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HIPPOLYTE (SAINT


enterré dans la catacombe de Calliste ; Hippolytc, dans une crypte de la voie Tiburtine. C’est là que ses admirateurs lui élevèrent la statue découverte au xvie siècle. C’est là aussi que, vingt ans plus tard, fut enterré le diacre Laurent. La proximité des deux tombeaux facilitera plus tard la confusion des souvenirs, à une époque où avait complètement disparu des esprits la grande mémoire de l’illustre docteur romain.

Sur le personnage d’Hippolyte tous les travaux antérieurs à 1851 sont à négliger complètement. Les études les plus importantes sur le sujet sont les suivantes : I. Dôllinger, Hippolylus wid Kallistus oder die Rômische Kirche in der ersten Hàlfle des III Jahrhunderts, Ratisbonne, 1853 ; H. Chr. Wordsworth, St. Hippolytus and the Church of Rome in the early part of the n/century, Londres, 1853 et 1880 ; F. C. Overbeck, Quæstionum Hippolylearum spécimen, Iéna, 1864 ; Cruice, Études sur de nouveaux documents historiques empruntés à l’ouvrage récemment découvert des Philosophumena, Paris, 1853 ; Histoire de l’Église de Rome sous les pontificats de Victor, de Zéphyrin et de Calliste, Paris, 1856.

La question est rouverte par De Rossi, nombreux articles dans le Bullellino di archeologia christiana, dont on retrouvera le relevé exact dans Lightfoot, p. 308. Contre les vues émises par De Rossi, Funk, Zur Ilippolytusfrage, dans Historisch-polilische Blàtter, 1882, t. lxxxix, p. 889-896 ; pour De Rossi, Allard, Les dernières persécutions du III’siècle, 2e édit., Paris, 1898, p. 369-377.

Un résumé très complet de la question d’Hippolyte dans Lightfoot, The apostolic Fathers, part. I, Londres, 1890, t. ii, p. 316-477 ; Lightfoot reste encore hésitant sur le personnage d’Hippolyte. Les dernières hésitations sont levées par G. Ficker, Studien zur Hippolylirage, Leipzig, 1893, et surtout par H. Achelis, Hippolytstudien, Leipzig, 1897, dans Texte und Untersuchungen, t. xvi, fasc. 4. Une bonne reconstitution de la vie d’Hippolyte dans Duchesne, Histoire ancienne de V Église, t. i, p. 292-323.

II. Ses œuvres. — En s’aidant des catalogues fournis par Eusèbe, saint Jérôme, Ebed-Jésu et Nicéphore Calliste, en contrôlant ces listes par les données de l’inscription mutilée de la statue, en ajoutant les références éparses dans l’ancienne littérature chrétienne, tant grecque et latine qu’orientale, on arrive non sans peine à un inventaire à peu près complet des œuvres d’Hippolyte. Mais la chronologie de cet ensemble d’ouvrages est encore loin d’être arrêtée. Voir un inventaire et un classement chronologique dans A. d’Alès, La théologie de saint Hippolyte, Paris, 1906, p. xlvii sq. A défaut de l’ordre chronologique, irréalisable, on adoptera ici l’ordre logique.

Éditions d’ensemble. — La première fut donnée par J.-A. Fabricius, S. Hippolyti episcopi et martyris opéra grœce et latine, Hambourg, 1716, t. i ; 1718, t. n ; Gallandi, Bibliotheca veterum Patrum, Venise, 1766, t. n ; P. G., t. x, reproduit, partiellement, Fabricius ; P. A. de Lagarde, Hippolyti romani qux (eruntur omnia græce, Leipzig et Londres, 1858, édition faite un peu hâtivement comme de Lagarde l’a reconnu lui-même. Il l’a complétée dans les Analecta syriaca, Leipzig et Londres, 1858, p. 73-91, et dans Ad analecta sua appendix, p. 24-28 ; collection de textes orientaux dans Pitra, Analecta sacra, Paris, 1883, t. iv (par Paulin Martin). L’Académie des sciences de Berlin a commencé la publication des œuvres d’Hippolyte, dans Die Griechischen christlichen Schri/tstcller der ersten drei Jahrhunderte ; nous la désignerons par le mot édition de Berlin.

1° Œuvres de polémique. — 1. Philosophoumena, titre incorrect et qu’il faudrait remplacer par celui de Kaxà Ttauûv aipéastuv eXe-p/o ;, réfutation de toutes les hérésies. Ce livre n’a pas d’attestation en dehors de Photius, qui le nomme le Labyrinthe, et l’attribue, par simple conjecture, au prêtre ( ?) Caius. Nous avons dit plus haut les circonstances de sa publication. On admet d’ordinaire que l’ouvrage, tel que nous le possédons, est incomplet, les 1. II et III auraient entièrement disparu. M. d’Alès a contesté cette idée généralement admise. D’après lui, et son hypothèse semble fort plausible, le 1. IV de Miller devrait se subdiviser

de la manière suivante. Les n. 1-27 formeraient le I. II, consacré aux mystères du paganisme ; mutilé au début et à la fin, le livre serait néanmoins conservé en très grande partie. Le 1. III, mutilé lui aussi à ses deux extrémités, serait représenté néanmoins par un fragment respectable, comprenant les n. 28-48. Enfin les n. 49-51 seraient la partie principale du 1. IV de l’original. Op. cit., p. 80 sq.

Si l’on admet cette hypothèse, on voit qu’il s’en faut de peu que nous ne possédions l’ouvrage entier d’Hippolyte. Le but de l’auteur est nettement indiqué dès le début ; il s’agit de montrer que les hérésies ne tirent leur origine ni de l’Écriture ni de la tradition, mais simplement des philosophies païennes (èx Soy^âttov cpiXoao « pouu.év(ov), des mystères et de l’astrologie. En conséquence, les quatre premiers livres exposent les théories hellènes ; à partir du 1. V sont décrites les hérésies que l’auteur s’efforce, par un procédé souvent artificiel, de rattacher à un des systèmes de philosophie ancienne. Les renseignements fournis par Hippolyte sont loin d’avoir tous une égale valeur. Ses connaissances sur la philosophie grecque sont des plus superficielles et empruntées à quelque compilation sans autorité. Les théories gnostiques sont exposées le plus souvent d’après saint Irénée, et l’auteur a bien marqué la filiation des divers systèmes. Le 1. V est celui qui laisse l’impression la plus trouble. Les notices consacrées aux naasséniens, pérates, séthiens et au gnostique Justin, demandent à être examinées de très près : on a été jusqu’à soutenir qu’en cet endroit Hippolyte avait été la dupe d’un faussaire qui lui aurait communiqué, moyennant finance, des renseignements imaginaires sur des sectes peut-être inexistantes (Salmon, Stâhelin). Mais le dernier mot n’est pas encore dit dans cette controverse. Les débuts du 1. IX exposent longuement les conflits d’Hippolyte avec le modalisme ; c’est la partie la plus personnelle, mais aussi la plus contestable, de tout l’ouvrage, celle où s’exhale toute la rancune d’Hippolyte contre Calliste. Le dernier livre s’ouvre par une récapitulation des erreurs mentionnées plus haut et se termine par une admirable synthèse de l’enseignement chrétien.

Éditions. — Pour l’édition de Gronovius, voir plus haut ; elle a été reproduite par le bénédictin De la Rue dans l’édition des œuvres complètes d’Origène. Première édition complète : E. Miller, Origenis philosophumena, Oxford, 1851. Il faut lui préférer celle de L.Duncker et F. G. Schneidewin. S. Hippolyti episcopi et martyris Refutationis omnium hæresium librorum decem quæ supersunt, Gœttingue, 1859. Elle est reproduite dans P. G., t. xvi c (dans les œuvres d’Origène). P. Cruice, Philosophumena sive hæresium omnium confutatio, opus Origeni adscriplum, Paris, 1860. Excellente édition du 1. I, au point de vue de l’histoire de la philosophie grecque, dans H. Diels, Doxographi grieci, Berlin, 1879, p. 551-576. On attend incessamment l’apparition de l’édition de Wendland dans le Corpus de Berlin.

Sur la question relative au 1. V, G. Salmon, The Cross. Références in the Philosophumena, dans Hermathena, t. v, (1885), p. 389-402 ; et H. Stâhelin, Die gnoslichen Quellen Hippolyts, dans Texte und Untersuchungen, t. vi, fasc. 3. En sens contraire : de Faye, Revue de l’histoire des religions, 1902, t. xlvi, p. 161 sq.

Bonwetsch a voulu démontrer que la finale certainement inauthentique de YÉpitre à Diognèle (c. xi-xii) était un fragment d’une œuvre d’Hippolyte. D’autres critiques ont prétendu en retrouver la place dans les lacunes des Philosophoumena. Les références dans Bardenhewer, Altkirchliche Litteratur, t. ii, p. 512.

2. Sûvray^a r.pùi àridcua ; toc ; aîpétjeiç, traité contre toutes les hérésies. Il est mentionné par Eusèbe, saint Jérôme, Nicéphore ; Photius le décrit comme étant la réfutation de 32 hérésies. Bibliolh., cod. 121. Hippolyte lui-même y fait allusion dans le début des Philosophoumena. Ce traité est perdu, sauf peut-être la finale que beaucoup de critiques reconnaissent dans un écrit