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GRÉGOTRE VIII — GRÉGOIRE X


21 octobre 1187 et sacré le 25 à Pise, en remplacement d’Urbain III. La papauté était en relations fort tendues avec Frédéric Barberousse ; comme il avait été jadis dévoué à l’empereur, il prépara une réconciliation, exhorta l’archevêque Volkmar à ne pas urger son conflit avec lui, s’occupa activement d’une croisade, célébra un concile à Parme. Mais il mourut à Pise, le 17 décembre 1187, trop tôt pour exécuter ses projets. Il fut remplacé par Clément III.

Jalïé, Regesta pontificum romanorum, 2e édit., 1888, t. ii, p. 528-535 ; P. L., t. ccii, col. 1535 sq. ; Duchesne, Liber pontificalis, 1892, t. il, p. 349, 451 ; Watterich, Ponlificutn romanorum vite, Leipzig, 1862, t. ii, p. 683-692 ; Bibliothèque de l’École des chartes, 1881, t. xlii, p. 166 ; Scheffer-Boichorst, Friederichs 1 leizter Strcit mit der Kurie, 1866, p. 149-157 ; P. Nadlg, Gregors VIII 57 tagiges Pontifikat (diss.), Baie, 1890 ; G. Kleemann, Papst Gregor VIII, Bonn, 1913.

A. Clerval.

9. GRÉGOIRE IX, pape (1227-1241). Hugolin de Conti de Segni, né à Anagni vers 1147, cardinal-diacre de Saint-Eustache en 1198, évêque d’Ostie et Velletri le 30 avril 1206, légat, fut élu à Rome le 19 mars 1227, couronné à Saint-Pierre le 21, sous le nom de Grégoire IX. Il était neveu d’Innocent III et succéda à Honorius III.

Son pontificat, au point de vue politique, fut absorbé par ses efforts, pour obliger Frédéric II à faire la croisade qu’il avait promise solennellement à Honorius par le traité de Saint-Germain, pour préserver les États de l’Église et Rome même de ses menées et de ses attaques, pour défendre les libertés ecclésiastiques partout menacées par sa tyrannie, pour démasquer la cruauté, l’immoralité, l’impiété, l’incrédulité même de cet empereur. Grégoire IX lança contre lui de nombreuses excommunications, le 29 septembre 1227, le 23 mars et le 30 août 1228, l’année suivante, et le contraignit à signer un nouveau traité de Saint-Germain le 23 juillet 1230. Ils se rencontrèrent amicalement à Anagni le 1 er septembre suivant. Mais la paix ne dura guère. Grégoire eut d’abord à lutter contre les Romains qui, dirigés par les Savelli, voulaient abolir sa suzeraineté et lui imposèrent un traité en 1233.

La guerre avec l’empereur reprit à l’occasion de l’installation de Enzio son fils naturel comme roi de Sicile, pays vassal du pape, et de la ligue lombarde qui s’était formée à Brescia en novembre 1235, et contre laquelle Frédéric II, sous prétexte qu’il avait affaire à des hérétiques, voulut faire oublier la croisade, entraîner le pape, et, se posant ironiquement en défenseur de la foi, multiplia les cruautés et les oppressions et s’arrogea des droits religieux. Le pape le déclara encore excommunié et déposé le 20 mars 1239 et expliqua sa conduite à la chrétienté dans une circulaire du 20 juin.

Aplusieurs reprises, en 1240 et 1241, Frédéric II vint assiéger Rome et d’autres villes des États pontificaux. Alors le 9 août 1240 Grégoire IX convoqua un concile général pour les fêtes de Pâques de 1241 en y invitant les évêques et les seigneurs. Son adversaire barra la route de terre aux uns, fit saisir ceux qui venaient par mer ; saint Louis dut le menacer pour l’obliger à relâcher les évêques de France encore vivants. Il revint près de Rome, et lorsque le cardinal Jean Colonna eut déserté la cause du pape, il chercha à s’emparer de sa personne. Mais Grégoire IX mourut le 21 août 1241, âgé d’environ cent ans, et Frédéric manda sa mort aux autres princes en termes indécents.

Ce qu’il y eut de nouveau dans cette lutte terrible, ce fut l’appel aux peuples chrétiens que, des deux parts, chaque adversaire lança contre son rival, en l’accablant d’accusations publiques et personnelles. Aux encycliques du pape répondaient celles de l’empereur (décembre 1227, janvier 1232, avril 1239) ; les unes et les autres firent éclore des diatribes et des pamphlets de toute nature.

Au point de vue théologique et canonique, Grégoire IX joua un grand rôle. Le 13 avril 1231, il déclara que la condamnation de 1210-1215 contre Aristote était provisoire ; le 23 avril 1231, il chargea Guillaume d’Auxerre, Simon d’Authie, Etienne de Provins, de corriger Aristote.

En 1230, il ordonna à Raymond de Pennafort, dominicain espagnol, son pénitencier, de rédiger un code des Décrétales qui forma la continuation du Décret de Gratien, et il promulgua le 5 septembre 1234 ce recueil composé de cinq livres. Défense fut faite de rassembler une autre collection sans l’autorisation spéciale du Saint-Siège. Ce fut Boniface VIII qui publia, en 1298, les Décrétales postérieures ou le Sexte. Voir Décrétales, col. 209-212.

Ce fut sous Grégoire IX qu’en 1229 le concile de Toulouse organisa l’inquisition épiscopale. En 1233, il confia la charge de l’inquisition des hérétiques aux dominicains pour l’exercer au nom du pape et à perpétuité, mais sous les ordres des évêques locaux. Il fit inscrire sur les registres pontificaux en janvier 1231 la constitution de Frédéric II (1224) condamnant à mort les hérétiques de Lombardie ; en février 1231, il appliqua cette loi aux Romains, et de 1232 à 1234, il fit faire des lois analogues à Milan, Vérone, Plaisance et en Allemagne. Toutefois il destitua Robert le Bougre pour ses excès le 19 avril 1233.

N’étant que cardinal, il avait été le protecteur de saint François d’Assise et avait contribué à faire approuver sa règle ; il protégea aussi les dominicains et les autres ordres religieux comme les cluniciens dont il favorisa la réforme. Il canonisa saint François le 16 juillet 1228 et saint Dominique en 1234. Mais il eut à intervenir dans les divisions qui s’élevèrent dès lors entre séculiers et réguliers, surtout dans celles qui agitaient les mineurs : il donna d’abord sa confiance à Élie et sur sa demande déclara le 28 septembre 1230 que le Testament de saint François n’était pas obligatoire et que la pauvreté pouvait et devait se concilier avec l’usage de l’argent par l’intermédiaire de délégués des bienfaiteurs, et avec la construction d’églises et de couvents somptueux. Sur les protestations des spirituels, il déposa Élie au chapitre général de 1239 et laissa élire Albert de Pise qui écrivit les premières Constitutions de l’ordre. Les dominicains fixèrent les leurs définitivement en 1238.

Grégoire IX fit multiplier les conciles, et travailla beaucoup à l’organisation des diocèses et spécialement il affermit l’Église Scandinave et il prôna la pureté des mœurs ecclésiastiques.

Auvray, Les registres de Grégoire IX, 2 vol. parus, Paris, 1890, 1905 ; Monumenta Germanise, Epistote sœculi XIII, 1883, t. i ; G. Vossius, Gregorii papæ IX acta quædam insignia, in-4°, Rome, 1586 ; Potthast, Regesta pontificum romanorum (1198-1304), Berlin, 1874, p. 462-465, 678-680, etc. ; Vies, dans Muratori, Rerum italicarum scriptores. Milan, 1725, t. vii-ix ; Watterich, Vite pontificum romanorum (1198-1304), Braunsberg, 1864 ; P. Balan, Storia di Gregorio IXe soi tempi, 3 in-4°, Modène, 1872 ; La prima lotta di Gregorio IX con Frederigo II (1227-1230), in-8°, Modène, 1871 ; J. Felten, Papst Gregor IX, Fribourg-en-Brisgau, 1886 ; Kohler, Verhàltnis Friederichs II zu den Pàpslen seiner Zeit, 1888 ; E. Brem, Papst Gregor IX bis zum Beginn seines Pontifikats, Heidelberg, 1911.

A. Clerval.

10. GRÉGOIRE X, pape(1271-1276), Théobald Visconti, né à Plaisance en 1210, chanoine de Lyon, archidiacre de Liège, était à SaintJean-d’Acre avec Edouard, prince d’Angleterre, quand il fut élu après la mort de Clément IV et une vacance de trois ans, le 1 er septembre 1271 ; il entra dans Viterbe le 10 février 1272, fut ordonné prêtre le 13 mars, sacré et couronné le 27 à Rome. Ses grandes idées furent le relèvement de l’empire en Allemagne, la réforme, la réunion des grecs,