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H IL AIRE f SAINT


été solennellement proclamées contre le nestorianisme et l’eatv chianisme, se rencontrent, et souvent formulées avec beaucoup de netteté, dans les écrits de l’évêque de Poitiers. Le terme d’incarnation, devenu classique chez les latins, ne s’y trouve point ; le mystère est désigné par des expressions équivalentes, comme sacramentum corporaiionis, myslerium assumptæ carnis, mysterium dispensationis evangeliese ; mais, habituellement, le saint docteur parle d’une façon plus concrète en considérant l’union du Fils de Dieu a la chair, assumptio carnis, au corps, assumplio corporis, ou à notre nature signifiée par le tenue d’homme, assumptus homo ab unigenito Dei. In ps. lxviii, 25, col. 486. L’unité d’être ou de personne physique est fortement accentuée : Unus alquc idem Dominus Jésus Christus, Verbum caro factum. I c Trinilale. X, 62, col. 391. Jésus-Christ, c’est donc le Fils unique du Père éternel, subsistant d’abord comme Dieu, puis simultam ment comme Dieu et comme homme, mais ne faisant, après comme avant l’incarnation, qu’un seul Fils de Dieu, fils naturel et non pas adoptif : Hic et verus et proprius est Filius, origine, non adoplione : natus est, non ut esset alii s et alii s, sed ut ante l ominem Deus, suscipiens homincm homo et Deus posset intelligi. De Trinilale, III, 1 1 ; X, 22, col. 82, 360. Si, dans un passage objecté au procès canonique pour le doctorat, De Trinilate, II, 27, col. 68, le mot d’adoption apparaît, il suffit de répondre que ce mot ne tombe pas sur un être concret, considéré comme sujet d’une filiation adoptive, mais uniquement sur la chair, en tant que prise gratuitement, et, dans ce sens, adoptée par le Fils de Dieu, carnis humililas adoplatur. C’est en vertu de cette unité d’être ou de personne que toutes les actions et toutes les merveilles opérées par Jésus-Christ sont d’un Dieu : omnia opéra Christi omnesque cjus villutes i i Dei esse lai dandas. In Mallh., viii, 2, col. ! 59. Cf. De Trinilate, IX, 5, col. 284.

La divinité de Jésus-Christ découle de son identité personnelle avec le Verbe. Hilaire la prouve, en outre, De Trinilale, 1. III-IV, par les nombreux témoignages de la sainte I criture qui la supposent ou l’expriment, preuve largement développée et déjà presque aussi complète que dans nos cours actuels d’apologétique. Les théophai ies elles-mêmes servent au saint docteur pour établir la divinité, en même temps que la distinction du Père et du Fils, par exemple, 1. IV, 42 ; 1. V, 17, col. 128, 139. Mais la divinité n’absorbe pas l’humanité ; les deux natures coexistent, sans se confondre et sans cesser d’être parfaites, chacune en son espèce ; Jésus-Christ est aussi vraiment homme qu’il est vraiment Dieu, et réciproquement : habens in se tolum verumque quod homo est, et totum verumque quod Deus est. De Trinilate, X, 19, col. 357. In ps. L1V, 2, col. 348. Comme homme, il possède une nature humaine réelle et semblable à la nôtre : non aliéna oui simulutæ naturas hominem adsumpsit, li ; ps. cxxx ni. 3, col. 793 ; par conséquent, il se compose d’un corps et d’une âme comme les nôtres : carnis alquc anima : homo, nostri corporis alquc animæ homo. De Trinilale, X, 19, col. 357 ; In ps. un, 8, col. 342. Les erreurs arienne et apollinariste, d’après lesquelles le Verbe lui-même aurait tenu lieu, en Jésus-Christ, d’âme, ou du moins d’âme raisonnable, sont formellement rejetées. De Trinilale, X, 22, 50 sq., col. 359, 383. A cette dualité de natures complètes se rattache une double personnalité, au sens juridique et moral du mot : non con/undenda persona divinitatis et corporis est. In p.’. cxxxriu, 5, col. 795. C’est, sous un autre apect, le Christus spiritus et le Christus Jcsus. De Tiinitate, VIII, 46, col. 271. D’où la nécessite, quand il s’agit du Verbe incarné, de distinguer ce qui, dans les saintes Lettres, se rapporte au Dieu et ce qui se

rapporte à l’homme ; en outre, quand il s’agit de l’homme, il faut distinguer encore ce qui convient au Christ Jésus, vivant ici-bas d’une vie mortelle et passible, de ce qui convient au même vivant au ciel d’une vie glorieuse. En négligeant ces distinctions, les ariens se font, contre la divinité de Jésus-Christ, une arme de ce qui prouve uniquement la réalité de son incarnation ou de sa vie mortelle et passible. /// ps. Lir, 2 ; CXXXVin, 2, 3, 20, col. 348, 793 sq., 802 ; De Trinilate,

X, 62, col. 391.

Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme, est roi et prêtre éternel. In Mallh., i, 1, col. 919. Son royaume est d’ordre spirituel et concerne la Jérusalem céleste ; son sacerdoce, figuré par celui d’Aaron et mieux encore par celui de Melchisédech, est supérieur au sacerdoce lévitique : Jésus-Christ est, par excellence, le prince des prêtres, le souverain prêtre. In ps. 11, 24, 26 ; CXVin, litt. iii, 7 ; exix, prol., 5, col. 275 sq., 520, 644 sq. L’onction royale et sacerdotale, qu’il a reçue comme homme, a pour fondement la divinité même. In p.’. CXXXII, 4, col. 747 ; De Trinilale,

XI, 18 sq., col. 412 sq. Surtout. Jésus-Christ est sauveur et rédempteur ; c’est pour remplir cet office qu’il s’est fait homme et qu’il est venu parmi nous. In Mallh., xvi, 9, col. 1011 : De Trinilale, VI, 43 ; X, 15, col. 194, 353 ; In ps. li, 9, col. 314. En s’incarnant, il s’est en quelque sorte uni tout le genre humain, à titre de second Adam : naturam scilicet in se tolius humani generis assumens ; Adam c cœlis secundus. In ps.Ll, 17 ; lxviii, 23 ; In Matth., iv, 12, col. 318, 484, 935. Comme Dieu homme, il est médiateur naturel entre Dieu et les hommes : illo ipso inler Dcum et homines MED1ATOR18 sacramento ulrumque unus existens. De Trinitate, IX, 3, col. 283.

Hilaire ne fait pas la théorie de l’œuvre rédemptrice ; il se contente de la décrire par ses effets multiples, qui s’étendent à l’âme et au corps : et animes et corporis est redemplor. In Matth., ix, 18, ! 73. Dans cette description, il s’inspire manifestement des saintes Écritures, par exemple, Inps.LXVin, 14 ; cxxxr, 15 ; CXXXVin, 26, col. 478, 776, 805 ; De Trinilate, I, 13, col. 35. Incidemment, il parle du démon qui, en faisant mourir l’innocent, commit un abus de pouvoir, où il trouva sa propre condamnation, Inpt. lxviii, 8, col. 475 ; simple manière de concevoir et d’exprimer un des effets de l’œuvre rédemptrice, le triomphe de Jésus-Christ brisant < par sa mort la puissance de celui qui a l’empire de la mort, c’est-à-dire du diable » . Heb., ii, 14. Ailleurs, le saint évêque suppose que l’empire exercé sur les hemmes par les démons ne reposait pas sur la justice et le droit, mais venait d’une usurpation coupable de ces esprits pervers, ex injusto alque peccatore et perverso jure dominanlium. In ps. il, 31, col. 280, Plus importants sont les caractères attribués à l’action médiatrice du Sauveur. Caractère d’oeuvre satisfætohe dans la Passion, vflicio quidim ipsa satisjaclura pcenali, et de sacrifice dans l’offrande sanglante que Jésus-Christ a faite de lui-même sur la croix, hosliam se ipse Deo T’alri volunlaric offerendo. Inps. liii, 12, 13 ; CXLIX, 3, co. 344 sq., 886. Caractère de restauration totale dans la rédemption prise en son ensemble, en tant qu’elle comprend non seulement les souffrances et la mort, mais encore la résurrection et les autres mystères glorieux du nouvel Adam, puisqu’on lui, chef de l’humanité rachetée et primierné d’entre les morts, c’est l’homme, image de Dieu, qui est ramené à sa condition primitive et atteint sa perfection dernière. De Trinilale, XI, 49, col. 432 sq. Au titre de médiateur entre Dieu et les hemmes se rattache une autre fonction : Jésus-Christ a été pour nous un témoin des choses célestes, et il nous a fait connaître Dieu. In Matth., xxiii, 6, col. 1047 ; De Trinilate, III, 9, 22, col. 80, 90. Hilaire accentue