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GURY — GUYARD
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conscientiæ in pnrcipuus qusestiones theologix moralis, | 2 in-18, le Puy, 1862, suivirent la fortune du Compenj diiim à l’étranger comme en France. Le P. Dumas a publié une édition des deux ouvrages avec notes et adjonctions nécessaires, en 1874 et 1875, édition constamment tenue à jour depuis cette époque. Le P. Bulol a donné plus récemment un Compendium ad mentem P. Gury, Paris et Tournai, 1908. En dehors de l’édition Ballerini et Palmieri, il serait superflu de citer les traductions ou les éditions étrangères de ce traité de morale partout recommandé et partout répandu. Les attaques dont il a été l’objet de la part des ennemis de l’Église, surtout en Allemagne, portaient non point sur les doctrines particulières du P. Gury, mais sur la morale de l’Église catholique. Cf. D r Magnus Jocham, Die Jcsuiten-Moral und die siitliche Verpestung des Volkes, Mayence, 1869 ; F. W. Kossuth, Jesuitische Mohrenwàsche, Wirclrweiler, 1867 ; F. Beyer, Was hat das neue deutsche Rcich vom neucsten Jesuilismus zu erwarlen, Barmen, 1872 ; D r A. Keller, Die Moral-Iheologie des Jesuilen Pater Gury, Aarau, 1870 ; Aug. Keller, Der moderne Moralist, Lucerne, 1870.

En dehors de ses travaux théologiques, le P. Gury consacrait une bonne partie de sa vie aux œuvres du saint ministère, à la direction des prêtres, des communautés religieuses, à la prédication, surtout aux missions de campagne, aux catéchismes dans les villages. Son action était partout des plus bienfaisantes et l’on admirait en lui les belles vertus de l’homme de Dieu. La dévotion aux âmes du purgatoire lui tenait spécialement à cœur : il la propageait avec zèle. C’est dans ce but qu’il publia le Manuel de la Confrérie des âmes du purgatoire dite de Noire-Dame de l’Assomption pour le soulagement des fidèles défunts, le Puy, 1865. Le P. Gury mourut à la tâche, pendant une mission qu’il donnait à Mercœur, dans le diocèse du Puy, le 18 avril 1866. Disciple fidèle de Busembaum et de saint Alphonse de Liguori, le P. Gury a contribué pour une large part à comprimer les dernières tendances jansénistes ; il est en même temps le restaurateur de la casuistique et l’un des hommes qui ont exercé sur les études morales la plus décisive influence.

Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. iii, col. 1956-1959 ; Ami de la religion, t. clix, p. 387 ; Morey, Un théologien comtois : le P. Gury, Besançon, 1868 ; Notice sur le R. P. Gury, dans les Études religieuses, t. xiii’p. 592 sq. ; G. Desjardins, Vie du R. P. Gury, Paris, 1867’Hurter, Nomencîalor, Inspruck, 1913, t. v, col. 1384 sq. ; Dulir, Jesuiien-Fabeln, 3e édit., p. 446 sq.

P. Bernard.

    1. GUYARD Bernard##


GUYARD Bernard, dominicain breton, né à Craon, diocèse d’Angers, et fils du couvent de Bennes. Il poursuivit ses études au grand collège dominicain de SaintJacques de Paris. Il soutint sa tentative en 1642 et fut reçu licencié en théologie en 1644, puis docteur. Il enseigna la théologie au couvent de Saint-Jacques, et fut un des quatre régents du collège. Il fut un des prédicateurs en renom de son temps soit à Paris, soit en province. Il devint confesseur de Marguerite de Lorraine, épouse de Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII. Au chapitre de Nantes, tenu le 19 octobre 1660, il fut élu pour quatre ans provincial de la province de Paris. Il mourut le 19 juillet 1674, à l’âge de 73 ans. On a de lui : 1° Vie de saint Vincent Fcrrier, in-8°, Paris, 1634 ; 2° Oraison funèbre prononcé, : à Paris en l’église de la Madeleine, au service de Louis le Juste, roi de France < 1 de Navarre, le 15 juin 1643, in-4°. Le discours ne donne pas une très haute idée de l’éloquence de l’orateur. Mais Guyard s’occupa aussi de questions d’ordre théologique. En particulier, les jansénistes s’efforçaient de montrer que la doctrine de l’évêque d’Ypres ne s’écartait pas de celle de saint Thomas. Guvard démoDtra le contraire dans un

traité intitulé : Discrimina inter doctrinam thomisticam et jansenianam, in-4°, Paris, 1655. Des questions d’ordre littéraire l’intéressèrent aussi. Saint Thomas d’Aquin connaissait-il le grec’? Ce fut l’objet d’un ouvrage assez compact, qui parut sous ce titre : Disserlatio ulrum S. Thomas callucril linguam græcam ? in-8°, Paris, 1667. Il se prononça pour l’affirmative ; Launoy soutint la négative, et Guyard répondit à trois lettres. Il répondit à une quatrième : Fraler Bcmardus Guyard, doctor Parisiensis, Joanni Launaio, l’arisiensi theologo, in-8°, s. 1. n. d. Il rencontra un autre adversaire dans la personne d’un autre dominicain, lui aussi docteur de Paris, le P. Nicolaï. Celui-ci avait publié In Catenam auream S. Thomse ac P. Nicolaï edilionem novam apologelica prælalio, in-12, Paris, 1668. Cet ouvrage, paru sous le pseudonyme de Honorati a S. Gregorio. était dirigé contre Combefis, un autre dominicain. Il y ajouta Appendix in disserlationem de ficlitio S. Thomæ græcismo summaria epislolaris discussio. C’était contre Guyard. Celui-ci répondit par l’Adversus métamorphoses Honorati a sancto Gregorio, doctrinam ac græcismum S. Thomie frustra conanfis everlcre, in-8°, Paris, 1670. Sur cette question intéressante et qui parait, au premier abord, engager toute l’œuvre philosophique de saint Thomas, les critiques du xviie siècle, qui ont écrit pour ou contre, ainsi que le fait justement remarquer le P. Mandonnet, Sigcr de Brabant, Louvain, 1911, p. 40, en note, n’ont pas tenu compte d’une donnée historique essentielle. C’est que « Thomas d’Aquin a composé la presque totalité de ses commentaires à la cour romaine, ou â Borne, en compagnie ou dans le voisinage de Guillaume de Moerbeke, dont il a certainement utilisé les connaissances hellénistes. » Sur la valeur des traductions de G. de Moerbeke, voir ibid. Uccelli, qui a touché aussi cette question, Dell’opuscolo dis. Tommaso conlro gli errori de’Greci, 1870, p. 314-315 [Scienzae fede, IIP série, t. x], a revendiqué pour saint Thomas purement et simplement la connaissance du grec. On peut certainement et l’on doit admettre que Thomas d’Aquin, originaire d’un pays où en ce temps le grec était très répandu, a dû au moins en savoir autant que qui que ce soit. Néanmoins, comme il n’était pas spécialiste dans la matière, il a bénéficié du concours de Guillaume de Moerbeke. Voir sur ce point la littérature signalée par Mandonnet, op. cit. Guyard défendit une cause doctrinale intéressante. Louis XIV, pour favoriser l’accroissement de la population en France, songea à reculer l’âge de la profession religieuse. Des juristes approuvèrent le projet royal et Boland Le Vayer de Boutigny publia, en 1667, une Réflexion sur l’édit louchant la réformalion des monastères. L’âge de la profession se trouvait reculé pour les hommes à 25 ans, pour les femmes à 20. Il estimait que le roi ne dépassait point ses droits en posant ces lois nouvelles. C’est contre ces prétentions que Guyard publia en 1669 : La nouvelle apparition de Luther et de Calvin sous les réflexions faites sur l’édit de la réformalion des monastères, avec un examen du traité de lu puissance politique touchant l’âge nécessaire à la profession des religieux, in-12, Paris, 1669. Boland Le Vayer n’en fit pas moins paraître la même année (1669) : De l’autorité du roy sur l’âge nécessaire à lu profession religieuse II soutenait que le roi peut suspendre les professions religieuses solennelles du vœu monastique, jusqu’à l’âge qu’il jugera nécessaire pour le bien de son État ; que le roi peut déclarer nulles les professions monastiques émises contre les règlements royaux. Malgré tout, Louis XIV finit par renoncer à son projet. Le 25 janvier 1672 (28 juin 1672 d’après laliste des prieurs du Mans), Guyard fut nomméprieur du couvent du Mans, mais il n’y resta que quelques mois et revint à Paris, pour y reprendre les