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GERBERON

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des doctrines jansénistes, se permettant les attaques les plus dures contre ses adversaires. Ses supérieurs durent alors l’éloigner de Paris et l’envoyèrent au prieuré d’Argenteuil, puis à l’abbaye de Corbie où il arriva au mois de juin 1075. Il y remplit les fonctions de sous-prieur. Dom Gerberon ne tarda pas à être accusé de défendre et de propager le jansénisme ; on lui reprocha en outre d’avoir pris parli contre la cour dans l’affaire de la régale. Aussi, le 14 janvier 1682, un exempt arrivait dans la ville de Corbie avec ordre d’arrêter ce religieux et de le conduire à Paris. Averti à temps, dom Gerberon prit la fuite, se retirant d’abord à Amiens, puis dans les Pays-Bas. Là il essaya de se justifier des accusations portées contre lui dans un mémoire qu’il adressa au commencement de 1683 au marquis de Seignelay, secrétaire d’État. Afin de se mieux cacher, il quitta l’habit religieux, prit le nom d’Augustin Kergré et s’efforça par ses discours et par ses écrits de répandre les doctrines jansénistes. En 1689, à cause des guerres entre la France et la Hollande, il se fit recevoir bourgeois de Rotterdam. Toutefois il demeura peu dans cette ville ; car dès l’année suivante il était à Bruxelles où il vécut en étroites relations avec Quesnel et les autres prétendus défenseurs de la doctrine de saint Augustin et où il publia bon nombre d’ouvrages. Le 30 mai, il fut arrêté et mis en prison par l’ordre de Mgr de Precipiano, archevêque de Malines. Son procès fut instruit et dom Gerberon fut condamné comme défenseur opiniâtre du jansénisme, rebelle à l’autorité du Saint-Siège, auteur de livres diffamatoires contre le pape et les évêques, etc. Il était banni du diocèse et renvoyé à ses supérieurs. Sous bonne escorte il fut conduit hors du pays et enfermé à la citadelle d’Amiens où il demeura jusqu’au commencement de 1707. Il fut ensuite transféré au donjon de Vincennes, d’où il sortit en 1710 après avoir signé, sur l’ordre de l’archevêque de Paris, une profession de foi qu’il dut ratifier devant ses supérieurs à Saint-Germain-des-Prés. Puis il fut envoyé à l’abbaye de Saint-Denis où il mourut non sans avoir écrit une lettre au pape où il prétend expliquer la signature qu’il avait mise à sa profession de foi lors de sa sortie de prison. Dom Gerberon a beaucoup écrit et lui-même a donné une liste volontairement incomplète de ses ouvrages. Malheureusement presque tous furent composés pour soutenir et propager les doctrines jansénistes et sont l’œuvre d’un violent polémiste. Apologia pro Ruperlo abbale Tuitiensi, in qua de eucharislica vcrilale eum calholice saisisse et scripsissc demonslral vindex fraler Gabriel Gerberon, in-8°, Paris, 1669 : excellent ouvrage dirigé en partie contre Claude Saumaise qui avait affirmé que l’abbé Bupert était opposé au dogme de la transsubstantiation ; Calécliisme de la pénitence qui conduit les pêcheurs à une véritable conversion, in-16, Paris, 1672 et 1675, traduction d’un ouvrage en latin de M. Raucour, curé de Bruxelles : dom Gerberon l’a corrigé et y a ajouté deux méditations de saint Anselme ; Acla Marii Mercalora, S. Augustini Ecclesiæ doctoris discipuli, cum notis Rigberii theologi francogrrmani, in-16, Bruxelles, 1673 : Rigbcrius est un pseudonyme de dom Gerberon ; Avis salutaires de la B. V. Marie à ses dévols indiscrets, in-12, Lille, 1674 : traduction de l’écrit latin Monita salularia de l’Allemand Adam Windelfts ; dom Gerberon traita le même sujet dans Lettre à M. Abelhj, évêque de Rodez, touchant son livre de l’excellence de la sainte Vierge, in-12, 1671 ; La fable du iems, ou un coq noir qui bat deux renards, 1674 : les deux renards sont l’évêque de Séez, Médavi de Grancé, et l’archevêque de Rouen, de Harlay, plus tard de Paris ; L’abbé commendalaire par le sieur de Froismont, in-4°, Cologne, 1674 : la première partie de cet ouvrage avait paru

l’année précédente et est l’œuvre de dom Delfau ; Sentiments de Criton sur l’entretien d’un religieux et d’un abbé touchant les commendes, in-12, Cologne (Orléans), 1674 ; Sancli Anselmi ex Beccensi abbale Cantuaricnsis archiepiscopi opéra : neenon Eadmeri monachi Canluariensis Hisloria novorum et alia opuscula, in-fol., Paris, 1675 (P. L., t. clviii, eux) ; Le combat spirituel, composé en espagnol par D. Jean de Casi gniza, religieux de l’ordre de S. Benoit, et traduit en français sur l’original manuscrit, in-12 ; Paris, 1675 ; Catéchisme du jubilé et des indulgences, Paris, 1675 ; Dissertation sur V Angélus, in-12, Paris, 1675 ; Le miroir de la piété chrétienne, où l’on considère avec des réflexions morales l’enchaînement des vérités catholiques de la prédestination et de la grâce de Dieu, et de leur alliance avec la liberté de la créature, par Flore de Sainte-Foy, in-16, Bruxelles, 1676 : ce livre fut censuré par plusieurs évêques ; dom Gerberon se défendit par l’ouvrage suivant : Le miroir sans tache où l’on voit que les vérités que Flore enseigne dans le miroir de la piété sont très pures, et que ce qu’on a écrit pour les réfuter n’est rempli que d’injure : *, de faussetés et d’erreurs, par l’abbé Valentin, in-16, Paris, 1680 ; Mémorial historique de ce qui s’est passé depuis l’année 1647 jusqu’en 165, ’i touchant les cinq propositions tant à Paris qu’à Rome, Cologne, 1676 ; Histoire de la robe sans couture de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est révérée dans l’église du monastère des religieux bénédictins d’Argenleuil., avec un abrégé de l’histoire de ce monastère, in-12, Paris, 1676 : cet ouvrage a eu de nombreuses éditions ; Deux lettres d’un théologien, l’une à M. le cardinal Grimaldi, archevêque d’Aix, l’autre à M. l’archevêque de Reims : ces deux lettres se trouvent dans un ouvrage intitulé : Le combat des deux clefs ou défense du miroir de la piété chrétienne, par M. Le Noir, théologal de Séez, in-12 (Reims), 1678 ; Jugement du bal et de la danse, in-12, Paris, 1679 ; La morale des jésuites justement condamnée dans le livre du P. Moya, jésuite, sous le nom d’Amedeus Guimsnius par la bulle de N. S. P. le pape Innocent XI, in-12, 1681 ; Manifeste ou Lettre apologétique de dom Gerberon, prêtre, sous-prieur de l’abbaye de Corbie, à M. de Seignelay, 1683 ; La vérité catholique victorieuse, Amsterdam, 1684 ; Essais de la plus sûre morale, in-12, 1686 : traduction de l’ouvrage du P. Gilles Gabrielis : Specimina moredis christianx et moralis diabolicæ in praxi ; dom Gerberon en avait publié en 1682 une première édition qui fut condamnée a Rome, sous le titre : Essais de théologie morale ; Histoire du formulaire qu’on fait signer en France, 1686 ; Lettre à un seigneur d’Angleterre, s’il est bon d’employer les jésuites dans les missions, 1686 ; Défense de l’Église romaine contre les calomnies des piotestanls, contenant le juste discernement de la croyance catholique d’avec les sentiments des protestons et d’avec ceux des pélagiens touchant le prédestination et la grâce, mis en français par C. B. R., et les Entreliens de Dieudonné et de Romain sur la même matière avec un Abrégé de l’hérésie des pélagiens composés par G. de L., théologien, et mis en français par A. K., in-12, Cologne, 1688 ; les diverses parties composant cet ouvrage avaient été publiées séparément en Hollande ; L’Église de France affligée où ion voit d’un côté les entreprises de la cour contre les libertés de l’Église, et de l’autre les duretés avec lesquelles on traite en ce royaume les évêques et les autres personnes de piété qui n’approuvent pas les entreprises de l<i cour ni la doctrine des jésuites, par le sieur Poitevin, in-12, 1688 ; Réflexions sur le plaidoyer de M. Talon, avocat général, louchant la bulle de N. S. P. le pape Innocent XI contre les franchises des quartiers de Rome, in-12 ; La règle des mœurs contre les fausses maximes de la morale corrompue, pour ceux qui veulent suivre les voies sûres du salut et faire un