont mentionné à part, est le dix-neuvième du précédent ouvrage.

Un autre livre, De proprietatibus apum, que l’on a indiqué comme de Barthélémy, est, d’après Sbaraglia, de Thomas de Cantimpré. On cite encore parmi les ouvrages de Barthélémy des Allegorise Veteris et Xovi Testamenti, que Wadding croit reconnaître dans les Allegoriiv simul et tropologise in ulrumque Testamentum, Paris, 1574. Cette édition n’est que la reproduction, si même elle en diffère autrement que par la feuille du titre, de celle que donnait en 1550 le chartreux Godefroid Tilman, qui la publiait comme la seconde de ce livre, paru près de trente ans auparavant chez Josse Bade. Il y ajouta les Allegorise Psalmorum d’Othmar Luscinus, ce qui a fait attribuer l’ouvrage entier à ce dernier par Lelong. Les Allegorise imprimées sont-elles de Barthélémy d’Angleterre ? Nous en doutons très fort, car leur auteur fait des emprunts à des écrivains postérieurs en date à Barthélémy, par exemple, il cite un Guillaume « de Cailloe » , que nous croyons être Guillaume de Cayeux, qui vivait à la fin du xiv c siècle, et un Pierre de Ravenne, qui pourrait bien être celui qui écrivait un siècle plus tard. Tilman considérait ce livre comme un ouvrage récent. Peut-être l’ouvrage authentique de Barthélémy se retrouverait-il dans le manuscrit 148 de la bibliothèque communale d’Assise, jadis du sacré couvent, où se trouve un traité intitulé : Allegorise Veteris et Xovi Testament/' ; toutefois V Incipil qu’en donne Sbaraglia nous en fait douter. Quant aux Sermones, Postillæ, Chronicon de sànctis, etc., qu’on attribue encore à Barthélémy, les indications sont trop sommaires pour permettre un jugement. Enfin le livre Contra Laurentium Vallam, que Wadding inscrit encore sous son nom, ne peut être ni du vrai Barthélémy d’Angleterre, ni du problématique Barthélémy de Glan ville, qui aurait vécu en 13(50, car Valla lui est de cent ans postérieur. Il fut écrit par un autre Barthélémy Fado de Gènes. Le vrai et authentique Bartholomseus Anglicus ne serait-il l’auteur que du Propriétaire des choses, cela suffit à sa mémoire, car cela lui a valu le titre honorifique de Magister de propricledibus.

Wadding, Annales minorant, an. 1231 et 1367 ; Scriptores ord. minorant, Rome, 1650 ; Sbaraglia, Supplementum el castigalio ad scriptores ord. min., Rome, 1807 ; nouv. édit., Rome, 1908 ; Hilarin Felder de Lucernc, Histoire des études dans l’ordre de S. François, Paris, 1908, p. 259-286 ; L. Delisle, Histoire littéraire de la France, Paris, 1888, t. xxx, p. 352 ; Servais Dirks, Histoire littéraire et bibliographique des Irèrcs mineurs de l’observance en Belgique, Anvers, 1886, p. 29 ; Pierre Ridolfi de Tossignano, Ilistoriarum seraphicx religionis libri 1res, Venise, 1536, col. 311 ; Leto Alessandri, Inventario delV antica bibliolheca del S. convenlo di Assisi, compilalo nel 1381, Assise, 1906.

P. Edouard d’Alençon.

    1. GLAS Jean##


GLAS Jean, sectaire écossais († 1773), naquit en 1695 dans le comté de Fifeshire, et exerça quelque temps le ministère dans une paroisse presbytérienne. Il forma parmi ses paroissiens une sorte de confrérie dont les membres se réunissaient pour célébrer la cène une fois par mois. Ce fut probablement dans ces réunions qu’il exposa des principes sur la constitution de l'Église qui le firent déposer du ministère par l’assemblée générale des presbytériens, en 1730. D’après lui, chaque Église particulière était indépendante et pouvait se gouverner à sa guise ; il niait en particulier que l'État eût aucun droit de se mêler des affaires de l'Église. Sa doctrine théologique était une sorte de calvinisme. Il établit à Dundee une Église séparée, dont les membres se faisaient remarquer par des pratiques spéciales. Leur principal acte de culle était la cène, qu’ils célébraient tous les dimanches, et ils s’appliquaient à reproduire ce qui se faisait aux temps apostoliques. Ils célébraient des agapes, et avaient le baiser de paix : ils s’abstenaient de sang et de la chair des animaux étouffés ; ils pratiquaient autant que possible la communauté des biens. Glas mourut