Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/308

Cette page n’a pas encore été corrigée
1847
184
GRÉGOIRE DE NÉOGÉSARÉE — GRÉGOIRE DE NYSSE
S

phanic, col. 1177-1190, et une sur tous les saints, col. 1197-1206, sont également apocryphes.

Vie de saint Grégoire on syriaque, éditée par Ryssel, Theologische Zeitschrift aus der Schweiz, 1894, t. xi, p. 228254, et par Bedjan, Acta martgrum et sanctorum, 1890, t. vi, p. S3-106 ; Ryssel, Gregorius Tliaumaturgus, -sein Leben und sein Schriften, Leipzig, 1880 ; Koetschau, dans son édition du Panégyrique d’Origène, p. v, xxi, et dans Zeitschrift fiir wissenschaftliche Théologie, 1898, t. xli, p. 211250 ; Harnæk, Geschicbte der aUchristl. Litteratur, Leipzig, 1893, t. i, p. 428-436 ; P. Batiffol, La littérature grecque, Paris, 1897, p. 180-181 ; Bardenhewer, Geschichte der allkirchliche Literatur, Fribourg-en-Brisgau, 1903, t. ii, p. 272-289 ; Les Pères de l’Église, nouv. édit. franc., Paris, 1905, t. i, p. 309-316 ; Alb. Ehrhard, Die altchristliche J.itteratur, Fribourg-en-Brisgau, 1900, p. 357-362 ; Hurter, Xomenclalor, 1903, t. i, col. 97-100.

P. Godet.

25. GRÉGOIRE DE NYSSE (Saint). — I. Vie. II. Œuvres. III. Doctrine.

I. Vie.

Grégoire, frère puîné de saint Basile, naquit vers l’an 335 ; on ne connaît pas au juste la date précise de sa naissance. Élevé dans sa famille, sous l’aile et par les soins de saint Basile, Grégoire s’était voué de bonne heure au service de l’Église, et il remplissait déjà l’office de lecteur, quand, séduit par les attraits d’une vie séculière, il se fit professeur de belles-lettres, préférant, selon le mot de saint Grégoire de Nazianze, Episl., i, P. G., t. xxxvii, col. 41, le nom de rhéteur à celui de chrétien, et s’avisa de se marier avec une certaine Théosébie. Les vives représentations de ses amis le ramenèrent à l’état ecclésiatique. Il descendit de sa chaire et alla s’adonner, au sein du monastère fondé par Basile sur les bords de l’Iris dans le Pont, à l’ascèse et à l’étude de la théologie Vers la fin de l’année 371, il se résigna, bien qu’à contre-cœur, à se laisser sacrer par saint Basile et à monter sur le siège de Nysse, bourgade de la Cappadoce ressortissant à la métropole de Césarée. Son fidèle attachement à la doctrine de saint Athanase lui valut la haine et les persécutions des ariens. Au printemps de l’an 376, un synode d’évêques ariens ou de prélats courtisans, convoqué par Démosthène, gouverneur du Pont, et tenu à Nysse même, déposa Grégoire en son absence. Mais la mort de l’empereur Valens (9 août 378) lui rouvrit les portes de Nysse, et les applaudissements de ses ouailles firent de son retour un véritable triomphe. En septembre ou octobre 379, il prit part au concile d’Antioche, réuni surtout pour éteindre le schisme mélétien, et se vit confier par le concile une mission de grande confiance auprès des évêques d’Arabie et de Palestine. Pendant qu’il s’en acquittait, il fut choisi, sans doute au mois d’avril 380, pour archevêque de Sébaste dans la Petite-Arménie ; et, quoiqu’il eût protesté contre son élection, il se chargea provisoirement, durant quelques mois, de l’administration religieuse du diocèse. Diekamp, Die Wahl Gregors von Nyssa zum Metropoliten von Scbaste, dans Theol. Quarlalschrift, 1908, p. 384-401. On le voit siéger, en 381, dans le IIe concile général de Constantinople, où sa science théologique assure à sa parole une particulière autorité. Ce fut en exécution du 3e canon du concile que l’empereur Théodose décida, par la loi du 30 juillet 381, Code théod., XVI, i, 3, que ceux-là seraient exclus, comme hérétiques notoires, des Églises de la province du Pont, qui ne gardaient pas la communion des évêques Helladius de Césarée, Otreius de Mélitène dans la Petite-Arménie, et Grégoire de Nysse. Saint Grégoire devait reparaître plus d’une fois à Constanlinople ; on l’y recherchait pour les grandes oraisons funèbres et autres discours d’apparat. On l’y retrouve pour la dernière fois dans le concile célébré en 394, sous la présidence du patriarche Nectaire. Depuis lors, son nom s’efface de l’histoire. Il est probable que sa mort suivit de près.

II. Œuvres. — Esprit peu propre, dans sa candeur naturelle, au maniement des affaires, et, dans ses faciles découragements, aux luttes de la vie, mais esprit doué d’une particulière aptitude pour les recherches métaphysiques et très versé dans la philosophie profane, imbu surtout des idées platoniciennes et néoplatoniciennes ; à la fois théologien, exégète, auteur ascétique et orateur, saint Grégoire se signalera, au ive siècle, par la fertilité de sa plume comme par la variété de ses travaux. Il y a lieu d’être surpris que ses œuvres n’aient pas attiré davantage l’attention des critiques modernes et n’aient pas encore été publiées complètement selon toutes les exigences scientifiques. 1° Théologie.

Les écrits que saint Grégoire a

composés en cette matière et qui font sa gloire, sont, pour la plupart, des traités polémiques contre Eunomius et contre Apollinaire. Le plus considérable qui nous soit resté de l’auteur et l’un des plus importants qu’ait suscités la querelle de l’arianisme, est le llpo ; Eùvofuov àvTipp7|-uxot Xoyoî, P. G., t. xlv, col. 2371121. Riposte vigoureuse et brillante à la seconde apologie qu’Eunomius venait de lancer contre saint Basile, après avoir attendu prudemment sa mort. Voir t. v, col. 1505. L’ouvrage est divisé, selon les uns, en douze, et selon les autres, en treize livres. Saint Grégoire, à la prière de son frère Pierre, évêque de Sébaste, y venge la mémoire de Basile des calomnies et des outrages d’Eunomius et y disculpe pleinement la doctrine de l’évêque de Césarée sur la divinité du Fils et du Saint-Esprit. Contre Apollinaire de Laodicée, saint Grégoire a pris la plume deux fois. D’abord, dans un court opuscule, postérieur à l’an 383 et dédié à Théophile, évêque d’Alexandrie, P. G., t. xlv, col. 1269-1277, il se contente de réfuter l’accusation intentée aux catholiques de reconnaître deux Fils de Dieu. Puis, dans son Anlirrhclicus adversus Apollinarem, lequel date des dernières années de saint Grégoire, ibid., col. 1123-1270, il s’attaque au traité de l’incarnation d’Apollinaire et en renverse notamment ces deux thèses, l’une, que la chair de Jésus-Christ est descendue du ciel, l’autre qu’en Jésus-Christ le Verbe a tenu la place et joué le rôle de l’entendement humain. Des deux discours polémiques retrouvés naguère par le cardinal Mai, le premier, Sermo adversus Arium et Sabellium, P. G., t. xlv, col. 1281-1302, est apocryphe ; le second, Sermo de Spiritu Sancio adversus pneumatomachos macedonianos, ibid., col. 1301-1334, semble au contraire authentique, nonosbtant les mutilations de la fin.

En outre, quelques écrits sont consacrés surtout, sans abjurer néanmoins entièrement les allures et le ton de la polémique, à l’exposition et à la défense de la doctrine chrétienne. On doit notamment à saint Grégoire un remarquable exposé doctrinal, intitulé : Grande catéchèse, P. G., t. xlv, col. 9-106, et à l’usage des maîtres chrétiens qui ont à instruire les catéchumènes ; l’auteur y passe en revue tour à tour, en les vengeant de toutes les attaques, les dogmes fondamentaux du christianisme, la trinité, l’incarnation, la rédemption, les sacrements du baptême et de l’eucharistie. La Grande catéchèse a été traduite en fiançais par L. Méridier, Paris, 1908. Quatre courts opuscules vont spécialement à défendre la théologie de la trinité : l’un, De S. Trinilalc, est dédié à Eustathe de Sébaste ; l’autre, Quod non sint très DU, est adressé à un certain Abladius, P. G., t. xlv, col. 116136 ; un autre, sur le même sujet, en appelle contre les païens aux notions du sens commun, IIpo ; ’EXÀ^vaç èx rûv zoiviôv èvvotûv, i bid., co. 175-186 ; le quatrième, Sur la foi, dédié au tribun Simplicius, ibid., col. 135-146, soutient la divinité du Fils de Dieu et du Saint-Esprit. A l’exemple et sur le modèle du Phédon de Platon, qu’il dépasse de beaucoup en profondeur et en hardiesse, sans