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GRÉGOIRE VIT — GRÉGOIRE VIII

1804

Ce notait pas une exception. Une lettre du pontife au roi de Danemark s’était déjà prononcée avec énergie contre les procès de sorcellerie. Episl., 1. VU, epist. xxi, P. L., t. cxlviii, col. 564.

Nous sommes loin maintenant du pontife autocrate. Attachant dans son élégance, surnaturel toujours dans l’énoncé de ses thèses, il est bien l’homme de l’idée catholique, fait, quoi qu’en aient dit ses adversaires, pour faire aimer sa doctrine par la souplesse de son exposé et la patience de ses exhortations. Dans un temps de violences et de brutalités, il a montré que la parole juste et ferme, simple et droite, élégante et bonne, fait plus pour la vérité que les triomphes éclatants.

IV. Influence.

Son influence est considérable. Il est mort, terrassé par le césarisme teuton. Son idée lui a survécu. Et chez Grégoire VII l’idée est tout ; elle vit d’avance pour exister dans la suite. Grégoire est un homme de gouvernement. Le concordat de Worms qui, signé en 1122, termina la querelle des investitures est son œuvre plus encore que celle de Calixte II. La décision du concile de Latran, can. 3, 21, qui, en 1123, déclara nuls les mariages contractés par les sous-diacres et les clercs supérieurs après leur ordination. Mansi, Concil., t. xxi, col. 282-286, a été voulue par lui bien avant sa teneur définitive. Dans l’ensemble, l’œuvre de Grégoire VII est avant tout humaine. Il a inauguré et fait inaugurer le culte, le règne de l’idée et du droit. Ennemi du féodalisme, destructeur du catholicisme intégral par ses réalisations individuellement, territorialement, socialement matérielles, il a diminué l’ère de la force brutale qui étouffe et stérilise la pensée généreuse. Une idée féconde appelle toujours ses sœurs ; en affranchissant l’Église, en régénérant le pontificat et l’épiscopat, Grégoire VII a bien mérité de la société médiévale. Il a authentiqué la puissante légion des moines de Cluny qui ont publié sa thèse en la généralisant : ils ont dit qu’une société qui veut vivre doit avoir ses dogmes intangibles dans l’ordre, la dignité, la hiérarchie, l’autorité de la pensée divine et humaine. Des hommes de devoir, libérés des égoïsmes humains, doivent être leurs gardiens. Évêques et prêtres, ils sont les vassaux de Dieu avant d’être les féodaux de la terre. Une force était donc née qui allait transformer le moyen âge. Du domaine religieux, elle passa dans le domaine civil. L’État comme l’Église profitèrent des instructions du pontife. Désormais la pensée fut forte et efficace dans les deux mondes, parce qu’un jour elle avait trouvé son sanctuaire et son défenseur. Grégoire VII a permis les Innocent III et les saint Louis. Les gallicans de tous les pays ne se montrèrent pas hommes de gouvernement en s’opposant à sa canonisation, proclamée en 1729 par Benoît XIII.

I. Sources.

Gregorii registri, sive epistolarum libri, dans Mansi, Concil., Florence, 1759, t. xx, col. 60 sq. ; Monumenta Gregoriana, dans Jaffé, Bibliotheca rerum Germanicarum, Berlin, 1864, t. ii, p. 240 sq.

Les œuvres de Grégoire VII ont été rassemblées par Migne, P. L., t. cxlviii ; Giesebrecht, De Gregorii registro emendando, Brunswick, 1858 ; Horoy, S. Gregorii Vil epislola et diplomata ; accédant vita ejusdem pontifteis et appendices amplissima velerum et recentiorum monumenta Gregorii apologetica complectenles, 2 in-8°, Paris, 1877. La question de l’authenticité des 27 Dictalus intitulés : Quid valeanl pontifices romani et placés dans le Registre du pape en 1075, est diversement résolue. Regist., iv, 55, a. Comme ils présentent, pour la pensée et l’expression, ce que les autres écrits de Grégoire font attendre de lui, il est vraisemblable qu’ils sont au moins un extrait systématique de ses écrits, F. Rocquain, dans le Journal des savants, 1872, t. vii, p. 252263, 299-315, y voit comme Giesebrecht, op. cit., une composition authentique. Ce serait pour lui une œuvre privée du pape et non une déclaration publique. Voir col. 1 737. Le pri vilèged’Otton I" en date du 13 février 962, cf. Tardif, Histoire des sources du droit canonique, Paris, 1887, p. 251, a été parfois

attribué à Grégoire VII et a ses conseillers. Le pape aurait interpolé un document très utile pour servir sa cause. Depuis la découverte d’un document très ancien par Sickel dans les archives du Vatican, en 1881, l’attribution du privilège n’est plus contestée à Jean XII. Cf. Kraus, Histoire de l’Église, t. ti, p. 123. Dom Morin a publié la Régula canonicorum de Grégoire VII sous le titre : Règlements inédits du pape Grégoire VII pour les chanoines réguliers, d’abord dans la Revue bénédictine, 1901, t. xviii, p. 177-183, puis dans Études, textes et découvertes, Paris, 1913, t. i, p. 457-465. Cf. p. 70

Quelques écrits sont attribués à Grégoire VII. On les trouvera dans Migne dans la dernière partie du t. cxlviii. Ils sont intitulés Monumenta Gregoriana. Les preuves d’authenticité manquent.

Il faut consulter les œuvres de Pierre Damien, P. L., t. cxiiv et cxlv. Les sources concernant Bérenger de Tours contribuent à l’histoire de Grégoire VII. Voir t. ii, col. 740741.

Les auteurs anciens, contemporains de Grégoire VII : Lambert d’Aschaffenbourg ou de Hersfeld (1077), Berthold de Beichenau (1080), Bruno (1082), Bonizo (1085 ou 1086), Pandolphe de Pise (sous Pascal II), Hugues de Flavigny (1102), Paul de Bernried (1128), ont été recueillis dans Watterich, Pontificum romanorum ab exeunte sœculo IX ad finem seculi X11J ab wqualibus conscriplx, 2 in-8°, Braunsberg, 1864. Cf. C. Muratori, Scriptores rer. italicarum, t. ni ; Monumenta Germaniæ hislorica, Scriptores, t. v, p. 327-384 ; Jaffé, Bibliotheca rerum germanicarum, t. v, p. 1-469. Parmi les adversaires de Grégoire VII, Benno, De vita et gestis Hildebrandi libri II ; Benzo, Paneggr. rhythm. in Henricum III, dans Monumenta Germaniæ hislorica, t. xi. — Parmi les défenseurs du pape, Paul Bernried, De vita Gregorii VII ; Bonizo, Liber ad amicum ; Bruno, Historia belli saxonici, tous trois cités plus haut.

1 1. Ouvrages. — Voigt, Hildebrand als Papst Gregor VII und sein Zeitalter aus den Quellen bearbeitet, 2 in-8°, Weimar, 1846 ; trad. franc, par Jager, Paris, 1837 et 1854 ; Cassander, Das Zeitalter Hildebrands fur und gegen ihn, Darmstadt, 1842 ; Bowden, The lije and ponlificate o/ Gregory VII, 2 in-8°, Londres, 1840 ; Helfenstein, Gregor nach den Streitenschri /len seiner Zeit, Francfort, 1856 ; Gfrôrer, Papst Gregor VII und sein Zeitalter, 2 in-8°, Schaffhouse, 1859 ; H. Ossenbeck, Die Streit Gregors VII mit Heinrich IV, 1866 ; Baxmann, Die Polilik der Pàpste von Gregor I bis Gregor VII, 2 in-8°, Elberfeld, 1868 ; Meltzer, Papst Gregors VII Gesetzgebung und Beslrebungen in Belreff der Bischofswahlen, Leipzig, 1869 ; Schober, Vorwiirfe und Anklagen gegen Gregor VII aus den Schrijlen seiner Zeitgenossen, in-4°, Nordhausen, 1873 ; Winckler, Gregor VII und die Normannen, dans Samml. gemeinverstànde wissench. Vortr. CCXXXIV, Berlin, 1875 ; Ossenbeck, Der Streit Gregors VII mit Heinrich IV, Francfort-sur-le-Mein, 1866 ; Hach, Der Kampf zwischen Papsthum und Konigsthum von Gregor VII bis Calixt II, Francfort, 1884 ; A. de Vidaillan, Vie de Grégoire VII, 2 in-8°, Paris, 1837 ; Langeron, Grégoire VII et les origines de la politique ultramontaine, Paris, 1874 ; 15. Nuber, Papsl Gregor VII. Sein Zeit, sein Leben und seine Wir/cen, 1885 ; O. Delarc, Grégoire Vllet laréforme del’Église au /e siècle, 4 in-8°, Paris, 1889-1890 ; Jager, Saint Grégoire VII, dans’Université catholique (1845), t. xix, p. 412-429 ; t. xx, p. 16-32, 93-109, 165-180, 245-252, 325-341 ; Jorry, Histoire du pape Grégoire VII (1073-1085), Paris, 1850 ; Philippon de la Madelaine, Le pontificat de Grégoire VII, Bruxelles, 1837 ; Brocard, Grégoire VII et la querelle des investitures, Paris, 1862 ; Frantin, Grégoire VII et Henri IV, fragment historique dans les Mémoires de l’Académie de Dijon, Dijon, 1848 ; Vandcrmissen, Grégoire VII ou l’empire et la papauté au XIe siècle, Louvain, 1876 ; Villemain, Histoire de Grégoire VII, précédée d’un discours sur l’histoire de la papauté jusqu’au XI’siècle, 2 in-8°, Paris, 1873 ; Schirmer, De Ilildebrando, subdiacono Ecclesix romanæ, Berlin, 1860 ; Manacorda, Gregorio VIIe V undecimo sec. ragionamenlo, Mondovi, 1873 ; Hefele, Gregor VII und Heinrich IV zu Canossa, dans Theolog. Quartalschrijt Tubing. (1861), t. xliii. Voir la bibliographie des art. Damien Pierre et Bérenger, t. IV, col. 53-54 ; t. ii, col. 740.

P. Moncelle.

8. GRÉGOIRE VIII, pape (1187). Albert de Moras, de Bénévent, était cardinal-diacre de Saint-Adrien (5 avril 1157), cardinal-prêtre de Saint-Laurent in Lucina (15 juin 1158), chancelier de l’Église romaine (22 février 1178), quand il fut élu pape à Fcrrare le