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GUERRE


q. x, P. L., t. xxxiv, col. 181. — 2. La guerre est juste, quand elle est entreprise pour acquérir une paix durable : Bellnm gcritur ul pax acquiratur. Eslo ergo bellando pacificus, ut eos quos expugnas, ad pacis ulilitatem vincendo perducas. S. Augustin, EpisL, clxxxix, ad Bonijacium, n. 6, P. L., t. xxxiii, col. 856. Cf. S. Léon IV, Epist. ad exercitum Francorum, P. L., t. cxv, col. 656 sq. ; Labbe et Cossart, Concilia, t. viii, p. 533 ; S. Léon IX, P. L., t. ccxv, col. 107.

Ce qui rend les guerres injustes.

1. Nocendi

cupiditas, ulciscendi crudelitas, impacatus alque implacabilis animus, feritas rebellendi, libido dominandi, et si qua similia, hsec suni quæ in bcllis jure culpantur. S. Augustin, Contra Faustum, 1. XXII, c. lxxiv, P. L., t. xlii, col. 447. — 2. C’est une grande erreur de croire qu’une guerre est justifiée par le désir d’agrandir un empire, d’obtenir des richesses, et d’acquérir la gloire. Guerroyer dans ces conditions et pour ce but, c’est faire un grand acte de brigandage : Hoc quid aliud quam grande latrocinium nominandum ? S. Augustin, De civilate Dei, 1. IV, c. vi, P. L., t. xli, col. 117. Cf. 1. XIX, c. viii, col. 634 sq. — 3. Seuls les méchants trouvent un plaisir à faire la guerre ; pour les bons, elle ne doit être qu’une nécessité. Belligerare malis félicitas, bonis nécessitas. S. Augustin, De civilate Dei, 1. IV, c. xv, P. L., t. xli, col. 124. Cf. S. Grégoire VII, P. L., t. cxlviii, col. 565 ; Mansi, Concil., t. xx, col. 535 ; Innocent III, Epist. ad regem Francorum, P. L., t. ccxv, col. 65 sq., 177-184, 326.

5° Réponse des saints Pères aux objections tirées de l’Écriture sainte. — LA l’objection tirée des paroles de Notre-Seigneur : Omnes qui acceperint gladium, gladio peribunl, Matth., xxvi, 52, saint Augustin répond : Ille utitur gladio qui nulla superiore ac légitima potestatc, vel jubente, vel concedenle, in sanguincm alicujus armatur. Contra Faustum, 1. XXII, c. lxx, P. L., t. xlii, col. 414. De même, ailleurs, il distingue le cas de prendre les armes de sa propre autorité, de celui de les prendre au nom et par mandat de l’autorité publique. De mendacio, c. xv, P. L., t. xl, col. 506 sq. Saint Jérôme, Epist. ad Ageruchiam, De monogamia : Olim bellaloribus dicebatur : accinge gladium luum super jemur luum, potentissime ; nunc Petro dicitur : converte gladium tuum in vaginam : omnes enim qui acceperint gladium, etc. Saint Jérôme veut seulement dire ici que, dans l’Ancien Testament, Dieu lui-même commandait de faire la guerre, pour conquérir la terre promise, ou pour en conserver la possession ; tandis que, dans le Nouveau Testament, Dieu commande plutôt la paix, car. pour acquérir le royaume céleste, pas n’est besoin des armes matérielles. Cf. Origène, Contra Celsum, 1. II, c. x, P. G., t. xi, col. 813, où il dit qu’on ne doit pas prendre à la lettre ces paroles du Sauveur : Qui non habet gladium, vendat iunicam, et cmal gladium. Luc, xxii, 36.

2. À l’objection tirée de ce texte de l’Évangile : Ego autem dico vobis, non resislere malo, Matth., v, 39, et de celui de saint Paul : Non vosmetipsos dejendentes, Rom., xii, 19, saint Augustin répond en disant que ces paroles signifient que l’homme juste doit toujours être prêt à renoncer à sa défense personnelle, quand un plus grand bien l’exige ou le conseille, De sermone Domini in monte, c. xix, P. L., t. xxxiv, col. 1258 ; mais que, dans bien des circonstances, il faut, au contraire, agir différemment pour le bien commun, et même pour l’intérêt de ses propres ennemis : Agenda sunt mulla etiam cum invilis benigna quidem aspcritale plectendis. Nam cui licentia iniquitatis cripitur, utiliter vicitur ; quoniam nihil est infelicius felicilate peccanlium, qua pœnalis nutritur impunilas, et mala volunlas, vclul Iwslis inlerior, roboratur. Epist., cxxxviii, ad Marccllinum, c. ii, n. 14, P. L., t. xxx, col. 531. Saint Augustin réfute aussi très longuement les manichéens qui, regardant toute guerre

comme injuste, accusaient d’impiété Abraham, Josué, David, et tous les saints personnages de l’Ancien Testament, qui, sur l’ordre de Dieu, avaient fait la guerre aux ennemis de leur patrie. Contra Faustum, 1. XXII, c. lxxviii, P. L., t. xlii, col. 450 sq.

6° Réponse aux objections tirées des saints Pères eux-mêmes. — 1. Pour prouver que les saints Pères condamnaient la guerre en général, on apporte ce texte de Tertullien : Credimusne humanum sacramentum divina superinduci licere ? et in alium Dominum respondere post Christum ? licebit in gladio conversari, Domino pronuntiante gladio perilurum qui gladio fuerit usus ? et prselio operabitur fdius pacis, cui nec liligare conveniel ? De corona militis, c. xi, P. L., t. ii, col. 91. Tertullien qui, dans son Apologétique, c. v, xlii, P. L., t. i, col. 295, 491, enseigne que l’état militaire n’est pas opposé aux vertus chrétiennes, ne condamne pas ici la guerre comme intrinsèquement mauvaise, car, dans ce livre de la Couronne militaire, il avoue également qu’un chrétien qui était déjà soldat avant son baptême peut continuer à porter les armes, après avoir été régénéré par l’onde baptismale. Il dit seulement que ceux qui n’étaient pas soldats avant d’être baptisés ne doivent pas ensuite s’enrôler dans l’armée, mais garder leur liberté antérieure : Plane si quos mililia prævenlos fides poslerior invenit, alia condilio est, ut eorum quos Joannes admillebai ad lavuerum, ut cenlurionum fidelissimorum quem Christus probal, et quem Petrus catechizat, dum lamen, suscepta fide, atque signala, aut deserendum statim sil, ul multis actum, aut omnibus modis cavillandum, ne quid adversus Deum commiltatur. De corona militis, c. xi, P. L., t. ii, col. 92. Comme on le voit, c’est moins un ordre qu’un conseil de prudence, à cause du danger d’idolâtrie auquel se seraient exposés imprudemment ces néophytes, à une époque où presque tous les princes étaient païens. Tertullien enseignait donc que, dans ces circonstances particulières, per accidens, l’état militaire était mauvais pour eux, car ils seraient exposés, presque à chaque instant, à recevoir des ordres en contradiction avec leur foi. Et il en donne des exemples : Excubabil pro (emplis quibus renunciavil ? et cœnabil illic ubi aposlolo non placet ? et quos inlerdiu exorcismis fugavil, noctibus defensabit ? vexillum quoque portabil œmulum Christo ? etc. De corona militis, c. xi, P. L., t. ii, col. 92. Cf. A. d’Alès, La théologie de Tertullien, Paris, 1905, p. 420.

2. En commentant cette parole du Maître : Qui non habet gladium, vendat tunicam et emat gladium, Luc, xxii, 36, saint Ambroise s’écrie : O Domine, cur emere me jubés gladium, qui ferire me prohibes ? cur haberi preecipis quem vêlas promi ? nisi forte ul sil parala de/ensio, non ullio necessaria, et videur potuisse vindicari, sed noluisse ? lex tamen referire non vetal, et ideo fartasse Petro duos gladios offerenti, sal est, dicis, quasi licuerit usque ad evangelium : ut sit in lege œquilatis erudilio, in v tngelio bonitatis per/eclio. In Lucam, 1. X, c lui, P. L., t. xv, col. 1817. Il est évident que, dans ce passage, saint Ambroise ne parle pas de la guerre proprement dite, entreprise par l’autorité publique, mais seulement de la vengeance privée, ou de la défense personnelle. Le renoncement à celle-ci ne fait pas, selon lui, l’objet d’un précepte formel, mais seulement d’un conseil de perfection, comme la chose ressort clairement des termes qu’il emploie : ut sil in lege œquilatis erudilio, in evangelio bonitatis perfectio.

3. Saint Léon le Grand, Epist., clxvii, ad Ruslicum, s’exprime ainsi : Contrarium est ecclesiasticis regulis post pa-nitentiæ aclioncm redire ad militiam sœcularem, cum apostolus dical : Nemo militons Dco, implicat se negoliis sœcularibus. II Tim., ii, 4. Unde non est liber a diaboli laqueo qui se militiæ mundanæ volueril implicare. P. L., t. liv, col. 1206 sq. Cette prescription a été insérée dans le Décret de Gratien, part. II, caus. XXXIII.