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GUIGUES — GUILLAUME D’AUVERGNE


plus opérer de miracles dans l’enclos du couvent. Sous le généralat de doin Guigues, l’ordre obtint d’Alexandre III le privilège d’être placé sous la protection spéciale du Saint-Siège et la confirmation des ordonnances des chapitres généraux. A la même époque, six nouvelles fondations de chartreuses augmentèrent le nombre des ermitages cartusiens et firent répandre la renommée des enfants de saint Bruno jusqu’en Danemark et en Angleterre.

Dom Guigues écrivit un traité intitulé : De quadripartite exerciiio cellæ, où il enseigne comment un chartreux doit s’occuper, dans sa cellule, à la lecture, à la méditation, à l’oraison ou contemplation et au travail manuel. Cet ouvrage renferme les grands principes de l’ascétisme et de la mystique chrétienne. Il suppose chez l’auteur une profonde connaissance de l’Écriture sainte et des voies intérieures. Il fut d’abord imprimé, en 1667, à Dijon, par Pierre-Fram, ois Chifflet, jésuite, dans son Manuale solitariorum, où il avait recueilli plusieurs opuscules et lettres spirituelles d’anciens chartreux. On l’inséra ensuite dans le supplément de la Bibliothèque des Pères, et puis dans le t. xxiv de la Grande bibliothèque des anciens Pères, publiée à Lyon, en 1677. On le trouve également dans le t. iv de VHistoire des chartreux de Tromby et dans le t. cliii de la P. L. de Migne, col. 799-884.

Cf. dans Nicolas Molin, Historia cartusiana, Tournai, 1693, t. i, p. 233 ; dom Le Couteulx, Annales ord. cari. ; dom Léon Le Vasseur, Ephem. ord. cart., t. i, p. 436-437 ; Histoire littéraire de la France ; dom Ceillier, Histoire générale des auteurs ecclésiastiques, 2e édit., Paris, 1863, t. xiv, p. 402-411 ; Tromby, Fabricius, P. L., t. cliii, col. 785-286 ; Hurter, Nomenclator, 1906, t. ii, col. 59, note 3.

S. Autore.

    1. GUILLAUME D’AUVERGNE##


1. GUILLAUME D’AUVERGNE, évêque de Paris.

— I. Vie. II. Écrits. III. Doctrine.

I. Vie.

Des premières années de Guillaume d’Auvergne nous savons seulement qu’il naquit à Aurillac. La date de sa naissance est inconnue : comme il occupa une chaire de théologie dans l’université de Paris en 1225 et parce que, pour être admis à cette charge, il fallait avoir au moins trente-cinq ans, nous avons le droit de conclure qu’elle doit être placée avant 1191. Que valent les récits contradictoires qui en font un mendiant ou qui vantent sa noblesse ? Nous l’ignorons. Avide de science, ayant eu, tout jeune, l’ambition « d’acquérir l’esprit prophétique et de recevoir en abondance les rayons de la splendeur divine » , Opéra, Paris, 1674, t. i, p. 1056, il vint à Paris. En 1223, nous le trouvons chanoine de Notre-Dame. Il enseigna la théologie à de nombreux élèves. Honorius III lui confia plusieurs missions.

A la mort de Barthélémy, évêque de Paris (20 octobre 1227), Guillaume proteste contre l’élection anticanonique de son successeur, en appelle au Saint-Siège et va poursuivre cet appel à Rome. Grégoire IX casse l’élection, se réserve le choix de l’évêque, et désigne Guillaume (10 avril 1228), qu’il sacre lui-même. Bientôt éclatait la longue grève (1229-1231) des maîtres de l’université de Paris, à la suite de mauvais traitements infligés à quelques étudiants par le prévôt de Paris et ses gens d’armes. Dans l’intervalle, que ce soit sur leur demande et avec l’assentiment de l’évêque et du chancelier, ou plutôt à la demande de l’évêque et du chancelier, les dominicains ouvrirent un cours public de théologie. Cf. P. Mandonnet, De l’incorporation des dominicains dans l’ancienne université de Paris, dans la Revue thomiste, Paris, 1896, t. iii, p. 153-155. Grâce à Grégoire IX, les maîtres finirent par rentrer à Paris, en vainqueurs. Guillaume, blâmé par le pape de n’avoir pas pris leur défense, leur garda de la rancune, tout en se montrant disposé à encourager les études. Ce n’est pas la seule circonstance où il fut en désaccord

avec le pape. Des conflits entre le chapitre de Paris et des officiers du roi amenèrent (6 janvier 1238) une intervention de Grégoire IX favorable aux chanoines et sévère pour l’évêque, lequel était accusé de n’avoir pas suffisamment pris fait et cause pour eux. A. D[armesteter ], Revue des éludes juives, Paris, 1880, t. i, p. 140, a signalé en Guillaume « son caractère de prêtre gallican, d’homme du roi, et l’indépendance avec laquelle il défendit les intérêts de saint Louis contre la papauté elle-même » Il ne faudrait pas exagérer ce trait de la physionomie de Guillaume, pas plus que le gallicanisme de saint Louis. Ce qui est vrai, c’est que ni le roi de France ni l’évêque de Paris n’eurent toujours pour le pape une soumission effective. Cf., en ce qui regarde Guillaume, N. Valois, Guillaume d’Auvergne, évêque de Paris, Paris, 1880, p. 32, 62, 68, 78, 115, 138. Mais, en dépit de résistances de détails, l’un et l’autre furent attachés au Saint-Siège et le servirent avec dévouement. Les papes ne s’y trompèrent point : Honorius III, Grégoire IX, Innocent IV investirent Guillaume de nombreuses et importantes missions, celle, entre autres, à laquelle il se prêta de tout cœur, de protéger les ordres mendiants, en particulier les frères mineurs. Cf. N. Valois, op. cit., p. 84-117.

Guillaume intervint dans l’affaire retentissante du Talmud, condamné à Paris (1240) et livré publiquement aux flammes. Cf. Denifle-Châtelain, Charlularium universitatis Parisiensis, Paris, 1889, t. i, p. 202-210. En 1240 encore, il condamna, de concert avec la faculté de théologie, des propositions en faveur auprès d’un certain nombre de maîtres et portant sur l’essence divine, la Trinité, les anges, les saints, le premier homme et le démon. Réduites à dix, elles furent placées chacune en regard de la proposition orthodoxe qui la contredisait. Cf. d’Argentré, Colleclio judiciorum de novis erroribus, Paris, 1733, t. i, p. 158, 186-187. En 1228, il avait clos une campagne contre la pluralité des bénéfices en faisant déclarer solennellement par les docteurs de l’université qu’on ne pouvait en conscience posséder deux bénéfices quand un seul pouvait suffire à l’existence. Ce fut dès lors l’enseignement général au sein de la faculté de théologie. Cf. P. Féret, La faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres. Moyen âge, Paris, 1894, t. i, p. 212.

Influent à la cour, bien vu de saint Louis — que pourtant il ne réussit pas à détourner de la croisade — confesseur de Blanche de Castille, il s’acquitta intelligemment de missions diplomatiques. Il ne négligea point pour autant les intérêts de son diocèse, qu’il gouverna avec beaucoup de piété et de zèle. Il mourut en 1249, peut-être le 30 mars. Cf. N. Valois, Guillaume d’Auvergne, p. 152.

II. Écrits.

Ouvrages authentiques imprimés.


Ce sont, dans l’ordre où les présente l’édition la plus complète, Orléans et Paris, 1674, les écrits suivants : 1. De fîdc, t. i, p. 1-18 ; 2. De legibus, p. 18-102 ; 3. De virtutibus, p. 102-191 ; 4. De moribus, p. 191-260 ; 5. De viliis et peccalis, p. 260-293 ; 6. De tentationibus et resistentiis, p. 293-309 ; 7. De meritis, p. 310-315 ; 8. De retribulionibus sanctorum, p. 315-328 ; 9. De imnwrlalilale animée, p. 329-336 ; 10. De rhelorica divina sire ars oratorio eloquenliæ divinip, p. 336-406 ; 11. De sacramento in generali, p. 407-416 ; 12. De sacramenio buptismi, p. 416-426 ; 13. De sacramenio confirmationis, p. 426-429 ; 14. De sacramenio eucharistise, p. 429451 ; 15. De sacramenio pœnitentix, p. 451-512 ; 16. De sacramenio malrimonii, p. 512-528 ; 17. De sacramenio ordinis, p. 528-553 ; 18. De sacramenio exlremæ unctionis et de sacramentalibùs, p. 553-555 ; 19. De causis eut Deus homo, p. 555-570 ; 20. De psenitentia novus tractalus, p. 570-592 ; 21. De universo, p. 593-1074 ; 22. Tractatus quatuor nunc primum ex manuscriptis ernti : De Trinitate, notionibus et preedicamentis, t. n a.