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HILAIRE (SAINT 1


Sirmium en 351. Interprétant ces professions de foi d’après les erreurs qu’elles visaient directement et la préoccupation dominante chez leurs auteurs d’éviter le sabelÙanisme, le saint docteur s’efforce de montrer comment elles sont susceptibles d’un sens orthodoxe. Dans la seconde partie, il expose sa propre croyar ce, puis il se tourne vers les Orientaux, qui, d’un côté, se séparaient des ariens proprement dits et, de l’autre, récusaient le terme d’ô[a.oojato ;, pour essayer de détruire leurs préventions ; il explique le véritable sens du mot, en écartant les fausses interprétations, et montre aux homéousiens que, s’ils veulent soutenir leur ôivoïoiffioç d’une façon orthodoxe, ils doivent nécessairement y voir un équivalent de l’ôfiooiSaio ; nicéen. L’entente n’est possible qu’à cette condition : ut probari possil homœusion, non improbemus homousion, 91, col. 543.

Cet appel à l’entente sur une large base de conciliation, ou du moins la critique faite par Hilaire du terme ôuotoôaioç, ne plut pas à tous les nicéens, à Lucifer de Cagliari en particulier. Ccustant, Prsef., 9. col. 473 ; Kiùger, Lucifer, Bischoj von Calaris, Leipzig, 1886, p. 38 rq. Le docteur gaulois s’expliqua dans une réponse dont il îe nous reste que de maigres fragments : Apologctica ad reprehensores libri de synodis responsa, P. L., t. x, col- 545-548. Ces fragments montrent du moins que l’auteur du livre incriminé savait parfaitement distinguer entre ce qu’il appelle la pieuse acception de 1’ôaoiojaioç et les interprétations différentes qu’on pouvait donner de ce mot-programme. Un peu plus tard, en 359, saint Athanase publiait à son tour un De synodis. Voir t. i, col. 2157. La différence dans le but que les deux docteurs se proposaient et dans les circonstances où ils écrivirent, l’un avant, l’autre après les conciles de Rimini et de Séleucie, explique suffisamment, en del ors de toute divergence c’octrinale, la diversité de ton et d’appréciation. Ibid., col 1831 sq. ; Ccustant, Præf., 5, 13, 14, col. 474, 477. Saint Jérôme estimait assez l’œuvre d’Hilaire pour la copier de sa propre main, alors qu’il était à Trêves. Epist., v, ad Florenlium, P. L., t. xxii, col. 337.

3° Écrits dogni(diques apocryphes ou douteux. — Quelques autres écrits ont été attribués à saint Hilaire, mais sans qu’aucun offre des garanties sérieuses. Les deux pièces : De Patris et Filii unilate ; De essentia Patris et Filii, P. L., t. x, col. 883-887, 887 888, sont de purs centons, provenant du traité De Trinilatr, ou même d’autres auteurs. Sont tenus communément pour apocryphes : une sorte d’apologie, publiée au xviiie siècle par Trombelli, Epislola seu Libcllus, P. L., t. x, col. 733-750 ; cf.dom G. Morin, dans Bévue bénédictine, 1898, t. xv, p. 97 sq. ; Bardenhewer, Geschichle, t. iii, p. 387 ; un Scrmo de dedicatione Ecclesiæ, avec préface du même Trombelli, P. L., t. x, col. 877884 ; une homélie, In commemoralione S. Pauli, imprimée dans le Spicilegium de Liverani, Florence, 1803, p. 113 sq. Un extrait de traité sous forme de questions et de réponses, relatives aux principales erreurs ariennes, a été publié, en 1903, par le D r H. Sedlmayer dans les Silzungsberich ! c de l’Académie impériale de Vienne, t. cxlvi, sous ce titre : Der Traclalus contra arianos in der Wiener Hilarius-Handschrijl. La présence de ce fragment dans un manuscrit du vie siècle qui renferme le De Trinilate, l’a fait attribuer à saint Hilaire, mais il n’existe aucune preuve tant soit peu concluante en faveur de cette attribution. Dom Morin, Hilarius V Ambrosiasler, appendice, dans Revue bénédictine, 1903, t. xx, p. 125-131 ; Bardenhewer, op. cit., t. iii, p. 379. Les Spuiin, de saint Hilaire. ont été édités par le P. Feder, dans le Corpus de Vienne, Leipzig, 1916, t. lxv.

II. ÉCRITS EXÉGÉT1QVES. - — 1° In Evangclium Matthœi commentarius en 33 chapitres, P. L., t. ix,

col. 917-1078. C’est le premier écrit de saint Hilaire que nous possédions ; il remonte au début de son épiscopat. Manque la préface, dont quelques lignes se trouvent dans les Fragments recueillis par Coustant, P. L., t. x, col. 723, citées d’après Cassien, De incarnalione, vu, 24, P. L., 1. 1., col. 251 ; de même, semblet-il, la fin ou conclusion. L’ouvrage se présente sous (orme de livre, ix. 11, col. 1027, quoiqu’il en soit de la conjecture probable qui en rattache la première origine à des homélies prêchées aux fidèles Coustant, Vila, 24 ; Admonitio, 8, col. 135, 912. L’auteur ne c.minente pas tout le texte évangélique, mais seulement certains passages, probablement ceux qui avaient été lus à l’église. Il s’en tient, sans discussion critique, à la seule version latine, en se préoccupant moins de la lettre que de l’esprit, et, quoiqu’il sache distinguer, dans les faits et les discours, le sens littéral du sens spirituel ou moral, c’est à ce dernier qu’il s’attache pour en tirer des considérations propres à instruire et à édifier. Par cette méthode d’interprétation allégorique, Hilaire se rapproche d’Origène, dont l’exégèse est souvent la sienne. Non pas qu’il faille voir dans le commentaire du docteur gaulois une traduction ni même une adaptation d’une œuvre du docteur alexandrin, le contraire est suffisamment prouvé par Coustant, Admonitio, 2, 3, col. 900 sq. ; mais on peut se demander s’il y a eu dès lors influence directe du second sur le premier. Les uns le nient, par exemple, Reinkens, op. cit., p. 70 rq., et Loofs, art. cit., p. 50 ; d’autres, comme Watson, op. cit., Introd., c. i, p. vu-vin, ne croient pas pouvoir expliquer autrement les ressemblances qu’il est facile de constater. Les « capitula » ou « canones » , titres et sommaires mis en tête des chapitres, ne sont pas de saint Hilaire, ils ont été ajoutés après coup.

2° Traciatus super psalmos, P. L., t. x, col. 231-908 ; édit. nouvelle par A. Zingerle, dans Corpus scriplorum ecclesiasticorum latinorum, Vienne, 1891, t. xxii, — Ouvrage beaucoup plus considérable que le précédent, composé par saint Hilaire après son retour d’exil. Divers indices, en particulier les allusions à une lecture préalable des psaumes, In ps. XIII, 2 ; xi v, 1, col. 295, 299,

  • permettent d’affirmer que l’exposition sous forme

d’homélies précéda la rédaction sous forma de livre. Coustant, Admon., 23, col. 232. L’exemplaire dont se servait saint Jérôme, De viris illuslr, 100 comprenait les psaumes i, ii, li-i.xii, cxviii-cl ; les éditions modernes ont, en outre, les psaumes xiii, xiv, lxiii-lix, non contestés, et ix, xci, const estes, cf. Zingerle, p. xiv ; ce qui fait en tout 50 ou 58 psaumes, sans compter le Prologus ou Inslructio psalmorum, où l’auteur expose ses principes sur l’interprétation des saintes Lettres. Fortunat paraît insinuer, Vita, 14, col. 193, que son prédécesseur avait commenté le psautier intégralement : scripta Davidici carminis sermone colhurnalo per singula rescravil. En tout cas, l’œuvre ne nous est point parvenue dans son intégrité, puisqu’il y a, dans les psaumes que nous possédons, des allusions à d’autres qui font défaut. Coustant., Admon., 4-7, col. 223 sq.

La méthode d’interprétation est la même que dans le commentaire de l’Évangile de saint Matthieu. Cependant deux particularités, dues sans doute au séjour d’Hilaire en Orient, sont à noter. Le commentateur se préoccupe davantage de dégager le sens littéral ; aussi a-t-il recours à diverses traductions, latines et grecques, surtout à la version des Septante, et parfois mention est faite d’opinions diverses : Prolog., l ; Inps.irr, 9 ; cxxiv, 1, col. 232 sq., 352, 679. En outre, la filiation origéniste est non seulement manifeste, .mais assez notable pour qu’on puisse parler de paraphrase, de vulgarisation, d’adaptation, en entendant toutefois une adaptation large, où le