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IIILAIRE (SAINT


nier son existence, ou de ne pas le reconnaître pour l’auteur du monde, livré dès lors à l’évolution fortuite de forces nécessaires et aveugles. In p -. VIII, 2 ; ixv, 7, col. 251, 427. A ces erreurs, Hilaire oppose la notion de Dieu créateur, c’est-à-dire de qui tous les autres êtres tiennent leur origine, ayant été tirés par lui dn néant : ipsum a nemine, sed ex eo onviia ; marient ex nihilo su.bstitu.la, d gratiam ex eo quod sunt, creatori sno debent.Inps.LXIlI, ^ ; CXLVlil, 5, col. 411, 881. D’où le caractère de contingence absolue qui s’attache à tout ce qui n’est pas Dieu : quia illa ex conditione crcationis suie, id est proj( cta de nihilo, habeant id in se necessitatis ut non sint. In Mallh., xxvi, 3, col. 1057. Aussi rien de ce qui a été créé ne peut-il subsister sans qu’une action divine continue lui conserve l’existence. In p :. XCI, 7, col. 498.

Cortingent par nature, le monde ne peut être, de droit, éternel ; il ne l’est pas davantage en fait : et per trmpus quidem non ambiquum est quin ea, quæ nunc cœperint, anle non fuerinl. Les anges furent créés d’abord dans le premier ciel, avant les temps et les siècles. De Trinilale, XII, 6, 37, col. 442, 456 ; Contra Auxenl., 6, col. 612. Vint ensuite le monde sensible, dont Dieu produisit toutes les parties instantanément, par un sim. le Fiat, sans qu’il y ait à mettre une distinction entre le commencement et la consomation de chaque œuvre, In p CXVIII, lilt. x, 4, 7, col. 5( 5 sq., mais non pas en ce sens que toutes les parties aient été produites simultanément ; car les paroles du De Trinilale, I, 40, col. 458 sq : cicli, lerræ cœterorumque elementorum creatio ne levi sallem momento opendionis discernitur, où l’on a prétendu lire le contraire, s’appliquent, dans le contexte, à la création active, réellement instantanée, puisqu’il n’y a succession ni dans la pensée ni dans la volonté ni dans l’action divine. Enfin le roi du monde sensible parut, l’homme, dont la foi mation présente une particularité : elle nous est dépeinte dans la Genèse comme n’étant pas due à un simple Fiai, mais ceme luisant d’abord l’objet d’une délibération préalable, puis accomplie par les mains divines, et accomplie en trois actes successifs : création de l’âme, production du corps formé de la terre et vivification de ce dernier par son union à l’âme. Rapportant, arl i trairement d’ailleurs, Gen., i, 27, à la création de l’âme, et Gen., ii, 7, à la formation et à la vivification du corps, Hilaire regarde ces deux dernières actions comme ayant eu lieu longtemps après la première, longe postea. Inps. CXVIII, lit t. x, 1, 4-6 ; CXXIX, 5, col. 563 sq., 721.

Les anges sont des êtres spirituels, naturæ spirilales, virilités spiritales, dont les propriétés sont symbolisées par les appellations scripturaires d’esprit et de Jeu. In ps. CXXXVI.5, col. 786 sq. ; De Trinilale, 11, il, col. 136. Hilaire suppose constamment l’existence d’anges bons et d’anges m mvais, appelant les uns anges célestes ou.simplement anges, les autres anges prévaricateurs ou dînions, esprits malins et puissances de l’air. In Mallh., v, 11 ; xi, 5 ; 7nps.zxra, 24, col. 948, 980, 460. Une fois il fait mention d’« anges pris de passion pour les filles des hommes » , mais sans rien préciser et d’une façon incidente, à propos d’un détail contenu dans le livre apocryphe d’Hénoch et dont il ne veut pas tenir compte. In ps. CXXXII, 6, col. 748 sq. Aux appellations d’anges, archanges, trônes, etc., correspondent des ministères différents.’7/i ps. CXVIII. litt. iii, 10, col. 522. Dieu se sert de ces bienheureux esprits dans le gouvernement de l’Église militante et particulièrement pour assister les fidèles, non qu’il ait besoin d’un concours étranger, mais en faveur des hommes, trop faibles pour marcher seuls vers le but à atteindre et surtout pour lutter avantageusement contre les esprits mauvais. In ps.CXXIV.ÏT.CXXIX.7 ; cxxxiv, 17 ; CX’XXVII, 5, col. 682, 722, 761, 786. Présents à la fois au ciel, auprès de

Dieu, et sur la terre, auprès de nous, les anges président à nos prières et présentent nos désirs au Seigneur, mais ils témoignent aussi contre les pécheurs. In ps.cvni S ; In Mallh., xviii, 5, ccl. 507. 1020. lis introduisent les justes dans l’éternel repos. In ps. lvii. 6, 7, col. 372.

Dans une lettre adressée au pape saint Grégoire, Epist., 1. III, epist. liv, P. L., t. lxxvii, col. 602, l’évêque Lieinianus semble attribuer à l’évêque de Poitiers d’avoir, avec Origène, cru les astres animés et d’en avoir fait des esprits. Rien ne justifie cette imputation. Coustant, Præf. gen., n. 29, col. 24 sq. ; Ceillier, op. cit., t. iv, p. Mi.

L’homme se compose d’une double substance : l’une extérieure et terrestre, qui est le corps ou la chair ; l’autre intérieure et céleste, qui est l’âme raisonnable, immortelle, incorporelle et suivant laquelle l’homme a été fait à l’image de Dieu. Inps. lui. 8 ; cxvill, litt. x, 67 ; CX.T/.i’, 4-6, col. 342, 5 56, 720 sq. En ce qui concerne la spiritualité, une controverse existe sur la pensée du saint docteur à cause de l’épithète de corporelle qu’il donne à l’âme, // ; p. CXVIII, litt. xix, 8. col. 629, et surtout à cause de cette atlirmation plus générale, In Matth., v, 8, col. 946 : Nihil est quod non in substantia sua et creationc cirporeum sit ; et omnium, sive in cœlo sine in terra, sive visibilium sive invisibilium, elementa jormata sunt. Nam et animarum species, sive obtincntium corpora, sive corporibus exsulantium, corpoream tamen naturæ suie subslanliam sortiuntur, quia omne quod creatum est, in aliquo sit necesse est. Claude Mamert, prêtre viennois (f vers 474), a trouvé là l’une des deux erreurs qu’il attribue au docteur gaulois : unum, quod nihil incorporeum creatum dixit. De statu animarum, 1. II, c. ix, n. 3, P. L., t. lui, col. 752. Opinion partagée par divers critiques, tels qu’Érasme, Schultes, récemment Fôrster, Zur Théologie des Hilarius, p. 670, et, pour le seul commentaire sur saint Matthieu, Watson, op. cit., p. vu. D’autres opposent avec raison les passages des deux commentaires où les âmes humaines sont appelées, non moins que les anges, des natures ou substances spirituelles : In Matth., ix, 20, col. 974, in subslaUiam spirilualis animse ; In ps. CXXIX, 4, col. 720, quarum (naturarum) alla spiritulis. Il semble donc cpie, dans les textes objectés, saint Hilaire ait pris, comme d’autres Pères anciens, les termes corporidis et corporcum dans un sens large, pour indiquer soit le rapport de l’âme au corps auquel elle est unie, soit toutes les réalités qui concourent à l’existence concrète d’une nature créée n’ayant pas l’absolue simplicité de la nature divine. Coustant, Præf. gen., n. 255 sq., col. 120, et notes sur les textes objectés col. 629, 945 ; Petau, De Deo, 1. II, c. i, n. 15 ; De angelis, 1. I, c. ii, n. Il ; c. iii, n. 12, éc it Thomas, t. i, p. 170 ; t. iv, p. 12, 19 ; Noël Alexandre, Historia ecclesiastica, Lucques, 1734, t. iv, c. vi, a. 13, n. 4, p. 138.

L’origine de l’âme humaine donne lieu à une autre controverse. Tous, rem irquc le saint docteur, nous sommes naturellement portés à croire que les âmes ont Dieu pour auteur. In ps. LXII, 3, col. 602. Mais s’agit-il d’une action créatrice’? Il importe de distinguer entre l’âme du premier homme et celles de ses descendants. On ne peut douter qu’au jugement d’Hilaire, l’âme d’Adam ait été l’objet d’une action strictement créatrice, In ps. LXIII, 9, ex a’Jlalu Dei ortam ; LXVII, 22 ; CXVIII, litt. x, n. 7, col. 111, 458, 566. Plusieurs textes semblent appliquer la même doctrine aux autres âmes, en particulier De Trinilale, X, 20, 22, col. 358 sq. : Cum anima omnis opus Dei sit…, quæ utique nunquam ab liomine gignenlium originibus præbetur. Cf. In Matth., x, 24, col. 976 : In naturam animæ, quæ ex ajflatu Dei venit. Aussi le docteur gaulois est-il communément rangé parmi les partisans du créalianisme strie enien 1e :. te nu. Watson, op. cit., p. lxviii ; J. Schwane, Dogmengeschichte, 2° édit., t. ii, p. 423 ;