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GERTRUDE LA G RANDE — GE RVAIS DE BRISACH

I ;  ;  ; 18

Après un arrêt (fin du xviiie siècle et commencement du xixe), la renommée et l’influence de Gertrude sont entrées dans une phase de développement. Il faut l’attribuer à trois causes principales. Premièrement, les progrès de la dévotion au Sacré-Cœur ont appelé l’attention sur les écrits de la sainte. Quand on traite du Sacré-Cœur, il est rare qu’elle ne soit pas nommée et que des fragments du Héraut de l’amour divin ne soient pas reproduits. Cf., entre autres, E. Letierce, Le Særé-Cceur, ses apôtres et ses sanctuaires, Nancy, 1886, p. 28-40 ; Granger, Les archives de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus et au Saint-Cœur de Marie, Ligugé, 1893 ; [dom L. Fromage], L’année liturgique. Le temps après la Pentecôte, 9e édit., Paris, 1896, t. i, p. 487, 494-496 ; dom E. Vandeur, La messe du Sacré-Cœur préparant à la communion eucharistique, Louvain, 1913 (larges emprunts aux Exercices) ; L. Cros, Le cœur de sainte Gerlrudc, 5° édit., Paris, 1913. Du reste, en dehors du culte qu’elle rend au Sacré-Cœur, la piété chrétienne a compris les ressources que lui offrent les révélations de Gertrude. Nous avons vu le cas que le P. Faber en faisait. Parmi de nombreux témoignages qu’on pourrait recueillir, qu’il suffise de signaler celui du Manuale pietatis ex opcribus B. Gertrudis desumplum in usum sacerdolum, Turin, 1870, réédition. Deuxième cause : les bénédictins de Solesmes publièrent, en 1875, une édition latine, et, en 1877, une traduction française tics œuvres de Gertrude, l’une et l’autre supérieures à ce que l’on possédait jusque-là ; devenues aisément accessibles aux lecteurs, elles ont eu une partie du succès qu’elles méritent. Enfin, le vent est aux études de mystique et de liturgie et à ce qu’on a appelé le « bénédictinisme » . Sainte Gertrude bénéficie de ce mouvement. Voir, par exemple, le P. Cros, L’année de sainte Gertrude, nouv. édit., Paris, 1913 (extraits sur les principales fêtes et sur les périodes liturgiques de l’année), et, parmi les littérateurs, J.-K. Huysmans, En route, 5e édit., Paris, 1895, p. 430 ; L. Le Cardonnel, Poèmes, Paris, 1904, p. 179. Dans ce renouveau mystique, tout n’est pas également bon. Un livre morbide, publié sous le pseudonyme de Claude Sylve, et intitulé : La cité des lampes, Paris. 1912, obtenait naguère un succès scandaleux ; l’auteur cite à tort et à travers sainte Gertrude « et croit pouvoir mettre en petites chansons les stigmates, l’anneau des fiançailles, les délices de l'Époux, rabaissant les noces mystiques aux plus vulgaires émotions humaines… Nous ne saurions trop nous élever contre ces irrévérences, » a dit justement R. Vallery-Radot, dans la Revue de la jeunesse, Paris, 1912-1913, t. vii, p. 46. Cf., du même, L’homme de désir, Paris (1913), p. 13. L’ouvrage si saint et si aimant de Gertrude doit être lu et ne peut être compris que s’il est lu dans un état d'âme qui s’harmonise avec celui de la sainte.

I. Œuvres. — La première édition fut publiée, dans une traduction allemande, par le dominicain Paul de Weida, sous ce titre : Das Buch der Botseliaft der gôltlicher Gutikeit, Leipzig, 1505. La première édition latine, préparée par J. Lansperge, et intitulée : Insinuationes divinx pietatis, parut, par les soins du chartreux T. Loher, à Cologne, 1536. Deux nouvelles éditions latines parurent, en 1662, l’une à Paris, l’autre à Salzbourg ; une autre encore à Paris, 1664. Les bénédictins de Solesmes ont donné une édition latine améliorée sous le titre général : Revelationes gertrudianx ac meehtildianx, Poitiers, 1875 ; les œuvres de sainte Gertrude occupent le t. i, et comprennent les révélations, avec leur titre de Legalus diuinæ pietatis, et les Exercitia. Outre la traduction de Paul de Weida, nous avons, en Allemagne, celles de Cologne, 1674 ; de M. Sintzel, Ratisbonne, 1847-1848, 3 vol., et 1876, 2 vol. ; de J. Weissbrodt, Fribourg-en-Brisgau, 1877, et 1900 (édition abrégée) ; des Exercitia par dom M. Wolter, Ratisbonne, 5e édit., 1896 ; en Italie, celles de V. Buondi, Venise, 1562, 1588,

1635, 1660, 1670, 1710 ; de L. Villani, Naples, 1879 ; de C. Poggiali, Florence, 1886 ; en Espagne, celles de Madrid, 1605, 1689 ; en France, celles de J. Jarry, Paris, 1580, sous ce titre : Exercices dévots et spirituels dépendons du livre de saincte Gertrude auquel est discouru de la piété divine ; de J. Ferraige, Lyon, 1634 ; de dom J. Mège, Paris, 1671, 1676, 1687 ; Avignon, 1842 ; Paris, 1866, 1879 (ces deux dernières sans le nom du traducteur), extraits dans Migne, Dictionnaire de mystique chrétienne, Paris, 1858, col. 557571 ; de l’anonyme Recueil très utile des plus signalées et remarquables révélations de saincte Gerlrudc, Lyon, 1618 ; des.Exercices, par dom P.Guéranger, Paris, 1863 ; cf. Ch. Gay, dans la Revue du monde catholique, Paris, 1863, t. VI, p. 658667 ; des bénédictins de Solesmes (en fait dom L. Paquelin), Poitiers, 1877 ; en Angleterre, celle de Londres, 2e édit., 1871.

IL Sources. — La source principale et presque unique est le Legatus divinæ pietatis. Il y a aussi quelques renseignements dans le Liber specialis gratix, au t. n des Revelationes gertrudianx ac meehtildianx. Voir encore les bollandistes, Bibliotlwca hagiographica latina antiqux et medix xlatis, Bruxelles, 1899, p. 520. Sur le monastère d’Helfta, cf. M. Kruhne, Urkundenbuch der Klôster der Grafschaft Mansfeld, dans les Geschichtsquellen der Provinz Sachsen, Halle, 1888, t. xx, p. 127-297.

III. Travaux.

A. de Andrada, Vida de la gloriosa virgen y abadessa S. Gertrudis de Eyslevio Manspheldense, Madrid, 1663 ; trad. italienne par A. Vaiola, Rome, 1704 ; trad. portugaise, Lisbonne, 1708 ; A.-M. Bonucci, S. Gertrude vergine la Magna, Rome, 1710 ; Venise, 1713 ; Benoît XIV, De servorum Dei beati ficatione et beatificalorum canoni : ationc, 1. I, c. xii, § 11, Prato, 1839, t. i, p. 299-301 ; J. de Castâniza, Vida de la prodigiosa virgen S. Gertrudis la Magna, Madrid, 1804 ; E.-L. Rochholz, Drei Gaiigottinen, Walburg, Verena, und Gertrud ans dem grrmanischen Frauenleben, Leipzig, 1870 ; W. Preger, Geschichte der deutschen Myslik im Mitlelalter, Leipzig, 1874, t. i, p. 71-78, 122-132 ; l’introduction des Revelationes gertrudianx ac mcclitildianx, Poitiers, 1875 ; Kaulen, dans Kirchenlcxikon, Fribourg-en-Brisgau, 1888, t. v, p. 473-476 ; Zockler, dans Realeneyclopàdie, 3e édit., Leipzig, 1899, t. vi, p. 617-618 ; cf. Hauck, 1913, t. xxiii, p. 557 ; G. Ledos, Sainte Gerlrudc, Paris, 1901 ; cf. J. Guiraud et H. Joly, dans le Bulletin critique, Paris, 1901-1902, t. vii, p. 633-635 ; t. viii, p. 17-20 ; E. Michæl, Geschichte des deutschen Volkes vom dreizehnten Jahrhundert bis zum Ausgang des Mittclallcrs, Fribourg-en-Brisgau, 1903, t. iii, p. 174-211 ; dom M. Festugière, La liturgie catholique, dans la Revue de philosophie, Paris, 1913, t. xxii, p. 769-773 ; L. Félix-Faure-Goyau, Une école de littérature mystique au XIIIe siècle. Le monastère d’Helfta, dans la Revue française, 25 mai 1913, p. 207-213, reproduit, avec des additions, dans Christianisme et culture féminine, Paris, 1904, p. 165-210. Voir, en outre, les autres travaux signalés au cours de cet article et ceux qui sont indiqués par U. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge. I. Bio-bibliographie, Paris, 1903-1904, t. i, col. 1762-1763.

F. Vernet. 1. GERVA98 DE BRISACH, frère mineur capucin de la province de Suisse, se nommait Brunk, et il était docteur en philosophie et en droit quand il se fit religieux. On le chargea d’enseigner la philosophie et la théologie, ce dont il s’acquitta avec honneur, comme le prouvent les deux ouvrages qu’il laissa en ces matières. Le premier est un Cursus philosophicus breoi et clara melhodo in 1res tomulos dislribulus, 3 in-8°, Soleure, 1687 ; Cologne, 1711. Le second est un Cursus theologicus brevi et clara methodo in très parles et sex tomulos distribulus, in quo omnes materise Iheologicse tain speculalivæ quam praclicæ : imo et controversisticæ cum varictale sententiarum contincntur, 6 in-8°, Soleure, 1689-1690 ; 5e édit., Cologne, 1716 ; 6e, ibid., 1733. Le P. Gervais, après avoir été trois fois provincial de Suisse, visiteur et commissaire général en Flandre, mourut à Lucerne le 29 septembre 1717.

Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptor. ord. min.

capuccinorum, Venise, 1747 ; Pie de Lucerne, Chronica

prov. Helvelicæ ord. S. P. Fr. capucinorum, Soleure, 1885,

p. 421 ; Hurter, Nomenclator, Inspruck, 1910, t. iv, col. 618.

P. Edouard d’Alençon.