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HEXAMERON

2340 de Deo, !. I, v. 112-317, P. L. t. Lx, col. 694-725 ; S. Avit. Poemata, 1. I, De initio mundi, édit. R. Peiper, Monument i Germanise historica. Auctores anliqui simi, Berlin, 1883, 1. vi b, p. 203-212 ; Ul. Chevalier, Œuvres complètes de saint Avit, Lyon, 1890, p. 5-15.

Le Vénérable Bède, de son côté, n’accepta pas la théorie de saint Augustin sur la création simultanée, et il adopta la pensée des Pères cappadociens. Trompé par cette idée que la terre occupait le centre du monde, Il avait d’abord admis qu’elle avait été à l’origine dans sa forme présente, mais qu’elle était couverte et cachée par les éléments. Hexæmcron, 1. I, P. L., t. xci, col. 18-39. Mais il changea d’avis, et dans son commentaire Il exposa mieux l’œuvre de la création première. C’est toute la matière élémentaire qui a été créée avant le premier jour et organisée pendant les six jours, qui furent des jours de 24 heures. Les êtres produits alors, à l’exception de l’; 'me humaine, ont été tirés par Dieu de la matière préexistante. Le temps qui a précédé les six jours a été d’une durée indéfinie. Comment, in Pentatcuchum, c. i, ibid., col. 191. La même doctrine est exposée dans un ouvrage douteux du même auteur. Qusest. super Gencsim ex dictis Palrum dialogus, t. xciii, col. 236. Le Vénérable Bède fut le premier à admettre explicitement un long intervalle entre la création de la matière première et son organisation. Alcuin emprunta à Bède son explication de la matière iLinentaire et informe, élaborée dans les six jours. Queest. in Gen., P. L., t. c, col. 517. Raban Maur transcrivit le commentaire du moine anglosaxon. In Gen., P. L., t. cvii, col. 439. Walafrid Strabon dépend de Bède, Glossa ordinaria, Gencsis, i, P. L., t. cxiii, col. 67 sq., ainsi que Wicbod, Liber quæstionum super librum Genesis, P. L., t. xevi, col. 1106 sq. ; Haimon d’Halberstadt (ou mieux d’Auxerre), Expositio in Epist. ad Heb.. xi, P. L., t. cxviii, col. 901 ; Honorius Augustodunensis, Hcxameron, P. L., t. clxxii ; Rémi d’Auxerre, In Gen., i, P. L., t. cxxxi, col. 55 ; Angelome de Luxeuil, Comment, in Gen., i, P. L., t. cxv, col. 13-14 ; saint Bruno, fondateur des chartreux, Exposit. in Epist. ad Hcb., xi, P. L., t. cliii, col. 551 ; saint Bruno d’Asti, Exposit. in Gen., i, P. L., t. clxiv, col. 147-148 ; Hervé de Bourgdieu, Comment, in Epist. ad Heb., xi, P. L., t. clxxxi, col. 1644 ; Hugues d’Amiens, Traclatus in Hexæmcron, n. 15-17, P. L., t. cxcii, col. 1253-1254. Mais l’école de SaintVictor revint à la première explicat ion de Bède. Le ciel et la terre ont été créés avec les quatre éléments, puis organisés. Hugues de SaintVictor, Annolaliones elucidatoriæ in Pentedeuchum, P. L., t. clxxv, col. 29 ; De sacramentis fidei, t. clxxvi, col. 173 ; Richard de SaintVictor, Exception., 1. II, c. vii, P. L., t. clxxvii, col. 207. Cette explication a été adoptée par Pierre Lombard. Sent., 1. II, dist. XII, n. 3-8, P. L., t. cxcii, col. 676. Rupert de Deutz, De Trinitate et operibus ejus, Genesis, P. L., t. clxvii, col. 199, et Abélard, Exposit. in Hexæmcron, P. L., t. clxxviii, col. 731734, tout en admettant la création de la matière première avant le premier jour, tiennent les jours de la création pour des jours idéaux.

5. Les scolastiques.

Ils ont combiné les différents courants de la tradition ecclésiastique. Ils ont cité les interprétations de saint Augustin, et, à cause de sa grande autorité, ils ne les ont pas condamnées, si on excepte saint Bonavenlure. Cependant ils ne les ont pas admises non plus, et en particulier ils ont rejeté les jours idéaux pour conserver les jours réels de 24 heures. S’ils conservent la création simultanée des éléments du monde, ils n’admettent plus, sous l’influence d’Aristote, la matière absolument informe, parce que la matière première ne. peut absolument pas exister sans Joime ; la matière élémentaire était donc pour eux

douée d’une forme imparfaite. Sous la même influence, ils admettent l’incorruptibilité des corps célestes et ils adoptent, sauf saint Bonaventure, In IV Sent., 1. II, dist. XII, a. 2, q. i, que les cieux n’ont pas été formés de la matière première. Seuls, les êtres terrestres ont donc été tirés de la matière première et créés dans leurs espèces propres au cours des six jours de la création, qui sont des jours de 24 heures. Alexandre de Halès, Sum. theologiæ, part. II, q. xxxvi sq. ; Albert le Grand, In IV Sent., 1. II, dist. XII ; Sum. theoi, part. II, tr. XI, q. xuvsq. ; S. Bonaventure, In IV Sent., 1. IJ, . dist. XII, a.l, q. i ; S. Thomas, In IV Sent., 1. II, dist. XII sq. ; Sum. theol., I*, q. lxvi sq. ; Duns Scot, In IV Sent., 1. II, dist. XII sq. ; Rcportata Parlsiensia, 1. II, dist. XII. Vincent deBeauvais joint à la doctrine commune des observations exactes, prises sur la nature. Spéculum naturale.

La doctrine des princes de la scolastique est répétée par tous les commentateurs du Maître des Sentences, de l’Ange de l’école et du docteur subtil. On la retrouve encore dans Suarez, De opère sex dierum, 1. I et II, dans Opéra, Paris, 1856, t. m (pour lui, la terre était cachée sous les éléments), et dans Petau, De sex primorum mundi dierum officio, 1. I, dans Théologien dogmata, Paris, 1866, t. iv. Cependant le cardinal Cajétan, au xvie siècle, reprit les idées de saint Augustin et soutint la création simultanée. Comment, in Gen., c. i, Lyon, 1639. Melchior Cano le suivit dans cette voie, sauf qu’il admit la réalité des jours de 24 heures.. De locis theologicis, 1. VII, c. i, dans Migne, Cursus complelus theologiæ, t. i, col. 365.

Les commentateurs de la Genèse, à partir du xvi fr siècle, suivent de très près le texte original et en exposent le sens littéral. Steuchus, dans sa Cosmopœia, Lyon, 1535, déclara que les astres avaient été créés au 1° jour avec la lumière, mais qu’ils ne furent visibles qu’au 4e jour. Ambroise Catharin adopta aussi cette explication, qui devint bientôt la plus commune.

2° Du XVIIIe siècle à nos jours. — 1. Systèmes qui tiennent compte des sciences naturelles. — Les progrès réalisés dans l’astronomie et les sciences physiques amenèrent quelques naturalistes à émettre des hypothèses soi-disant scientifiques sur l’origine du monde. Les premiers attribuaient de différentes manières la conformation actuelle de la terre au déluge de Noé. C’étaient des neptuniens, qui expliquaient l’origine du monde par l’eau. Les plutoniens l’expliquaient par l’action du feu. Buffon demandait 100 000 ans pour la constitution du monde. Dans la Philosophie

oologiqe, Lamarck supprima l’idée d’époques, de

cataclysmes, de déluges, que Buffon avait exposée dans Les époques de la natire, et la remplaça par l’idée de continuité des actions naturelles. Rien de soudain ; un terrain géologique est la suite d’un autre terrain ; rien ne se crée, tout se transforme. Le système cosmogonique de Kant, développé par Laplace, les études géologiques et paléontologiques mirent en conflit la Genèse avec la science. Les apologistes chrétiens, imitant les Pères et les théologiens qui avaient presque tous expliqué le récit biblique de la création par la science de leur temps, tentèrent de concilier avec la Bible les conclusions et même les hypothèses des astronomes, des géologues et des paléontologistes modernes. Ils imaginèrent divers systèmes, plus ou moins heureux, de conciliation. « ) Le restilutionnisme. — Le plus ancien de ces systèmes est celui de la restitution, opérée par Dieu en six jours, de la création primitive. Celle-ci, indiquée au verset 1 er du récit mosaïque, a eu lieu de la manière qu’expliquent les savants : elle a exigé un temps consi dérable, et la terre s’est constituée progressivemen et lentement, suivant l’ordre des diverses couches géologiques. Elle a été suivie d’un cataclysme épou-