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HÉNOTIQUE


paix parfaite ne laisse derrière elle aucune divergence, et l’ailoralion d’un seul et même Dieu ne peut avoir sa vérité que dans l’unité de la profession de foi. Epist., xxviii, loc. cit. Il serait difficile de ne pas admirer la claire logique de ces instructions pontificales.

Les légats romains furent partout bien accueillis au cours de leur voyage, et trouvèrent partout les évêques disposés à souscrire le formulaire d’Hormisdas. C’est en mars 519 qu’ils arrivèrent à Constantinople, où ils furent reçus avec le plus grand empressement. Le patriarche Jean II accepta le formulaire ; il lui donna seulement la forme d’une lettre, celle-ci lui paraissant plus honorable pour lui que celle d’un libellus. Mansi, Concil., t. vin. col. 449 sq., 453 sq. C’est pourquoi il plaça en tête de la profession de foi un prologue très respectueux à l’égard du pape, où il affirmait que les Églises de l’ancienne et de la nouvelle Rome n’en faisaient plus qu’une. Mansi, ibid., col. 451. Quant à la formule elle-même, elle fut entièrement acceptée. Acace y était condamné en même temps que « ceux qui avaient persisté dans sa communion » , expression où étaient implicitement compris Euphémius et Macédonius, en conformité avec les dernières concessions permises sur ce point aux légats. En présence de ceux-ci, les noms des patriarches Acace, Flavita, Euphémius, Macédonius, Timothée, ceux des empereurs Zenon et Anastase, furent effacés des diptyques. Lorsque tous l’es évêques présents, les archimandrites, les sénateurs eurent aussi souscrit la profession de foi, à la grande joie du peuple, un ollice solennel fut célébré le dimanche de Pâques, 24 mars 519, pour achever publiquement l’acte de la réconciliation. Deux mille cinq cents évêques avaient souscrit la formule d’Hormisdas. Rusticus, Disput. contra acephalos, dans Galland, Bibliothcca Potrum, t. xii, p. 75 ; cf. P. L., t. lxvii.

C’était la victoire complète de Rome, et la thèse était solennellement reconnue, que quiconque ne reste pas et ne meurt pas dans la communion romaine n’a aucun droit à la commémoration ecclésiastique dans les diptyques.

La formule d’Hormisdas est dans YEnchiridion de Denzinger-Bannwart, n. 171-172. Nous ne la reproduisons pas entièrement ici, bien qu’elle constitue en fait le véritable Hénotique orthodoxe, qui rétablit l’union rompue par le soi-disant Hénotique de Zenon. Nous en citerons seulement la phrase concernant Acace, puis l’alinéa final, qui accentue toute l’importance de la communion romaine :

Condemnamus etiam et anathematizamus Acacium Conslantinopolilanum quondam episcopum ab apostolica Sede damnatum, eorum (c’est-à-dire de Timothée Élure et de Pierre Monge précédemment nommés) eomplicem et sequacem, vel qui in earum communion is socictate permanserint : quia Acacius quorum se communioni miscuit, ipsorum similem jure meruit in damnatione sententiam…

Suscipimus autem et j>robamus epistolas beati Leonis papx uniuersas, quas de christiana religione conscripsil, sicut prædiximus, sequentes in omnibus apostolicam Scdem, et prxdicanles ejus omnia constiluta. Et ideo spero, ut in una communione vobiscum, quam Sedes apostolica prxdicat, esse merear, in qua est intégra et verax christianæ religionis et perfecta soliditas : promittens in sequenti tempore sequestratos a communione Ecclesiæ catholicæ, id est non consentientes Sedi apostolicæ, connu nomina inler sacra non recitanda esse myitcria. Quodsi in aliquo a professione mea deviarc tentauero, his quos damnavi eomplicem me mea sententia esse proftteor. liane autem projessionem meam ego manu mea subscripïi, et libi Hormisdx sancto ac uenerabili papx urbis Romee direxi.

Saint Hormisdas, qui attendait avec impatience le résultat des négociations, et qui, dans l’intervalle, avait encore envoyé le defensor Paulinus avec des lettres à destination de Constantinople, Mansi, Concil., t. viii, col 100-461, s’empressa, dès qu’il eut connais sance de l’œuvre accomplie, d’en féliciter l’empereur, 9 juillet 519. Ibid., col. 462. Les légats prolongèrent jusqu’en 520 leur séjour à Byzance, où leur présence paraissait nécessaire pour la pleine consolidation des nouvelles mesures ecclésiastiques.

Le patriarche Jean II mourut en réputation de sainteté, au début de l’année 520. Son successeur Épiphane, prêtre orthodoxe et vertueux, fut confirmé par Hormisdas, qui l’établit même son vicaire en Orient et s’en remit à lui du soin de recevoir dans la communion catholique les ecclésiastiques isolés. La paix et l’union se raffermirent ainsi de plus en plus. Le danger hérétique n’existait plus qu’à Alexandrie et à Antioche.

Les circonstances, peu de temps après, amenèrent à Constantinople le pape lui-même, Jean I er, successeur de saint Hormisdas (depuis août 523). A la suite du dissentiment survenu entre l’empereur Justin et le roi des Visigoths ariens Théodoric, par suite de la persécution infligée aux ariens dans l’empire byzantin, le pape Jean I er se trouva dans une position extrêmement difficile. En 524, Théodoric le contraignit à faire le voyage de Constantinople. Théophane, Chronographia, Bonn, p. 261 ; Marcellinus, Chron., an. 525, P. L., t. li, col. 490-941 ; S. Grégoire le Grand, Dial., m, 2 sq. Ce fut la première fois qu’un pape fit son entrée dans la capitale byzantine : il y reçut de l’empereur, du patriarche et du peuple le plus brillant accueil. Le dimanche de Pâques, 30 mars 525, Jean I er célébra solennellement à la grande église selon le rite romain. Sa primauté fut reconnue publiquement à cette occasion : un trône plus élevé que celui du patriarche Épiphane lui fut dressé. Dexter dextrum ecclesiæ insedit solium, dicmque Domini resurreclionis plena voce romanis vocibus celebrauit, écrit le comte Marcellin. Chronicon, loc. cil. Cf. Liber pontificalis, Vita Joannis / Théophane, loc. cit. ; Nicéphore, xvii, 9, P. G., t. cxi.vn, col. 241.

V. Conclusion : justification du point de vue

CATHOLIQUE ET DE L’ATTITUDE DES PAPES DANS

l’affaire de l’Hénotique. — L’auteur grec d’une récente étude historique sur les causes du schisme entre l’Église romaine et l’Église orientale, Mgr Nectaire Képhalas, métropolite de Pentapole, après avoir résumé à sa manière l’histoire de l’Hénotique et du schisme acacien, ose poser les questions suivantes : » Nous le demandons, où apparaît dans toute cette histoire la puissance du pape ? où voit-on la reconnaissance de l’infaillibilité du pape ? où est le droit divin ? où est la docilité et la soumission des autres Églises ? où sont tous ces privilèges que le pape d’aujourd’hui prétend lui avoir été attribués par les Pères antérieurs au schisme de Photius ? » MsÀitr, i<rcopiy.r l icepî tôv outûov to’j a’/faaa-o ;, jc=pi ttJç BiaitiMÛjetoç autou, xaî tou 8uva tcij ï) àouvocTou T7J ; évciSaîtoç xtô ; o-Jo’Kz"/Xt]Œhôv,

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llvna.r.6Xîio ; NeKTapîou, Athènes, 1911, t. ï, p. 150.

De telles questions, sous une plume épiscopale, montreront l’importance pratique qu’a aujourd’hui encore l’étude impartiale de cette affaire de l’Hénotique. On aura la même impression, en parcourant les divers articles de la Grande encyclopédie, aux mots Acace, Félix III, Monophgsisme, etc., où E.-H. Vollet rejette tous les torts sur les prétentions des papes « à une juridiction souveraine sur toutes les Églises » . Voir aussi le jugement, entièrement favorable à Acace et à Zenon, porté par H. Gelzer, dans le court résumé d’histoire byzantine qu’il a rédigé en supplément de Knimbacher, Geschichle der byzanlinischen Litleratur, 2e édit., Munich, 1897, p. 921.

Pareilles interprétations des faits légitiment l’étendue donnée à cet article, où le lecteur de bonne foi trouvera les réponses les plus catégoriques aux railleuses questions du métropolite oriental, et aux