Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/596

Cette page n’a pas encore été corrigée
2423
2424
HILA1RE [SAINT 1


iiïce mutuelle : Cognilio allerius in allero est, quia non differt aller cib altero natura ; et pour l’inséparabilité dans l’action : Conscientia in se natures paternes, quse in se operatur opérante. De Trinilale, VI 1, 5 ; IX, 45, col. 203, 318.

Des théologiens protestants, comme Dorner, Entwicklungsgeschichte der Lehre von d, r Person Christi, t. i, p. 900 fq., et Fôrster, op. cit., p. ( 5 !, oit prétendu voir dans quelques texl.es relatifs à la connaissance mutuelle du Père et du Fils, notamm ait In Matth., xi, 12, col. 983 sq., et De Trinilale, II, 3, col. 52, « une sorte de construction spéculative de la Trinité, partant de lidée de la conscience de soi-même en Dieu » , à savoir, d’une conscience consistant, pour le Père et le Fils, dans la connaissance qu’ils ont l’un de l’autre. (est là une interprétation arbitraire, dépendante de conceptions philosophiques, mo lernes et systématiques, sur les rapports entre la conscience et la personnalité. Dans le premier texte, Ililaire commente ainsi le Nemo novit Filium, nisi Pater, etc. : Eamdem ulriusque in mutua cognitione esse substantiam docet ; c’est tout simplement trouver, dans la connaissance parfaite que le Père et le Fils ont 1 un de l’autre, la preuve de leur unité de substance. Dans l’autre texte on lit : Pater autem quomodo eril, si non quod in se subslanliæ atque naturæ est, agnoscal in Filio ? Le raisonnement revient à ceci : Ce minent le Père, considéré comme tel, existera-t-il, s’il n’a pas un Fils, et un Fils dans lequel il reconnaisse sa propre substance et sa nature ? D’après ce texte et autres semblables, si l’on voulait songer à une construction spéculative de la Trinité, c’est aux notions de paternité et de filiation, caractéristiques de la première et de la seconde personne, qu’il faudrait recourir ; l’aboutissant logique serait la doctrine augustinienne des personnes divines, d’un côté, s identifiant dans l’absolu, nature, essence, substance, divinité, etc., tle l’autre, constituées en m’me temps que distinguées, dans leur personnalité, par les propriétés d’origine active ou passive, qui sont d’ordre relatif. Mais l’évêque de Poitiers n’a pas tiré lui-m’me ces conséquences, soit qu’il ne les ait pas distinctement perçues, soit que, luttant contre les ariens, il ait jugé préférable de ne pas entrer dans le domaine des constructions spéculatives, comme il a jugé préférable d’éviter, en général, les tei mes techniques ou spécifiquement philosophiques. Th. de Régnon, op. cit., 3e série, t. i, p. 542.

L’ô ; jlooj3’.& ; du symbole de Nicée signifiant que le Fils est consubslantiel au Père, Ililaire ne pouvait qu’en être le partisan, du jour où il le connut. Dans ses écrits dogmatiques, il le défend contre les attaques et les fausses interprétations des adversaires. De Trinilate, IV, 4, 6 ; De stjn., 67-76, col. 98 sq., 525 sq. Mais le fait que d’abord, comme il nous l’a dit lui mime, il ait tenu l’idée exprimée par le mot sans connaître ce dernier ; le fait que plus tard encore, par exemple, dans le IIe et le III livre du De Trinitate, il ait exposé la doctrine orthodoxe sans employer la formule nicéenne, prouve qu’il savait distinguer entre le dogme, qui est un, et l’expression du dot me, qui peut être multiple, quand des équivalents réels existent. Cette considération explique comment, sans être lui mêm * homéousien, le saint évêque a pu admettre la foimule g> ; j.oio’jct.oç, a’une substance semblable ; foimule susceptible d’un sens faux et d’un sens exact. On peut vouloir, en l’employant, animer la similitude en niant l’unité ou l’identité eie substance entre le Père et le Fils ; la formule est alors hétérodoxe, car la multiplication m mérique de la substance divine entraîne, de soi, le dithéisme ou le trithéisme. Mais on peut aussi vouloir simplement aîïhmer que le Fils est semblable au l’ère quant à la substance, pour accentuer la réalité substantielle de l’un et de l’autre ou le caractère d’imagedu Férc, qui convient au Fils d’après les saintes Écritures ;

dans ce cas, l’unité ou identité de substance n’est pas niée, elle est m’me virtuellement affirmée par epiiconque oppose rôij-oioôcto ; à l’àvo’ixoio ; êtes ariens et rejette en m’me temps le dithéisme ou le trithéisme. Le procédé d’Hilaire, dans le traité De synodis, consiste précisément à montrer aux heméousiens qu’il leur est impossible de soutenir logiquement l’ôjAOïoûaioç de la seconde façon sans admettre 1’ôu.ooûaio ; entendu sainement, dans le sens où les Pères de Nicée l’avaient pris : Quid fid.m mn m il homoousion damnas, qui m per homoiousii p ; ofes>ior>em non pot. s roi piobaie ? De stin., 88, col. 540. Abstraction faite eles détails l’argumentation peut se résumer en ces quelques mots : dans le Père et le Fils, Dieu l’un et l’autre, pas de similitude quant à la substance sans égalité de nature ; pas d’égalité de nature sans unité ou identité de nature. Th. de Régnon, op. cit., l Te série, p. 374 sq. ; G. Rasneur, loc. cit., p. 12 1. Raisonner ainsi, ce n’est pas chercher dans la doctrine homéousienne l’interprétation exacte de l’ciijLoojaio ;, comme le prétend Gummerus ; c’est, au contraire, prendre pour mesure l’ôjvooûaio ; et relever 1’ôaoïoûatoç au mime niveau.

Qu’on puisse signaler eles affinités entre la théologie hilarienne et la théologie homéousienne, il n’y a pas lieu de s’en étonner ; mais les points de doctrine habituellement allégués ne sont, ni en eux m mes, ni dans leur origine, exclusivement ou spécifiquement heméousiens. Par exemple, Hilaire attribue la génération du Fils non pas seulement à la nature, mais à la volonté du Père, ut voluit qui potuit, De Trinilale, III, 4, col. 77 ; mais cette manière de voir n’est pas propre aux homéousiens, elle se rencontre aussi chez eles nicéens et, dans leur pensée, tend uniquement à rejeter une génération où le Père agirait comme sormis à une sorte de coaction. Voir Arianismk, t. i, col. 1814. De mèm. saint Hilaire applicjue le Pater major me est, Joa., xiv, 28, à Jésus-Christ considéré dans ses deux natures, De Trinilale, IX, 54, col. 237 sq. ; In ps. cxxxviii, 17, col. 801 ; m lis cette interprétation, qui est également celle d’autres auteurs postnicéens pleinement orthodoxes, ne cache aucune arrière-pensée de subordinatianisme, car il s’agit d’une prééminence ou préséance u’orure purement relatif, fondée sur ta propriété que possède le Père d’être en lui-même l’Innascible et, par rapport au Fils, le Principe ; comme, par ailleurs, le Père communique toute sa substance au Fils, il n’en résulte dans celui-ci ni différence de nature ni véritable infériorité : Minor jam non est, cui unum esse donatur ; liccl paternæ nuncupalionis proprielai différai, tam n natura non differt. De Trinitate, ÎX, 51, col. 325 ; // ! ps. CXXXYIII, 17, col. 801. Cf. Baltzer, Die Théologie des ni. ttilurius, p. 23 sq ; Th. de Régnon, op. cit., 3e série, t. i, p. 170.

Toutefois, puisqu’il s’agit surtout du De synodis, il importe de distinguer le problème doctrinal et le problème critique, ou la croyance d’Hilaire et son interprétation des formules homéousiennes. Écrivant pour rapprocher les évêques d’Orient et d’Occident, le saint docteur a pu être entraîné par son désir de conciliation et par ses sympathies personnelles à juger trop favorablement les symboles orientaux, à laisser dans l’ombre les côtés défectueux et à mettre en relief les côtés acceptables. La supposition est d’autant plus fondée que saint Athanase, composant un an plus tard un écrit de même titre, porta sur quelques-unes eles formules homéousiennes un jugement plus sévère. Voir t. i, col. 1831 sq. ; Valois, note 93 sur Socrate, H. E., ii, 29, P. G., t. lxvii, col. 279. Mais il faut aussi reconnaître que la différence d’appréciation s’explique en grande partie par la diversité des buts et des circonstances. L’Athanase de l’Occident composa son écrit avant le concile de Rimini, alors que le parti boméousien, franchement opposé au parti anoméen et