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HILARION — HILDEBERT DE LAVARDIN


C’est surtout comme traducteur qu’Hilarion est connu. On lui doit d’abord la version des Instructions de l’archimandrite Dorothée, dédiée à Olivier Carafa, cardinal-évêque de Naples (1458-1484). Théophile Raynaud la trouvait, il est vrai, aperle misera et mendosissima, Hagiologium lugdunense, au t. viii des œuvres complètes, Lyon, 1662, p. 21 ; mais Joseph Scaliger en jugeait autrement, De emendalione temporum, p. xxviii des Prolégomènes ; aussi figure-t-elle dans la 2e édition des Orthodoxographa, Bâle, 1569, p. 198, et dans Y Auctarium de Fronton Le Duc, Paris, 1624, t. i, p. 742 ; puis dans toutes les éditions successives de la Bibliotheca Palrum de Paris, de Cologne et de Lyon, dans celle de Galand, t. xii, p. 371, et enfin dans Migne, P. G., t. lxxxviii, col. 1611-1844. Appelé à Rome par Sixte IV (1471-1484), Hilarion exécuta, pour la grande édition des œuvres de saint Jean Da- | mascène par Fabro, la traduction de la Dialectique du saint docteur, et cette collaboration est rappelée en tête de l’ouvrage par une épigramme due à un compatriote du traducteur, le Véronais Celso. C’est sans doute durant son séjour à Rome que notre moine élabora, en le dédiant à Sixte IV, le Compendium des livres d’Aristote conservé dans le manuscrit 3009 de la bibliothèque Vaticane, ainsi que le Compendium de la Rhétorique d’Hermogène, imprimé successivement à Venise, à Fribourg et à Strasbourg. Par contre, le Legendarium nonnullorum sanctorum, paru à Milan, en 1494, comme supplément à Jacques de Voragine, ne provient pas de notre Hilarion, mais d’un homonyme, bénédictin lui aussi, mort à Mantoue en 1521. C’est ce qu’a prouvé Armellini, Bibliotheca benedictotassinensis, 1731, t. i, p. 223, contrairement à l’assertion de Fabricius, d’Oudin et d’autres, parmi lesquels on est surpris de rencontrer le docte Scipione Maftei, dans sa Verona illustrala, 2e édit., Milan, 1825, t. iii, p. 219-220. Comme œuvre originale, Hilarion nous a laissé en grec un petit traité sur les azymes, intitulé : Oralio dialectica de pane græcorum mijstico, et lalinorum azgmo. Publié pour la première fois, d’après un manuscrit de Leyde, par Jean Meursius, dans ses Divina varia, Leyde, 1619, puis dans les œuvres complètes du même Meursius, parues à Florence par les soins de Jean Lami, t. viii, p. 779, il a été traduit en latin par Léon Allatius, qui l’inséra dans sa Grsecia orthodoxa, t. i, p. 655-662, d’où Migne l’en a tiré, P. G., t. clviii, col. 977-984. L’opuscule d’Hilarion est exclusivement dirigé contre un vieux pamphlet composé sur le même sujet, au temps de Michel Cérulaire, par un moine rageur de Studium, Nicétas Stethatos, et que le hasard d’une rencontre avait mis entre les mains de notre auteur. Hilarion en réfute les puérils arguments et s’efforce de prouver que l’usage latin se réclame de l’exemple même du Christ, qui a célébré la Pàque avec du pain azyme. Mais plus équitable que le fougueux polémiste qu’il avait entrepris de réfuter, il s’abstient de condamner l’usage contraire des Orientaux et termine par ces belles paroles, qui devraient dominer toute discussion en cette matière : Et hœc scripsi vobis, græci amicissimi, non panem veslrum, quem adorons œque ac noslra azijma revercor incusans ; sed exponens, neque probe, neque ut christianum addecet, vos gercre, dum latinorum azijma dicto facloque lœditis, injuriaque afficitis. Nicolas Comnène Papadopoli, Prænotiones mystagogiese ex jure canonico, Padoue, 1697, p. 361, mentionne encore, comme étant d’Hilarion, un Liber de processione Spiritus Sancli. Mais on sait de combien d’auteurs et d’ouvrages imaginaires l’ex-jésuite crétois a enrichi la littérature byzantine. Nous tiendrons donc, jusqu’à preuve du contraire, cet autre traité pour non avenu.

f L. Petit.

DICT. DE THÉOL. CATH

2. HILARION, abbé bénédictin, né à Gênes et’mort à Saint-Martin de Pegli vers 1591. Il fit profession de la vie religieuse à l’abbaye de Saint-Nicolas de Buschetto le 21 mars 1533 et se fit remarquer comme orateur sacré. Après avoir été prieur et abbé de son monastère, il se retira à Saint-Martin de Pegli, paroisse dépendante de son abbaye. Il publia : De latissimo avaritise dominatu libri quatuor, in-4°, Brescia, 1567 ; De cambiis libri duo, in-4°, Brescia, 1567 ; l’auteur n’admet pas la licéité des opérations du change ; Commentaria scu animadversiones in sacrosancta quatuor Evangelia ad verum christianismum continendum non inulilia, in-4°, Brescia, 1567. On a encore de cet auteur plusieurs volumes de sermons. Une série de 17 discours formant un tiaité de La fréquente communion se trouve à la suite de Sermoni fatti aile monache di Brescia, in-4°, Brescia, 1565.

M. Armellini, Bibliotheca benedictino-cassinensis, in-fol.. Assise, part. III, p. 226 ; Ziegelbauer, Historia rei literiariw ordinis S. Benedicti, t. iv, p. 46 ; [doin François], Bibliothèque générale des écriuains de l’ordre de Saint-Benoit, t. i, p. 497.

B. Heurtebize.

    1. HILARION DE MOGLÉNA##


3. HILARION DE MOGLÉNA, que le Répertoire des sources historiques d’Ulysse Chevalier désigne vaguement comme évêque Meglinen., était évêque de Mogléna, la Meglen ou Moglen des Bulgares, dans les montagnes de même nom (en turc Karadj-Ova), au nord-est du lac d’Ostrovo ; le titulaire du siège réside actuellement à Florina, au 187e kilomètre de la voie ferrée de Salonique à Monastir. Mention d’Hilarion est faite dans ce dictionnaire parce que s’a vie fut presque exclusivement consacrée à lutter contre les manichéens, les arméniens et surtout les bogomiles, qui peuplaient toute la région de Monastir, la Bitolia des Slaves et la Pélagonia des textes grecs du moyen âge. Il en convertit quelques-uns ; contre les récalcitrants, il recourut au bras séculier, et l’empereur Manuel donna ordre de les chasser tous du pays. Il mourut le 21 octobre 1164, et son nom figure parmi les saints du calendrier des Églises slaves. Sa vie a été écrite par Euthyme, le dernier patriarche bulgare de Tirnovo. et traduite en allemand par E. Kaluzniacki : Werke des Pcdriarches von Bulgaricn Euthijmius (13751393) nach den besten Handschriflen, in-8°, Vienne 1901, p. 27-58. Avant cette excellente publication nous n’en possédions qu’un résumé, donné par les bollandistes dans les Acla sanctorum, octobris t. ix, p. 405-408, et par Martinov, Annus ecclesiaslicus græcoslavicus, in-fol., Bruxelles, 1864, p. 253-257.

f L. Petit.

    1. HILDEBERT DE LAVARDIN##


HILDEBERT DE LAVARDIN.— I. Vie. II.Écrits.

I. Vie.

Il naquit à Lavardin, près de Montoire, ancien diocèse du Mans (Loir-et-Cher) en 1056. Il ne fut pas moine à Cluny, quoi qu’en ait écrit l’éditeur de ses œuvres, dom Beaugendre. C’est au Mans qu’il dut, selon toute vraisemblance, se former aux études. L’école de cette ville était alors florissante. L’évoque Hoel (1085-1097) lui en confia la direction, en attendant de lui conférer la dignité d’archidiacre (1092). La meilleure partie du clergé et le peuple se trouvèrent d’accord pour l’élever à l’épiscopat (1097). Cette élection se fit à rencontre d’Hélie, comte du Maine, et de Guillaume Le Roux, roi d’Angleterre ; elle fut également désapprouvée par des membres du clergé qui ne craignirent pas de porter contre Hiklebert des accusations graves et fausses devant saint Yves, évêque de Chartres. Le nouvel évêque du Mans eut ainsi à s’affranchir lui-même de la servitude de l’investiture. Il le fit avec prudence et sans faiblesse. Il put soustraire aux patrons laïcs un certain nombre d’églises et les faire rentrer dans le patrimoine commun. Malgré ses démêlés pénibles avec le roi d’Angleterre et le comte du Maine, il s’occupa très activement de son diocèse. Les

VI.

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