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HARDOUIN


rum, 1685, p.'460 ; Richard Simon, Bibliothèque choisie, t. 1, c. xv ; Colomiès, Bibliothèquechoisie, 1731, p. 109 sq. On trouvera dans le P. Sommervogel la liste complète de ses nombreux ouvrages relatifs à l’histoire profane, à la philologie, à l’archéologie : ils attestent, en même temps qu’un immense labeur.une prodigieuse érudition. Malheureusement l’originalité de la critique ne répond pas toujours à la solidité du savoir et les conclusions paradoxales de l’auteur ont soulevé autour de lui bien des attaques, notamment contre sa chronologie basée sur la numismatique et contre ses étranges déductions tendant à rejeter l’authenticité des Odes d’Horace, de V Enéide et de VÉglogue à Pollion, des discours de Cicéron et d’autres œuvres de l’antiquité classique. Cf. Brumoy, Observations sur les systèmes des PP. Hardouin et Berruyer, dans les Mémoires de Trévoux, janvier 1734, p. 76-111 ; février 1734, p. 306-336 ; décembre 1761, p. 312-340 ; art. du P. Berthier (Irailh), Querelles littéraires ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, Paris, 1761, t. iii, p. 19-40. Voir aussi les deux lettres de Cuper à la Croze contre le P. Hardouin, 13 mars et 20 avril 1708, dans Recueil de littérature, de philosophie et d’histoire (de Jordan), Amsterdam, 1730, p. 47-61, 125-135.

Sur le terrain de la théologie positive et de l’histoire des dogmes, le P. Hardouin a bien mérité de l'Église. Il publie d’abord son édition de la lettre de saint Jean Chrysostome à Césaire, enrichie de notes critiques et d’une dissertation sur le sacrement de l’autel : Sancti Joannis Chrysoslomi epistola ad Cœsarium monachum, in-4°, Paris, 1689, où il explique le 15e canon du I er concile d’Arles, le 16e canon du I er concile d’Orange et le me chapitre du I er concile de Tours. Comme les sacramentaires s’appuyaient pour établir leur thèse sur quelques passages obscurs de cette lettre, la dissertation fut vivement attaquée par les auteurs protestants, notamment par Basnage et Jean Le Clerc. Hardouin répondit par sa Défense de la lettre de saint Chrysostome à Césaire, in-4°, Paris, 1690. Cf. Journal des savants, 1691, p. 78-83. L’auteur rejette comme apocryphes les écrits de Facundus d’Hermiane, de Libérât, de Marius Mercator, de Victor de Tunone, la plupart de ceux de Cassiodore, quelques-uns de saint Justin martyr et de saint Isidore. Cf. Dupin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclés., Paris, 1720, t. iv, préface ; Jacques Boileau, De corpore et sanguine Domini, Paris, 1712 ; Vindiciæ Chrysoslomi contra Joa. Ilardouinum, Wittemberg, 1712 ; Mémoires de Trévoux, 1713, p. 629-639 ; Journal des savants, 1712, p. 314 sq. Dans la controverse qui occupait alors les théologiens relativement à la date exacte de la dernière pâque de Notre-Seigneur, le P. Hardouin intervint par une dissertation : De supremo Domini noslri Paschate, in-4°, Paris, 1695, dirigée contre la thèse du P. Lamy ; puis par un Extrait du traité du P. B. sur la dernière pâque de Noire-Seigneur, in-4°, Paris, 1693. Le P. Hardouin prétend que, l’année de la mort de Notre-Seigneur, les Galiléens firent la pàque le jeudi et que Notre-Seigneur, qui était Galiléen, la fit ce même jour, tandis que les autres juifs ne la célébrèrent que le vendredi. Cf. Journal des savants, 1693, p. 438 sq. Il suffit de faire mémoire de ses dissertations sur le mot de Liberlinorum aux Actes des apôtres et sur les Assidéens, Pharisiens, Sadducéens, Opéra selecla, p. 903 ; de sa Traduction et explication du psaume t.xvii, Paris, 1707 ; de la Version vulgate justifiée dans un passage des Proverbes, 1711 ; d’une nouvelle dissertation sur le sacrement de l’autel : Quid sit mystirium fidei in consecratione calicis, et d’autres écrits relatifs à l’exégèse ou à la critique des textes. Cf. Sommervogel, t. iv, col. 101, n. 67 ; col. 102, n.70, etc. ; Anatreta juris ponli/icii, Paris, 1879, col. 55-88, 172-228, 277-320, 399-121.

L'œuvre capitale du P. Hardouin, et qui compte

parmi les travaux les plus marquants du xviii° siècle, est sa collection des conciles. L’Assemblée du clergé de France de 1687, ayant décidé qu’une nouvelle édition des conciles serait entreprise cette année même, avait confié au P. Hardouin cette lourde tâche pour laquelle il reçut une pension du clergé. Louis XIV, à la requête de l’abbé Bignon, ordonna que les frais de cette publication seraient supportés par le trésor royal. Les onze premiers volumes étaient achevés en 1715 et l’auteur publiait alors un Conspcclus de son édition en annonçant qu’il remettait à un volume suivant les annotations et les notes. Les craintes des gallicans furent vivement éveillées. Après la mort de Louis XIV, le parlement de Paris résolut de prendre connaissance de tous les textes réunis et, par arrêt du 20 décembre 1715, nomma des commissaires chargés d’examiner à fond les onze volumes. Défense était faite au directeur de l’imprimerie royale de laisser sortir un seul exemplaire. Le rapport des trois commissaires de Sorbonne parut le 7 septembre 1722 : l’ouvrage était incriminé comme renfermant des maximes contraires aux libertés de l'Église gallicane. L’auteur était accusé au surplus d’avoir supprimé des pièces manifestement authentiques et de les avoir remplacées par d’autres manifestement apocryphes ; en vertu de quoi il était tenu à des cartons. Le parlement supprima en outre l'épître dédicatoire à Louis XIV et exigea que l’avis des commissaires serait inséré intégralement ainsi que toute la série des arrêts rendus au cours de cette affaire. Appel fut dressé au conseil d'État qui, par décision du 25 avril 1725, cassa purement et simplement l’arrêt du parlement et permit la vente de l’ouvrage sans aucune formalité. Les additions des commissaires sorties des presses de l’imprimerie royale furent supprimées avec soin, mais elles ne tardèrent pas à être réimprimées en Hollande sous ce titre : Avis des censeurs nommés par la cour du parlement de Paris pour l’examen de la nouvelle collection des conciles faite par les soins du P. Hardouin, jésuite, in-4°, Utrecht, 1730. Cf. Bower, Geschichte der Papstc, trad. Rambach, t. iv, p. 68 : Dissertation préliminaire sur les collections des conciles ; Salmon, Traité de l'étude des conciles, Paris, 1724, p. 216227, 517-547. L’ouvrage fut alors livré au public ; il parut sous ce titre : Acta conciliorum et epistolse décrétâtes ac conslitutiones summorum pontificum, Il in-fol., 1715. Le t. xii annoncé par Hardouin et réservé aux remarques et annotations n’a pas été publié. Le travail du P. Hardouin a servi de base à l'édition de Coleti, Sacrosancta concilia ad regiam editionem exacla, 23 in-fol., Venise, 1728-1732, avec 2 vol. d’Apparatus. Cf. Acta eruditorum, 1714, p. 377-389 ; Nouvelles ecclésiastiques, 1731, p. 35 ; H. Quentin, Jean-Dominique Mansi et les grandes collections conciliaires, Pa is, 1900, p. 33-52 ; H. Leclercq, dans Hefele, Histoire des conciles, trad. franc., Paris, 1907, t. i, p. 105-110.

Pendant que ces démêlés occupaient le parlement, la Sorbonne et l’esprit public, le P. Hardouin vaquait paisiblement à d’autres savants travaux, parmi lesquels il faut citer son édition de Pline le Jeune. Lorsque le P. Le Courayer publia en 1722 sa dissertation sur la validité des ordinations anglicanes, le P. Hardouin entra en lice immédiatement par un premier article dans les Mémoires de Trévoux, 1722, p. 468-490, puis par son Prélude de la réfutation du livre entier du P. Le Courayer touchant la succession et l’ordination des êvêques anglicans. Mémoires de Trévoux, 1724, p. 135D1360. La même année il publiait le l or volume d’un traité qui embrassait l’ensemble de la question : La dissertation du P. Le Courayer sur la succession d-s évêques anglais et sur la validité de leurs ordinations réfutée, Paris, 1724. La seconde partie parut l’année suivante. Il soutient contre Le Courayer que Parker n’a jamais été consacré dans la chapelle du palais d_'