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HILATRE (SAINT


ce sont des extraits, faits en Italie, « lès avant la fin du iv p siècle, semble-t-il, par un anonyme qui les aurait accompagnés de notes marginales et qui se proposait sans doute d’en tirer parti pour un nouvel exposé de la controverse arienne. Rien dans la tradition manuscrite n’a’itorise à distinguer entre fragments et fragments, ( uand il s’agit de la provenance ou de l’authenticité hilarienne.

Cette dernière assertion tire une grande importance de son application aux quatre lettres si discutées du pape Libère : Studens paci, où il accepte la communion des évêques orientaux et brise avec saint Athanase, Fragm. iv, col. 679 ; Pro deifico timoré, où il accentue la même attitude et proclame, en outre, son adhésion à une profession de foi admise à Sirmium par plusieurs de ses frères dans l’épiscopat, Fragm. vi, col. 689 ; Quia scio vos et Non doceo, où les mêmes assertions se retrouvent avec l’expression d’un vif désir de rentrer à Rome. Ibid., 8, 10, col. 693-695. Le P. Feder estime que, du point de vue critique, l’authenticité hilarienne des fragments iv et vi n’est pas moins établie que celle des autres, et qu’il n’y a pas lieu d’admettre l’hypothèse d’interpolations lucifériennes, en ce qui concerne les quatre lettres du pape Libère ni celle d’Eusèbe de Verceil à Grégoire d’Elvire. Fragm. xi, 5, col. 713. Il importe seulement de remettre les documents à leur place et à leur date dans l’histoire. Ainsi, la lettre Studens paci, où l’abandon de saint Athanase par Libère est présenté comme un fait accompli, contient une donnée manifestement fausse, quand on la suppose écrite en 362 ; de là vient que tant d’auteurs ont conclu directement contre l’authenticité de cette lettre, et indirectement contre celle des trois autres, étant donnée l’étroite parenté littéraire des quatre. La question est tout autre, si la lettre Studens paci n’est pas de 362, mais, comme les trois autres, de 367, d’après une rectification proposée par Schiktanz, admise ensuite et habilement défendue par Mgr Duchesne dans son étude sur Libère et Forlunalien. A quoi s’ajoute la phrase du Contra Constantium, 11, col. 589, où, par allusion à la minière dont s’était fait le retour de Libère à Rome, Hilaire dit à l’empereur : « Malheureux, dont je ne sais dire si tu as commis un plus grand crime en le renvoyant à Rome qu’en l’envoyant en exil 1° D’ailleurs l’authenticité hilarienne des Fragmenta hislorica n’exclut pas l’hypothèse d’interpolations tendancieuses de moindre importance, dues probablement à celui qui, à l’origine, fit les extraits ; tels, par exemple, à la fin des lettres Pro deifico timoie et Quia scio, les anathèmes contre le pape. Fragm. vi, 6, 9, col. 691, 694.

Après avoir exposé toutes ces conclusions, Bardenhewer ajoute, Geschichte, t. iii, p. 384 : « Naturel lement le dernier mot n’est pas encore dit sur ces conjectures. » Rien de plus légitime que cette réserve, admise par le P. Feder lui-même, quand, résumant les résultats de son enquête, Append. I, p. 151, il dislingue soigneusement le certain du probable. Plusieurs points semblent acquis : existence de deux écrits historico-polémiques, composés l’un à la suite du synode de Béziers, l’autre après les conciles de Rimini et de Séleucie ; identification de ces deux écrits, eu du moins du second, avec le Liber adversus Valentem et Ursacium ; insertion dans le premier écrit, comme partie intégrante, du Ad Constantium liber primus. Les autres points restent plus ou moins dans le domaine de la conjecture et de la discussion. Ainsi en est-il de l’attribution de certains fragments à tel groupe plutôt qu’à tel autre, comme le prouvent assez les combinaisons partiellement différentes du P. Feder, toc. cit., de dom Wilmart, L’Ad Constantium liber primas, p. 296 ; La question du pape Libère, p. 36, et de dom Cliapman, The conlesled lelters o/ pope

Liberius, p. 328 sq. Ainsi en est-il de la réduction des trois groupes de documents à un seul ouvrage d’ensemble qu’on suppose totalement achevé ; car l’absence complète de glose narrative dans les fragments du dernier groupe permet de se demander avec M. Schanz, Geschichte der rômischen Litleratur, IVe part., t. i, p. 266 sq., s’il ne faudrait pas y voir des pièces justificatives attendant une mise en œuvre plutôt que la troisième partie d’un ouvrage achevé. Ainsi en est-il surtout de la question d’authenticité en ce qui concerne les lettres du pape Libère ; car la controver e demeure, comme l’attestent les récentes cri tiques de dom Chapman et des Pères Savio et Sinthern, soit qu’il s’agisse de l’authenticité absolue, soit qu’il s’agisse de l’authenticité relative, c’est-à-dire de la provenance hilarienne des fragments où ces lettres son 1 contenu s. Et, certes, il faut bien reconnaître que le narralivus texlus faisant suite aux lettres Studens paci et Pro deifico timoré, Fragm. iv, 2, et vi, 7, col. 681, 692, présente de réelles difficultés, s’il est pris tel quel et comparé au contenu des lettres ou aux sentiments de saint Hilaire connus par ailleurs,

Il n’en reste pas moins vrai que, dans leur ensemble et peut-être dans leur totalité, moralement parlant, le> Fragmenta hislorica sont une œuvre du docteur gaulois et qu’ils fournissent sur l’histoire de l’arianisme à son époque des informations d’autant plus précieuses qu’un grand nombre des documents conservés dans cette collection ne se trouvent pas ailleurs.

Stiltincg, Aela sanctorum, t. vr septembris, Anvers, p. 754-780 ; J. Masseri, Sopra i frammenti attribuiti a S. Hilarin, dans Zaccaria, Raccolta di disserlazioni de storia ecclesiastiea, 2- édit., Rome, 1841, t. iii, diss. V, p. 38-46 ; Reinkens, op. cit., 1. II, ex, p. 210 sq. ; M. Schiktanz, Die Hilarius-Fragmenle (thèse de doctorat), Breslau, 1905 ; B. Marx, Zwei Zeugen fur die Herkun/l der Fragmente 1 und 2 des sog. Opus hisloricum S. Hiltvii, dans Theologischc Quartalschrift Tubin^ue, 1906, t. lxxxviii, p. 390406 ; dom A. Wilmart, L’Ad Constantium liber primas de S. Hilaire de Poitiers et les Fragments historiques, dans la Renne bénédictine, 1907, t. xxiv, p. 149-179, 293-317 ; Id., Les Fragments historiques et le sgnode de Béziers en 3J6, ibid., 1908, t. xxv, p. 225-229 ; A. L. Feder, Slwlien zu Hilarius von Poitiers. I. Die sogenannte Fragmenta hislorica und der sog. Liber I ad Constantium Imperatorem. II. Bischojsnamen und Bischofssitze bei Hilarius, dans Sitzungsberichte der K. Académie der V issenscha, ten in Wien, Phil. liist. Klasse, Vienne, 1910, 1911, t. clxv, 4° fasc ; t. CLXvi, 5e fasc. — En particulier, sur la question du papa Libère en connexion avec les Fragments iv et vr : L. Saltet, La formation de la légende des papes Libère et Félix, dans Bulletin de littérature ecclésiastique, Toulouse, 1995, p. 229—2 56 ; Les lettres du pape Libère de 357, ibid., 1907, p. 279-2st ; F. Savio, La qnestione di papa Liberio, c. v, Roms, 1907 ; Mgr Duchesne, Libère et Fortunalien, dans les Mélanges d’archéologie et d’histoire, publiés par l’École française de Rome, 1908, t. xxviii, p. 31-78 ; P. Sinthern, De causa papse Liberii, dans Stauorum lilterx théologies, Prague. 1903, t. iv, p. 137-185 ; dom A. Wilmart, La question du pape Libère, dans la Reuue bénédictine, 1908, t. xxv, p. 360-367 ; F. Savio, Nuoui sludi sulla qnestione di pipa Liberio. Rome, 1909, § 7 sq. ; dom.1. Chapimn, The conteslel letters o/ pope Liberius, dans la Revue bénédictine, 1910, t. xxvti, p. 32, 172, 325 ; F. Savio, Punti conlrouersi nella qnestione del papa Liberio, Rome, 19.1 1, § 6.

6° Lettres et hi/mncs. — Parmi les écrits d’Hilaire, saint Jérôme mentionne quelques letfies : nonnullie ad diversos epislolse. Abstraction faite de l’opinion émise par dom Chapm.m, art. cité, p. 331, d’après qui les fragments i, ii, iii, et Y Adversus Constantium liber primas auraient formé une lettre adressée en 356 aux évêques gaulois, il ne reste plus en ce genre que l’Epislola ad Abram filiam suam, suivie de l’hymne Lucis largilor oplime, P. L., t. x, col. 519-554. L’authenticité de cette lettre, niée par Érasme et plusieurs autres, a clé miintenue par dom Couitant, Admo-