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HEBREUX


Saint Jérôme ou Pelage éditeur des Épîtres de saint Paul dans la Vulgate (extrait de la Revue du Clergé français du 1° avril et du 1 er mai 1916), p. 18-33. Les pélagiens, d’ailleurs, invoquaient fréquemment cette Épître en faveur de leurs doctrines.

Il ne reste plus à citer que Grégoire d’Elvire (f après 392), si les Tractatus Origenis sont bien de lui. Voir G. Morin, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1900, p. 145-161 ; A. Wilmart, dans le Bulletin de littérature ecclésiastique, 1906, p. 233-239. Or, au milieu de citations de saint Paul, il rapporte Heb., xiii, 15, comme une parole du sanctissimus Barnabas, édit. Batiffol, Paris, 1900, p. 108. Cf. Revue biblique, 1899, p. 278-279.

Quelles qu’aient été les hésitations antérieures, dans le dernier quart du ive siècle, l’Épître aux Hébreux fut décidément admise au canon du Nouveau Testament, en Occident, et rangée parmi les lettres de saint Paul. La tradition orientale et grecque avait été adoptée par les Latins. Seuls, quelques érudits gardèrent le souvenir des anciens doutes : pseudo-Primasius (Cassiodore), In Epist, S. Pauli, præf. ; In Epist. ad Heb., prref., P. L., t. lxviii, col. 415, 685 ; un prologue sur les Épîtres de saint Paul, reproduit dans quelques manuscrits, dit : Paulus apostolus ad septem scribit Ecclesias : octava enim ad Hebrseos a plcrisque extra numerum ponitur, J. Wordsworth et J.-H White, loc. cit., p. 9 ; S. Isidore de Séville, Etym., 1. VI, c. il, n. 45 ; De ecclesiasticis officiis, 1. I, c. xii, n. 11, P. L., t. lxxxii, col. 234 ; t. lxxxiii, col. 749 ; Alcuin, Disputatio puerorum, c. viii, P. L., t. ci, col. 1129-1130 ; RabanMaur, De clericorum institutione, 1. II, c. liv, P. L., t. cvii, col. 367 ; Walafrid Strabon, Glossa ordinaria, P. L., t. cxiv, col. 643 ; Haymon d’Halberstadt, Historia sacra, 1. III, c. iii, P. L., t. cxviii, col. 831 ; le même, ou plutôt Haymon d’Auxerre, In Isa., viii, 18, P. L., t. cxvi, col. 768 ; Hugues de Saint-Victor, In Epist. ad Heb., q. ii, P. L., t. clxxv, col. 609610 ; Hugues de Saint-Cher, Poslilla in Epist. ad Heb., i, 1 ; S. Thomas, In Epist. ad Heb., prol., Opéra, Paris, 1876, t. xxi, p. 562 ; Nicolas de Lyre, Postilla in Epist. ad Heb., arg. et prol.

De la Renaissance à nos jours.

Les doutes anciens

furent ravivés par Louis Vives, par Érasme et par le cardinal Cajétan. Érasme faisait valoir la diversité de style et de doctrine, dont quelques points lui paraissaient favoriser les hérétiques. Paraphrasis N. T., Heb., xiii, 24, 1516. En 1527, la Sorbonne censura comme arrogantes et schismatiques les opinions d’Érasme. « Tandis que toute l’Église a proclamé que cette Épître est de Paul, cet auteur doute encore. » Duplessis d’Argentré, Collcclio judiciorum, t. ii, p. 248. Érasme répondit que les anciens conciles n’avaient voulu que désigner l’Épître sans affirmer qu’elle était de saint Paul. Même après leurs canons, les docteurs catholiques émettaient encore des doutes. Declaratio ad censurant facultatis theol. Parisicnsis, n. 33, Opéra, t. ix, p. 865. Cf. S. Berger, La Bible au xri c siècle, Paris, 1879, p. 63-65. En 1519, le cardinal Cajétan faisait aussi ses réserves sur la canonicité : il faisait profession de suivre saint Jérôme, et comme ce docteur a eu des doutes sur l’auteur de cette Épître, il ne l’attribuera à saint Paul que pour se conformer à l’usage. In Epist. ad Heb. comment., proa ?m., Lyon, 1639. Il fut réfuté directement par Ambroise Catharin, en 1542.

Carlstadt, quoique protestant, admit la canonicité de l’Épître aux Hébreux, mais il ne pensait pas que la lettre fût de saint Paul. De canonicis Scripluris libellus, § 144, 146, dans Credner, Zur Geschichte des Kanons, Halle, 1847, p. 400, 401. Cf. S. Berger, op. cit., p. 9293. En 1522, Luther place l’Épître aux Hébreux à un rang secondaire dans sa traduction allemande du Nouveau Testament, parce qu’elle a été contestée autre fois, et dans la préface il attribue cette lettre à un disciple des apôtres, homme pieux et savant, qui était expérimenté dans la foi et versé dans l’Écriture. Il admire sa doctrine, et il range sa lettre en dehors des livres principaux du Nouveau Testament. S’il l’a parfois attribuée à saint Paul dans ses sermons, finalement il la déclare d’Apollo, dans un sermon de 1537 et dans son Commentaire sur la Genèse de 1544. Cf. S. Berger, op. cit, p. 97-99. Mélanchthon allègue fréquemment l’Épître, mais il évite soigneusement de l’attribuer à saint Paul et il introduit toujours ses citations par une désignation anonyme. Zwingle l’a commentée sans formuler aucun doute sur son autorité ; il pensait toutefois qu’elle n’était pas de saint Paul. Berner Disputatio, 1527. En 1549, Calvin la reçoit, mais il ne peut croire que Paul en soit l’auteur. Son nom n’est pas en tête ; la manière d’enseigner et le style sont différents de ceux de l’apôtre. L’auteur est un disciple des apôtres. Cf. S. Berger, op. cit., p. 118-119.

Le 8 avril 1546, le concile de Trente a défini de foi catholique la canonicité de tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, par conséquent celle de l’Épître aux Hébreux. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 784. Mais il n’a pas défini leur authenticité, et les Pères n’ont fait qu’employer les dénominations usuelles, en nommant les auteurs dans le décret, sans vouloir rien trancher officiellement. Voir Authenticité, t. i, col. 2592-2593. Le 5 avril, en congrégation générale, Jean Fonseca, évêque de Castellamare, avait demandé qu’au sujet de l’Épître aux Hébreux on ajoutât : ejusdem Pauli apostoli, pour qu’à l’avenir il n’y ait plus de doute sur son origine. Le lendemain, à la congrégation particulière, présidée par le cardinal de Sainte-Croix, Marcel Cervino, le cardinal de Jæn, Pierre Pacheco, fit la même demande. L’archevêque d’Aix et les évêques de Palerme et de Sinigaglia se rangèrent à son sentiment, ainsi que ceux de Pienza et de Belcastro. Mais le plus grand nombre des autres Pères préférèrent ne rien changer à la teneur du décret, qui, de fait, ne fut pas modifié sur ce point. Cf. A. Theiner, Acta genuina ss. cecumenici concilii Tridentini, Agram 1874, t. i, p. 77, 86 ; S. Merkle, Concilium Tridenlinum, Fribourg-en-Brisgau, 1911, t. v, p. 70, 76, 77, 78. Aussi peu de théologiens ont enseigné qu’il était hérétique de nier l’authenticité des Livres saints, dont les auteurs sont nommés dans le décret De canonicis Scripluris ; nous ne connaissons que Melchior Cano, De locis theologicis, 1. II, c. xi, dans le Cursus completus theologiæ de Migne, t. i, col. 124-125, et Goldhagen, Introductio in sac. Scripturam V. et N. T., Mayence, 1768, t. iii, p. 421. L’authenticité paulinienne de l’Épître aux Hébreux a été généralement admise par les catholiques jusqu’à une date récente comme une vérité, sinon définie, du moins certaine. Les protestants eux-mêmes, tout en maintenant l’Épître aux Hébreux à la place secondaire que Luther lui avait assignée et tout en reproduisant la préface de l’hérésiarque, finirent par reconnaître la canonicité plénière et l’authenticité de cette lettre. Voir Éd. Reuss, Histoire du canon des saintes Écritures dans V Église chrétienne, 2e édit., Strasbourg, 1864, p. 334, 338-339. Dès 1565, Chemnitz ne discutait plus sur l’auteur de cette Épître, qu’il plaçait au nombre des lettres de saint Paul. Examen concilii Tridentini, loc. IV, sect. ii, n. 43, édit. Preuss, p. 39 a. Cf. S. Berger, op. cit., p. 168. La question d’authenticité de cette lettre n’avait plus aucune importance chez les protestants.

Ce furent les premiers critiques qui la remirent à l’ordre du jour. Des doutes furent émis par Semler en 1763 et par Jean-David Michælis en 1764. Les premiers adversaires décidés de l’origine paulinienne de l’Épître aux Hébreux furent W. C. L. Ziegter, Yollstàndige Einleilung in den Brief an die Hebràcr, 1791 ; Da-