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1992
GIJITMOND D’AVERSA - GUNTHER


du temps d’Urbain II (c’est à lui probablement que fut adressée une lettre d’Urbain II dont nous avons un fragment dans le Décret de Gratien, part. II, caus. XXIV, q. iii, c. 3). La date de sa mort est inconnue ; mais nous savons qu’il avait un successeur à Aversa en 1095.

Le principal écrit de Guitmond est le De corporis ( l sanguinis Domini veritate libri très, qu’il écrivit contre Bérenger de Tours, entre 1073 et 1078. Cf. Bérenger de Tours, t. ii, col. 730, 734-735, 736, 737, 738 ; Église, t. iv, col. 2181 ; Eucharistie, t. v, col. 1218, 1226, 1227-1228, 1230, 1235-1236, 1238-1239, 1258, 1268, 1269, 1277, 1280, 1286, 1296, 1369, 1384 ; on y trouvera l’essentiel sur cet ouvrage important. De t’iuitmond nous avons encore la Confessio de sancta Trinilale, Christi humanitate, corporisque, ac sanguinis Domini nosiri veritate, et VEpistola ad Erfastum, celleci également sur le mystère de la Trinité et sur la comparaison avec la Trinité du globe du soleil qui produit la lumière et la chaleur. L’un et l’autre écrits paraissent antérieurs au grand traité sur l’eucharistie : la Confessio, parce que la manière dont il y parle de l’eucharistie, P. L., t. cxlix, col. 1500, ne laisse pas entendre qu’il se soit déjà occupé ex professo de ce sujet ; VEpistola ad Erfastum, parce que, interrogé par Erfaste sur la Trinité et sur l’eucharistie, il avertit qu’il pense, si volucrit Dominus, in longiorem disscrlalionem de his conjerre, P. L., t. cxlix, col. 1501 ; or, il répond sur la Trinité, mais garde le silence sur l’eucharistie, non seulement dans les anciennes éditions partielles de la lettre, mais encore dans le fragment complémentaire publié par dom G. Morin, Revue bénédictine, Maredsous, 1911, t. xviii, p. 96-97. La longior dispulatio promise doit être le De corporis et sanguinis Domini veritate. Nous ne comprenons pas, dans la liste des œuvres de Guitmond, YOratio ad Guillelmum I Anglorum regem cum recusaret episcopalum, que lui prête Ordéric Vital ; ce discours à la Tite-Live est manifestement sorti de la plume d’Ordéric Vital. Par suite de la confusion entre Guitmond Chrétien et Chrétien Druthmar, l’anonyme de Melk, P. L., t. ccxiii, col. 981, attribue à Guitmond des commentaires sur saint Matthieu et sur saint Luc qui appartiennent à Druthmar. Hélinand de Froidmont, Chrome, 1. XLVI, P. L., t. ccxii, col. 946, l’ayant dédoublé en un Guitmond moine et un Gui abbé de La Croix-Saint-Leufroy, nombre d’écrivains l’ont confondu avec Gui d’Arezzo ; de là diverses erreurs bibliographiques. Cf. Histoire littéraire de la France, t. viii, p. 561-562. Enfin Guitmond a été confondu avec "Witmond, bénédictin de Saint-Évroul, et donné pour auteur de morceaux de chant ecclésiastique dont la paternité doit être restituée à ce Witmond.

Guitmond jouit d’une sérieuse renommée. Pierre le Vénérable, Epislola sive tractatus adversus petrobrusianos hæreticos, P. L., t. clxxxix, col. 788, dit que Lanfranc a écrit contre Bérenger bene, perfecte, et Guitmond melius, perfectius ; il ajoute, décernant judicieusement la palme à Alger de Liège, que ce dernier a écrit oplime, perfectissime. Guillaume de Malmesbury, Gesta regum Anglorum, 1. III, § 284, P. L., t. clxxix, col. 1257, préfère aussi Guitmond à Lanfranc et l’appelle nosiri lemporis eloquentissimus ; ces derniers mots ont été copiés par Hélinand, P. L., t. ccxii, col 946. Sa réputation dépassa de son vivant celle de saint Anselme, au moins avant la promotion d’Anselme à l’épiscopat, si bien qu’un correspondant du saint lui demanda, nous apprend Anselme, Episi., 1. I, epist. xvi, P. L., t. clviii, col. 1082, cur jama Lanjranci alque Guilmundi plus mea per orbem volet. Quand le protestantisme commença à détruire la transsubstantiation, avec Luther, et, avec Carlstadt, Zwingli et Œcolampade, la présence réelle, Érasme crut ne pouvoir mieux combattre ces deux hérésies qu’en pré parant édition des traités eucharistiques de Guitmond et d’Alger de Liège ; il en fit un bel éloge dans sa préface. Cf. le jugement d’H. Bôhmer, Realencyklopâdie, 3e édit., Leipzig, 1899, t. vii, p. 235.

I. Œuvres. — L’édition princeps du De corporis et sanguinis Christi veritate parut à Anvers, 1530, par les soins d’Érasme ; celle de la Con/essio, avec une nouvelle édition du De corporis et sanguinis Christi veritate, à Louvain, 1561, par les soins de Jean Ulimmier ; celle de VEpistola ad Erfastum fut publiée par L. d’Achéry, Spicilegium, Paris, 1655, t. ii, p. 377-386 ; le tout, avec le discours à Guillaume le Conquérant, est dans P. L., t. cxlix, col. 1427-1512. La finale inédite de VEpistola ad Erfastum a été publiée par dom G. Morin, Revue bénédictine, Maredsous, 1911, t. xviii, p. 96-97.

II. Travaux.

Histoire littéraire de la France, Paris, 1747, t. VIII, p. 553-572 ; R. Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1757, t. xxi, p. 127141 ; A. Sevestre, Dictionnaire de palrologie, Paris, 1852, t. ii, col. 1636-1647 ; J. Bach, Die Dogmengeschichte des M ittelalters vom christologischen Standpunkie, Vienne, 1874, 1. 1, p. 385-389 ; Scheeben, Kirchenlexikon, 2e édit., Fribourgen-Brisgau, 1888, t. v, p. 1359-1360 ; J. Schnitzer, Berengar von Tours, sein Leben und seine Lehre, Munich, 1891, p. 350-370 ; H. Bôhmer, Realencyklopàdie, 3e édit., Leipzig, 1899, t. vii, p. 233-236 ; G. Morin, La finale inédite de la lettre de Guitmond d’Aversa à Erfast sur la Trinité, dans la Revue bénédictine, Maredsous, 1911, t. xviii, p. 95-99 ; R. Heurtevent, Durand de Troarn et les origines de l’hérésie bérengarienne, Paris, 1912.

I". Vernet.

    1. GUNTHER Antoine##


GUNTHER Antoine, l’auteur du système semirationaliste auquel son nom demeure attaché, naquit le 17 novembre 1783 à Lindenau en Bohême, d’une famille pauvre, et, après avoir achevé ses études au prix de rudes privations, il remplit dans diverses grandes familles les fonctions de précepteur. Ébranlé dans sa foi par la lecture des ouvrages de Kant, Fichte, Jacobi, Schelling ; puis, ramené aux croyances chrétiennes par ses entretiens avec le B. Hoiïbauer, il se voua, selon ses conseils, à l’étude de la théologie et fut ordonné prêtre en 1820. Il entrait, peu après son ordination, au noviciat des jésuites ; mais il en sortira deux ans plus tard et vivra dès lors, prêtre séculier, à Vienne, où le gouvernement autrichien lui confiera jusqu’en 1848 le poste de censeur des livres de philosophie et de droit. Plusieurs chaires lui furent olïertes à Munich, à Bonn, àBreslau ; il les refusa, dans l’espérance peut-être d’obtenir une chaire à Vienne, et sa longue et laborieuse vie s’écoula toute dans les travaux philosophiques. En 1828 et 1829, Gunther publia la première en date de ses œuvres, Vorschule zur speculaliven Théologie des positiven Christenthums. On vit paraître tour à tour, dans les vingt années qui suivirent, Pcregrins Gaslmahl, 1830, les Sud und Nordlichtcr am Horizont speculativcr Théologie, 1832 ; Dcr lelzer Symboliker, 1834, lettres sur la polémique de Mœhleret de Baur ; Thomas a Scrupulis, 1835, contre la philosophie hégélienne ; Die Juste Milieus in der deuischen Philosophie gegenwârligcr Zeil, 1838, contre Baur ; Eurijslheus und Herakles, 1843. Gunther a aussi lancé contre Baader, en collaboration avec son vieil ami Pabst, Janus Kôpfe fur Philosophie und Théologie, Vienne, 1833, et. de 1849 à 1854, il a rédigé, de concert avec Veith, un autre vieil ami, les annales philosophiques intitulées Lgdia, 1849-1854. Son ouvrage : Lenligo’s und Pcregrins, Vienne, 1857, n’a pas été mis dans le commerce.

Intelligence vigoureuse et originale, mais point assez sûre, Gunther avait à cœur de lutter efficacement contre le criticisme de Kant et contre le panthéisme. Toutefois, par un travers d’esprit trop commun dans la décadence théologique de l’Allemagne d’alors, au lieu de s’appuyer sur les données de la philosophie chrétienne, telles qu’on les retrouve sous la plume de saint Thomas et des autres grands scolastiques, il avait entrepris d’asseoir sur la base