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HERMANT ( GODEFROY ET JEAN)


devine dans quel esprit, son Grand chemin du jansénisme au calvinisme, Montauban, 1651. Hermant, sous le pseudonyme de sieur de SaintJulien, lui répond par la Défense de la piété et de la foy de la sainte Église catholique, apostolique et romaine contre les mensonges impiétez et blasphèmes de Jean Labadie, apostat, Paris, 1651. Toujours pour laver les jansénistes de l’accusation de calvinisme, il donne l’année suivante Fraus calvinistarum retecla, sive catechismus de gratia ab hæreticis Samuelis Maresii corruptelis vindicalus. theologicis aliquol epistolis Hieromjmi ab Angelo/orli ad Jacobum de Sainte-Beuve. Cet ouvrage était dirigé contre Samuel des Marets, ministre de Groningue, qui avait essayé la même démonstration que Labadie. La nomination de Nicolas Choart de Buzenval au siège de Beauvais, en 1651, vint ouvrir à Hermant un nouveau champ d’action. Ce prélat partageait toutes les idées du parti janséniste. Le recteur de l’université devint son homme de confiance, dans la bonne comme dans la mauvaise fortune. Dès 1653, il publie un Discours chrétien sur l’établissement du bureau des pauvres a Beauvais, qui eut du retentissement bien au delà des limites du diocèse et qui fut plusieurs fois réimprimé. Il s’occupe de l’administration diocésaine et de la conduite du séminaire et s’attire par là des oppositions qui allaient trouver occasion de se manifester. La querelle janséniste venait de se rouvrir avec le procès d’Arnauld. Hermant prend une part importante aux délibérations de l’université sur cette affaire et défend éloquemment, mais inutilement, la personne et les idées de son ami. Il est mêlé de très près à tout le mouvement d’où sortent les Provinciales. Aussi lui attribue-t-on un rôle dans la série des publications qui accompagnent les Petites Lettres. Il aurait eu part, avec Pascal et Périer, à la rédaction du Factum pour les curés de Paris contre l’Apologie des casuistes, Paris, 1658 ; du Factum pour les curés de Rouen, 1569, contre la même apologie. Il est certainement le rédacteur de la Requête de trois cents curés du diocèse de Beauvais, 1658, présentée à Choart de Buzenval contre l’œuvre du P. Pirot. De même on retrouve sa plume, ses idées et ses passions dans les nombreux mandements et ordonnances de son évêque sur le sujet des casuistes. Mais la condamnation d’Arnauld et son exclusion de la faculté de théologie furent pour lui un coup sensible. Aussi dit-il adieu à l’université et renonça-t-il volontairement aux privilèges de la maison et société de Sorbonne.

D’autres épreuves l’attendaient. Le chapitre de Beauvais, se mettant résolument en opposition avec l’évêque, dressa un statut qui exigeait de ses membres la signature de la bulle d’Alexandre VII et du formulaire de l’Assemblée du clergé relatifs aux cinq propositions. Hermant et quelques autres chanoines, conseillers de Choart, refusèrent cette signature. Après un procès fertile en incidents, ils furent de ce fait exclus du chapitre et privés de leurs bénéfices par un arrêt du conseil en date du 21 juillet 1659. Hermant chercha des consolations dans la retraite et dans l’étude de l’antiquité chrétienne. Il publie, en 1656, la Traduction d’une épistre de S. Basile à des solitaires qui avaient été persécutez par les ariens, et, en 1658, le Traité de la providence composé par S. Chrysostome pendant son exil pour l’édification de ceux qui avoient esté scandalisez des afflictions de l’Église. Ce n’étaient là que des travaux préparatoires. L’exemple de Le Nain de Tillemont, alors réfugié à Beauvais, et peut-être aussi, comme l’affirme Sainte-Beuve après Ellies Dupin, ses manuscrits le poussent à des œuvres plus approfondies. C’est d’abord une Vie de S. Jean Chrysoslome, par le sieur Ménart (anagramme de Hermant), qui paraît en 1664 ; la Vie de S. Alhanase, en 1672 ; la Vie de S. Basile et de S. Grégoire de Nazianze, en 1674 ;

enfin la Vie de S. Ambroise. en 1678. Ces ouvrages, qui eurent un grand succès, forment une véritable histoire de l’Église au temps des grands docteurs. Pagi s’en est souvent inspiré dans ses Crilica in Baronium.

A cette époque, Clément IX avait rendu, provisoirement au moins, la paix à l’Église. Hermant avait été réintégré dans ses fonctions et revenus, le 31 octobre 1668. Mais il n’oubliait ni ses études, ni l’intérêt pratique qu’elles pouvaient avoir. Il avait publié, en 1668, en collaboration avec Arnauld, et sous leur double prénom d’Antoine Godefroi, un petit traité de La conduite canonique de l’Église pour la réception des filles dans les monastères. Il y ajoutait, en 1673, une traduction des Ascétiques, ou traitiez spiriluelz de S. Basile le Grand, publiée cette fois sous son nom. Enfin, en 1690, paraissaient les trois volumes de ses Entretiens spiriluelz sur S. Mathieu. Ces ouvrages semblent avoir été composés plus spécialement pour les religieuses de Port-Royal, auxquelles Hermant s’intéressait au point que Moréri lui attribue V Éloge de la mère Angélique de S. Jean Arnauld, qui se trouve dans le Nécrologe de Port-Royal. Il était du reste en relations d’amitié avec les hommes les plus éminents de l’Église de France : Bossuet et du Cange étaient en correspondance avec lui. Mais, depuis la mort de Choart de Buzenval, en 1679, il n’exerçait plus aucune action directe dans le diocèse de Beauvais. Il vécut dans le silence et la retraite jusqu’à sa mort, survenue, à Paris, le Il juillet 1690.

Il avait laissé de nombreux manuscrits, dont quelques-uns ont vu le jour. En 1693, Auger publiait, à Lille, une Clavis ecclesiasticse disciplina ;, remaniée par l’éditeur, et pour cela, déclarée indigne d’Hermant par les critiques contemporains. Il en fut de même pour la Tradition de l’Église sur le silence chrétien et monastique, donnée par Muguet en 1697. Tout récemment. M. Gazier publiait les Mémoires de Godefroi Hermant sur l’histoire ecclésiastique du XVIIe siècle, 6 vol., Paris, 1905-1910. Enfin, son Histoire de Beauvais et du Beauvaisis, restée manuscrite (Bibliothèque nationale, fonds français, n’18 8579-8583), a été largement utilisée par tous ceux qui depuis se sont occupés du même sujet.

A. Baillet, La vie de Godefroy Hermant, Amsterdam, 1717 ; Mézenguy, Idée de la vie et de l’esprit de messire Nicolat Choart de Buzenval, Paris, 1717 ; P. Féret, La faculté de théologie de Paris. Époque moderne, t. ut, p. 127 sq. ; t. IV, p. 227 sq. ; C. Jourdain, Histoire de l’université de Paris aux XVII’et XVIIIe siècles, p. 150 sq. ; J. Gaillard, Un prélat janséniste : Choart de Buzenval, Paris, 1902 ; Bliard, Études religieuses des Pères de la Compagnie de Jésus, 1908, p. 637664 ; Kirclienlexikon, t. v, col. 1837 ; Hurter, Nomenclator, Inspruck, 1910, t. iv, col. 497-499.

A. HUMBERT.

    1. HERMANT Jean##


2. HERMANT Jean, historien, né à Cæn en février 1650, mort en octobre 1725. Cet ecclésiastique, curé de Saint-Pierre de Maltrot et chanoine de Bayeux, composa de nombreux ouvrages, parmi lesquels : Histoire des conciles contenant en abrégé ce qui s’est passé de plus considérable dans l’Église. Ensemble les canons de l’Église, l’abrégé chronologique de la vie des papes et leurs décisions. Avec des notes pour l’intelligence des canons obscurs et difficiles ou qui méritent quelques observations particulières. Les déclarations des Assemblées générales du clergé de France sur les points de discipline et celles du roy sur la même matière ou pour le maintien de la juridiction ecclésiastique. Avec les édils et déclarations touchant les mariages, in-12, Rouen, 1695 ; 4 in-12, 17J1 ; 4e édit., 1730 ; cf. Mémoires de Trévoux, 1704, p. 1735-1743 ; Histoire des ordres religieux tt des congrégations régulières et séculières de l Église, avec l’éloge et la vie en abrégé de tous les patriarches et de ceux qui y ont mis la réforme selon