Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/564

Cette page n’a pas encore été corrigée
2359
2360
HICKEY — Il IKRACAS


lui ce bel éloge : Nullus eo aljabilior, nullus humilior, nullus in sludiis inagis assiduus. Per menses integros hserebat domi, per diem univcrsum vel studebat. vel orabat. Son premier ouvrage fut une apologie de sa famille religieuse : Nitela franciscaine religionis et abslersio sordium <iiiibus eam conspurcare frustra tentavit Abrahamus Rzovius, in-4°, Lyon, 1627, publiée sous le nom de Dermitius Thadseus, qu’il portait avant son entrée en religion. Quand Wadding entreprit l’édition complète des œuvres de Duns Scot, le P. Hickey reçut pour sa part le soin de préparer les Commentaires sur le IVe livre des Sentences. Ils forment 3 in-fol., t. viii-x, de l’édition de Lyon, 1639. En faisant ce travail il conçut le projet d’écrire de semblables commentaires sur les trois premiers livres, ut plane et solide ex conciliis et sanctis Patribus Scoti doctrinam corroborarct, et impugnantium ralionibus satisfaceret, dit encore Wadding. Il commença par le IIIe livre, mais n’alla pas au delà de la VIe distinction, prévenu par la mort, le 26 juin 1641. Son maître le fit ensevelir dans l’église de Saint-Isidore, auprès de Mac Caghwell, et plaça sur sa tombe une épitaphe socio gratissimo et amico optimo. Il promettait de publier ses écrits inédits sur le IIIe livre des Sentences, ainsi que des Responsiones ad pleraquc dubia moralia et ascetica. Le P. Hickey laissait encore un travail De stigmatibus sanctai Calharinæ Senensis, adressé aux cardinaux de la S. C. des Rites, et un ouvrage, qualifié par Maracci opus insigne atque omnibus numeris absolutum, dans lequel il traitait De conceptione immaculala R. Virginis Mariée. On conserve au couvent de Dublin plusieurs lettres originales du P. Hickey, relatives aux affaires d’Irlande, car son pays lui demeura toujours cher, et il avait rêvé d’écrire une histoire critique de son île natale en collaboration avec plusieurs savants compatriotes. Quand il mourut, il était définiteur général de son ordre, dignité que lui avait conférée le chapitre tenu à Rome, en 1639.

Wadding et Sbaralea, Scriplnres ordinis minorum, Rome, 1806 ; Hippolyte Maracci, Bibliotheea Mariuna, Rome, 1(548 ; The catholic encyclopédie !, New York, 1910.

P. Edouard d’Alençon.

    1. HIÉRACAS ou HSÉRAX##


HIÉRACAS ou HSÉRAX, hérétique dii temps de Dioclétien, chef de la secte des hiéracites.

Le personnage.

C’est surtout à saint Épiphane,

Hser., lxvii, P. G., t. xlii, col. 172-184, qu’on doit la plupart des renseignements sur la personne et les erreurs de ce chef de secte. Hiéracas était né à Léontopolis, en Egypte, dans la seconde moitié du iiie siècle. Il était médecin de profession ; sa culture littéraire et scientifique était très étendue ; il étudia même l’astronomie et la magie. Il savait la Bible par cœur et avait commenté le commencement du livre de la Genèse. Jusqu’à l’âge de quatre-vingt-dix ans, il ne cessa d’écrire et composa des psaumes ou des cantiques, que devaient chanter ses partisans. Homme d’une très grande austérité et orateur à l’éloquence persuasive, il fit beaucoup de prosélytes, qui prirent son nom.

Il est regrettable que ses ouvrages soient perdus, surtout son Hexaméron, car ils auraient permis de se faire une idée exacte de son exégèse et de sa doctrine. Un simple mot de saint Épiphane donne à penser qu’il interpréta la Genèse d’une manière allégorique : il l’accuse, en effet, d’avoir nié la réalité du paradis terrestre, mais sans dire pourquoi. On en est donc réduit aux conjectures. Voulait-il, en niant cette réalité, écarter toute objection contre l’idée qu’il se faisait du mariage, puisque c’est au paradis terrestre que Dieu a institué l’union de l’homme et de la femme ? N’élait-il pas plutôt influencé par la théorie gnostique de la matière, considérée comme essentiellement mauvaise et source du mal ? Ceci expliquerait son interprétation allégorique du paradis, lequel ne serait

autre que le séjour du monde des esprits, d’où les anges tombèrent pour s’être trop épris de la matière ; et cela cadrerait avec son ascétisme et sa négation de la résurrection du corps ; car il n’admettait que la résurrection spirituelle de l’âme, le corps n’étant qu’une prison dont l’âme est délivrée par la mort, et la résurrection du corps ressemblant à un nouvel emprisonnement de l’âme. Mais s’il en est ainsi, Hiéracas devrait être rangé parmi les encratites gnostiques.

On ne saurait le confondre avec le personnage nommé Hiérax, signalé comme l’un des douze disciples de Manès, par Pierre de Sicile, qui vivait au IXe siècle, Hist. Manich., 16, P. G., t. civ, col. 1265 ; ce témoignage est trop tardif pour permettre de faire de l’Égyptien Hiéracas un manichéen. Les auteurs les plus rapprochés de l’époque où parut et se développa le manichéisme, nomment bien trois disciples de Manès, mais aucun d’eux ne s’appelle Hiérax. Du reste, saint Épiphane, qui a soin de relier entre elles les hérésies dont il parle, ne marque aucune connexion entre celle des hiéracites et celle des manichéens, qui la précède dans son traité.

Ses erreurs.

L’enseignement d’Hiéracas contenait

quelques erreurs, commandées, semble-t-il, par la conception gnostique de la matière qui est au fond de son système : telle, par exemple, la condamnation du mariage. L’Ancien Testament, observait-il, enseigne la crainte de Dieu et réprouve l’envie, la concupiscence, l’injustice, etc. Qu’est venu enseigner de nouveau le Christ, sinon la continence, la chasteté, la virginité ? C’est là, selon l’apôtre, la sainteté, sans laquelle personne ne verra le Seigneur. Heb., xii, 14. Dans la parabole évangélique des dix vierges, si les unes sont sages et les autres folles, toutes du moins sont vierges. Le mariage dès lors n’a plus sa raison d’être ; simplement autorisé dans l’ancienne loi, c’est un état d’imperfection supprimé désormais par l’Évangile. On lui objectait le mot de saint Paul : honorabile connubium in omnibus. Heb., xiii, 4. Hiéracas répond : J’en appelle à ce que le même apôtre dit plus loin : Je voudrais que tous les hommes fussent comme moi, I Cor., vii, 7, c’est-à-dire célibataires. Paul ne tolère le mariage que comme un moindre mal, en vue d’éviter la fornication. En conséquence, Hiéracas n’admettait au nombre de ses partisans que des célibataires ou des veufs, des vierges ou des veuves. Remarquons qu’il acceptait l’attribution à saint Paul de l’Èpître aux Hébreux et qu’il trouvait dans son exemplaire cette Épître avant les Épîtres aux Corinthiens. Il recevait aussi les Pastorales de saint Paul, bien qu’on ne voie pas comment il pouvait en concilier certains passages, tels que I Tim., iv, 2, avec sa propre doctrine. Il s’appuyait notamment sur le passage où il est dit que les femmes doivent se parer de bonnes œuvres, I Tim., ii, 10, pour exclure du royaume des cieux les petits enfants, parce qu’ils ne sauraient le mériter par quelque action personnelle dans la lutte contre le mal ou dans la pratique du bien. En outre, il niait, comme nous l’avons déjà dit, la résurrection des corps, et n’admettait qu’une résurrection spirituelle, celle des âmes.

Sur la Trinité, au dire de saint Épiphane, Hiéracas aurait eu une doctrine conforme à celle de l’Église, mais il ne peut s’agir là que de ce qui concerne le Père et le Fils. Et pourtant saint Épiphane signale ailleurs, Hær., lxix, 7, une lettre d’Arius, également citée par saint Athanase et saint Hilaire de Poitiers, dans laquelle Arius, opposant sa doctrine à celle de Valentin, rie Manès, de Sabellius et d’Hiéracas, déjà réprouvés par l’Église, soutenait l’orthodoxie de sa foi : Nec sicut Hiéracas, lucernam de lucerna, vel lampadem in duas parles. S. Hilaire, De Trinitate, iv, 12 ; vi, 5, P. L., I. x, col. 105, 160. A vrai dire, la formule d’Hiéracas