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HILAIRE (SAINT’2396

être se rattache-t-elle à la lettre adressée aux évêques de ce pays par le pape Libère en 363. Fragm. hisl., xii, col. 714. Hilaire travailla d’abord seul, puis en compagnie d’Eusèbe de Yerceil, lequel, ayant assisté au concile d’Alexandrie, avait reçu la mission d’en appliquer les décrets en Occident. Aux efforts combinés des deux saints répondirent des fruits si abondants que Rufin, H. E., i, 31, P.L., t. xxi, col. 502, a pu les comparer à deux astres splendides éclairant de leur lumière l’illyrie, l’Italie et les Gaules. Il souligne particulièrement les succès de l’évêque gaulois, en les attribuant à la douceur et à la placidité de son caractère, ul esset natura knis et placidus. La contradiction vint pourtant. Quelques années plus tôt, divers passages du traité De synodis avaient déplu à Lucifer de Cagliari ; Hilaire avait fait une réponse dont quelques lambeaux existent encore, sous le titre d’Apologelica ad repre-Itensorcs libri de synodis responsa, P. L., t. x, col. 546. Mécontents maintenant de l’indulgence dont on faisait preuve à l’égard des évêques qui avaient faibli, les lucifériens unirent désormais dans une commune réprobation les noms du pape Libère et de ses deux lieutenants, Hilaire et Eusèbe de Verceil. Dom Coustant, Vila, n. 95-99, col. 168 sq. ; dom Chamard, Origines, p. 523 sq.

L’évêque de Poitiers n’en continua pas moins en Italie son œuvre apostolique. Le siège de Milan était occupé par Auxence, l’un des chefs homéens que le concile de Paris avait anathématisés. En 364, le ch ; m pion de l’orthodoxie jugea que le moment était venu de chasser le loup de la bergerie. Avec Eusèbe, il commença une campagne pour démasquer Auxence et soustraire à sa communion les catholiques milanais. L’évêque menacé fit appel à l’empereur Valentinien ; comme on le voit d’après un fragment conservé dans le Contra Auxenlium, 15, P. L., t. x, col. 618, il se plaçait sur un terrain juridique en alléguant les décrets du concile de Rimini et accusait ses adversaires de troubler la paix religieuse. Ces considérations firent impression sur l’empereur ; venu à Milan, en novembre 364, il interdit toute espèce d’assemblée chrétienne en dehors des lieux soumis à la juridiction d’Auxence. Hilaire protesta dans une requête où il dénonçait dans l’évêque homéen un blasphémateur, un ennemi du Christ. Ce qu’il écrira bientôt, il le dit dès lors : « De paix, je n’en désirerai jamais sinon avec ceux qui, s’attachant à la doct.ine sanctionnée par nos Pères à Nicée, anathématisent les ariens et proclament Jésus-Christ vrai Dieu. » Contra Auxenlium, 12, col. 617. Valentinien décida qu’une discussion aurait lieu entre les deux adversaires en présence de deux hauts fonctionnaires, assistés par dix évêques. Auxence exposa sa foi dans une formule où il rejetait en apparence la doctrine homéenne, mais se servait, sur le point brûlant, de termes à double entente : natum ex Pâtre Deum verum filitun ; ce qui pouvait signifier : vrai Dieu ou vrai fils (au sens arien). Les commissaires et l’empereur se contentèrent de la profession de foi d’Auxence, et comme Hilaire voulait dévoiler ses équivoques et ses réticences : lusit quidem ille verbis, quibus possit fallere et eleclos, ibid., 10, col. 615, il reçut l’ordre de retourner en Gaule. La publication du Contra Auxentium’ut comme une protestation, destinée à renseigi er les orthodoxes sur toute cette affaire et à sauvegarder l’intégrité de la loi. Si le saint docteur n’obtint, dans l’occurrence, qu’un succès incomplet, son intervention n’en eut pas moins pour effet de forcer Auxence à rejeter extérieurement le symbole d’Arius et à se maintenir désormais dans une prudente réserve. En outre, la réaction provoquée à Milan parmi les fidèles préparait de loin l’acclamation de saint Ambroise comme évêque, à la mort d’Auxence (374).

Rentré définitivement dans son diocèse, l’évêque de Poitiers consacra ses dernières années au bien spiri tuel de son peuple. De ses homélies d’alors nous avons l’écho dans le Traclalus super psalmos ; car il semble bien qu’à cette époque, comme au début de son épiscepat, il donna d’abord sous foim ? d’instructions ce qu’il disposa ensuite sous form : de livre. Coustant, Vita, 24, 109, P. L., t. ix, col. 135, 175. En mm ? temps le dévoué pasteur s’efforçait de former ses Poitevins à une pratique qu’il avait rencontrée etgoùtéeen Orient : les chants d’église, chants de prières et de psaumes, chants d’inmn s qu’il composa lui-même. Il voyait là un moyen d’attirer les faveurs du ciel, de rendre hommage à la Divinité, de mettre en fuite les démons et d’écarter les fidèles des réjouissances profanes. In ps. i.iv, 12 ; /ai, 1, 4 ; cxviii, litt. v, n. 14, P. L., t. ix, col. 420, 424 sq, 540.Dansles hm : ies qu’il composa, il se proposait aussi de prémunir son troupeau contre le venin dangereux des hérésies. D’ailleurs son zèle ne se bornait pas au commun du peuple ; sous son impulsion et sa direction, des âmes éprises d’un idéal plus relevé s’engagèrent dans la voie des conseils évangéliques. Le plus grand de ses disciples, saint Martin, nous est déjà connu. Apprenant, dans l’île de Gallinari où il s’était retiré, que son maître avait quitté l’Orient pour revenir dans sa patrie, il s’empressa de courir à Rome, où il espérait le rencontrer ; quand il y parvint, Hilaire en était déjà parti. Il le rejoignit à Poitiers, et presqui aussitôt, en 360 ou 361, la fondation de Ligugé inaugurait la vie monastique en Gaule. Coustant, Vita, 86, col. 164 ; Chamard, Origines, xii, p. 273 ; Saint Martin cl son monastère de Ligugé, Paris, 1873, c v, p. 35 sq. Parmi les vierges que le glorieux pontife consacra lui-même à Dieu, la tradition mentionne spécialement, après Abra, sa propre fille, Florentia, noble païenne qu’il avait convertie en Asie Mineure et qui le suivit en Aquitaine. Fortunat, Vita, 7, col. 189 ; Chamard, Origines, c. xv.

Saint Hilaire mourut à Poitiers : « la sixième année après son retour d’exil » , dit Sulpice Sévère, ii, 45, col. 155, mais sans déterminer à quelle époque précise ce retour avait eu lieu ; « la quatrième année du règne de Valentinie i et de Valons » (printemps 367 à printemps 36 S), dit Grégoire de Tours, Hisloria Francorum, i, 36, P. L., t. lxxi. col. 180. Cette dernière donnée se trouve aussi dans la Chronique de saint Jérôme, avec cette particularité que des manuscrits de cet ouvrage rattachent la mo.’t d’Hilaire, non pas à la quatrième, mais à la troisième année du règne des deux empereurs. R. Helm, Die Chronik des Hieronymus, dans Eusebius Wcrke, Leipzig, 1913, t. VI, p. 245. A ces divergences s’en ajoute une autre, relative au jour même de la mort, placé par quelques-uns au 1 er novembre au lieu du 13 janvier, suivant l’opinion commune. De là vient qu’une date ferme ne peut pas être fixée, les avis oscillant entre les années 366, 367 et 368. Acta sanctorum, comment, 31 sq. ; Tillemont, Mémoires, t. vii, p. 755, note xviii ; Coustant, Vita, 113-115, col. 177 sq. ; Chamard, Origines, p. 401. L’Éj-lise romaine fête saint Hilaire le 14 janvier, comme confesseur pontife et docteur. Ce dernier titre, dont il était honoré de temps immémorial dans beaucoup d’églises, fut officiellement consacré par le décret Quod potissimum de la S. C. des Rites et le bref apostolique Si ab ipsis, 29 mars et 13 mai 1851. Correspondance de Borne, 4e année, t. i, p. 233 sq., 266 ; Mgr Pie, Œuvres, t. i, p. 458-481.

r’Sources anciennes’: les œuvres mêmes de saint Hilaire, l’Historia sacra de Sulpice Sévère, la Vita S. Hilarii de Fortunat et autres écrits précédemment signalés ; le tout synthétisé par dom Coustant, Vita S. Hilarii ex ejus scriptis polissimum collecta, P. L., t. ix, col. 123-184.

Ouvrages généraux : Acta sanctorum, Anvers, 1643, t. i’januarii, p. 782 sq. ; J. Bouchet, Les Annales d’Aquitaine, Poitiers, 1644, c. vi-xv ; Tillemont, Mémoires (1700), t. vii,