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GRÉGOIRE DE NEOCESAREE


Grégoire, vers 238, reprit avec Athénodore le chemin du l’ont. Peu après, l’évêque d’Aniasia, Phédime, élevait Grégoire, malgré sa jeunesse, sur le siège de Néocésarée. De la carrière épiscopale de Grégoire on ne sait rien de bien précis. Les deux biographies qui nous restent du saint évêque, l’une en grec par saint Grégoire de Nysse, P. G., t. xi.vi, col. 893-958, l’autre en syriaque par un auteur inconnu, Ryssel, Theol. Zeitschrift mis der Schweiz, 189 1, t. xi, p. 22827) 1 ; P. Bedjan, Acta martyrum et sanctorum, 1890, t. vi, p. 83-106, relatent une longue série de faits merveilleux qui lui valurent le surnom de Thaumaturge. Cette floraison légendaire, qui commence du vivant de Grégoire et s’épanouit dès le lendemain de sa mort, révèle mieux que n’importe quel document historique une personnalité rare et puissante, active et indomptable. Quand la persécution de Dèce (250251) s’abattit sur Néocésarée, Grégoire conseilla aux fidèles de fuir, et il se déroba lui-même par la fuite aux recherches des magistrats. En 253-254, les incursions des barbares, Borades et Goths, désolèrent le Pont avec l’Asie Mineure. Grégoire et son frère Athénodore prirent part, en 264 ou 265, au synode d’Antioche contre Paul de Samosate ; peut-être assistèrent-ils également aux deux synodes suivants contre le même hérétique. Selon Suidas, Lexicon, au mot Gregorius, Grégoire serait mort sous le règne de l’empereur Aurélien (270-275). Il avait fait Néocésarée de païenne chrétienne, et il laissa dans le Pont tout entier une impression profonde. L’Église l’a élevé au rang des saints et célèbre sa fête le 17 novembre.

II. Ouvrages.

Disciple et ami d’Origène, mais évêque absorbé par ses occupations pastorales, saint Grégoire a, somme toute, peu écrit, seulement pour remplir un devoir de sa charge et dans un but pratique. Dès l’antiquité cependant, plus d’un ouvrage, soit erreur des copistes, soit fourberie des hérétiques, des apollinaristes en particulier, a emprunté sans droit le nom gloireux du Thaumaturge. Les ouvrages qui portent son nom se divisent donc en trois classes : il y en a d’authentiques sans conteste ou à peu près, il y en a de douteux, il y en a d’apocryphes.

Écrits authentiques.

 1. Le panégyrique d’Origine,

Eîç’Opiyev7]v repo< ; <pa)vr|’cixôç /.*’. Jïav7)yupixoç Xdyoç, P. G., t. x, col. 1049-1104 ; Koetschau, Des Gregorios Thaumaturgos Dankrede an Origencs, Fribourg-en-Brisgau et Leipzig, 1894, prononcé vers 238, et où le jeune orateur, avec une chaude et sincère émotion, non toutefois sans une teinte marquée de rhétorique, épanche sa reconnaissance envers Dieu, dispensateur de tout bien, envers l’ange tutélaire qui le conduisit à Césarée, envers le maître incomparable qui sut inspirer à ses élèves le culte de la philosophie chrétienne. — 2. Le symbole, "ExOsaiç tï, ç jtîcjtêioç, P. G., t. x, col. 983-988, exposition courte, mais très claire et très précise, du dogme de la trinité, qui, d’après la légende, fut révélée au Thaumaturge, à la demande de la sainte Vierge, par saint Jean l’évangéliste, et dont Caspari, Aile und ncue Quellen zut Geschichle des Taufsymbols, Christiania, 1879, p. 1-64, place la rédaction entre 260 et 270. — 3. L’Épitre canonique, ’Etziv-zoÏ.t) xavovt/.)] P. G., t. x, col. 10191048, réponse aux questions d’un évêque anonyme sur la conduite à tenir à l’égard des fidèles qui avaient transgressé la morale et la discipline chrétiennes, lors des incursions des Goths et des Borades ou Boranes dans le Pont et la Bithynie. Ce très ancien monument de la casuistique, d’où ressortent visiblement le tact et l’indulgence de saint Grégoire dans le gouvernement des âmes, date, selon Drâseke, Jahrbuch fur protestantische Théologie, 1881, t. vii, p. 724-756, de l’automne de 254. — 4. La Paraphrasedel’pcclésiaste, MsTCteppa.aiç sîç tov’ExxXEijiaaTrjv

Soao(iûvtoç, P. G., t. x, col. 987-1018, est une libre amplification du texte des Septante. — 5. L’écrit à ThÉopompe sur l’impassibilité et la possibilité de Dieu, qui n’existe qn’en syriaque, Pitra, Analecta sacra, t. iv, p. 103-120, 363376, et qui, composé sous la vive influence d’Origène, est peut-être antérieur à l’épiscopat du Thaumaturge : dialogue philosophique contre cette erreur païenne que l’impassibilité de Dieu implique nécessairement l’indifférence touchant le sort des hommes. — 6. Nous avons perdu le Dialogue avec Élicn, Wy’j ; ’Adiavov BiccXeÇ’.ç, qui avait pour but de convertir le païen dont il porte le nom et qui semble avoir traité surtout de la théodicée chrétienne. Le fragment arabe d’un sermon sur la Trinité, P. G., t. ix, col. 1123-1126, où le cardinal Mai crut retrouver un fragment du Dialogue avec Élicn, est apocryphe. Quelques lettres de saint Grégoire ont aussi péri.

Écrits douteux.

D’autres écrits ou fragments

d’écrits attendent un examen d’origine plus approfondi. l.Le Court traité de l’âme àTatien, /Yo’yo ; zsçaXauôÔ7] ; rapt S/, , : r.po ? Tcmavdv, P. G., t. x, col. 1137-1146, dans lequel l’auteur étudie, indépendamment des textes scripturaires, l’existence et l’essence de l’âme, était condamné par la plupart des critiques et tenu pour une œuvre du moyen âge. Mais on en a trouvé dernièrement une version syriaque dans un manuscrit du viie siècle, et Procope de Gaza, vers 465-528, semble citer le texte grec comme du Thaumaturge. — 2. Des cinq homélies arméniennes, publiées par l’abbé Martin sous le nom de saint Grégoire, Pitra, Analecta sacra, t. IV, p. 134-145, 156-169, 386-396, 401-412, les quatre dernières sont certainement d’une époque bien plus récente ; mais on peut tenir la première pour authentique, en raison des nombreux points de contact avec l’écrit à Théopompe. Loofs, Theol. Litcraturzeitung, 1884, p. 551-553. Le dogme de la perpétuelle virginité de la sainte Vierge y est nettement exprimé. Conybeare, The Exposilor, 1896, t. i, p. 161-173, a traduit en anglais et regardé comme authentique une sixième homélie sur la Mère de Dieu, qui ne nous est aussi parvenue que dans la version arménienne. — 3. Enfin, un tas de menus fragments, poussière sans valeur, semble néanmoins cacher çà et là quelques vrais grains de blé. Pitra, Analecta sacra, t. iii, p. 589-595 ; t. iv, p. 133, 186 ; Loofs, op. cit., 1884, p. 550 sq.

Écrits apocryphes.

D’autres écrits ont usurpé

lenom deThaumalurge. — 1. Le textesyriaque intitulé : A Philagrius sur la consubslanliatité, Pitra. op. cit., t. iv, p. 100-103, 360-363, s’identifie avec une épître grecque, llpoç iyjâyptov fiovayôv r.iy. 0 ; ’; t/, toç, qui se trouve dans les œuvres de saint Grégoire de Nazianze, P. G., t. xxxvii, col. 383, comme dans celles de saint Grégoire de Nysse, P. G., t. xlvi, col. 1101-1108, et, quel qu’en soit le véritable auteur, ne remonte pas au delà de la seconde moitié du ive siècle. — 2. La foi dans ses éléments, ’Il v.y.-.k jJ.ipo ; -rs-i, P. G., t. x, col. 1113-1124, exposition du dogme de la trinité divine et de l’incarnation du Verbe, est l’œuvre d’Apollinaire de Laodicée vers 380, et les apollinaristes l’ont fait circuler sous le nom révéré du Thaumaturge, comme sous un pavillon protecteur. Voir Mai, Nova eolleetio, t. vii, p. 170-176 ; Drâseke, dans les Texte und Unlcrsuchungen, 1892, t. vii, p. 369-380. — 3. Les douze chapitres sur la foi, Ki<pxXa.ia irspi rcituscoç SioBezo, P. G., t. x, col. 1127-1136, qui se proposent d’expliquer la vraie doctrine de l’incarnation, combattent l’apollinarisme, et n’ont pas précédé la fin du ive siècle. Driiseke les attribue à Vital d’Antioche, disciple d’Apollinaire. Mais ils sont plutôt antiapollinaristes. Funk, A bhandlungen, t. ii, p. 329-338 ; Lauchcrt, Theologischc Quarlalschrift, 1900, t. lxxxii, p. 395-418. — 1. Cinq homélies grecques, dont trois sur l’Annonciation, P. G., t. x, col. 1145-1178, une pour l’Épi-