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1989
1990
GUILLEMINOT — GUITMOND D’AVERSA


vérités du christianisme, établie sur les principes propres de la sagesse, in-4°, Paris 1674, 1681, réimprimé par le P. Cadrés en 1857. Le P. Guilleminot mourut à Nancy, le 24 novembre 1680.

Sommervogel, Bibliothèque de la C>e de Jésus, t. iii, col. 1934 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit, Inspruck, 1910, t. iv, col. 44.

P. Bernard.

    1. GUILLORÉ François##


GUILLORÉ François, jésuite français, né au Croisic le 25 décembre 1615, admis au noviciat le 22 octobre 1638. Après avoir enseigné avec un grand succès les humanités et la rhétorique pendant onze ans, il se consacra tout entier à la direction des âmes et au ministère de la prédication. Ce sont surtout ses œuvres spirituelles qui ont fondé sa réputation et qui marquent aujourd’hui encore son nom dans l’histoire de la théologie ascétique. 1° Maximes spirituelles pour la conduite des âmes, 2 in-12, Nantes, 1668 ; Paris, 1671 ; très nombreuses éditions jusque vers le milieu du siècle dernier et sont encore très répandues aujourd’hui ; 2° Les secrets de la vie spirituelle qui en découvrent les illusions, Paris, 1673, reproduits dans le Dictionnaire d’ascétisme, t. xlvi de la Nouvelle encyclopédie ihéologique de Migne, Paris, 1864 ; 3° Les progrès de la vie spirituelle selon les différents étals de l’âme, Paris, 1675, 1676 ; Lyon, 1850, 1857, 1860 ; 4° La manière de conduire les âmes dans la vie spirituelle, Paris, 1675 ; 5° Conférences spirituelles pour bien mourir à soi-même, 2 in-12, Paris, 1683 ; nombreuses éditions ; 6° Retraite pour les dames, Paris, 1684. Une édition complète des Œuvres spirituelles du P. Guilloré a été publiée à Paris, 1684, par l’auteur, avec quelques compléments, en 2 in-fol. Mais par Œuvres spirituelles il faut entendre uniquement les traités ascétiques ; la Retraite pour les dames n’a pas été comprise dans cette édition. La doctrine spirituelle du P. Guilloré a été attaquée par Nicole dans les deux derniers livres de son Traité de l’oraison, sans toutefois que l’auteur fût nommé, par ménagement, paraît-il, pour sa personne. Les Nouvelles ecclésiastiques du 5 juin 1750, p. 89, relèvent également divers passages comme entachés de quiétisme. Ce reproche n’est aucunement fondé et le P. Guilloré, que les Nouvelles ecclésiastiques appellent un « infâme personnage » et qui regardent son œuvre comme « une honte pour les jésuites » , reste un des guides les plus sûrs de la vie spirituelle. Après avoir gouverné les maisons de Nantes et de Dieppe, le saint religieux vint finir ses jours à Paris, où il mourut en pleine activité le 29 juin 1684.

Sommervogel, Bibliothèque de la C le de Jésus, t. iii, col. 1937-1940.

P. Bernard.

    1. GUITMOND D’AVERSA##


GUITMOND D’AVERSA. — Guitmond, Guilmundus, Witmundus, appelé encore Chrétien, Christiania, Christin, Christinus, né probablement en Normandie, fut, à l’abbaye du Bec, l’élève de Lanfranc, par qui, dit-il, De corporis et sanguinis Domini verilale, 1. I ; cꝟ. 1. II, P. L., t. cxlix, col. 1428, 1449, les arts libéraux retrouvèrent chaleur et vie. Il entra à l’abbaye bénédictine de La Croix-Saint-Leufroy (diocèse d’Évreux).

Sur les principaux événements de sa vie publique plane plus d’une incertitude. Voici ce que raconte Ordéric Vital, Hist. ceci., part. II, 1. IV, c. xiii, P. L., t. clxxxviii, col. 335-339 : appelé en Angleterre par Guillaume le Conquérant, qui lui promit un évêché, Guitmond déclara qu’il n’en voulait point et à cause de son indignité et pour ne pas mécontenter les Anglais qui souffraient impatiemment que leurs vainqueurs leur imposassent des évêques étrangers ; Guillaume l’autorisa à retourner en Normandie, et à quelque temps de là, le choisit pour successeur de Jean, archevêque de Bouen, mais des envieux protestèrent, disant qu’il

était fils de prêtre ; pour échapper aux tiraillements, Guitmond obtint de son abbé la permission d’entreprendre des pèlerinages ; il alla à Borne, où le pape Grégoire VII le fit cardinal et Urbain II métropolitain d’Aversa ; il gouverna longuement cette église et mourut post multos agones in virtutum exerciliis. L’anonyme de Melk, qui confond Guitmond Chrétien avec Chrétien Druthmar. abbé de Stavelot (vers 850), dit, De scriploribus ecclesiasticis, c. en ; cf. c. xc, P. L t. ccxiii, col. 981, 972, que, désigné pour régir un monastère différent de celui de Stavelot, il prit la fuite et, afin de n’être pas reconnu, changea son nom en celui de Chrétien, commun à tous les fidèles, mais que, finalement découvert, il devint évêque d’Aversa sous Grégoire VII. Bien n’empêche d’admettre la réalité du voyage en Angleterre. Il en va autrement du choix de Guitmond pour l’église de Bouen. A la mort de l’archevêque Jean (1079), Guitmond était à Borne depuis deux ans au moins ; en 1077, il accompagna les légats du pape à l’assemblée de Forchheim, en Franconie. Cf. Paul de Bernried, S. Grcgorii Vllvita, c. ix, n. 80, P. L., t. cxlviii, col. 82. S’il fut question de Guitmond pour le siège de Bouen, ce fut donc ou après la mort de l’archevêque Maurille (1067) ou Guitmond n’étant plus à Bouen, et, dans ce cas, son éloignement n’aurait pas été motivé par les résistances que suscita son élection. Changea-t-il son nom en celui de Chrétien pour se soustraire plus facilement à l’animositô des jaloux, pour pèleriner sans attirer l’attention, par humilité’? Peut-être. Il est vraisemblable que le changement ait eu lieu à son départ de la Normandie. Que Guitmond ait été nommé évêque d’Aversa par Grégoire VII, comme le veut l’anonyme de Melk, ou plutôt, comme l’assure Ordéric Vital, cardinal par Grégoire VII et évêque — Ordéric Vital dit à tort métropolitain — d’Aversa par Urbain II, c’est ce qui n’est pas clair. Le Décret de Gratien, part. I, dist. VIII, c. 5, nous a conservé un fragment d’une lettre de Grégoire VII à Guitmond, évêque d’Aversa ; mais il se peut qu’il s’agisse d’un autre Guitmond. Cf. Histoire littéraire de la France, nouv. édit., Paris, 1868, t. viii, p. 559. Quant au cardinalat de Guitmond qui serait dû à Grégoire VII, peut-on le concilier avec la lettre (dont l’authenticité, il est vrai, est suspecte ) où Hugues de Die, archevêque de Lyon, rendant compte de l’élection de Victor III, successeur de Grégoire VII, signale (en 1087, deux ans après la mort de Grégoire) la présence à cette élection et l’opposition de Guitmond, qu’il qualifie de moine ? Cf. Hugues deFlavigny, C/irom’c, l.II, P. L., t. cliv, col. 340-341. Si Guitmond avait été cardinal, Hugues, qui se réclamait de son autorité, ne lui en aurait-il pas donné le titre ? « De là il suit clairement, disent les auteurs de l’Histoire littéraire de la France, loc. cit., p. 557, que Guitmond ne fut jamais revêtu de cette éminente dignité ; car il est certain d’ailleurs qu’il n’y fut point élevé par Urbain II. » Par ailleurs, si l’épiscopat d’un Guitmond à Aversa dès le temps de Grégoire VII est chose acquise, l’existence de deux évêques Guitmond est bien problématique, et comment Guitmond, s’il était un simple moine, aurait-il pu jo er dans l’élection de Victor III un rôle qui appartenait aux cardinaux ? En somme, la vie de Guitmond paraît pouvoir se résumer de la sorte : il fut élève de Lanfranc au Bec et moine bénédictin à La Croix-Saint-Leufroy ; il alla peut-être en Angleterre auprès de Guillaume le Conquérant ; il fut peut-être question de lui pour l’archevêché de Bouen en 1079 ou en 1067 ; il alla à Borne et prit alors probablement le nom de Chrétien ; il embrassa la cause du pape Grégoire VII ; il fut peut-être cardinal, peut-être aussi évêque d’Aversa, par la désignation de Grégoire VII ; il intervint à l’élection de Victor 111 ; il fut certainement évêque d’Aversa