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HÉGÉSIPPE

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gnoslicisme et le place à leur tête. H. E., ïv, 8, P. G., t. xx, ’col. 321. Saint Jérôme, De vît. ill., 22, P. L., t. xxiii, col. 640, voit en lui l’historien de l’Église universelle depuis la passion du Sauveur jusqu’à l’époque où il rédigea ses Mémoires ; et ceci explique le titre de Père de l’histoire ecclésiastique qu’on lui donne parfois. Mais autant qu’on en peut juger par les fragments, son ouvrage, à la fois historique et polémique, n’était pas une histoire proprement dite, car on ne s’expliquerait pas comment le récit du martyre de saint Jacques survenu au I er siècle ne se trouve que dans le 1. Ve, comme l’atteste formellement Eusèbe. H. E., il, 23, P. G., t. xx, col. 197. Ce n’était pas davantage une œuvre de pure polémique contre les sectes juives et les hérésies gnostiques, mais plutôt un recueil de renseignements, de faits, de traditions et de tout ce qui pouvait être de quelque utilité pour les lecteurs, comme le note saint Jérôme, composé non par curiosité vaine, mais dans un but apologétique nettement" marqué. Car, après avoir partout interrogé les usages locaux et les doctrines qu’on enseignait dans les différentes Églises pour les comparer entre eux, Hégésippe a soin de constater que, dans chaque centre chrétien et dans chaque succession épiscopale, l’enseignement ecclésiastique était pleinement conforme à la loi, aux prophètes et au Seigneur. II. E., iv, 22, P. G., t. xx, col. 377. On ne peut que regretter la perte d’un tel ouvrage pour l’histoire des deux premiers siècles chrétiens.

Les fragments.

Ils sont au nombre de cinq dans

Eusèbe. Le premier a trait au martyre de saint Jacques, frère du Seigneur, premier évêque de Jérusalem. H. E., il, 23, P. G., t. xx, col. 196-204. Le second raconte la comparution des parents du Sauveur devant Domitien ; cet empereur, redoutant une action politique de leur part, voulut savoir s’ils appartenaient réellement à la race de David, les interrogea sur l’état de leur fortune et sur ce qu’ils pensaient du règne du Christ ; mais les trouvant si simples et si inofîensifs, il les renvoya indemnes. H. E., ni, 20, ibid., col. 252253. Le troisième est le récit du martyre de Siméon, successeur de saint Jacques sur le siège de Jérusalem, crucifié à l’âge de 120 ans par ordre du légat Atticus, vers 110, sur la dénonciation de certains hérétiques. H. E., iii, 32, ibid., col. 281-284. Il y est dit que jusqu’à cette époque, l’Église de Jérusalem était demeurée vierge de toute erreur, ceux qui devaient tenter de la corrompre n’ayant pas osé se montrer tant qu’il restait un survivant des temps apostoliques. Le quatrième fait allusion aux honneurs divins rendus à Antinous, le trop célèbre favori d’Hadrien. H. E., iv, 8, ibid., col. 321. Le cinquième mentionne le séjour d’Hégésippe à Corinthe et à Rome, les sectes juives et les hérésies gnostiques. H. E., iv, 22, ibid., col. 377384.

D’autre part, sur ce texte : « l’œil n’a pas vii, l’oreille n’a pas entendu, etc., » qui rappelle à peu de chose près l’emprunt fait par saint Paul à Isaïe, I Cor., il, 9, Etienne Gobar a écrit : Hegesippus, vir anliquus et apostolicus, libro quinto Commentariorum, liaud scio an ofjensus dicit frustra hœc dici et cos qui hœc dicunt in sacram Scripturam et contra Christum… menliri. Dans Photius, Bibliotheca, 232, P. G., t. ciii, col. 1096.

Enfin Georges Syncelle rapporte que, d’après Hégésippe, la lettre de saint Clément aux Corinthiens était lue dans l’Église de Corinthe. Chronogr., Clympiad. ccxxxix, P. G., t. cviii, col. 641.

La succession des pontifes romains.

Hégésippe

avait pour habitude, dit-il, de dresser la liste des évêques locaux jusqu’aux apôtres ; il a donc dû dresser celle des évêques de Rome depuis saint Pierre jusqu’à Anicet ; mais cetteliste ne nous est point parvenue.

Lightfoot a cru la retrouver dans celle que saint Épiph ; ne, Hær., xxvii, 6, P. G., t. xli, col. 372, déclare a. oir recueillie ïv tkjiv 0KO[i.VT)[iaTtofi.oïç, ce titre faisant penser aux u-ojvvr^aTa d’Hégésippe, The earleasl papal catalogue, dans The Academy, 1887, p. 362-363 ; The apostolic Fathers, S. Clément of Rome. Londres, 1870, t. i, p. 327-333 ; mais Funk ne partagé pas cet avis. Der Paplskatalog Hegesipps, dans Historisches Iahrbuch, 1888, t. ix, p. 674-677 ; 1890, t. xi, p. 77-80. Voici cette liste : Pierre et Paul, Lin et Clet, Clément, Évariste, Alexandre, Xyste, Télesphore, Hygin, Pie, Anicet. On y voit, contrairement au catalogue libérien, qu’il n’est pas fait mention de deux papes distincts, l’un du nom de Clet, l’autre du nom d’Anaclet ou Anenclet. Eusèbe ne connaît également qu’un seul pape qu’il nomme Anenclet dans son Histoire ecclés., iii, 15, P. G., t. xx, col. 249, tandis que le catalogue libérien porte : Pierre, Lin, Clément, Clet, Anaclet, Évariste, Alexandre, Xyste, Télesphore, Hygin, Anicet, Pie, etc. Voir, dans de Smedt, le catalogue eusébien et libérien, Dissertaliones selectæ in primam sclatem historiée ecclesiasticæ, Paris, 1876, Appendix K, p. 83-85, 90-91, 94. Eusèbe a dû profiter de la liste d’Hégésippe ; de Smedt rejette la distinction de Clet et d’Anaclet. Op. cit., p. 301-302. Voir ces noms.

A défaut de liste, Hégésippe fournit du moins un renseignement précis et irrécusable, d’après lequel il faut placer Anicet après Pie, et non, comme l’a fait le catalogue libérien, Pie après Anicet ; car il marque nettement qu’il est arrivé à Rome sous le pontificat d’Anicet et qu’Anicet a eu pour successeurs immédiats Soter et Éleuthère. H. E., ïv, 22, P. G., t. xx, col. 377.

Les sectes juives et les hérésies gnostiques.

On

doit à Hégésippe une liste des sectes juives et des premières hérésies gnostiques. Sans grand souci de l’exactitude chronologique et du soin de caractériser chacune des sectes dont il parle, Hégésippe rappelle qu’il y en avait sept parmi les juifs : les esséens, les galiléens, les hémérobaptistes, les masbothéens, les samaritains, les sadducéens et les pharisiens. H. E., ïv, 22. P. G., t. xx, col. 381. C’est exactement le même nombre, mais avec quelques noms différents, dans saint Justin : sadducéens, génistes, méristes, galiléens, helléniens, pharisiens et baptistes, Dial. cum Tryphone, 80, et dans saint Épiphane : scribes, pharisiens, sadducéens, esséens, nazaréens, hémérobaptistes et hérodiens. Plus complet et plus explicite, l’Indiculus hæreseon, faussement attribué à saint Jérôme, en distingue dix et les décrit ainsi : 1. Efinei dicunt Christum docuisse illos omnem abstinentiam. 2. Gali-Isei dicunt Christum venisse et docuisse eos, ne dicerenl dominum Cœsarcm, neve ejus monctis ulerentur. 3. Marbonei dicunt ipsum esse Christum qui docuit illos in omni re sabbatizare. 4. Pharisœi negant Christum venisse, nec ulla in re cum prædictis communicant. 5. Sadducsei negant resurrectionem. 6. Genistæ prœsumunt quoniam de génère Abrahse sunl. 7. Meristie, quoniam séparant Scripturas, non credentes omnibus prophciis, dicentes aliis et aliis spiritibus prophetasse. 8. Samarilse… in observationibus suis a Judœis omnino separantur. 9. Herodiani Herodem magnifïcabant, dicentes ipsum esse Christum. 10. Hemerobaplistæ qui quotidie corpora sua et domum et supellectilem lavant. Cf. Valois, n. 22, P. G., t. xx, col. 381-382.

D’autre part, Hégésippe signale, parmi les sectaires is^s du judaïsme, Simon, Cléobius, Dosithée, Gorthée, Masbothée, ainsi que les hérésies gnostiques des ménandriens, des marcionites, des carpocratiens, des valentiniens, des basilidiens et des saturniliens, d’où sortirent les pseudochrists, les pseudoprophètes, les pseudoapôtres, qui ont altéré la doctrine du Christ et