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HEXAMERON — HEYNLIN

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à la manière des hommes de son temps, dans un langage vulgaire et sans portée scientifique. Cette manière de traiter des choses de la nature a été reconnue juste pour tous les écrivains sacrés par Léon XIII, encyclique Providentissimus Dcus, du 18 novembre 1893. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 1947. Mais si la valeur scientifique du chapitre I er de la Genèse est nulle, sa portée religieuse n’en est pas diminuée. Moïse y a résumé et pour ainsi dire condensé les vérités théologiques fondamentales, dans un langage intelligible à tous les esprits, même les plus simples. Ses conceptions cosmogoniques sont très élevées et très pures, bien supérieures a toutes les cosmogonies anciennes dont elles condamnent les erreurs. Au lieu des dieux multiples qui se combattent entre eux, la première page de la Bible hébraïque ne présente qu’un seul Dieu, qui a créé toutes choses, même le chaos primitif, d’où est sortie la terre par la seule volonté du Tout-Puissant. Dieu a créé de rien par un acte de volonté. Tous les êtres, formés par lui, dépendent donc de lui, même les ténèbres que les Babyloniens faisaient éternelles, comme le ciel, la terre, les astres, les végétaux, les animaux et les hommes. Dieu a posé aussi les lois de la nature physique en donnant à chaque être sa constitution propre, et il n’a créé que des êtres beaux et bons, qui répondaient à sa volonté, aussi se coin plaît-il dans son œuvre, qu’il trouve digne de lui. Le Dieu unique, créateur de l’univers entier, est donc tout-puissant, infli iment sage et bon. Les anthropomorphismes, emplov es pour décrire l’activité divine, ne diminuent pas ses beaux attributs ; ils ne servent, au contraire, qu’à les faire comprendre aux intelligences les plus simples, en les mettant ainsi à leur portée. Comme l’homme est le centre et le roi de toute la création visible, cette créature intelligente, la seule qui soit faite à l’image de Dieu, doit garder évidemment cette ressemblance et se montrer digne de sa haute dignité et de sa domination sur la création entière que Dieu a mise à sa disposition. S’il doit travailler six jours de la semaine, il doit se reposer le septième et consacrer ce jour bénit et sanctifié dans le repos au service de Dieu.

En dehors des commentaires modernes de la Genèse, qui sont indiqués, col. 1207, on peut consulter spécialement sur le c. i" : Gutbcrlet, Dos Sechstagewerk, Francfort, 1882 ; J. Corluv, Spicilegium dogmatico-biblicum, Gand, 1884, t. i, p. 163-227 ; J. Lagrange, Hexaméron. dans la Revue biblique, 1896, p. 381-407 ; FI. de Moor, Le récit génésiaque de la création, Louvain, 1890 ; J. Mir y Noguera, La creacion, Madrid, 1890 ; F. de Hummelauer, Nachmals der biblisclie Schôpfungsbericht, dans Biblische Sludien, Fribourg-en-Brisgau, 1898, t. iii, fasc. 2 ; trad. franc, par Eck, Le récit de la création, Paris, s. d. (1898) ; L. Bigot, Le récit élohiste de la création, dans la Revue du clergé français, Paris, 1901, t. xxviii, p. 42-72 ; F. Kaulen, Der biblisclie Schôiifungsbericht, Fribourg-en-Brisgau, 1902 ; V. Zapletal, Der Schôpfungsbericht der Gencsis, Fribourg (Suisse » , 1902 ; trad. franc., Genève, Paris, 1904 ; 2e édit., Fribourg, 1911 ; C. Berold, Die Schôpfungslegende, Bonn, 1904 ; A. Netter, Les six jours de la création, Paris, 1903 ; Gnaudt, Der mosaïsche Schôpfungsbericht, Graz, 1906 ; Gockel, Schôpfungsgeschichtliche Theorien, Cologne, 1907 ; F. Schwally, Die biblischen Schôpfungsberichte, dans Archiv fiir Religionswissenschafl, 1907, t. ix, p. 159-175 ; F. Bettex, Das erste Blatt der Bibel, Stuttgart, 1906 ; G. Lasson, Die Schôpfung. Das erste Blatt der Bibel fur unsere Zeit erlàutert, Berlin, 1907 ; S. Euringer, Das naturwissensclmflliche Hexæmeronpmblem und die katholische Exégèse, dans les publications du séminaire historique de Munich, 1907, t. iii, p.25-45 ; A. Stacul, Der Schôpfungsbericht. Eine exegetischapologetische Abhandlung, Profsnitz, 1908 ; J. Guibert, La cosmogonie mosaïque, dans la Revue pratique d’apologétique, Paris, 1909-1910, t. ix, p. 271-275 ; J. Selbst, dans Handbuch zur Biblischen Geschichte, 6’édit., Fribourg-en-Brisgau, 1910, t. i, p. 113-144 ; E. Minjon, Die biblischen Schôpfungslage, dans Der Katholik, 1911, p. 458-465 ; K. Budde, Wortlaut nd Wcrden der erslen Schopfungsgeschichtedans Zeitschrift fiir altlestumentlicheWissenscha/t,

1915, t. xxxv, p. 65-97 ; H. Lenski, Das Hexæmeron dans Theologische Zeilblâtter, 1915, t. v, n. 4 ; P. Humbert Das fiïn/te Schôp/ungswerU, dans Zeitscltrift fiir altestamentliche Wissenscliaft, 1916, t. xxxv, p. 137-141 ; K. Buddé, Zum vierlen Schôpfungstag, ibid., t. xxxyi, p. 198200 ; J. Touzard, Les origines du monde et de l’humanité. La création, dans L’École, Paris, 1917-1918, t. IX, p. 98-99, 123-124, 191-195, 242-243, 266-267.

E. Mangexot.

    1. HEYENDAL Nicolas##


HEYENDAL Nicolas, né à Walhom en 1658 au diocèse de Liège, après avoir terminé ses études au collège des jésuites d’Aix-la-Chapelle, fut arrêté, pendant qu’il allait à Rome frire sa théologie, par des soldats Vénitiens, qui l’enrôlèrent de force et il fut retenu quatre ans captif à Corfou. De retour chez lui et ses études faites à Louvain, il embrassa la vie religieuse dans l’abbaye des chanoines réguliers de Rolduc, diocèse de Liège, où il enseigna la théologie et l’Écriture sainte. Ses confrères l’élurent abbé en 1712. Il s’appliqua au maintien de la discipline. Mais sa doctrine passait avec raison pour suspecte. En 1698, il avait publié : Les jours évangéliques ou trois cent soixante-six vérités tirées de la morale du Nouveau Testament, in- 12, Liège. Une traduction allemande, qui parut sous ce titre : Pieux désirs de l’âme, Aix-la-Chapelle, 1701, fut blâmée par le nonce Bussy et attaquée par le P. D Jsirant, doyen de la faculté de théologie de Louvain (1709). Heyendal publia : L’orthodoxie de la foi et de la doctrine de l’abbé et des religieux de Rolduc, Liège. 1710. La polémique continua. L’évêque de Liège prohiba, comme renfermant des doctrines dangereuses, la Dejensio seriptorum theologicorum de gratia Christi dudum a B. D. Nie. Heyendal… luci publiese data, Liège, 1712. La faculté de théologie de Cologne put censurer six propositions extraites de cet ouvrage (1714). L’auteur essaya de se justifier par des répliques. Son activité littéraire n’était pas absorbée par ces luttes. On iui doit : Lillerse ecclesiasticse de vita et obligationibus ministrorum Ecclesiæ, in-12, Liège, 1703, et la continuation des Annales Roldenses ab anno 11181700, qui forme le t. vi de l’Histoire du duché de Limbourg de Ernst, éditée par Lavalleye, 7 in-8°, Liège, 1837-1848. Heyendal mourut le 5 mai 1733.

Paris, Histoire du diocèse et de la principauté de Liège, Liège, 1868, p. 87-94 ; Allqemeine deutsche Biograpliie, t. xii. p. 363 ; Biographie nationale de Belgique, t. ix, col. 340 ; Hurter, Nomenclator, 1910, t. IV, col. 1242-1243.

J. Besse.

    1. HEYNLIN Jean##


HEYNLIN Jean, docteur et professeur de la Sorbonne à Paris, naquit à Stein, petit village sur le Rhin, au diocèse de Spire, vers l’an 1430. Selon l’usage de son temps, du nom latinisé de son pays natal (Lapis), il a été appelé jusqu’à nos jours. Jean de Lapide, Lapideus, La pi t anus, etc., et c’est sous ce nom qu’il est justement célèbre. En 1452, il était déjà ecclésiastique et suivait les cours universitaires à Leipzig où il composa à cette époque un traité sur Aristote. Il se rendit de là à Paris, entra à la maison de Sorbonne, y fut reçu maitre es arts et débuta dans la carrière de professeur par l’enseignement de la grammaire. Le fameux humaniste Jean Reuter était au nombre de ses disciple :  ;, et le non moins célèbre Jean de Amerbach, imprimeur à Bàle, fit aussi ses études philosophiques et théologiques sous sa direction. Il garda toute sa vie une grande vénération pour son maître, et lorsqu il imprima la logique de Porphyre et d’Aristote avec le commentaire de Jean Heynlin, il se fit un point d honneur de se déclarer son ancien disciple dans la souscription finale du volume : per migis-Irum Joannem de Amerbach Lapidani quondam discipulum, etc. Cf. Hain, Repcrtorium, n. 9919. Vers 14591463, Jean Heynlin enseigna avec éclat la philosophie péripatéticienne en Sorbonne et fut un des chefs des réalistes. Appelé à professer les mêmes doctrines en la nouvelle université de Bàle, il se distingua parmi tous