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GRETSER


stadt, 1593, qui remplacèrent aussitôt dans tous les grands collèges de l’Europe les Rudiments de Nicolas Cleinart, puis par ses Institutiones linguæ gnvcæ, 3 in-8°, ibid., 1593, qui renouvelèrent les études grecques et qui même dans la seconde moitié du xixe siècle n’ont pas eu moins de dix éditions, Paris, 1852, édit. de Guilhermy ; Barcelone, 1887, etc., le P. Gretser reprit les armes après la publication de l’Historia jesuilici ordinis de Hasenmuller, par P. Leyser, Francfort-surle-Mein, 1593. Il répondit, sous le nom de Pierre Stévart. par son Apologia Pétri Slevartii Leodii, Iheologiæ in Academia Ingolstadiana pro/essoris, ad principes et ordincs sacri romani imperii, Ingolstadt, 1593 ; Cologne, 1594. La lutte s’engage entre Leyser et Gretser sur les doctrines de la Compagnie de Jésus et sur le caractère de l’institut. Gretser répond par son Epistola de hisloria ordinis jesuitici scripta ab Helia Hasenmuller, Dillingen, 1594, et publie avec les corrections, réfutations et additions nécessaires YHistoria ordinis jesuilici de Hasenmuller, Ingolstadt, 1594 ; trad. allemande, ibid., 1795. Ces débats passionnent alors toute l’Allemagne. Mais ce jeune professeur est absorbé par la préparation de ses cours de théologie et par l'édition de son Nomenclator græco-latinus, Ingolstadt, 1595. A part une traduction latine, parue en 1596, de l’ouvrage du P. Louis Richeome, La vérité défendue pour la religion catholique, il ne reprend la plume qu’en 1598 et publie la première partie de son De crucc Christi, dont les autres volumes paraîtront en 1600 et en 1605, à Ingolstadt. Dès lors ses grands ouvrages de controverse se succèdent sans interruption sous la poussée des circonstances : Libri quinque apologetici pro vila Ignatii Loiolæ. Ingolstadt, 1599 ; Apologclicus Jacobi Gretseri S. J. adversus librum qui Introductio inartem jesuilicam inscribitur, ibid., 1600 ; Vindicatio quorumdam Tertullianicorum a Franc. Junii caluinislæ depravalionibus, ibid., 1600 ; De modo agendi jesuitarum, ibid., 1600 ; Dejensio Apologiæ gallicans-, ibid., 1601 ; Responsum Jacobi Gretseri S.J. theologi ad thèses /Egidii Hunnii prædicanlis Wilebergensis de colloquio cum pontificiis ineundo, ibid., 1602. C’est la relation du colloque de Ratisbonne en 1601 où Grelser, aidé du P. Tanner, prit une part prépondérante, et réduisit au silence ses adversaires dans les controverses relatives à la règle de foi et à l’autorité du magistère ecclésiastique. Cf. Colloquium de norma doctrinæ et controversiarum religionis judice, Munich, 1602. Une violente polémique s’engagea entre protestants et catholiques au sujet du colloque. Gretser protesta contre les relations soi-disant historiques publiées par Hunnius et Zeœmann, dans une série d'écrits tels que les Digressiones sex adversus JEgidii Hunnii calumnias, Ingolstad, 1602, ou le Labijrinlhus Crelico-hunnianus, ibid., 1602, où la discussion prend un tour personnel que les protestants depuis Zesemann ont vivement reproché à Gretser. Il est incontestable que le sor.ci de la vérité n’obligeait nullement Gretser à traiter les présidents luthériens de sancti porci ou de barbati hirci et ces violences de langage n’ont rien de commun avec la défense de la foi. Elles s’expliquent toutefois, si elles ne s’excusent point, par la rudesse des mœurs et le ton général des polémiques, par l’ardeur de la lutte et la nécessité de faire face à des adversaires qui eux-mêmes ne ménageaient ni leurs coups ni leurs injures. Le Labijrinlhus Creticohunnianus dont le titre complet manque assurément de sérénité est une réponse de même style à l’ouvrage de Gilles Hunnius intitulé : Labgrinthus primus papisticus, hocest, Disputatio de papatu semetipsum contradiclionibus implicante, con/undenle et jugulante, etc. Le reproche adressé à Gretser s’applique avec la même force à ses adversaires.

La publication de l’Index expurgalorius des livres, dressé par ordre de Philippe II et imprimé à Anvers

en 1571, avail provoqué chez les luthériens et les calvi nistes de virulentes protestations contre cette atteinte portée au nom du concile de Trente à la liberté de penser et d'écrire. Gretser, dans son De jure et more prohibendi, expurgandi et abolendi libros hæreticos et noxios, Ingolstadt, 1603, s’attacha surtout à réfuter les ouvrages de François Dujon et de Jean Pappus ; il justifie ï Index par l’histoire des papes et des conciles et rejette sur les hérétiques l’accusation portée par eux contre les catholiques d’avoir corrompu les ouvrages des Pères. C’est un de ses écrits les plus solides et les plus curieux : il n’eut pas de peine surtout à mettre aux prises sur ce sujet luthériens et calvinistes. Viennent ensuite divers ouvrages de polémique : Lithus Misenus calvinisla nunc iertio libris quinque dedolalus, Ingolstadt, 1604, dirigé contre Stein qui écrivait sous le nom de Lithus Misenus ; Consolalio brevis sed cfjicax pro Lilho Miseno calvinisla, ibid., 1604 ; Exercitationiun theologicarum libri sex, ibid., 1604, commentaires humoristiques appuyés sur des faits curieux relatifs à des médailles frappées en l’honneur de Luther ou du colloque de Ratisbonne et réponse vigoureuse à l’AntiGretserus de Hunnius. Cf. Baillet, Des satires personnelles, t. ï, p. 179 sq.

En 1605, Gretser publia le t. m du De cruce Clirisli œuvre d’une érudition prodigieuse qui met à contribution, en dehors de la théologie spéculative, la patristique, l’histoire, la numismatique, l'étude des monuments et qui ajoute à ces données positives admirablement disposées une collection de plusieurs pièces inédites d’auteurs grecs, telles que les homélies de saint Germain, patriarche de Constantinople, In adoralionem sanctx crucis, du diacre Pantaléon In exallationem sanctæ crucis, et autres documents dont plusieurs ont été insérés dans la P. G. de Migne, t. xviii, col. 397-402 ; t. xlix, col. 393-398 et 407-418, etc. ; de plus, un recueil de chartes du moyen âge sur l’antiquité des pèlerinages en Terre Sainte et un catalogue de tous ceux qui ont fait ce pèlerinage depuis Constantin. L’ouvrage est dirigé contre les hérétiques qui ont proscrit le culte de la croix, notamment les protestants dont il relève avec soin et combat pied à pied les assertions, en faisant ressortir l'évolution de la doctrine luthérienne depuis ses origines. On a reproché à Gretser son manque de critique à l'égard de certaines légendes. C’est lui reprocher d'être un fils de son temps : il admet volontiers tous les faits qu’il rencontre sur la foi d’une tradition dont on n’avait pu encore réviser les données. Cette tendance subjective à tenir pour vrai ce qui semble favoriser sa cause atteint, sans doute, sur bien des points de détail la valeur documentaire de son livre ; l’ouvrage n’en reste pas moins un monument d’incomparable érudition et les conclusions de la controverse gardent leur force indemne de ces défaillances. La reproduction des textes est toujours rigoureusement fidèle et aucun auteur protestant n’a pu reprocher à Gretser d’avoir inexactement rendu la pensée de ses adversaires ou faussé le sens des documents : en cela il n’a jamais cessé d'être un modèle pour les controversistes.

Ses polémiques avec Stein et Libavius ne sont que des intermèdes. Il jette dans la mêlée son Bavius et Meevius, Ingolstadt, 1605, et YEpislola græca Simonis Lilhi Misent in sua elemenla resnlula, ibid., 1605, et consacre deux importants ouvrages à la défense de la confrérie des flagellants, fort répandue alors en Allemagne : De spontanea disciplinarum seu flagcllorum cruce, Ingolstadt, 1606 ; Cologne, 1607, et à la défense des pèlerinages et des processions : De sacris et religiosis percgrinalionibus libri quatuor ; De Ecclesiæ calholicæ processionibus seu supplicationibus libri duo, Ingolstadt, 1606 ; Cologne, 1608. Fidèle à sa méthode d’investigation documentaire, il publie dans ce dernier ouvrage