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GRÉGOIRE X — GRÉGOIRE XII


la délivrance de Jérusalem. Il s’efforça donc de réconcilier en Italie les Guelfes et les Gibelins, d’affaiblir Charles d’Anjou, d’obtenir la renonciation d’Alphonse de Castille et lit élire Rodolphe de Habsbourg comme empereur le 29 octobre 1273 ; il le reconnut comme roi di s Allemands et des Romains, l’invita à venir recevoir la couronne impériale et à conclure un nouveau concordat avec l’Église romaine, dans une entrevue, qu’il eut avec lui à Lausanne, en revenant du concile de Lyon (octobre 1275) ; mais la mort et les troubles d’Allemagne empêchèrent ces projets.

Ce concile, qu’il avait convoqué quatre jours après son couronnement, s’ouvrit en 1274, sous sa présidence cl fut le XIVe concile œcuménique. Cinq cents évêques et mille abbés s’y trouvaient. Saint Bonaventure, créé cardinal peu auparavant avec Pierre de Tarentaise, mourut pendant sa tenue. Saint Thomas d’Aquin, spécialement appelé par le pontife, partit de Naples et mourut en chemin. La i rc session se tint en la primatiale de Saint-Jean devant Jacques I er, roi d’Aragon, les patriarches latins de Constantinople et d’Antioche et des délégués de toutes les nations. On y prescrivit des contributions pour la Terre Sainte. Dans la suite, on traita de l’élection du roi d’Allemagne, de la translation du Comtat-Venaissin au Saint-Siège. On accueillit la réunion à l’Église romaine de l’empereur de Constantinople, et l’alliance proposée par le grand chah des Tartares contre les Mahométans. Le pape promulgua plusieurs constitutions : dans l’une il était défini que le Saint-Esprit procédait du Père et du Fils, non comme de deux principes, mais comme d’un seul et par une seule spiration ; dans une autre il était réglé que les cardinaux se trouvant dans la ville où le pape mourrait attendraient huit jours seulement les absents, puis s’assembleraient dans le palais du pontife sans relation avec le dehors, et si, dans les trois jours suivants, ils n’avaient pas pourvu l’Église d’un pasteur, ils seraient réduits à un seul mets, pendant les cinq jours suivants, et, au delà de ce terme, au pain, au viii, a l’eau.

Grégoire envoya des lettres à l’empereur et aux évêques grecs, de même qu’au grand chef des Tartares, puis, après être revenu par Milan et Florence, il mourut a Pérouse le 10 janvier 1276 ; il fut plus tard inscrit au catalogue des bienheureux. Il eut pour successeur Innocent V.

Jean Guiraud, Les regislres de Grégoire X, Paris, 18921898 ; A. Potthast, Regesta pontifleum romanorum, Berlin, t. il, p. 1651-1703, 2131, 2138 ; Muratori, Rerum italicarum scriplores, t. m ; Bonucci, Istoria del pontifice Gregorio X, Rome, 1711 ; P. Piacenza, Compendio delhi sloria del B. Gregorio X papa, Plaisance, 1876 ; A. Zistercr, Gregor X und Rudolf von Habsburg, Fribourg, 1891 ; Walter, Politikder Kuric unter Gregor X, 1894 ; 0to, Beziehunger. Rudolf s von Habsburg zu PapstGregoriusX, lS9b ; 0. Redlich, Rudolf von Habsburg, 1903 ; Duchesne, Liber pontificalis, 1892, t. ii, p. 456-457.

A. Clerval.

11. GRÉGOIRE XI. pape (1370-1378). Pierre Roger de Beaufort, né au château de Maumont en 1329, cardinal-diacre de Sainte-Marie la Neuve (28 mai 1348), fut élu pape le 30 décembre 1370, ordonné prêtre le 4 janvier 1371, puis sacré et couronné à Avignon le lendemain. Ce fut le dernier pape d’Avignon. Son prédécesseur, Urbain V, en revenant de Rome où l’on avait cru un moment qu’il allait réinstaller la papauté, exilée depuis 1305, comme tout le monde en Italie le demandait, avait provoqué dans ce pays un redoublement notable de réaction contre la papauté française. Grégoire XI se vit en face d’une ligue formidable constituée entre Barnabo Visconti, de Florence, Jeanne de Naples, et d’autres villes, s’attaquant aux « mauvais pasteurs » envoyés d’Avignon pour gouverner les États pontificaux et au pouvoir temporel lui-même. Après de vaines négociations, il dut excommunier les Florentins et envoyer des troupes sous la conduite de Robert de

Genève. C’est alors que ceux-ci lui adressèrent une ambassade avec sainte Catherine de Sienne. Les avis de cette illustre sainte, joints au grand péril que la papauté courait de perdre les restes de son pouvoir en Italie, triomphèrent enfin des hésitations de Grégoire XI qui, malgré les instances de son entourage et du roi de France, partit d’Avignon le 13 septembre 1376 et après différentes péripéties entra dans Rome le 17 janvier 1377. Mais à peine de retour, le pape se vit de nouveau en bulle à de grosses difficultés avec les Florentins et les Romains toujours hostiles à la domination de l’Église, malgré leur promesse : le massacre de Cesena par Robert de Genève (Il février 1377) accrut les animosites. Grégoire, sur la fin de mai, se rendit à Anagni jusqu’au mois de novembre et continua de pénibles négociations avec les Florentins qui aboutirent à un congrès fixé à Sarzana, pour les premiers jours de 1378. Rentré à Rome le 7 novembre, chez les Romains plus calmes, il mourut le 27 mars 1378, par suite du climat et des soucis, non sans avoir craint le schisme auquel l’élection de son successeur allait donner lieu, et que ses dernières précautions ne purent prévenir. Ce fut le dernier pape français.

Il était bon, instruit, favorable au bon humanisme, et digne de l’estime de sainte Catherine de Sienne et de sainte Brigitte, qui lui écrivirent à plusieurs reprises. Son grand mérite est d’avoir ramené la papauté à Rome ; toutefois il eut le tort de nommer trop de cardinaux français, ce qui fut une cause du grand schisme. Il s’occupa aussi de réprimer, avec le roi de France, des hérétiques tels que les vaudois, les bégards et les albigeois, de faire tenir des conciles provinciaux et d’obliger les évêques à la résidence.

Baluze, Vitæ paparum Avenionensium, Paris, 1693, t. i, p. 425 sq. ; Noël Valois, La France et le grand schisme d’Occident, Paris, 1901, t. m ; 1902, t. IV ; J. P. Kirsch, Ruckher der Piipste, 1898 ; Pastor, Gescliichte der Pdpsle, 4e édit., t. i, p. 101-114.

A. Clerval.

12. GRÉGOIRE XII, pape (1406-1415). Ange Corraro, né à Venise, vers 1325, évêque de Chalcis, patriarche de Constantinople, cardinal-prêtre de Saint-Marc en 1405, fut élu pape, après Innocent VII, à Rome, le 30 novembre 1406 et couronné le 3 décembre. C’était un homme austère et pieux ; les cardinaux italiens, ses électeurs, avaient pris avec lui, avant l’élection, l’engagement de tout faire pour arriver à l’union. C’est dans ce sens qu’il écrivit de suite aux cardinaux d’Avignon et à Benoît XIII, et comme celui-ci lui répondit sur le même ton, on crut que l’union était presque faite. Mais on vit bientôt que cette espérance était prématurée. Après de longues discussions sur le lieu de leur entrevue, discussions où Grégoire XII apporta des tergiversations extraordinaires, les deux papes arrivèrent à quelques lieues de distance l’un de l’autre, et pourtant l’entrevue n’eut pas lieu : on accusa le pape de Rome de céder à l’influence de ses neveux et de Jean Dominici. archevêque de Raguse, et sept de ses cardinaux se détachèrent de lui. On crut de même en France que Benoît XIII ne voulait pas au fond se sacrifier à l’union et, après une sommation, le roi de France déclara sur la fin de mai se retirer de son obédience. De leur côté, les cardinaux français quittant Benoît XIII s’unirent aux cardinaux romains détachés de Grégoire XII et convoquèrent un concile à Pise pour le 25 mars 1409, tandis que les deux papes en convoquaient aussi chacun un dans leur obédience. Cette convocation d’un concile par les cardinaux, tout à fait anormale, soulevait des questions graves de doctrine sur la supériorité de l’Église par rapport au pape et les tranchait déjà dans un sens erroné. Les Pères eurent l’audace de déposer les deux pontifes, malgré les efforts de Charles de Malatesta qui essaya d’amener