Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/526

Cette page n’a pas encore été corrigée

JJS.i

HERMAS

2284

4, p. 308. Il ne faudrait pas croire que ce soi !, là un éclm île la doctrine outrée des encratites. Car être continent, aux yeux du Pasteur, c’est s’abstenir de tout mal et faire le bien : et les maux dont il faut s’abstenir sont l’adultère et la fornication, l’ivrognerie, l’orgueil, le mensonge, le blasphème, l’hypocrisie, le vol, le dol, le faux témoignage, l’avarice, la concupiscence mauvaise et tout ce qui lui ressemble. Mani., viii, 2 6, p. 412. Être continent, c’est aussi pratiquer la foi, la crainte de Dieu, la charité, la concorde, la justice, la vérité, la patience, et c’est secourir les veuves, les orphelins et les pauvres, exercer l’hospitalité. Mand., vm, 9-10, p. 412. Tout autant de devoirs qui incombent a la vie ordinaire du chrétien, où il n’est nullement question de l’ascétisme cncratite, mais qui montrent bien qu’à la foi on doit joindre les œuvres. Nous avons déjà dit comment le Pasteur entendait le jeûne.

Dans l’état de justification, tel qu’il est constitué par le baptême, l’homme peut acquérir des mérites, observer les commandements, suivre même les conseils e pratiquer des vertus héroïques dignes d’une récompense spéciale. Ceci n’est autre que l’affirmation du dogme catholique relatif aux œuvres surérogatoires. Pour avoir procédé à l’arrachement des mauvaises herbes, opération qui ne lui avait pas été pres-cite, le serviteur a été adopté comme cohéritier du Fils de Dieu. « Observez les commandements du Seigneur, et vous plairez à Dieu, et vous serez inscrit au nombre de ceux qui observent ses commandements. Mais si vous faites quelque bien qui dépasse les commandements de Dieu, vous vous acquerrez à vous-même une gloire suréminente et vous jouirez auprès de Dieu d’un crédit plus grand que vous ne pouvez l’espérer. » Sim., v, 3, 1-3, p. 454.

Il est vrai que l’observation des commandements p irait très difficile à Hermas. Mand., xii, 3, 4, p. 432. Elle n’est pourtant pas impossible, observe le Pasteur ; il suTit de se persuader qu’elle est possible pour en rendre l’accomplissement aisé. Mand., xii, 3, 4-5, p. 432. En tout cas elle est obligatoire, car « si tu ne les observes pas, dit le Pasteur à Hermas, Mand., xii, 3, 6, p. 432, il n’y aura de salut ni pour toi, ni pour tes enfants, ni pour ta maison, » c’est-à-dire pour personne Mais il y a le diable, remarque Hermas, Mand., xii, 5, 1 ; et le Pasteur de répondre : On n’a qu’à Lri résister, car s’il peut lutter, il ne peut vaincre ; l’ange di la pénitence est là pour soutenir les efforts du chrétien tenté.

La pénitence et le silvt.

Comment conserver

Intact le sceau baptismal, pratiquer la chasteté de la vérité, àyvûTY) ; T7J ; àXr|9e ! a ;, et atteindre cet idéal de perfection, quand la fragilité humaine est si grande ? Il faut tenir compte d’une chute toujours possible, trop souvent réelle. Le chrétien qui succombe doit-il désespérer de son salut ? Ici deux solutions se présentaient, radicalement opposées l’une à l’autre ; celle des giostiques relâchés et celle des rigoristes outrés. Les premiers tenaient pour indifférente toute faute commise après le baptême ; mais c’était là « une doctrine étrangère, un enseignement d’hypocrites, » de nature à pervertir les serviteurs de Dieu, surtout les pécheurs, e î ne leur laissant pas faire pénitence et en les rassurant par des propos insensés. Sim., viii, 6, 5, p. 490. Par réaction contrs ce cynique relâchement, d’autres p -cchaient un rigorisme outré et cherchaient à imposer nu ascétisme complet. Comme on peut le voir dans les Aota Thomæ, Bonnet, Aela Thomse, Leipzig, 1883, p. 11-13, 55-73, et dans d’autres pièces apocryphes, Lds que les Actus Pétri cum Simone, Lipsius, Acta i’rtri, Lelozig, 1891, p. 85-87, 228-234, et VÉvangilc selon les Égyptiens, Nestlé, Novi Testamenti supplem "ntum, Leipzig, 1896, p. 72, l’idéal d’une pureté intégrale, d’une continence absolue, devait être la règle

à suivre. L’auteur de la 77° démentis, 7, 8, 9, 13, 15, Funk, Opéra Patrum apnst., Tubingue, 1881, t. i, p. 152, 154, 158, 160, 162, préconise cet ascétisme. La solution d’Hcrmas est plus humaine ; elle est opposée à ceux qui soutenaient déjà, comme devaient le faire les montanistes, l’impossibilité pour le chrétien failli de reconquérir l’innocence baptismale et d’obtenir après le baptême le pardon de ses péchés.

Dieu est plein de longanimité, et il veut que l’appel adressé par son Fils ne soit pas frustré. » Sim., viii, 11, 1, p. 496. * Il connaît l’infirmité de l’homme et l’astuce du diable, et il a pitié de sa créature. » Mand., iv, 3, 4-5, p. 398. Lui seul assure la guérison du pécheur. Mand., iv, 1, 11, p. 396. Comment ? Par la ixsrâvo’.a. A la volonté divine de sauver les baptisés, à la miséricorde de Dieu prête à pardonner et à guérir, doit correspondre de la part du coupable un acte, ou mieux une conduite morale qui accepte ce moyen et s’y soumette. Or, il ne s’agit ici ni du sacrement de pénitence, dont Hermas ne parle pas, ni du processus canoniquement institué pour la réconciliation officielle des pécheurs, tel qu’il ne tarda pas à fonctionner, mais d’un exercice de la vertu de pénitence, comportant beaucoup plus que ce que signifie le mot latin de pseiitentia, à savoir, un changement de l’âme, une réforme intérieure, un renouvellement moral, une transformation des idées, des sentiments et des mœurs, en un mot. une vraie conversion, car telle est la force du mot grec asiavota. Et cela comprend, avec le regret du passé et le ferme propos pour l’avenir, c’est-à-dire avec la contrition, l’expiation pénible du péché, c’est-à-dire la satisfaction. « La [Astàvoia est une grande prudence ; car celui qui l’accomplit comprend qu’il a péché, se repent de son acte, ne fait plus le mal, s’appliq le à faire le bien, humilie et tourmente son âme parce qu’il a péché. » Mand., iv, 2, 2, p. 396.

Cette [Actavoia s’applique à tous les péchés sans distinction, même à ceux qui, pour un temps assez court, vont être regardés comme des cas réservés, l’apostasie, l’adultère et l’homicide. Hermas ne parle pas, il est vrai, de l’homicide, mais il signale les adultères et les blasphémateurs. L’épouse adultère, dit-il, Mand., iv, 1, 7, p. 394, doit être reçue par son époux, si elle a fait pénitence de son péché. Quant aux apostats, ceux là peuvent bénéficier de la quxâvota qui ont renié de bouche et non de cœur. Sim., ix, 26, 5, p. 546

Mais cette [Asxàvota, si elle s’étend à tous les péchés, ne convient pas indistinctement à tous les pécheurs : elle ne sert qu’aux chrétiens anciens, et non à ceux qui viennent d’être baptisés ou le seront dans la suite. Ceux-ci ont bien la rémission de leurs péchés (par le baptême), mais ils n’ont pas la ijEtâvoia. Mand., iv, 3, 3, p. 398. Cette restriction arbitraire accuse bien le rigorisme de l’époque, mais elle n’est pas seule, car il est spéciflé que celui qui a profité de la [-uixvo’.a ne peut y recourir qu’une seule fois : [J.c’av |j.stâvotav ïyu.Mand., iv, 3, 6, p. 398. Si donc il retombe dans le péché, il n’y a pas à compter sur le secours efficace d’une seconde Luravoia, et il vivra difficilement : àaufi<popo’v èœt’. t » ocvOpaSjcu xi » TotoÛTii), SuaxoX’o ; yàp Z-rpt-tzi. Ibid. C’est ainsi que, pendant quelque temps, l’Église introduira dans le régime pénitentiel une restriction de ce genre en n’accordant qu’une seule fois au chrétien pécheur le bienfait de la pénitence canonique.

Ces deux points établis, le Pasteur énumère par trois fois les pécheurs qui peuvent recourir efficacement à la |j.Etâvoia. Une première fois, au sujet de la tour bâtie sur les eaux. Il n’y a ici de définitivement rejetés de la construction, c’est-à dire de l’Église, et privés de salut, que les fils d’iniquité : ils ont exaspéré le Seigneur. Vis., n :, 6, 1, p. 362. Parmi les pierres non encore utilisées, les unes gisent près de la tour, les autres sont