intitulé : 7’raclatus de seplem sacramentis per modum ù editus.
Ce traité a eu plusieurs éditions incunables. Echard pu (.onsulter celle qui se conservait dans la Rcgia. in- 1’. 1) ; >96, sans aucune indication de date, ni de lieu, ni d’imprimeur. Elle portait ce titre explicite et intéressant : Tractatus de scptem sacramentis Ecclesiæ sumlus ex scriplis S. Thomæ de Aquino, ac Pelri de Tarenlasia, qui per modum quæslionum discipuli ac magistri responsionum de cujuslibet sacramentis efjicacia ordinale loquitur et distincte : in quo Petrus sub cujusdem discipuli nominc quærit, et per Gregorium eidmi ut a magistri vicem gercnte respondetur. — Explicit tractatus de scptem sacramentis. Une autre édition incunable, Paris, in-4°, Jean Bonhomme, 1489, avec ce titre : D. Guillermi Farisiensis episcopi sacri eloquii docloris clarissimi dialogus libri sui de sacramentis medullam funditus et compendiose complectens. Fin : Igitur Pelre hsec paucula quæ dicta sunt de seplem sacramentis tibi sufjicianl, quæ ut potui brevius de scriptis fralris Thomæ principaliter collegi, ac Pelri de Taranlaize et quorumdam aliorum dicta inserendo, etc. Explicit : Guillermus Parisiensis super septem sucramentis. Elle se trouvait au couvent de Saint-Honoré où Echard a pu la consulter. Même année, autre édition, in-4°, Paris, Giorgius Mittelhus, Hain, n. 8312. En 1494, le même typographe fait paraître une autre édition in-8°, avec ce titre : Dialogus doctissimi viri Guillelmi episcopi Parisiensis de seplem sacramentis. Explicit Guillelmus Parisiensis super seplem sacramentis. Ainsi, en moins de dix ans, l’on compte quatre éditions incunables de ce traité de Irère Guillaume, ce qui prouve en quelle faveur on tenait cet ouvrage. Il parut ensuite en plusieurs impressions : in-16, Paris, 1500 ; in-8°, ibid., 1550 ; 1587 ; Leipzig, 1512 ; Lyon, 1567 ; in-16, Lucques, 1580 ; in-8°, Florence, 1579.
D’après les titres de ces différents manuscrits ou éditions, on voit que généralement le traité est attribué à Guillaume de Paris, le confesseur du roi et l’inquisiteur, et non point à Guillaume de Paris, l’évêque, mort, ainsi que nous l’avons dit, dès 1249. Quant au titre d’évêque que l’on trouve effectivement en quelques manuscrits ou éditions, il ne doit pas être pris en considération. Nous avons, en effet, beaucoup de cas semblables où un personnage est qualifié du titre d’évêque sans qu’il n’ait jamais eu en réalité une pareille dignité : ainsi, Guillaume Peraud, l’auteur de la Somme-leRoi, est souvent qualifié du titre d’évêque ou d’archevêque de Lyon ; Jacques de Lausanne est également donné comme évêque de cette ville, sans qu’il l’ait jamais été.
Une autre attribution, également fausse, de ce traité a été faite par Sander, Bibliolheca belgica, t. ii, p. 115, à l’évêque de Cambrai, Guy de Colle di Mezzo (Collemedio, Colmicu). Il s’appuie sur ce fait que ce Guy est appelé quelquefois Gilo et que, d’après Garetius, au xive siècle, quatre manuscrits de ce même traité portaient le nom de Gilo, comme auteur. Cette opinion a trouvé créance auprès d’autres écrivains : Valère André, Swertius, les auteurs du Gallia christiana, etc. Echard explique ainsi cette erreur : ce traité étant conçu sous forme de dialogue, où les interlocuteurs sont désignés par les lettres P. et G., on a traduit P. par Petrus et G. tantôt par Gregorius, tantôt par Gilo ; or, comme celui-ci dans le dialogue jouait le rôle de maître, on a été amené à en faire l’auteur du traité lui-même et ce dernier a été confondu avec l’évêque de Cambrai, Guy de Collemedio. On voit combien cette attribution est peu fondée. D’ailleurs, des quatre manuscrits cités, Sander, qui écrivait en 1643, n’en donne aucun.
Nous ne parlons pas ici des Acla de Guillaume de Paris, dans l’instruction du procès des templiers ; ils se rapportent plutôt à son rôle historique qu’à son activité
théologique. De même, comme inquisiteur il eut à s’occuper de plusieurs hérésies ou mouvements hérétiques de son temps, représentés par Pierre Jean d’Olive, Dulcin et Marguerite Perette. Frère Guillaume semble aussi avoir été curieux d’exégèse. Il fit don, en 1310, au couvent de San Domenico de Bologne, d’une Bible hébraïque, avec cette épigraphe : Islam Bibliam hœbraicam dédit F. Guillelmus Parisiensis ordinis FF. prœdicalorum con/essor illustrissimi régis Franchorum conventui Bononiensi pro communi libraria Fralrum propler reverentiam B. Dominici anno MCCCX pridie idus febr. Quicumquc legerit in ea, oret pro eo. Amen. Cf. Montfaucon, Diarium llalicum, p. 401.
Matthieu Texte, Recueil de mémoires, d’écrits et de notes pour servir à l’histoire des dominicains, confesseurs des rois de France, depuis saint Louis jusqu’à Henri II, ras. (archives de l’ordre), p. 125-152 ; Denifle, Archiv fiir Literatur und Kirchengeschichte, Berlin, 1886, t. ii, p. 233 ; Lajard, Histoire littéraire de la France, l877, t. xxvii, p. 140-152 ; Echard, Scriptores ordinis prædicatorum, Paris, 1719, t. i, p. 518 ; Denifle-Chatelain, Chartularium universitatis Parisiensis, t. il (1891), p. 102, 129 ; L. Delisle, Le cabinet des manuscrits, Paris, 1868, t. i, p. Il ; tous les annalistes dominicains : Lusitanus, Piô, Fernandez, Altamura, etc.
R. Coulon.
- GUILLAUME DE RENNES##
6. GUILLAUME DE RENNES, ainsi dénommé de
son lieu d’origine, prit l’habit dominicain au couvent
de Dinan, à une date qu’il ne nous est point possible
de préciser. Nous savons néanmoins que dès le milieu
du xiiie siècle il s’était fait un nom comme juriste. De
très bonne heure cependant, il semble que les auteurs
aient pris à tâche, en défigurant son nom, de rendre ce
personnage plus difficile à identifier. Echard a essayé
de lui rendre sa véritable personnalité. Scriptores ordinis
prœdicatorum, t. i, p. 130. Son qualificatif de Redo<
nensis était devenu sous la plume de Lusitanus
(Antoine de Sienne), Bibliotheca fratrum ordinis prædicatorum,
Paris, 1585, p. 102, Celdonensis, qu’il corrige
ensuite dans les errata en Cerdonensis. Ainsi que le fait
remarquer Echard, cette appellation rappelle un peu
son véritable nom de Redonensis, mais les écrivains ou
bibliographes postérieurs lui conservèrent le nom de
Celdonensis, de ce nombre Possevin, Piô, Fernandez,
Altamura. Même Gilbert de la Haye, dans sa Bibliotheca
belgo-dominicana (manuscrit), le dénomme Geldonensis,
et en fait ainsi un Flamand, originaire de
Judoigne. D’autres enfin, tels que Bandellus, dans son
traité De conceplione bealæ Virginis, l’appellent episcopus
Meiensis ; et Alva, voulant le corriger, dans Sot
verilalis radius, 1663, col. 1355, propose la lecture episcopus
Mimatensis. Quoi qu’il en soit de toutes ces
erreurs sur le véritable nom de irère Guillaume et
qu’Echard a justement relevées pour rendre sa véritable
personnalité à cet éminent canoniste, nous savons
qu’il fut un des disciples ou émules de saint Raymond
de Penafort, dont il commenta la Somme. L’ouvrage
figure dans la Tabula scriplorum, publiée par Denifle,
Archiv, t. ii, p. 232, sous cette rubrique : Fr. Wilhelmus
Aurelianensis scripsit apparatum super Summam
Raymundi. L’Apparalus fut attribué à Jean le Lecteur
ou de Fribourg. Cette erreur fut commise par les éditeurs
de saint Raymond : Summa S. Raimundi de
Peniafort et de pœnilentia et malrimonio cum glossis
Joannis de Friburgo, in-fol., Rome, 1603. Echard a
montré avec évidence que cet ouvrage n’appartenait
aucunement à Jean de Fribourg, mais qu’il avait toujours
été attribué à Guillaume de Rennes. Jean de
Fribourg déclare lui-même qu’il n’est que l’auteur de
l’index tant de la Somme de saint Raymond que de
l’Apparalus. Voir Echard, loc. cil. Laget, O. P., dans
son édition de la Somme de saint Raymond, in-fol.,
Paris, 1720, a revendiqué dans le titre même de son travail,
pour Guillaume de Rennes, les gloses de la Somme.