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1963
1964
GUEVARA — GUIGUES


    1. GUEVARA Joseph##


2. GUEVARA Joseph, théologien espagnol, né le 14 mars 1719 à Rexas, diocèse de Tolède, entra dans la Compagnie de Jésus le 31 janvier 1732 dans la province du Paraguay. Déporté en Italie avec 6 000 jésuites espagnols en avril 1767 par ordre de Charles III, le P. Guevara, pourvu d’un canonicat à Spello après 1772, se livra à des études d’apologétique et de controverse dont les principales ont été publiées : Dissertalio aniiblasiana seu Blasius admonitor in Blasiiim commonitorem, Venise, 1775, qui contient la défense du culte du Sacré-Cœur ; Disscrlazionc sopra gli oracoli nella quale si fa manifeslo contra Fontanelle che il demonio ebbe parte negli oracoli degli anlichi, Foligno, 1789 ; Dissertalio historico-dogmatica de sacrarum imaginwn cultu religioso quatuor epochis complectens dogma et disciplinam Ecclesiæ, in-fol., Foligno, 1789 ; Risposla ull’anonimo délia lellera sopra la vicinanza del giudicio unioersale, Foligno, 1790. Un immense ouvrage en 8 in-8° sur la superstition est resté manuscrit. Son importante histoire du Paraguay a été publiée à Buenos-Ayres en 1836 par Pedro de Angelis. Le P. Guevara mourut le 23 février 1806.

Sommervogel, Bibliothèque de la C » de Jésus, t. iii, col. 1923 sq. ; Caballero, Bibliothcra scriptorum S. J., t. ii, p. 45 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., Inspruck, 1913, t. v, col. 1059.

P. Bernard.

GUI DE PERPIGNAN (TERRENI), qui mourut, le 21 août 1342, évêque d’Elne (Pyrénées-Orientales), non loin de Perpignan, son lieu de naissance, entra très jeune dans l’ordre des carmes. Ses supérieurs l’envoyèrent étudier la théologie à Paris, où il conquit de la façon la plus brillante le grade de docteur. La cour romaine se trouvait alors à Avignon. Le Père Gui Terreni y fut appelé pour professer la théologie au palais apostolique. Bientôt ses confrères le choisirent pour supérieur provincial, et en 1318, peu après la mort de Gérard de Bologne, le chapitre général des carmes, réuni à Bordeaux, l’élut à l’unanimité supérieur général. Moins de trois ans après, en 1321, le pape Jean XXII, qui l’avait en haute et affectueuse estime, le nomma évêque de Majorque. Le nouvel évêque eut à s’opposer aux empiétements du pouvoir civil sur les franchises ecclésiastiques et, en 1332, il demanda et obtint d’être transféré au siège d’Elne. Le pape le mandait souvent à Avignon et l’y retenait pour s’éclairer et s’aider de la science et des conseils de ce grand théologien. L’on croit, sans en avoir la preuve certaine, que Gui Terreni mourut à Avignon. Il avait acquis une grande notoriété auprès de ses contemporains, et l’université de Paris se faisait gloire de l’entendre nommer par antonomase doctor Parisiensis. Il sut mettre au service de l’Église les riches dons qu’il avait reçus de Dieu et l’autorité que lui avaient valu sa vertu et sa science. Parmi ses travaux restés manuscrits, il faut signaler, outre de nombreux commentaires sur divers traités d’Aristote et sur les IV livres des Sentences, un livre de Quodiibeta ; un autre de Quæstiones ordinariæ ; De perfectione vilae. catholicæ, traité des conseils évangéliques adaptés à toute vie chrétienne, commencé à Majorque, terminé a Elue, et dédié à Jean XXII ; Correclorium Decreli (jraliani, entrepris sur les instances de ses amis en vue de mieux ordonner la compilation du célèbre bénédictin ; c’est peut-être son meilleur ouvrage. Nous avons cependant de lui Quatuor unum, œuvre de grande valeur, qui fut publiée plus de deux siècles après sa composition, par les soins du carme allemand Jean Seiner, sous le titre de Concordia Evangeliorum, in-fol., Cologne, 1531 ; Expositlo in tria canlica evangelica, dédiée à Jean XXII, in-fol., Cologne, 1531 ; Summa de hseresibus et earum conjulationibus, in-fol., Paris, 1528 ; Cologne, 1521. L’édition de Paris de ce

dernier ouvrage est, dit-on, remarquable pour sa typographie ; quant au fond, certains critiques ont très vivement reproché à l’évêque d’Elne d’attribuer, sans un contrôle suffisant, telle hérésie à tel peuple. Ce reproche n’est pas fondé, ainsi que le démontra péremptoirement Cosme de Villiers, Bibliotheca carmelilana, Orléans, 1752, t. i, col. 584-585. Cette importante encyclopédie des erreurs de tous les temps jusqu’au xive siècle est une œuvre remarquable non seulement par la hardiesse de sa conception, mais encore par l’étendue des connaissances et la sûreté de doctrine de son auteur.

Petrus-Lucius, Carmelitana bibliotheca, Florence, 1593, fol. 32 ; Engelbert de Sainte-Françoise, Brevis séries omnium capit. gênerai, in ordine b. Marias Virginis de Monte-Carmelo, Rome, 1765, p. 91 ; N. Antonio, Bibliotheca hispana vêtus, p. 252 sq. ; Cosme de Villiers, Bibliotheca carmelitana, Orléans, 1752, t. i, col. 581-588 ; Raphaël de Saint-Joseph, Prolegomena in S. theologiam, Gand, 1882, p. 83 ; Daniel de la Vierge-Marie, Spéculum carmelitanum, Anvers, 1680, t. i, p. 134, 143, 263 ; t. ii, p. 889, 898, 923, 924, 1114 ; Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée, Paris, 1824, t. xii, p. 386 ; Le Mire, Bibliotheca ecclesiastica, Anvers, 1639, p. 262 ; Dictionnaire de la Bible, art. Carmes, par le P. Benoît, t. ii, col. 304 ; Moréri, Le grand dictionnaire historique, Paris, 1712, t. iii, p. 315 ; Kirchenlexikon, t. v, col. 1358 ; Hurter, Nomenclator, 1906, t. ii, col. 545-547 ; P. Féret, La faculté de théologie de Paris, Paris, 1896, t. iii, p. 519-523.

P. Servais.

    1. GUICHARDAnastase##


GUICHARDAnastase.VoirANASTASE7, t.i, col.ll66.

    1. GUIGUES##


1. GUIGUES. premier de ce nom dans la liste des généraux de l’ordre des chartreux, était du diocèse de Valence, de la partie qui est sur la rive droite du Rhône, en Vivarais. Il appartenait à la famille de Saint-Romain, dont la résidence et le berceau étaient au château de ce nom, situé sur le territoire de Saint-Barthélemy-le-Plein, non loin de Tournon. Cf. Perrossier, dans les Annales dauphinoises, août 1901 ; Brun-Durand, Dictionnaire de la Drame ; Rochas, etc. Guigues naquit vers l’an 1083 et reçut une éducation conforme à la noblesse de sa naissance et à la piété de ses parents. Selon quelques auteurs, il embrassa la carrière ecclésiastique et devint doyen de l’église cathédrale de Grenoble. A l’âge de 24 ans, il quitta le monde et entra à l’ermitage de la Grande-Chartreuse, où se trouvaient encore plusieurs des premiers disciples de saint Bruno. « Trois ans s’étaient à peine écoulés apris son entrée en religion, que les pieux compagnons de sa retraite jetèrent les yeux sur lui pour le mettre à leur tête. Le sagesse de son gouvernement fit voir que le Saint-Esprit avait présidé à ce choix. » Histoire littéraire de la France, t. xi, dans P. L., t. cliii, col. 581 sq. Dom Guigues admit au noviciat saint Godefroi, évêque d’Amiens, qui, après trois mois de séjour à la Chartreuse, fut obligé, à son grand regret, de rentrer dans son diocèse par décision du concile de Beauvais réuni en 1114. Il reçut aussi la visite de ses grands amis, saint Bernard et Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, ainsi que celle de saint Etienne d’Obazine, du cardinal Haimeric, chancelier de l’Église romaine, et fréquemment celle de saint Hugues, évêque de Grenoble. Il jouissait d’une telle estime auprès d’Innocent II et des plus grands personnages de son époque, qu’au concile de Reims célébré en 1131 sous la présidence du souverain pontife, une lettre adressée par lui au saint-père fut lue en pleine assemblée par Geoffroy, évêque de Chartres, et, selon Mabillon, le pape et tous les assistants en parurent extrêmement satisfaits. C’est sous son gouvernement que la communauté de la Chartreuse commença à avoir des imitateurs et des fondations d’autres ermitages en dehors de son désert. Huit maisons nouvelles surgirent entre 1115 et 1136, dont les plus renommées