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HÉGESIPPE — HEIBER


ne spécifie point s’il s’agit, dans ce dernier cas, de la traduction littérale du De bello judaico généralement attribuée à Rufin, ou de celle, beaucoup plus libre d’allures, qui porte le nom d’Hégésippe ; toutefois ce qu’il dit du style fait penser plutôt à cette dernière qui rappelle la manière de Salluste beaucoup plus que le style de Ru fin. Rufin, du reste, au rapport de Gennade, De script, eccl., 17, P. L., t. lvii, col. 1070, n’a rien traduit de Josèphe.

Il existe, en effet, un ouvrage latin, sous le titre de De bello judaico ou De excidio urbis hierosolymitanse, étroitement apparenté avec le Flepl toû îouSatxou t.oIsij-o-j, de Josèphe, qu’il traduit toujours librement, qu’il abrège parfois ou qu’il amplifie en puisant à d’autres sources, dont les quatre premiers livres correspondent assez exactement aux quatre premiers livres et à une partie du Ve du De bello judaico de Josèphe, dont le Ve et dernier résume les deux derniers livres du même Josèphe. C’est l’œuvre d’un bon latiniste, comme le prouve le style, et d’un défenseur de la foi chrétienne, comme le prouve son langage relatif à la mort du Sauveur et à la persécution de ses disciples par les juifs, De bello jud., ii, 12, aux apôtres saint Pierre et saint Paul, ni, 2, et au judaïsme, iv, 5, P. L., t. xv, col. 2056-2057, 2068-2070, 2115. Cet auteur porte dans diverses éditions le nom d’Hégésippe ou d’Égésippe, qui, à raison même de la perfection de son style, n’a rien de commun avec l’Hégésippe du IIe siècle, et qui paraît bien n’être que la corruptiou du nom même de Josèphe. Le grec’Icôar^o ;, ’I wa7]717roç, ’IoiatT]7t-o ;, Josepus, Joseppus, Josippus en latin, est facilement devenu Egesippus, Hegesippus, et sous cette forme ce nom ne paraît pas avant le viiie siècle. Dans un manuscrit de cet ouvrage de la bibliothèque ambrosienne de Milan, qui est du viie -vme siècle, on trouve à la fin du I er livre : Josippi liber primus explicit ; mais Josippi a été corrigé postérieurement en Egesippi. Cf. Mabillon, Musseum italicum, Paris, 1687, t. i, p. 13. D’autres manuscrits dans la suite portent Hegesippi comme aussi le nom de saint Ambroise. Mais la substitution à’Egesippi à Joseppi ne trompait pas les esprits avertis ; témoin ce passage d’une lettre de l’Espagnol Alvarus : scito quia nihil tibi ex Egesippi posai verbis, sed ex Josippi vestri doctoris, où il est question précisément d’une citation empruntée au prétendu Hégésippe. Cf. Traube, Rhein. Muséum, 1884, t. xxxix, p. 477. De telle sorte qu’il faut voir dans le nom d’Hégésippe le nom défiguré de Josèphe.

Mais alors qui peut bien être l’auteur de cette traduction, qui, d’après les critères internes et externes, remonte à la fin du ive siècle ? Faut-il y voir un travail de la jeunesse de saint Ambroise ? La question ne semble pas tranchée, répond Bardenhewer, Les Pères de l’Église, trad. franc., Paris, 1899, t. ii, p. 305, bien que de nos jours, sur la foi des manuscrits et d’après certaines analogies de langage, on se prononce en général pour l’affirmative. Au xvii° siècle, les bénédictins avaient rayé cette traduction de la liste des œuvres de saint Ambroise ; mais Gronovius, Vives et Valois la croyaient bien de l’évêque de Milan ; plus réservé, Tillemont, Mémoires, 1. 1, p. 541, trouvait que le style en est trop aisé et trop coulant pour être de saint Ambroise. Galland en tout cas, à l’exemple de Mazochius, l’a insérée à la suite des œuvres de saint Ambroise, Bibliotheca veterum Patrum, Venise, 17651788, t. vii, p. 653-711, et Migne a fait de même, P. L., t. xv, col. 1961-2224. Plus récemment Fr. Weber et J. Csesar, qui penchent pour son attribution à saint Ambroise, en ont donné une édition critique, la meilleure parue jusqu’ici, qui a servi de base au texte du prétendu Hégésippe dans l’édition des œuvres de saint Ambroise par Ballerini, Milan, 1875-1883, t. vi, col. 1-276. Et tandis que Vogel, De Hegesippo, qui

dicitur, Josephi interprète, Erlangen, 1881 ; Ambrosius und der Uebersetzer des Josephus, dans Zeitschrijt fur die osterreich. Gymnasien, 1883, t. xxxiv, p. 241-249, combat l’origine ambrosienne de cette traduction, Reifferscheid, dans Sitzungsberichle der Wiener Akademie. Philos.-hist. Classe, 1867, t. lvi, p. 442, Rônsch, Die lexikalischen Eigenlhumlichkeiten der Lalinitàt des sog. Hegesippus, dans Romanische Fnrschungen, Erlangen, 1883, p. 256-321, et Ihm, Siudia Ambrosiana, dans Jahrbùcher fur class. Philologie, 1889, Supplément, t. xvii, fasc. 1, p. 61-68, essaient de la défendre. Schûrer, Geschichte des jùdischen Volkes, 3e édit., Leipzig, 1901, t. i, p. 96, partage J/avis de Vogel. Dans le prologue du De bello judaico, l’auteur indique deux autres ouvrages de sa composition : un résumé historique du contenu des quatre livres des Rois, et un travail sur les Macchabées. Ona rapporté ce dernier ouvrage aux livres bibliques des Macchabées. Dom Morin, loc. cit., p. 81-86, l’identifie à la Passion latine des Macchabées, qui est conservée dans une vingtaine de manuscrits et que dom de Bruyne va publier. La question d’auteur ne semble donc pas tranchée, mais l’ouvrage reste un document précieux, œuvre d’un chrétien qui, à la fin du iv c siècle, a utilisé Josèphe sans oublier la défense de sa foi.

V. Ussani, qui a entrepris l’édition de cette traduction pour le Corpus de Vienne, s’est prononcé en faveur de saint Ambroise, dans Studi ilaliani di fdologia classica, Florence, 1906, t. xiv, p. 245 sq. ; O. Scholz, au contraire, l’attribue au juif converti, Isaac (l’Ambrosiaster ?), Die Hegeslppus-Ambrosius Frage, dans Kirchengeschichlliche Abhandlungen, Breslau, 1009, t. viii, p. 149-195 ; puis comme dissertation doctorale, Breslau, 1913. Dom Morin rejette absolument l’attribution à saint Ambroise, et il pense à Dexter dont parle saint Jérôme, De viris illust., 132, P. L., t. xxiii, col. 715. L’opuscule perdu du soi-disant Hégésippe sur le* Machabées, dans la Revue bénédictine, 1914, p. 86-91. La meilleure édition du prétendu Hégésippe est celle do Fr. Weber et de J. Csesar : Hegesippus qui dicitur sive Egesippus, de bello judaico, ope codicis Cassellanl recognitus, Marbourg, 1864 ; Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, Paris, 1693-1712, t. i, p. 541 ; Oudin, De scriptoribus ecclesiasiicis, Leipzig, 1722, t. ii, col. 1026-1032 ; Fabricius, Bibliotheca lat. médise et infimæ œtatis, 1735, t. iii, p. 582-584 ; J. Cassar, Observationes nonnullæ de Josepho lalino, qui Hegesippus vocari solel, emendando, Marbourg, 1878 ; Klebs, Dos lateinische Geschtchlsioerk ùberden Judischenkrieg, dans Festschrlft zum fiïnfzig-jdhrigen Doctor-jubilàum Ludwig Friedlànder, 1895, p. 210-241 (pour lui, l’auteur du De bello judaico est un oriental) ; Schûrer, Geschichte des jiïdischen Volkes im Zeitalter Jesu Cliristi, 3e édit., Leipzig, 1901, t. i, p. 96-97 ; Bardenhewer, Les Pères de l’Église, trad. franc., Paris, 1899, t. ii, p. 305-306 ; Geschichte der altkirchlichen Literatur, Fribourg-en-Brisgau, 1912, t. iii, p. 505-506 ; Smith et Wace, Diclionary o/ Christian biography, t. ii, p. 878 ; Kirchenlexikon, 2e édit., t. v, col. 1585-1586.

G. Bareille.

    1. HEIBER Gélase ou selon d’autres HIEBER##


HEIBER Gélase ou selon d’autres HIEBER, dont Hurter fait à tort deux personnages différents, Nomenclator, 1910, t. iv, col. 1190 et 1326, augustin allemand, né à Dinckelsbiil, en Souabe, dans la seconde moitié du xviie siècle et mort à Munich en 1731, fut un prédicateur renommé, jusqu’à mériter de la part de ses contemporains le surnom de « Cicéron allemand » . Au milieu de ses occupations oratoires il ne négligea pas néanmoins celles de l’érudit, ce qui lui permit do composer les ouvrages suivants : 1° Gepredigte Rek gionshistorie, d. i. Jésus Chrisius und seine Kirchen, offenbahrlich dargezeigt von Urbegin der Welt bis an das Ende der Zeiten, 3 in-fol., Augsbourg, Dillingen, Ratisbonne, 1726-1733 ; 2° Catéchisme exposé en forme de sermons (en allemand), in-4°, Munich, 1723 ; 3° Vita celeberrimi Ecclesise doctoris S. Augustini, in-4°, Munich, 1720 ; 4° De cultu et oeneratione sacrosanctæ eucharisliæ, in-8°, Augsbourg, 1712 ; 5° Mater admi-